Journalisme

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dimanche 2 août 2009

"Surfing the nations", quand des évangélistes font du prosélytisme via le surf

Très bon sujet diffusé ce midi (rediffusion ?) dans la non moins très bonne émission "L'effet papillon"sur Canal, à propos de ce mouvement bigot évangéliste, au discours bien conservateur malgré ses atours branchés. Son originalité ? Il cible les jeunes, par un relais bien particulier : le surf. Un nouveau mouvement a vu le jour à Honolulu et à Bali, "spots" où viennent des surfeurs d'un peu partout dans le monde pour trouver "la" vague. Et notamment des jeunes Américains. Le mouvement "Surfing the nations", donc, rassemble des "surfeurs chrétiens". Il a son gourou-fondateur, un certain Tom Gauer .

Le discours n'en est pas moins rodé : “Nous désirons investir notre temps, notre amour, et notre attention pour la jeunesse d’Hawaï afin de les voir découvrir une signification et un but à leur vie. Notre programme de Jeunesse-à-risque est à facettes multiples", précise le mouvement.

Ce qui est assez édifiant, en fait, est que ce mouvement attire les jeunes par le surf, et maintient l'ambigüité (pour ne pas être perçu juste comme un mouvement religieux) en prétendant organiser des 'événements' autour du surf (que l'on pourrait assimiler aux traditionnels concours de surf) . Le reportage diffusé sur Canal affirmait que "des marques sponsorisent 'Surfing the Nations'" et ses événements - information intéressante, malheureusement invérifiable (aucun sponsor n'étant cité sur le site de l'organisation).

D'après le reportage, le groupe encaissait chaque année, jusque l'an dernier, 100 000 $ du gouvernement américain avec le soutien généreux de Georges Bush, qui avait fait débloquer 3,7 milliards de dollars de fonds fédéraux pour aider les actions caritatives des associations religieuses.

En fouillant, on retrouve les relais de ce mouvement religieux sur le Net : si sa présencé y est limitée - sa page MySpace, son site officiel- il mise davantage sur des vidéos aux images léchées (rien de tel que des images de surfers 'branchés' pour véhiculer un message conservateur) via YouTube. On remarquera que celle-ci a vu sa bande-son coupée "pour des raisons de droit d'auteur" officiellement, et les commentaires sont aussi coupés.

mercredi 13 mai 2009

Photojournalisme + BD + grands reportages + vente en librairies = XXI (et son prix Albert Londres)

XXI

Le projet, ambitieux, avait été lancé début 2008 par Laurent Beccaria, un jeune éditeur à l’origine de la fondation des édition des Arènes, avec plusieurs journalistes, dont des plumes venues du Monde et du Figaro (avec notamment Patrick de Saint Exupéry), et des plumes moins connues. Bonne nouvelle, un an et demi après son lancement, il vient de décrocher un prix Albert Londres pour un reportage exigeant consacré au Zimbabwe de Robert Mugabe, sous la plume de la journaliste pigiste Sophie Bouillon.

Au passage, autre bonne nouvelle, le prix Albert Londres consacre de plus en plus des journalistes indépendants : Alexandre Dereims, récompensé pour son film de 52 minutes "Han, le prix de la liberté", est lui aussi journaliste indépendant, et réalisateur, souligne l'AFP.

L'occasion pour moi de revenir sur XXI, que je n'avais pas encore présenté ici : c'est un magazine pour le moins atypique : ce magazine de reportages, sans publicité, a misé sur le haut de gamme : en papier glacé et à couverture cartonnée, il profite d'une maquette très élégante, et est vendu 15 € exclusivement en librairies. D'un genre inédit, il comporte grands reportages sur plusieurs pages, reportages photo, récits sous forme de BD... Il privilégie le journalisme de récit, qui implique parfois pour le lecteur de s'accrocher - ce qui devient inhabituel, alors que le Net entraîne de plus en plus des habitudes de lecture-zapping. Avec pour prolongement ce blog, qui vient de s'associer à Arte Radio pour proposer des contenus radios. Sa ligne éditoriale ? Exigeant, il revient sur des conflits trop souvent ignorés, notamment en Afrique noire. Les concepteurs de ce journal trimestriel, édité quatre fois par an, le définissent ainsi : « les lignes de frontière ont explosé entre le roman, la bande dessinée, le polar, la photographie, le documentaire et le journalisme ».

