dimanche 15 novembre 2009

Un reportage du New York Times payé par des internautes

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Cette semaine, le New York Times a publié dans sa rubrique Sciences un article un peu particulier : il retrace l'histoire d'un amas de déchets flottant dans l'océan Pacifique. Mais surtout, il est signé par une pigiste pigiste... "payée par la foule" dans le cadre d'une initiative inédite.

Les frais engagés par la journaliste Lindsey Hoshaw pour réaliser son reportage lui ont été réglés d'avance non pas par le commanditaire de cet article, le NY Times, mais par des centaines de donateurs, via Spot.Us, qui se définit comme "un projet à but non lucratif visant à être pionnier du journalisme payé par la communauté". Sur son site Internet, Spot.Us déclare d'ailleurs vouloir permettre au public "de lancer des enquêtes avec des donations déductibles fiscalement, sur des sujets importants et peut-être négligés (sous-entendu par les rédactions classiques)". A ce jour, le reportage de Lindsey Hoshaw a récolté 6 000 dollars de dons.

Un peu sur le modèle des sites musicaux où les internautes peuvent plébisciter et financer en ligne, et donc permettre aux artistes de se faire produire par des internautes (tels Akamusic.com ou MyMajorCompany), SpotUS propose aux internautes de choisir le sujet d'article (leur story favorite) qui les intéresse le plus, parmi les pitch présentés sur le site, et visiblement postés par des journalistes freelance (équivalent aux journalistes-pigistes ici). Il y a plusieurs tarifs présentés selon le type de reportage prévu (investigation, reportage sur une entreprise). L'internaute qui finance un reportage peut en connaître la progression via le blog du journaliste. C'est donc une sorte de place de marché, où l'internaute peut choisir de financer des sujets de reportages qui l'intéressent, ou qui lui semblent peu traités par les médias.

L'initiative de SpotUS me laisse quelque peu perplexe. Le NY Times surfe ainsi sur la vogue (quelque peu dépassée d'ailleurs) du journalisme participatif (dont je me souviens avoir parlé en 2007). Un site comme Newsassignment.net proposait déjà à sa communauté d'internautes de contribuer à la rédaction d'articles.

Certes, c'est un moyen de financer des reportages aux coûts (déplacements, etc) parfois élevés, surtout pour des journalistes indépendants, qui doivent habituellement avancer les frais avant de les voir (éventuellement) couverts par la rédaction qui publiera leur papier. Qui plus est, cela donne au journaliste le temps d'enquêter en profondeur. Du temps et des moyens, une denrée qui se raréfie d'ailleurs pour les journalistes dans les rédactions.

Le truc étant que le modèle de relation classique entre les rédactions et les journalistes indépendants qu'elles font travailler repose sur une commande, puis une rémunération directe par la rédaction au journaliste. Là, SpotUS se pose en intermédiaire (et prélève une commission ?). Normalement, l'article finalisé est publié sous licence Creative Commons, et donc reexploitable gratuitement par autrui. Là, le NY Times avalise ce modèle en publiant dans ses pages un article commandé et "produit" par SpotUS, et financé par des internautes.

Est-ce que l'on verra un jour ce modèle importé en France ? Où se distinguent déjà des intermédiaires entre rédactions et journalistes indépendants, comme la Nouvelle Agence Centrale de Presse (ACP), qui suscite déjà beaucoup de débats... Et vous, qu'en pensez-vous ?

Mise à jour : Quelques compléments à partir d'infos ben intéressantes que m'ont fait parvenir des internautes (que je remercie :): - Dans la lignée de Spot.US, en France, on trouve le projet Glifpix qui repose sur le même principe. Parmi ses fondateurs, on trouve un ancien rédacteur en chef du Monde, Patrick Jarreau, un transfuge de Mopndadori France, Bertand Paris, Eric Scherer, directeur de la stratégie et des partenariats à l’AFP... - Le photojournaliste Cyril Cavalié (qui vient de publier cet excellent bouquin, dont j'ai parlé ici) m'indique qu'il a eu (et bénéficié de) la même idée : "en début d'année, et le don de quelques internautes des réseaux Facebook, Twitter et Flickr qui connaissaient mon travail, m'avait permis de partir à Washington sans commande pour couvrir l'investiture de Barack Obama".

vendredi 13 novembre 2009

La French Connection #35 (LCI Radio): Wasabiiiii !

Et hop, la dernière édition de la French Connection de LCI Radio, que l'on a enregistrée tout à l'heure (vous admirerez la promptitude du maître des lieux, Cédric, pour numériser le tout et vous le mettre à dispo ;)avec Cédric Ingrand, Jean-Bernard Magescas, et Amaury Mestre de Laroque. On y a causé de l'arrivée de Netvibes Wasabi , du premier Google Phone que Google s'apprêterait à lancer SANS opérateur aux US, avec pour fabricant HTC (qui le proposerait en marque blanche), je suis revenue sur le débat autour du "droit à l'oubli" des traces numériques laissées par les internautes sur la Toile... En ce début de weekend, enjoy !

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

lundi 9 novembre 2009

Le retour du disque vinyle : la musique (re)matérialisée, le culte de l'objet collector et vintage

Ça a été une redécouverte. Le son légèrement irrégulier, en même temps profond, avec parfois des grésillements. Et mettre la musique, qui s'apparente à un petit cérémonial : sortir l'objet de sa pochette, en le faisant glisser délicatement, le poser sur la platine, appuyer sur 'Play', puis déposer progressivement le bras sur sa surface, pour que le diamant du lecteur l'effleure juste... Ensuite, musica.

