Par Capucine Cousin le dimanche 13 septembre 2009, 20:07 - Médias
Cela ne vous aura pas échappé, depuis quelques semaines, les médias en ligne
et presse papier bruissent de mille rumeurs, quant au grand virage qu'ils
pourraient amorcer : le passage au payant. Ou, plus précisément, faire
payer certains contenus "à haute valeur ajoutée" accessibles sur leur site
Internet. Même Rupert Murdoch annonçait, en pleine torpeur estivale, son
intention de faire payer l’accès aux contenus en ligne des sites d’information
de son groupe News Corporation,
comme le révélait ''Business Week''.
La crise économique aidant, avec la baisse des revenus publicitaires des
journaux (et des sites web), la difficulté à rentabiliser leurs sites web, le
débat, récurrent au début des années 2000, refait surface. Faut-il passer à un
modèle économique payant ? Et si oui, pour quels contenus ?
Libération a amorcé son virage
lundi 7 septembre, Le Figaro s'y prépare pour ces prochains jours,
cela ne saurait tarder pour le site web de L'Express... Le groupe Marie-Claire,
propriétaire de 13 magazines (qui disposent tous d'un site web), vient de
mettre en ligne sa très sélecte "Revue des vins de France" , basée sur un
business model mi-gratuit mi-payant. Les actus, les reportages sur les
vignobles... En revanche, la notation et les prix des 50 000 ou 60 000 vins de
la base de données sont, elle, disponibles sur abonnement. Ce sont donc les
infos considérées comme à haute valeur ajoutée qui sont payante.
Contenus "à haute valeur ajoutée
Problème : quels contenus sont considérés comme étant 'à haute valeur
ajoutée' ? Des indiscrets ? Des coulisses ? Des reportages haut
de gamme ? Des sommaires et articles en preview avant publication
print ? Tous les groupes phosphorent sur cela. Difficile, à une époque où
le grand public a, précisément, pris l'habitude d'accéder à de l'info gratuite,
avec les quotidiens gratuits et les sites d'informations.
Un des secteurs considérés comme les plus prometteurs est celui de
l'information économique et financière, un des rares où le lectorat (CSP ++, en
l'occurrence décideurs etc) est encore prêt à payer pour accéder à une info
quasi-exclusive. A titre d'exemple, dans le journal où je travaille
actuellement, L'Entreprise (où je planche notamment sur le
développement de nouveaux formats pour le site L'Entreprise.com), on peut tout çà fait
imaginer de proposer en accès payant des coulisses d'entreprises en diaporamas
ou en vidéos. Ou encore l'accès à des scoops, comme
cette interview de Jean-Louis Gassée, qui y annonce le lancement
d'un fonds d'investissement pour les start-ups françaises dans la Silicon
Valley.

Et de fait, en prélude à la nouvelle version mixte de son site, le 1er
septembre, Le Figaro a lancé son nouveau site d'information économique
adapté aux téléphones mobiles. Wansquare, lancé en association
avec trois journalistes, est un site bilingue (français et anglais) d'infos
économiques et financières. Sa particularité : il est donc payant
(abonneemnt à 100 € par mois), et... conçu pour être essentiellement reçu sur
les smartphones, Blackberry et autres iPhones en tête. Son format est très
largement inspiré de Breakingnews, l'un des pionniers dans ce domaine, qui
donne sans doute quelques idées à ses confrères avec ses … 15 000 abonnés.
Lequel Breakingnews fournit des contenus au Monde (papier), et sur lequel
l'agence Reuters a des vues.
…Et ce n'est pas fini. Le 1er octobre, ce sont Les Echos qui
nourriront les mobiles, avec le lancement du site "Le
Crible.fr" (du nom de sa fameuse chronique publiée chaque jour en
quatrième de couv', sur l'état des marchés boursiers), "nouveau service
éditorial premium" à destination des dirigeants, lui aussi sur smartphones.
Du mobile, du payant, de l'exclu, de la haute valeur ajoutée... Fuite en
avant ou exploitation d'un créneau prometteur (après tout, des millions de
Français ont un Blackberry, un iPhone ou un Nokia N97), cela reste à
voir...