Belle réussite - le journal affichait déjà sa rentabilité début 2009. Alors que la presse écrite traditionnelle se remet en question actuellement.. Qui montre qu'il y a encore des créneaux pour d'autres types de presse. A vous d'aller jeter un oeil, d'apprécier, d'aimer, de feuilleter, de déguster...

dimanche 3 mai 2009

Reuters tente d'imposer (à son tour) les mojo-journalistes

Lu dans ce billet d'AFP Mediawatch, au hasard d'un rattrapage de mes revues de web en retard...), les journalistes de l'agence de presse Reuters (groupe Thomson - Reuters) "vont être équipés d'un kit multimédia portable, surnommé 'la valise-studio". Ce kit, présenté ici en images, inclut une caméra Tandberg Edge 95, un micro, un système d'éclairage, un trépied et un moniteur.

Reuters avait déjà amorcé ce tournant en équipant ses journalistes de Nokia N95 et de caméras de poche Flip. Mais là, on passe au niveau supérieur, ave des journalistes potentiellement "multitâches". Reuters espère d'ailleurs impliquer tous ses 2.700 journalistes dans le monde.

Le mouvement vers le mojo-journaliste, pour reprendre l'expression déjà consacrée (ce journaliste capable de prendre du son, de l'image... sur le terrain, et de redispacher le ton en radio, tv et web) tend à se développer dans tous les groupes de presse. Comme l'évoque le journaliste et blogueur Alain Joannes, auteur de l'excellent Le journalisme à l'ère électronique, livre que je fais circuler parmi les jeunes journalistes de mon équipe.

"La plupart des agences de presse se sont lancées dans la production de vidéo et testent, à plus ou moins grande échelle, des matériels légers pour leurs journalistes dont la vidéo n'est pas la spécialité", rappelle AFP Mediawatch. Et d'autres demandent aux (souvent jeunes) journalistes web ou stagiaires de tourner, mettre en ligne de nombreuses vidéos. De fait, le format se prête à des genres journalistiques jusque là connus en télé (interviews, coulisses, reportages...) et engendre des clics.

Ces journalistes multitâches risquent-ils de déposséder d'autres professions, notamment en agences filaires, comme les journalistes de la section vidéo (je pense à l'AFP, qui a une section dédiée), voire les photographes de presse ? A voir... Le sujet avait déjà fait polémique à propos des "O. S. de l'info" du groupe NextRadio TV, comme je l'évoquais dans ce billet.

mardi 3 mars 2009

Le Figaro se dote d'un community manager

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Eh oui, vous avez bien lu : Le Figaro, qui a une stratégie très ambitieuse de développement de sa communauté de lecteurs via son réseau social MonFigaro, dont je parlais , vient de recruter son community manager, Antoine Daccord. Son job : rattaché à Thomas Doduik, directeur des opérations du Figaro.fr, il va animer la plateforme "Mon Figaro", et en piloter les prochaines évolutions en termes de contenus, d'usages et de fonctionnalités techniques.

Ce nouveau métier est apparu il y a à peine un an en France : il désigne quelqu'un étant à la fois homme de réseaux (en ligne), communicant, blogueur averti, veilleur en ligne, webmaster (et j'en oublie...) ; bref, qui est chargé de porter la bonne parole d'une marque dans la blogosphère et les forums. Un de ces "nouveaux métiers de la communication à l'heure des médias sociaux", défini sur ce blog US en novembre 2007, et pour lequel PR2Peer avait défriché le terrain dans ce billet l'année dernière. Je l'évoquais moi-même dans cet article des Echos sur la gestion de réputation numérique d'une entreprise.

En fait, comme le relève cet intéressant article,

" Il s'agit d'un professionnel multi-facettes, à l'aise avec tout ce qui touche au support client, aux services business, à la documentation et au journalisme, capable à la fois de comprendre les besoins techniques des différents services internes (production, marketing) et ceux de la communauté externe (clients, curieux, internautes influents...) et de faire le lien entre ces deux univers. Cette fonction hybride, plutôt complexe, pourrait prendre une importance croissante dans les années à venir, au point de devenir un poste aussi indispensable au sein des entreprises qu'une solide équipe technique ou une direction marketing groupe. A une nuance près : la fonction demande un tel doigté que la personne qui l'assume est en permanence sur un siège éjectable."