Peut-être un petit snobisme de mélomanes, de nostalgiques d'une autre période, une envie de retour à la musique matérielle, qui se concrétise par un objet que l'on manipule : il s'agit donc bien du disque vinyle, donné pour mort dans les années 80, lors de l'arrivée en force du CD ('compact disc', disaient alors les pubs, mais qui effectue un joli retour en force depuis quelques années. Pour ma part, trentenaire mélomane, aux goûts musicaux qui se confirment avec les années, je viens de me faire offrir une platine vinyle. Mon père était trop content de pouvoir la choisir de manière avertie. Eh oui :)

La "faute" aux DJs, dans un premier temps, qui ont ressorti de classiques vinyles 33 tours et 45 tours pour effectuer de savants mixages.. Chacun ayant sa propre collection de vinyles, qu'ils ont donc remis au goût du jour... Y compris au sein d'une tranche de mélomanes avertis, y compris les trentenaires nostalgique de cet objet représentatif de générations précédentes de mélomanes. Ou, de façon plus basique, bon nombre ont racheté une platine après avoir hérité de la collection de vinyles de leurs parents ;)

Déjà, il y a le plaisir littéralement sensuel au simple fait de mettre un vinyle (je vous renvoie au 1er § :) sur une platine microsillon, en effleurant le disque, et en pouvant apprécier les photos et textes grand format de la pochette (ça change des livrets lilliputiens des CD). Un véritable plaisir retrouvé, à l'ère du dématérialisé, où la musique en format mp3, abstraite, au son trop parfait, se déshumanise.

Surtout, cela permet à nos générations de (re)découvrir des musiques qui ont marqué notre enfance ou notre adolescence (et nos premières soirées...). Sur une brocante près de chez moi, je me suis acheté des vinyles d'occasion qu'il ne me serait pas venu à l'idée d'acheter en CD, ou même de télécharger : Georges Michaël, Tina Turner, les Who, un petit inédit de Mike Jagger en solo (et tout jeune)... Chez mes parents, j'ai eu le plaisir de découvrir ce magnifique double live de David Bowie en 1974 (époque dope donc, comme on le voit sur les photos intérieures...).

Bowie

En tous cas, le business redevient prometteur. Il représenterait actuellement 10% de la musique vendue au niveau mondial. Et les professionnels de la musique l'ont bien compris. A l'heure où la vente d'albums en CD ou en téléchargement légal dégringolent, paradoxalement, celle de vinyles importés ou d'occasion se porte bien. Quelques boutiques spécialisées ouvrent leurs portes, et encore dernièrement, à une brocante, un particulier m'expliquait avoir liquidé sans problème tous ses vinyles le matin même. Sa clientèle : des 20-30 ans.

Majors musicales et groupes repensent même le vinyle comme un bel objet collector.... susceptible d'être vendu plus cher ;) quitte à y ajouter des plus-produits pour satisfaire le fan de base devenu adulte. Du coup, les éditeurs commencent à sortir un nouvel album *aussi* en format vinyle. Ils n'y sont pas forcément perdants : un vinyle neuf se vend actuellement 20 à 30 €, un poil plus cher qu'un CD donc... et bien plus qu'un vinyle dans les 80's. Surtout lorsqu'ils jouent sur le côté série limitée. Les majors sont inventives en la matière : je me suis vue offrir le dernier album de PJ Harvey en vinyle. Comme vous le voyez, outre le vinyle, on me propose à l'intérieur un poster, et... un code m'offrant la possibilité de télécharger le même album en format mp3, légalement. Bien vu, non ?

PJHarvey

Il y a une autre explication : le besoin pour le public d'archiver, sur support matériel, des musiques qui se rattachent à sa propre histoire. Quand bien même le vinyle résiste moins bien aux outrages du temps que les supports numériques... Et ce alors qu'il devient de plus en plus difficile de trouver des "classiques" de la musique sur les sites de téléchargement (légal ou pas) pour (re)constituer son répertoire perso.

On peut aussi rattacher cela au retour du rock alternatif, depuis le début des années 2000, les Strokes, Libertines, et autres Arctic Monkeys (tous proposés à la Fnac en vinyle - ça tombe bien...) nous donnant envie de revenir à nos classiques de la culture rock, sur le format classique - le vinyle, donc.

Côté high-tech, le business est tout aussi prometteur. On a vu débarquer il y a 3-4 ans des lecteurs vinyles 'mixtes', avec une sortie USB permettant de numériser ses disques en format mp3, ou encore un dock pour iPod. Pour les plus malins, des logiciels informatiques permettent (si tant est qu'ils ont une chaîne hifi dotée d'une sortie mp3 ou idoine pour un câble) de numériser leurs vinyles avec un logiciel ad hoc.

Les platines 2009, dans leur design, sont ainsi présentées "façon vintage, futuriste, pop art, ou accompagnée d'une fonction de numérisation des disques pour les convertir en fichiers MP3", souligne Didier Sanz dans ce bon papier du Figaro. Les marques présentes sur ce marché en plein revival ? "Même des fabricants qui n'ont jamais fait de vinyle, comme Denon, Marantz ou encore Goldmund, spécialiste du numérique chic, s'y mettent", d'après le Fig'.

Alors, nouvelle tendance de conso de fond ? A voir. Rendez-vous après Noël...

dimanche 8 novembre 2009

Maison d'édition de BD communautaire

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Dans la lignée de l'affluence de blogs BD existant en France, la maison d'édition Manolosanctis a (enfin) eu l'idée de se lancer sur le mode Web communautaire.

Le concept : de la même manière que des sites comme MyMajorCompany pour la musique et Touscoprod pour le cinéma, les internautes inscrits peuvent s'improviser critiques de BD, suite à quoi les jeunes auteurs remarqués par cette communauté d'internautes-critiques auront peut-être la chance d'être publiés. Tous les mois, des albums parmi les plus populaires du site sont choisis par le comité de sélection pour être édités en version papier. Ouvert à tous (dessinateurs, amateurs ou professionnels), le site est aussi un bon moyen pour l'auteur d'apprécier la qualité de son œuvre : en publiant quelques planches, il pourra observer les premiers retours du public. Actuellement en version beta, Manolosanctis affiche environ 150 albums d'un niveau professionnel, sans qu'aucune sélection soit effectuée avant leur mise en ligne.