Là, ce qu'il y a de nouveau, c'est que ce n'est pas une SSII, une start-up, un YouTube, un Monster ou un eBay qui revendique cette nouvelle recrue, mais un média classique, qui tente de s'approprier les aspects communautaires du Web. L'expérience est intéressante. Dans d'autres media, on voit des journalistes animer un blog, une plateforme de blogs externes, un fil Twitter pour leur canard (comme l'auteure modeste de ces lignes... Je vous renvoie par exemple vers ce fil Twitter que je viens de lancer pour L'Entreprise).

màj le 12 mars : L'Express.fr se dote à son tour d'un community manager, comme l'explique Eric Mettout . Un nouveau métier qui va se développer au sein des différents media ?

lundi 16 février 2009

"Les O. S de l'info" chez NextRadio TV vus par Télérama

RMC

Bien sûr, on connaît le penchant de Télérama à l'exagération sur certains sujets, cela fait partie de sa ligne éditoriale : engagé, parfois moralisateur, agaçant. Mais assurément, il continue d'apporter un regard aigu sur les évolutions des pratiques du journalisme.

Tout cela ressort dans cet article du dernier numéro : le titre coup de poing fait bien sûr référence aux "ouvriers spécialisés" du début du XXème siècle, ces ouvriers à la chaîne qui ont essuyé les plâtres du taylorisme, lors de la seconde révolution industrielle. Télérama ose donc l'analogie pour décrire à sa manière la méthode Alain Weill au sein du groupe NextRadio TV. En s'appuyant essentiellement sur l'exemple de RMC Info (et de son site web), il décrit les méthodes du groupe, qui a peu à peu grossi ces dernières années, à coups de rachats : RMC, BFM & BFM TV, le groupe Tests, La Tribune...

Certaines descriptions sont saisissantes. Et préfigurent peut-être les pratiques journalistiques du futur. Avec notamment la description de la news factory (fabrique de l'info), où "sur les écrans, la matière brute déboule, d'Internet ou d'ailleurs, les tarifs minima des jeunes journalistes fraîchement issus d'écoles, travaillant sur le desk... Et surtout, il esquisse le futur du journalisme (certes avec exagération, ce phénomène étant à peine naissant) : avec des reporters ou rédacteurs capables de travailler pour plusieurs médias. Portrait catastrophiste ? Peut-être, à vous de juger.

Soit dit en passant, le groupe Tests a annoncé vendredi dernier (13 février) avoir présenté au du comité d’entreprise un "projet de réorganisation" de la société. Celui prévoit la suppression de 38 postes sur un effectif total de 200 salariés. Editeur du site internet 01Net, Tests souffre de la baisse des recettes publicitaires de ses magazines (01Informatique, Micro Hebdo, l’Ordinateur Individuel) dans une conjoncture particulièrement difficile. Le groupe souhaite rapprocher ses rédactions papier et web. CQFD...

dimanche 1 février 2009

Ruefrontenac.com, un journal en ligne ouvert par des journalistes et salariés québécois en lock-out

Jrnal de Frontenac

Avec un canon pour emblème, Par la bouche de nos crayons ! pour slogan guerrier, depuis samedi dernier (24 janvier), 253 journalistes et employés du Journal de Montreal, un tabloïd québecois à gros tirage, ont ouvert un Ruefrontenac.com, site d'informations un peu particulier. Présenté comme « le site des employés en lock-out des employés du Journal de Montreal", ce site d’informations a été en effet ouvert par des journalistes et employés au chômage forcé, le propriétaire du journal québecois ayant déclaré le 24 janvier un lock-out, cette procédure par laquelle un patron peut empêcher ses salariés de travailler en riposte à leurs revendications.

Il reproche au Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal de refuser les « mutations nécessaires » pour s’adapter à l’Internet. Et ce alors que les parties doivent renégocier la convention collective, arrivée à échéance. En l’absence des journalistes, le quotidien continue à paraître, mais réalisé par ses cadres.

En mesure de rétorsion, et pour continuer à travailler, les journalistes et employés du Journal de Montreal ont donc ouvert leur propre site d’actualités, avec les mêmes rubriques, les mêmes caricaturistes et les mêmes chroniqueurs, mis en avant sur le site, tout en faisant référence à Rue89.

Plusieurs grandes plumes et chroniqueurs y expliquent les motifs de ce départ précipité, et présentent parfois ce changement brutal avec émotion, tel Bertrand Raymond, "tatoue des pieds à la tête":

"En septembre dernier, je suis entré dans ma 40e année au Journal de Montréal. Avec sincérité je vous le dis, ce furent 40 années de pur bonheur. Le Journal de Montréal a été toute ma vie. Dans l'ordre affectif des choses,il y a eu ma femme, mes deux enfants et le Journal, même si les miens ont parfois eu l'impression que le journal occupait toute la place. Compte tenu de l'ardeur, de l'énergie et de l'amour du métier que j'y ai mis, c'était parfois assez près de la réalité."

"Ma tuque, mes mitaines, une pomme et les bottes thermo de mon fils. Je suis bien armé pour vivre ma première journée de piquetage. À 56 ans.", résumé Serge Touchette, un des journalistes "sur le trottoir".

La situation est tendue depuis un certain temps : comme l'explique le syndicat sur cette page, "Le Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal, affilié à la Fédération nationale des communications (CSN) vit son premier conflit de travail.

Depuis que Pierre K. Péladeau est à la direction de Quebecor Media, l’entreprise a décrété pas moins de 13 lock-out en 14 ans. La position de la direction du Journal, depuis la première journée de négociation avec le STIJM–CSN, le 22 octobre 2008, a toujours été la même, à peu de différences près. Le plan d’affaires de Quebecor comprend quelque 230 demandes qui visent entre autres : • à diminuer les conditions de travail; • à allonger la semaine de travail de 25 %, sans compensation; • à éliminer des départements en favorisant la sous-traitance; il est question d’éliminer 75 emplois occupés par une très grande majorité de femmes dont plusieurs comptent plus de 30 ans d’ancienneté; • à diminuer de 20 % les avantages sociaux; • à introduire des clauses de disparité de traitement (clauses orphelin); • à sabrer dans les libérations syndicales; • à réduire ou à transformer des postes à la rédaction; • à diminuer des clauses de la convention collective qui assurent le respect des règles de déontologie journalistiques et la qualité de l’information; • à assurer la convergence illimitée par le droit d’utiliser dans le Journal tout le contenu provenant des plateformes actuelles et futures de Quebecor et vice versa."

Allez y jeter un oeil, c'est encore une nouvelle manière de pratiquer le journalisme, avec cette fois un contexte inédit - quand des journalistes se donnent les moyens de continuer de poursuivre leur métier...

dimanche 4 janvier 2009

Etude The Biving groups - ce que la presse US fait sur Internet

Alors que j'épluche mails, flux RSS et blogs pas encore lus par manque de temps, à signaler, ce billet très intéressant de ma consoeur du Figaro Marie-Catherine Beuth, qui résume l'étude du cabinet de webdesign The Bivings Group, où il dresse un panorama des pratiques des 100 premiers journaux américains sur Internet, ''The Use of the Internet by America's Newspapers''.

Quels sont les fonctionnalités, outils et services utilisés par les titres de presse écrite US pour leur déclinaison web ? L'étude distingue :

- Les incontournables (flux RSS, vidéos, blogs, pub en ligne) - Les plus populaires (partage de favoris, ou social bookmarking, commentaires d'articles, section "les +" lus/vus/emailés/commentés) - Les émergents (sites médias mobiles, contenus générés par les utilisateurs, ou UGC) - Les loosers (podcasts, inscription pour accéder à des contenus gratuits) - Les minoritaires (création par un titre de presse de son propre réseau social, tags)

lundi 17 novembre 2008

Ushahidi, plateforme open-source de journalisme citoyen en Afrique

Vu sur le blog d'Alain Joannes (auteur de l'excellent Le journalisme à l'ère électronique, mon livre de chevet du moment), cette fascinante utilisation de la plateforme open-source Ushahidi, plateforme de crowdsourcing de l'info de crise ("a platform that crowdsources crisis information").

Sur cette plateforme participative open source, de partage de l'information donc, toute personne sur place qui assiste à un évènement peut raconter ce qu'elle a vu par téléphone, SMS ou mail via un ordinateur connecté, en spécifiant la nature des faits auxquels elle assiste. Quatorze catégories de faits ( incidents, batailles, pillages, viols, déplacements de populations, épidémies, etc...) permettent à la base de données d'affecter un code de couleurs à chaque type de tragédie. Les récits font l'objet d'un classement chronologique et ils sont localisés sur une application Google Maps.