Bonne initiative, qui esquisse un nouveau modèle économique dans la publication culturelle, dans la lignée de ces diverses tentatives d'édition/publication réalisées avec des soutiens individuels, en contournant les majors du secteur...

E-books : les principaux sortis, et ceux à venir

J'en ai beaucoup parlé dernièrement (je vous laisse remonter le fil dans les billets précédents...), notamment dans ce billet, cette émission radio et via cette itw vidéo, mais il m'a semblé intéressant de revenir sur les principaux modèles d'ebooks qui viennent de sortir, ou qui sont annoncés...

Car outre les principaux lancés (le Kindle d'Amazon, l'e-book de Bookeen, ou encore le Reader de Sony), et les quelques autres annoncés aux US (voir le papier que j'y ai consacré pour l'Express.fr), j'avais eu l'occasion de voir, en mars dernier, quelques prototypes présentés au Salon du Livre de Paris. Ce sont des protos, donc forcément, tous ne seront pas forcément commercialisés. Mais beaucoup sont intéressant, donc je vous les dévoile, en petite exclu ;)

Nous avons donc :

iRex Photo C. C.

Le proto du prochain eBook d'iRex, spin-off de Philips

Foxit Photo C. C.

l'eSlick de Foxit, un eBook de 6'' reposant sur la techno e-ink. Il est déjà commercialisé aux US pour 229 $, et accepte les formats PDF et ePub.

Readius Photo C. C.

Le Polymer Vision de Readius, un lecteur e-book qui me semble assez incroyable : repliable, e-ink, c'est un lecteur e-book, mais aussi lecteur mp3 et téléphone mobile. Joli projet, pourtant avorté, à cause de coûts de développement trop importants, et de la mise en faillite de Polymer Vision cet été, comme le révélait eBouquins.

papierelectroniq C. C.

Là encore, un joli projet, avec ce prototype de papier électronique de 6'' par Nemoptic, start-up française retenue dans le cadre du projet de R&D SYLEN (pôle de compétitivité francilien Cap Digital).

dimanche 1 novembre 2009

'The Impossible Project' se poursuit, remise en vente de films argentiques Polaroid

Rue89 s'en est fait l'écho, Polaroid remettra en vente des films argentiques en 2010... alors qu'il y a quelques mois, il annonçait l'arrêt de la vente du film 35 mm en argentique pour les diapositives couleur Kodachrome, comme j'en parlais alors dans ce billet.

Deux ans après la fermeture des sites de production des Pays-Bas (usine d'Enschede) et du Mexique, Polaroid "encourage la production de films SX-70 et 600" pour 2010, d'après Rue89, et ce en partenariat avec 'The Impossible Project', cette start-up d'un nouveau genre que j'évoquais déjà. En quelques mois, elle a prisde l'ampleur : lancée par le businessman Florian Kaps, fondateur d'un site de ente en ligen de recharges Polaroid (ça tombe bien) et l'ancien directeur de l'usine d'Enschede, elle s'était mise en tête de relancer des "vraies" cartouches Polaroid. Et l'affaire semble bien lancée, Polaroid ayant avalisé le projet lors de son sommet mondial à Hong Kong, le 13 octobre.

En pleine vogue vintage / nostalgie, elle va rééditer certains de ses appareils fétiches, tel le Polaroid argentique 1000... mais visiblement, en version chic et chère :(.

Du coup, quelle clientèle va viser 'Pola' ? Des amateurs éclairés ? Des étudiants ? Pour ses pellicules, forcément, il trouvera des recrues dans tous les possesseurs de Polas, en manque de pellicules depuis quelques temps. Mais pour ses futurs appareils 'vintage' annoncés, il ne visera probablement qu'un petit marché de niche à hauts revenus. Ce qui serait une manière de jouer sur l'aspect nostalgie, et la valeur supposée de la marque Polaroid - pourtant très connotée cheap à son âge d'or, dans les années 80. A voir...

mercredi 28 octobre 2009

Librairie en ligne pour e-books + (une dose de) cloud computing = Safari Books online 6.0

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Je sais, ça fait beaucoup dans un titre ;) Il y a une certaine effervescence (du moins dans un certain microcosme) qui entoure la commercialisation en Europe du Kindle d'Amazon, lequel suscite d'ailleurs un accueil parfois critique (je vous renvoie à ce papier de L'Express.fr, suite à un test critique)... Alors que d'autres e-books que le Kindle existent -je les détaille dans ce papier pour L'Express.fr.

Et pour cause : il y a derrière cela tout un débat sur l'avenir du livre, les usages qui découleront autour du livre numérique (s'il s'impose dans le futur), l'archivage des écrits, comment les éditeurs et les libraires devront s'adapter à cette nouvelle donne, comme j'en parlais par exemple ici.

D'ailleurs, les éditeurs commencent à se mettre en ordre de bataille, plus encore depuis que Google a annoncé le lancement de sa propre library numérique, quitte à se rassembler sur des plateformes numériques, telle Numilog, lancée par Hachette.

A côté de cela, il y a bien sûr des plateformes de téléchargements de livres libres de droits. Mais une autre initiative, signalée par Tim O'Reilly sur son Radar, me semble prometteuse, tant dans les usages que la philosophie de libre-accès au savoir qui en découle.