Créé début 2008, cet outil open source d'ailleurs été classé parmi les plus prometteurs de l'année par la Technology Review du MIT. De plus en plus sophistiquée, Ushahidi a collecté les témoignages sur les évènements du Kenya, puis elle a fonctionné sur les violences contre les immigrants en Afrique du Sud. La voici maintenant en action au Congo.

Plus loin, Alain Joannes explique qu'Ushahidi aurait aussi "le mérite de situer enfin et concrètement le rôle du 'citizen journalism' dans l'information à l'ère des réseaux", et que "cette salutaire distinction entre "témoins" et "journalistes" signifie que les citoyens peuvent voir des choses que les journalistes ne voient pas".

appli Ushaidi

De la nécessité de jouer sur la complémentarité entre rédactions web et papier - le préccédent Mediafin

Je suis tombée dessus par hasard en parcourant Mediashift, ce retour d'expérience pourrait nourrir la réflexion de nombre de rédactions françaises, alors que je m'intéresse de près aux problématiques des rédactions web / papier... Roland Legrand, responsable Internet et Nouveaux Médias chez Mediafin en Belgique (groupe de presse de deux quotidiens économiques, le flamand De Tijd et sa version francophone L'Echo), racontait en août dernier, dans ce billet, comment les sites Web de ces journaux sont venus rivaliser avec les versions papier.

En fait, déjà en 2006, Roland Legrand avait été chargé de diriger un "Central News Desk" commun aux rédactions web et papier, fournissant aux journalistes des contenus rédactionnels communs. Autre expérimentation innovante que De Tidj avait été un des premiers à mener, celle de proposer à ses lecteurs une version électronique, consultable sur un ePaper, l'iLiad développé par iRex technologie (spin-off de Philips) comme j'en parlais alors dans ce papier pour Les Echos. au passage, c'est cette même tablette qu'Orange a utilisée pour ses premiers ePapers l'année dernière.

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Courant août, donc, les sites Web des deux journaux de Mediafin ont rivalisé avec les éditions papier, en ayant presque le même nombre de lecteurs par jour - plus de 160 000 visiteurs uniques sur un seul jour. Autre constat dressé par Roland Legrand ,la nécessité de combler plusieurs fossés.

Notamment, " L'infrastructure physique: Notre salle de presse était divisée par des murs en briques, séparant le desk online du print desk. Nous sommes en train de démolir les murs, ce qui, nous l'espérons, encouragera les deux sections à interagir davantage ! L'infrastructure technologique: Actuellement, les mécanismes de publication pour le papier, Internet, le "wire" (fil de news) et les services mobiles sont séparés. Nous sommes à la recherche d'un système qui pourrait intégrer toutes ces plateformes. Par exemple, un système idéal pourrait automatiquement permettre à un journaliste papier d'écrire une version de son histoire qui serait adaptée à plusieurs formats de publication en ligne".

A partir de là, il en déduit que l'ouverture de blogs, la publications de scoops directement sur le Web, l'ouverture des articles aux commentaires, sont autant d'"innovations" qui auraient donné des "résultats encourageants". Pourtant, Legrand constate que encore trop peu de journalistes consentent à utiliser de nouveaux outils de réseautage social : bookmarking, lecteurs de flux... il y a encore des murs à abattre en ce qui concerne l'apprentissage. Même s'il n'est pas facile pour tous nos collègues d'acquérir rapidement de nouvelles compétences, ils sont de plus en plus conscients des nouvelles possibilités qu'offrent le management de communautés et l'interactivité. Des premières leçons qui pourraient profiter aux rédactions françaises ?

samedi 15 novembre 2008

Le grand retour des Yes Men avec un faux site du NY Times annoncant la fin de la guerre en Irak

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Opération magistrale des des activistes US Yes Men avec la publication de cette fausse couv' du New York Times, qui a généré un énorme buzz sur la Toile, avec une version web (normalement accessible , mais non accessible à l'heure où j'écris ce billet) et une version papier, qui annonce la fin de la guerre en Irak et le retour immédiat des troupes américaines au pays. L'opération, très élaborée, aurait abouti à l'impression d'1,2 million d'exemplaires (selon les organisateurs) d'un faux journal sur papier de 14 pages, avec la même maquette que le vrai.

Par le passé, ils se sont illustrés notamment en se faisant passer pour des intervenants de l'OMC, lors du sommet de mai 2000, à Salzbourg, en Autriche, ils ont entre autres prononcé des discours satiriques sur la privatisation du marché des votes, sur l'apologie de l'esclavage à domicile. Ils avaient aussi créé un faux site sur George Bush, avec l'adresse gwbush.com, puis utilisé les anciennes initiales de l'OMC et créé gatt.org, un pastiche à l'apparence proche du site officiel...

Comme le faisait remarquer André Gattolin, un ancien de Libé que j'ai eu l'occasion de croiser, qui est proche des Yes Men, ce matin sur Radio Nova, la création de faux journaux est un procédé activiste assez classique. Sans faire de rapprochements douteux entre les deux périodes, il évoquait ainsi l'exemple d'un faux numéro du Soir de Bruxelles publié par des résistants en 1943, lors de l'occupation allemande.

mercredi 6 février 2008

Jérôme Kerviel, ses photos, le scoop de l'AFP...

Tous les journalistes en rêvaient, c'est finalement l'AFP qui a décroché l'interview exclusive de Jérôme Kerviel, l'ex-trader de la Société générale, devenu trader le plus connu du monde en quelques jours. Joli coup donc, l'AFP a ainsi revendu l'interview, réalisée hier en 15 minutes, à tous les médias du monde.

Autre scoop pour l'AFP, elle est ainsi la première agence à diffuser des photos du trader, qui a posé pourl'occasion, alors que jusqu'à présent, les médias français et internationaux devaient se contenter de la la seule et unique photo de son badge, qui avait fait le tour du monde. Au passage, preuve que le photojournalisme évolue, la veille, un particulier qui habite en face de la Brigade Financière avait vendu un film vidéo tourné lors de la garde à vue du trader. Et aurait revendu les photos à Paris-Match pour au moins 100 000 euros, via la banque d'images CitizenSide, d'après ce papier de Libération.

Fait intéressant qui a commencé à filtrer, Jérôme Kerviel s'est entouré d'une équipe de professionnels de la com', spécialisés en communication de crise, avec notamment Christophe Reille, ex-journaliste, qui a déjà effectué des prestations de conseil pour l'oligarque russe Mikhaïl Prokhorov, arrêté en janvier 2007 dans une affaire de proxénétisme et aussi Denis-Gautier Sauvagnac, ex-président de l'organisation patronale UIMM, mis en examen pour abus de confiance.

Le plan com' de crise du trader semble d'ailleurs parfaitement orchestré : dans les nombreux médias qui publient aujourd'hui son interview à l'AFP, on remarquera par exemple cette photo qui illustre l'article de l'International Herald Tribune : Kerviel apparaît calme, posé, posant devant une bibliothèque. Très belle image, parfaitement pensée, destinée à gommer l'image de "trader fou" que certains médias lui ont accolée...

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mardi 8 janvier 2008

Le camembert au lait cru et l'annonceur Lactalis - suite

En pleine période des fêtes, propices à toutes découvertes gatronomiques, je parlais dans ce billet de l'enquête diffusée par France 3 sur la bataille de lobbying de Lactalis pour imposer le camembert au lait pasteurisé... Or il semblerait que je me sois enthousiasmée un peu vite. Le reportage aurait été caviardé, bien davantage que je ne le pensais, d'après ce qu'a déclaré le journaliste Périco Légasse, dans un bref sujet diffusé sur France Inter ce matin. J'y ai notamment appris que de nombreuses citations avaient été purement et simplement coupées, notamment celles démontrant que le camembert au lait pasteurisé a donné lieu à de nombreux cas de listeriose, bien plus que le camembert au lait cru... Une info de première importance évidemment.

Ce qui soulève ceette question : attaquer les principaux annonceurs du secteur agroalimentaire est-il possible en télévision ? Plus encore lorsque cela soulève des questions de santé publique ?... L'émission Arrêt sur images traite précisément de ce sujet dans sa première édition en ligne (accès sur abonnement), à voir sur Internet, c'est là que ça se passe.

mercredi 17 octobre 2007

Alexandra Boulat, photojournaliste

On en a peu parlé, elle s'en est allée très discrètement le 5 octobre. Alexandra Boulat, 45 ans, était une des rares femmes photojournalistes : reporter de guerre, elle a couvert les grands conflits ces dernières années. Passée par les bureaux de Sipa Press, elle était une des cofondatrices de l'agence photo VII, dont je parle , mais aussi pour l'hebdo US Time, qui lui rend hommage sur son site. Voir aussi la double page de Paris Match qui lui rend hommage (page 80, n°3047).

dimanche 9 septembre 2007

Noor, une nouvelle agence photo

C'est au festival Visa pour l'image de Perpignan, l'évènement annuel pour les photojournalistes, qu'a été annoncée la création d'une nouvelle agence photo, Noor ("lumière" en arabe).