Dans ce billet, il dévoile une initiative innovante, Safari Books Online. Une initiative pourtant pas vraiment récente, puisqu'elle date de 2001. Il s'agit d'un service sur abonnement de livres et vidéos en ligne, lancé en partenariat avec Pearson Technology Group. Concrètement, il permet aux utilisateurs de consulter une "bibliothèque virtuelle" initialement constituée par partenariat entre ProQuest et 3 éditeurs en informatique, O’Reilly, Pearson, et Microsoft Press. Il rassemble "plus de 10 000 livres en économie et technologies, ainsi que de vidéos, de plus de 40 éditeurs". De fait, on y trouve des titres de référence, de guides d'utilisation et de vidéos dans les domaines de la programmation, du développement et de la conception Web, des langages de programmation, de la gestion de projet... Et, cerise sur le gâteau, "il compte plus de 15 millions d'utilisateurs", explique O'Reilly. Lequel est donc partie prenante de cette initiative, et explique que le business model repose sur les téléchargements payants d'e-books. Sur une base d'abonnement mensuel (selon la formule adoptée), les abonnés téléchargent en moyenne de 7 à 12 livres par mois.

Ce service peut être utilisé sur un laptop, un netbook, ou même un téléphone portable.

Une nouvelle version, Safari Books Online 6.0, achevée hier, amène de nouvelles possibilités: plus d'interactivité, avec la possibilité d'annoter son e-book en cours de lecture, la possibilité de le surligner, puis imprimer ces pages ainsi 'personnalisées'. Une dose de collaboratif aussi, avec la possibilité de travailler sur une même oeuvre par groupes de travail. Autre possibilité, celle de regrouper de manière thématique les livres téléchargés.

Initiative innovante, qui préfigure peut-être les librairies numériques du futur...

mardi 27 octobre 2009

Apple se met (presque) au low-cost avec un ordinateur à 999 $

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L'info est tombée mardi, comme l'a annoncé Cnet, Aple prépare son MacBook le plus low-cost qui soit (pour lui du moins), à 999 $.

Concrètement, Apple reste en fait dans le milieu-haut de gamme qui lui est propre : ce MacBook Pro n’est que le modèle d’entrée de gamme de son catalogue. Ce MacBook White comporte un écran LED rétro-éclairé, un trackpad Multi-touch en verre, et une plus grande autonomie grâce à la batterie intégrée, qui pourrait atteindre jusque 7 heures, d'après Apple. Mais les faits sont là : pour beaucoup, à défaut de s'aventurer sur le terrain du netbook, Apple se frotte tout de même à l'entrée de gamme...

Probablement une réponse à sa façon aux PC laptops et netbooks (bien low-cost, eux), qui ont déboulé sur le marché depuis 18 mois, alors qu'il est le seule à n'avoir pas lancé de netbook - précisément parce que cela l'aurait obligé à s'engouffrer dans le low-cost.

Bien vu, alors que les résultats d'Apple ont rarement été aussi bons - pour le moins, la firme californienne n'a pas connu la crise cette année, avec un bénéfice net en hausse de 18% à 8,704 milliards de $ pour l'année 2008-2009, et une hausse de 12,5% pour le chiffre d'affaires, à 36,5 milliards de $.

Alors que la concurrence s'aiguise... Notamment du côté d'Acer, qui s'apprête à devenir n°2 mondial devant Dell. Et que les netbooks, malgré leur faible marge, s'imposent comme un segment porteur. Et il y a fort à parier que les laptops et PC seront dopés, en cette fin d'année, par le nouveau Windows 7, attrait de la nouveauté oblige... D'autant que "une nouvelle génération de laptops bon marché, sous Windows 7, légers et sans lecteur de DVD", ont été dévoilés par la même occasion, d'après CNET.

lundi 26 octobre 2009

Gadgets de geeks (2) : une montre (pour) Blackberry

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La montre sera-t-elle le prochain support nomade / mobile ? Déjà LG, Sony-Ericsson et Samsung ont présenté des premiers modèles de montres - mobiles, à la fois montres et téléphones mobiles.

Là, c'est Crackberry, le blog de fans du Blackberry, qui annonce qu'une montre mobile de Blackberry (baptisée InPulse) serait en préparation : plus précisément, une montre compatible avec un smartphone Blackberry. Cette montre serait dotée d'un écran Oled, et aurait pour particularité d'afficher les messages, appels, et autres nouveaux éléments arrivant sur votre Blackberry, synchronisés avec un Bberry via Bluetooth. De fait, bien qu'elle ne soit pas fabriquée par RIM, elle a été conçue pour fonctionner avec les terminaux de la firme canadienne.

Pour quels usages ? L'objet me laisse à première vue dubitative. Clairement, cette montre aurait un rôle de push d'infos, qu'elle fait remonter automatiquement, et nous évite de devoir rallumer notre Blackberry inutilement, et de prendre connaissance, directement, des mails ou SMS reçus.

Gadget de geek (1) : Sunglasses + clé USB = USB Memory

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C'est un pur gadget de geeks, mais j'adore ;) C'est un des derniers accessoires improbables, des lunettes de soleil... avec clé USB intégrée de 4Go, discrètement insérée au milieu de l'une des branches, détachable donc. Le mieux étant que ce n'est pas une marque obscure qui ose ces lunettes-gadgets, mais Calvin Klein, avec ce modèle, "USB Memory".

dimanche 25 octobre 2009

Impacts des médias sociaux sur les médias traditionnels

Cette semaine, dans le cadre des deux journées de conférences Buzz the brand organisées par le mag Stratégies et l'agence Vanksen, j'ai eu le plaisir de participer à la table ronde sur le thème "Impacts des médias sociaux sur les médias traditionnels", pilotée par François Kermoal, directeur de la rédac' de Stratégies. Le débat fut assez riche, animé... J'avais préparé quelques notes au cas où, je me suis dit que tant qu'à faire, je pouvais en partager avec vous la substantifique moëlle !