L'agence, basée à Amsterdam, est née de neuf pointures du photojournalisme, avec pour initiateur le photographe américain Stanley Greene, qui a couvert tous les grands conflits récents ou actuels (Tchétchénie, Soudan, Bosnie) et lauréat de trois World Press Photo. L'agence Noor (site officiel ) compte aussi l'Italien Francesco Zizola, un autre habitué des prix, l'Anglais Philip Blenkinsop, le Néerlandais Kadir van Lohuizen, l'Espagnol Pep Bonet, le Russe Yuri Kozyrev, le Danois Jan Grarup, la Sud-Africaine Jodi Bieber et l'Américaine Samantha Appleton.

"Selon ses membres, Noor veut reprendre la grande tradition des agences comme Magnum pour que ses photographes puissent aller "jusqu'au bout de leur projets, revenir aux véritables essais photographiques", d'après cette dépêche AFP.

Une bonne surprise ? Le paysage des agences photo est assez bouleversé depuis quelques années, entre le difficile passage au numérique, et la concurrence entre les agences photo traditionnelles (comme Rapho, Magnum, ou Corbis-Sygma, rachetée par Bill Gates, très motivé par le fond d'archives qu'elle détenait), et les agences photo "filaires" telles que Reuters et l'AFP (soit les départements photo des agences de presse). Les premières tentent de faire survivre les reportages photo, quand les secondes travaillent davantage dans une optique de couvrir l'actualité immédiate.

Déjà lors du festival de Perpignan en 2001, des photojournalistes ,dont James Nachtwey (ex-Magnum) et Alexandra Boulat (ex-Sipa), avaient annoncé la création de leur agence, l'agence photo Seven (VII, dont le site est ). J'y avais alors consacré un article pour "Les Echos". Leur business model ? Disséminés dans différentes villes du monde, les photographes numérisent les sélections de leurs photos, pour réduire les frais de gestion et d'archivage. Les clients font leur choix via un moteur de recherche (géré initialement par Metro Imaging. L'agence VII avait réalisé son premier "coup" lors des évènements du 11 septembre, qui avaient fait l'objet d'un numéro spécial de Paris-Match.

Reste à voir si Noor suivra le même modèle économique... et parviendra à le rentabiliser.

dimanche 29 juillet 2007

Lunaticmag, un magazine virtuel publié par un collectif de photograhpes

Le collectif de photographes Lunaphotos vient de sortir la première édition de son magazine virtuel bi-annuel consacré au photojournalisme. Il présente les travaux de photographes du monde entier encore peu ou pas connus. Lunaticmag bénéficie d'un design et d'une navigation très sympas : possibilité d'afficher en plein écran, on peut tourner virtuellement les pages, comme pour un vrai magazine , design sonore très travaillé (avec même le bruissement des page que l'on tourne).. .Seul manque pour l'instant, les contenus écrits...

dimanche 17 juin 2007

"Arrêt sur images" à l'arrêt

Beaucoup d'actualité médias en ce moment, notamment en télé, où c'est la fin de la "saison" comme l'on dit dans le petit milieu des médias... On parle (de nouveau) de l'arrêt éventuel de l'émission Arrêt sur images, où Daniel Schneidermann décrypte chaque dimanche midi, depuis plusieurs années sur La Cinquième, l'actualité vue par les médias, surtout audiovisuels. Indispensable et de service public pour les uns, agaçante (à l'image de son animateur) pour les autres, l'émission n'a jamais eu une forte audience, mais sa notoriété est indéniable. Or, elle pourrait ne pas être reconduite en septembre prochain, comme l'a annoncé Daniel Schneidermann dans la dernière édition de cette saison, diffusée ce midi - sachant que l'émission est enregistrée vendredi soir. Son dernier billet sur BigBangBlog, le blog collectif des trois principaux animateur d'Arrêt sur images, daté de ce dimanche, semble laisser croire que l'émission ne serait pas reconduite. Tandis que le journaliste Gilles Klein y consacre ce long billet, qui semble parfois prendre un caractère d'attaque personnelle... Personnellement je pense que ce serait un grand manque dans le paysage audiovisuel français si cette émission , sans autre équivalence à ma connaissance, venait à disparaître. Les autres émissions consacrées à l'actu des médias (+ Clair sur Canal +, ou encore Morandini ! sur direct 8) n'abordant souvent que l'écume de l'actualité du petit milieu de la télé. A suivre ces prochains jours, donc...