Médias sociaux / médias traditionnels : les nouveaux enjeux

- Impact de ces 'nouveaux médias' (en l'occurrence les blogs, les réseaux sociaux tels que Twitter et Facebook). Ce qui me semble essentiel et assez nouveau est que ces 'nouveaux media' changent la chronologie de l'information, et imposent plus de réactivité, de rapidité aux journalistes sous peine d'être dépassés. Dépassés par d'autres médias certes loin d'être toujours aussi légitimes, mais qui, indéniablement, ont habitué le lecteur/internaute à avoir l'info de manière presque instantanée... Du coup, on commence à voir ce phénomène par exemple en presse quotidienne ou en presse hebdo : lorsqu'un journaliste a une info importante, il la sort d'abord sur le site web de son média, sous forme d'un indiscret un d'un article assez bref. Si les délais de décalage avec la parution papier ne sont pas trop importants, il y consacrera un article plus développé, plus léché, dans son journal papier. Les réseaux sociaux impliquent par ailleurs que l'info doit être marketée, donc valorisée, relayée par ces mêmes réseaux sociaux...

Exemple intéressant de ce changement de chronologie, on a vu récemment une journaliste dévoiler un scoop directement sur son fil Twitter. Mi-octobre, un twitt de Fabienne Schmitt de la corres' de la presse annonçait que Martin Bouygues avait convoqué Nonce Paolini et Axel Duroux pour arbitrer leurs conflits. Résultat : l'info a été reprise partout avec citation de son twitt comme source, elle a été interviewée par Canal + et RTL... Et elle s'est vérifiée par la suite, comme on le sait, avec le départ quelque peu précipité d'Axel Duroux cette semaine...

Autre fait, des journalistes commencent à cultiver leur "auto-marketing" (ou personal branding), et du coup émergent hors-rédaction : que ce soit avec leur fil Twitter perso, ou leur blog... Les media sociaux sont d'autant plus bienvenus pour les journalistes indépendants, qui acquièrent ainsi une visibilité plus importante grâce à ces nouvelles vitrines. Dans les rédacs, ces nouvelles vitrines gênent parfois aux entournures certains rédacs chefs, d'autant qu'un journaliste qui blogue a de facto sa propre tribune, il devient en quelque sorte éditorialiste, et peut publier des billets sans le filtre d'un rédacteur en chef...

Mais clairement, quelques journaux prennent en compte ces nouveaux usages, et ouvrent leur propre plateforme de blogs sur leur site web, où les journalistes sont invités à bloguer. Je citerais au premier chef le groupe Express-Roularta (mon employeur donc), avec notamment la plateforme de blogs de L'Express.fr, mais aussi Le Nouvel Obs, Challenges, Les Echos (dans ce dernier cas, ce sont surtout les éditorialistes qui bloguent)...

En revanche, les rédactions commencent à réfléchir, parfois, à des guidelines. Dans mon groupe, j'ai rédigé une ébauche de 'charte des blogs' (destinée aux blogueurs externes et internes). On voit aussi fleurir en ligne des guides, comme ce "Guide de déontologie des médias sociaux pour journalistes" mis en ligne par la journaliste et blogueuse Gina Chen, ou encore les très avisés "22 conseils pour les journalistes à l'heure du web" par Dan Gillmor (auteur de "We are media"), publiés dans le Guardian.

Dans un genre plus extrême, il y a ce précédent du Washington Post, où les journalistes se sont vus édicter des règles très strictes quant à leur utilisation de Twitter (en gros, ils ne doivent pas y émettre d'opinions perso ou politique en tant que membres du journal), parce qu’un des rédacteurs en chef donnait trop son opinion sur son compte Twitter

Comment les médias classiques peuvent intégrer ces médias sociaux dans leur offre (en clair, y a-t-il un business ?)

La table ronde a le plus pêché sur ce point : y a-t-il un business model qui s'esquisse autour de cette dose de médias sociaux à la sauce 2.0 ? Pour ma part, j'ai cité une des nouvelles tentatives, dans la presse éco et financière, avec les aventures Wansquare et LeCrible.fr, que j'évoquais dans ce billet.

De manière générale, je pense que les journaux ont tout intérêt à valoriser leurs contenus et leurs archives, donner à leurs lecteurs la possibilité de les trier de manière personnalisée. Le New York Times a par exemple lancé un outil qui permet au lecteur de trier les articles disponibles en ligne par tags et par mots-clés, et de générer ses flux RSS personnaliséés. Mais le problème est toujours le même : faut-il faire payer ces services ? Le NY Times est peut-être le média qui a le plus innové en ligne avec ce genre d'outils... Mais cette semaine encore, il annonçait 100 départs de journalistes, rappelait Stéphane Zibi (Spread Factory) lors de la table ronde. Dans la même veine, le Financial Times a lancé Newsift, un moteur de recherche sur les entreprises et secteurs d'activités, qui permet de faire remonter ses articles sur une base sémantique.

Autre possibilité à explorer par les journaux, proposer des flux d'informations hyperlocaux : ce que propose le Huffington Post, pais aussi, en France, des titres de PQR tels que Paris-Normandie, ou encore Le Télégramme, comme je l'expliquais dans ce billet.

jeudi 22 octobre 2009

Michaël Dahan de Bookeen : l'interview

Comme promis dans ce billet, voici donc l'interview vidéo du co-fondateur de Bookeen, le petit Français qui tente de se faire une place sur le marché (prometteur ?) des e-books. Vidéo complémentaire de ce papier.

lundi 19 octobre 2009

La French Connection #31 LCI Radio : l'e-book arrive

En audio, la dernière édition de la French Connection de LCI Radio, vendredi dernier, avec Cédric Ingrand, Jean-Bernard Magescas, et David Legrand (PCInpact.com). On y a surtout discuté de l'arrivée en trombe sur le marché européen du Kindle d'Amazon (voir mon billet sur le sujet), alors que le marché de l'édition fait des cauchemars électroniques. David Legrand nous a présenté Windows 7, qui arrive sur nos PC (et constitue un nouvel argument marketing pour les constructeurs autour de leurs nouveautés...), mais AndroId aussi (avec un netbook Acer sous Android)... Enjoy !