mise à jour le 19 mai : l'arrêt de l'émission est confirmé, France 5 a déclaré vouloir la remplacer par... une émission de décryptage des médias, en reprenant le concept archi-connu et banal d'une table ronde de chroniqueurs et journalistes. Le couperet est tombé hier après-midi, France 5 invoquant la nécessité de renouveller sa grille d'émissions, et Schneidermann des motifs politiques, d'après cet article de Libération.

Après 12 ans, cette émission disparaît donc du PAF. Personnellement, ça me touche beaucoup, car je m'intéresse de près à la vie des médias, et ce concept de décryptage des images était assez unique, éclairant, faisait réfléchir. Plus grave, il n'existe aucune autre émission de décryptage de ce type, même sur les chaînes du câble. Reste à espérer qu'une nouvelle émission de ce type apparaîtra dans les programmes de rentrée.

samedi 16 juin 2007

Un blog collectif tenu par 14 photojournalistes aux US

A voir, ce blog photo US bien légendé, très pro, où les photojournalistes ont eu la bonne idée de mettre en ligne une sélection de photos non utilisées, non parues dans le quotidien américain Detroit News.

Dommage qu'il n'y ait pas (à ma connaissance) d'initiatives similaires de photojournalistes en France. Une recherche Google rapide me permet tt de même d'aboutir par exemple sur ce blog de Lucas Schifres, un photojournaliste que j'ai connu il y a quelques années à Paris, qui fut longtemps correspondant pour l'agence Bloomberg. Maintenant, il est installé en Chine, où il a lancé sa propre agence photo, qui commence à bien décoller. Sinon, il y a de nombreux sites officiels pour les collectifs en vue, comme L'oeil public.

dimanche 3 juin 2007

Le Monde : Minc et Colombani cloués au pilori par l'ancien directeur adjoint de la rédaction

La version online a été transmise via ce billet de Guy Birenbaum, l'entretien du journaliste Laurent Mauduit paru dans le même n° des"Inrockuptibles" que je cite dans mon billet précédent (non non, je ne travaille pas pour eux ;-) sur les dessous de son ancien employeur, "Le Monde", est assez édifiant. Alors que les journalistes de l'ex-"journal de référence'" ont refusé de renouveler leur confiance à Jean-Marie Colombani pour un troisième mandat de président du directoire le 22 mai dernier, Laurent Mauduit se lâche, notamment sur le rôle d'Alain Minc... C'est à lire .

jeudi 17 mai 2007

Les journalistes Catherine Pégard et Myriam Lévy dans le staff de l'Elysée et de Matignon

Faut-il s'en inquiéter ? Cet article paru dans "Le Monde" d'hier révèle que Nicolas Sarkozy et François Fillon (officiellement nommé premier ministre ce matin au lendemain de l'intronisation officielle de Sarkozy, pour mémoire) ont proposé aux journalistes Catherine Pégard (Le Point) et Myriam Lévy (Le Figaro) de rejoindre respectivement le staff de l'Elysée et de Matignon en tant que conseillères en communication.

Philippe Ridet exagère peut-être dans son papier ;-) en affirmant que les longs articles politiques de Catherine Pégard, jusque là directrice de la rédaction du "Point", étaient devenus une mine d'informations pour les journalistes eux-mêmes qui glanaient dans ces articles, au détour d'une phrase ou d'une anecdote, la matière de leurs sujets à venir, mais il est clair que, depuis de nombreuses années, elle était devenue une journaliste politique incontournable, avec un des carnets d'adresses politiques les plus enviés.

C'est en tous cas une des premières fois qu'un gouvernement qui s'installe débauche des journalistes politiques en vue... et les invite à passer de l'autre côté du miroir. Il est plus courant de voir des journalistes influents accepter des missions de conseil en communication (parfois discrète, en tous cas grassement rémunérées), comme Jean-Claude Narcy (ancien présentateur de JT de TF1, où il n'assure plus que, rarement, la présentation d' "émissions spéciales"), qui travaille à l'agence de com' Expression Conseil.

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