dimanche 18 octobre 2009

Les T-shirts rocks : merchandising + vintage + business

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Vous avez remarqué ? Depuis quelques mois, on assiste au grand retour de T-shirts à l'effigie de groupes de musique, de préférence rock'n roll, vintage labellisés 70's, et parfois bien trash. Cela va de pair, certes, avec le retour de 'vrai' rock alternatif depuis le début des années 2000, initié avec des groupes tels que les Libertines ou les Strokes, et poursuivi avec des 'baby rockers' tels que les Arctic Monkeys. Avec dans la lignée la renaissance de groupes de rock dans les lycées, qui aboutissent parfois à des groupes (comme les Plasticines) - il y a quelques années, Philippe Manoeuvre organisait d'ailleurs des 'rock'n roll Fridays' au Triptyque, pour permettre à ces rockers en herbe de se tester devant un public. Cette vogue rock se traduit par le retour du vinyle dans un marché de niche (j'y reviendrai très bientôt), la bonne santé des concerts (au détriment des ventes de disques, comme on le sait), e, par la grâce du téléchargement musical, les ados se remettent à écouter les mêmes classiques que leurs parents, des Doors aux Beatles.

On voit de plus en plus de trentenaires ou d'ados porter des T-Shirts à l'effigie de groupes tels que les Clash, les Who ou, plus pointu, les New York dolls ou les Ramones. Une manière pour les porteurs de ces T-Shirts de revendiquer, d'afficher ces références culturelles comme étant leurs, et bien sûr un mode de pensée et une culture - le rock'n roll (et la liberté qui va avec). Plus profondément, je trouve cela passionnant de voir des ados afficher des références culturelles à priori anciennes. Même si, certes, cela se rattache à la vogue du look 'rock' qui rejaillit d'autant plus cet automne dans la presse féminine, avec le retour du cuir dans les fringues, du strass etc.

En tous cas, côté business, les marques de textile l'ont bien compris. Je me souviens avoir vu chez H&M, l'année dernière, des T-shirts pour ados à l'effigie de Blondie, et des Ramones. Imaginez : il y a quelques années, ce groupe était quasi-inconnu des ados. D'ailleurs, c'était un des groupes les plus trash des 70', dont certains membres se prostituaient, me racontait il y a quelques jours un ami mélomane averti. Littéralement, sexe, drogue et rock'n roll... Au passage, du point de vue business, je me demande comment H&M, spécialisé dans la fringue low-cost, a pu s'offrir le droit de licence des Ramones (du le prix a, certes, sans doute baissé en quelques décennies).

Les marques bobos (et chères ;) se sont aussi emparées de ce business lucratif de la fringue rock. Tel Zadig&Voltaire, qui a des pulls (en cachemire - so chic !) en hommage aux mythes du rock, arborant en lettres strassées les noms d'Elvis, Mick Jagger ou Patty Smith.

Dans le sens inverse, on voit parfois des marques solliciter des groupes poru qu'ils créent leurs propres T-shirts à leur effigie. Début 2008, Daft Punk créait un tT-shirt pour le concert "Playboy Rock the Rabbit Series", organisé par le magazine Playboy.Déjà Hot Chip, Iggy Pop, Duran Duran, The Shins, Jamie T et Tokyo Police Club avaient fait de même, ces T-shirts étant ensuite vendus aux Etats-Unis chez Bloomingdales et sur Shopthebunny.com. Là, certes, c'était pour la bonne cause, les recettes étant reversées à l’association Rock The Vote, dédiée à l’insertion des jeunes dans la vie politique.

Du coup, les groupes (ou leurs ayants-droits) tentent de se réapproprier ce business juteux, en l'adossant à leur politique de merchandising. Pour des fans ou simple addicts de jolis T-shirts parfois prêts à mettre cher dans un simple T-shirt. La semaine dernière, j'étais à un des concerts parisiens des Pixies, à l'occasion de la tournée qu'il organise pour les 20 ans de son album 'Doolitle'. Le p'tit T-shirt proposé dans la boutique idoine m'a tout de même coûté 25 €...

En butinant sur la Toile, je me suis aperçue que le T-shirt des Ramones (dudit groupe un temps sur des T-shirts H&M, donc...) était proposé jusque 45€ sur le site de la boutique officielle... et tout juste quelques euros ou £ sur des sites de ventes aux enchères. Preuve que la contrefaçon doit sévir assez largement dans ce secteur aussi.

La couv' de la semaine : Le Télégramme

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Le quotidien régional breton Le Télégramme méritait, pour le moins, de figurer ici, alors qu'il publiait cette semaine son 20 000ème numéro, avec cette couv' étonnante, comme le signale ici l'ami Gilles Klein.

Le titre, qui a 65 ans, a donc tiré à 18 éditions et plus de 200 000 exemplaires par numéro en 2008, est né le 18 septembre 1944. Comme il le rappelle dans son historique ici, comme beaucoup de quotidiens (tel La Voix du Nord), Le Télégramme a été fondé par des résistants, puis est né officiellement après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, la SARL d'origine, créée le 10 novembre 1944 avec un capital initial de 65 000 francs, a été fondée par Victor Le Gorgeu, ancien sénateur-maire de Brest, "un des 80 parlementaires qui avaient refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain", rappelle le quotidien dans un très intéressant diaporama.

Comme de plus en plus de titres de presse régionale, il a visiblement une stratégie ambitieuse de développement sur Internet, dont la presse régionale a été la première à comprendre qu'il pouvait lui permettre, avec des fonctionnalités 2.0 et simples, de se rapprocher de ses lecteurs. Comme le montre cette rubrique, Mes communes, qui permet d'accéder aux éditions locales en ligne, et surtout de créer son menu personnel à partir des communes que l'on souhaite suivre.

En la matière, à titre d'exemple, Paris-Normandie teste aussi des nouveaux formats, de nouvelles formes d'interactivité avec le lecteur très intéressants, depuis l'arrivée aux manettes de Sébastien Bailly, en tant que responsable des activités Internet pour le pôle normand PQR (Déville-lès-Rouen) du Groupe Hersant Medias. Outre le blog de la rédaction, il a initié des blogs thématiques, un flux RSS, un espace communautaire où les membres peuvent échanger leurs photos, participer aux forums...

mercredi 14 octobre 2009

Livres numériques et Readers : bientôt mainstream ou réservés aux early adopters ?

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Etonnant : ce ne sont pas Livres hebdo ou Télérama qui en parlaient le plus aujourd'hui, mais la presse économique, qui consacrait des pleines pages à l'ouverture du Salon du livre de Francfort. Car l'édition est en plein bouleversement. Contrairement à ce que l'on croit souvent, le business demeure prolifique (avec une hausse des ventes de 4,2% fin septembre d'après l'institut GfK).

Mais... il est en pleine révolution technologique, qui débarquera peut-être (tout est dans ce 'peut-être') dans les usages demain. Le livre du futur pourrait être dématérialisé, numérique, en se présentant sous la forme d'une simple tablette. Sony, un des géants mondiaux de l'électronique, dévoilait il y a un an son Reader, un lecteur électronique qui permet de télécharger et lire divers ouvrages. L'Américain Amazon, lui ,va lancer en France son Kindle, le 19 octobre. Le petit poucet français (je sais, l'image est cliché...) Booken, quant à lui, a dévoilé aujourd'hui son nouveau Cybook Opus. Pour en savoir plus sur ce dernier, patience, je vous livrerai une interview vidéo ces prochains jours... Il y en a d'autres, comme l'iRexEt d'autres constructeurs se préparent : Samsung plancherait sur son propre 'Reader', Apple pourrait y venir en embuscade (les blogs en frémissent déjà), et il y en a sûrement d'autres...

Bataille des contenus

Pour les contenus, on le sait, la bataille (électronique) est engagée : Google s'est lancé, à marche forcée, parfois au grand dam des acteurs classiques du secteur : je me souviens d'interviews mémorables de Jacques Attali et de Jean-Noël Jeanneney à ce sujet en 2003. Kindle a déjà sa propre "bibliothèque virtuelle", et d'autres, comme Sony, nouent déjà des partenariats avec des éditeurs, qui ont trop peur de rester en reste sur cette bataille naissante. Les Echos d'aujourd'hui aborde d'ailleurs cette préparation des éditeurs dans un long papier, qui pose de nombreuses questions : quel modèle économique ? Le prix de la création éditoriale risque-t-il de chuter, si elle est numérisée ? Est-ce que cela va donner le coup d'envoi massif de l'autoédition, autre micro-business prometteur (auquel j'avais consacré ce papier pour ZDNet) ?... De nombreuses craintes surgissent déjà : la quasi-hégémonie de Google et d'Amazon (lequel commercialise ces nouveautés en format numérique à 9,99$, d'après Les Echos) pourrait aboutir à un commerce d'e-books en low-cost. Les éditeurs français ont refusé de traiter avec eux pour maîtriser leur prix de vente, mais jusque quand ?

Mainstream ou pour early adopters ?

Surtout, la question est de savoir si cela sera adopté par le grand public, et quand ? 3% des livres se vendraient en édition numérique aux US (en volume). Mais...Le Reader de Sony, en un an, ne s'est écoulé qu'à 10 000 exemplaires. Chiffre à pondérer, certes, alors que le Reader V2 attendu pour cet automne, que j'ai testé, est déjà très amélioré, avec une interface tactile... La prochaine version pourrait même être wifi.

Pour ces Readers, vendus en moyenne 200 $, on ne compte en France que 0,1% des livres vendus en format e-book. Alors certes, cela pourra décoller au gré de l'élargissement de l'offre de livres à télécharger, voire à d'autre contenus, y compris adaptés à l'univers professionnel : pourquoi pas des abonnements à des journaux en version électronique (Les Echos a testé cela,même s'il ne semble pas avoir tt-à-fait abandonné, ce que j'écrivais alors , tout comme, naguère, Orange). Autre contenu intéressant, les nombreux livres et articles déjà disponibles sous le format Scribd. Parailleurs, certains lisent les formats Word et PDF.

Autre point qui joue en leur faveur, je crois que l'énorme popularité de l'iPhone habitue les utilisateurs à lire sur ce genre de supports : smartphones, bientôt tablettes, et donc readers. Des start-ups y testent d'ailleurs des livres téléchargeables, comme la BD, ou des romans-feuilletons, ce que propose la start-up SmartNovel (voir interview et démo vidéo par là).

Autre question de fond, sur les usages, mais aussi sous un angle plus historique, on peut espérer qu'avec le numérique, chaque livre aura sa chance. Dans un monde idéal, chaque livre pourra être publié sous format numérique. Voire, l'auteur pourra s'autopublier en mettant lui-me^me en ligne son ouvrage, et n'ayant plus besoin d'un intermédiaire (donc d'un éditeur). La bibliothèque numérique, accessible à tout endroit de la planète et 24 heures sur 24, en ce sens, est une "utopie séduisante", écrivait récemment Télérama.

Mais gardera-t-on l'usage de l'archivage à l'ère du numérique ? Saura-t-on faire le tri dans ce qui est archivable ? Le numérique pousse à tout archiver, de manière disparate, sans faire le tri, ce que souligne Emmanuel Hoog, PDG de l'INA, dans un essai sur le sujet, "Mémoire année zéro" (Seuil).

lundi 12 octobre 2009

Des journalistes (presque) embedded en prisons

Info intéressante dans la dernière édition du mag "Médias" hier midi sur La cinquième. Où l'on a appris que le ministère de la Justice, en plein débat sur les conditions de vie des détenus en France et sur d'éventuelles réformes de l'incarcération en France, souhaitait "reprendre en main la communication de l'administration pénitentiaire". L'idée étant notamment d'éviter la diffusion de reportages télé, avec des images parfois tournées en caméra cachée, donnant à voir les conditions parfois plus que discutables dans lesquelles vivent les prisonniers en France.

Pour cela, Michèle Alliot-Marie, depuis son arrivée au ministère de la Justice, a réfléchi à une nouvelle forme d'"encadrement" des journalistes, généralistes ou spécialisés dans l'actu judiciaire : il pourront bénéficier de "stages d'immersion en prison". Vous avez bien lu.

Concrètement, ils pourront passer plusieurs jours dans une prison, donc "immergés" à plein temps... Déjà une cinquantaine de journalistes se seraient inscrits pour bénéficier de cette sorte de "stage".

Cela me rappelle ces journalistes "embedded", expression que l'on a vu apparaître aux US avec la guerre en Irak, puis, lors des élections présidentielles, avec des photographes et des journalistes politiques qui suivaient à plein temps tel ou tel candidat, étant de facto "embedded" lors de leurs déplacements, au sein de leur staff...

Est-ce une nouvelle forme de journalisme, qui permet de couvrir un sujet au plus près, à plein temps ? Ou n'est-ce pas une manière pour les pouvoir publics de contrôler ce que le journaliste pourra voir - ou pas - de tel ou tel sujet en lui entrouvrant plus ou moins la porte ?

A voir... Concrètement, le milieu carcéral est difficile d'accès pour les journalistes qui veulent y faire des reportages, entre autres à cause d'une administration extrêmement lourde, avec des délais très longs pour obtenir une accréditation, et un lourd encadrement.

Ces 'stages' sont aussi, pour le ministère, une manière de préparer le terrain pour la campagne de prévention qu'il prépare, relayée déjà par ce site, bientôt par un livre...

dimanche 11 octobre 2009

La couv' de la semaine : fin de route pour le quotidien canadien National Post

NationalPost

Une du National Post, dimanche 10 octobre 2009

La couv' de la semaine n'est pas très réjouissante (j'essaie d'en trouver une plus optimiste la semaine prochaine... promis ;) n'hésitez pas si vous avez des suggestions d'ailleurs !) : il s'agit du quotidien canadien (anglophone) National Post. Lourdement endetté (4 milliards de $ canadiens de dettes !), le groupe de presse canadien CanWest a en effet annoncé cette semaine, par voie de communiqué, s'être placé sous le régime de la loi sur les faillites.

C'est (était..) un des rares groupes de presse à encore être détenu par une famille - en l'occurrence la famille Asper, qui est parvenu à se décliner sur plusieurs médias, avec des chaines de télévision et une douzaine de quotidiens tels que le National Post, le Vancouver Sun, l’Ottawa Citizen, le Calgary Herald, et plus de 25 journaux locaux, et compte pas moins de 7 000 salariés.

Le groupe sacrifie donc le National Post, tandis que les autres médias poursuivront normalement leurs activités pendant la restructuration, qui devrait durer de 4 à 6 mois, grâce à un prêt-relais de 100 millions de dollars consenti par des créanciers. Fin septembre, Canwest avait annoncé qu'il allait vendre prochainement en Bourse sa participation de 50,1% dans TEN, une chaîne de télévision australienne prospère, pour environ 634 millions de dollars canadiens (591 millions de dollars américains)...

Je ne connais pas le marché canadien de la presse, mais comme un peu partout dans le monde, il souffre, cherche de nouvelles voies... Je me souviens de cette initiative d'ex-journalistes "rebelles" du Journal de Montréal, qui avaient lancé en réaction le site d'infos "Rue de Frontenac", ce que je relatais ici.

Après l'écran Oled et la TV sur Internet, la TV en 3D, prochain rêve des constructeurs ?

Chaque année, au rythme des salons high-tech, les constructeurs nous dévoilent des nouveaux prototypes de télés, qui donnent à voir sur les technos (potentiellement) les plus prometteuses, voire,qui se concrétiseront par de nouvelles manières de 'regarder la télé' dans les foyers (ne jamais oublier que le succès d'une innovation se vérifie lorsqu'il entre dans les usages...).

L'année dernière, lors de l'IFA de Berlin, que j'avais couvert, on ne jurait (presque) que par les premiers écrans Oled commercialisés chez Sony, ou encore par la TV sur Internet, ou IPTV, par laquelle les constructeurs veulent introduire une dose d'Internet dans leurs contenus TV, comme j'en parlais dans ce billet, et dans ces papiers (1 et 2) pour Les Echos (en accès payant poru les non-abonnés, groumpf sorry).

Et encore une fois, ça n'a pas raté. Cette année, l'industrie (asiatique surtout) confirme son engagement... dans la télé en relief, en l'occurrence la 3D. Plus précisément, l'industrie japonaise (en clair, Panasonic, N)1 japonais de l'électronique grand public devant Sony) s'y engage massivement, comme l'a montré le Ceatec, qui se tenait cette semaine à Tokyo. Panasonic y a présenté ainsi des extraits du film en 3D "Avatar" de James Cameron, attendu pour décembre. Pour son PDG, les écrans en 3D représenteront, à terme, 30% de ses ventes en audiovisuel, d'après un article des Echos de ce 7 octobre.

La nouvelle étant que 'Pana' commercialisera, à partir du printemps 2010, son premier téléviseur HD 3D de 50 pouces... Un sacré pas a été franchi, alors qu'un an auparavant, 'Pana' dévoilait "seulement" ce prototype d'écran 3D au Ceatec.

Pana

Sharp présentait aussi cette année des prototypes d'écrans de TV haute définition en relief, ainsi que Hitachi, qui a mis au point une technologie permettant même de se passer de lunettes spéciales. Idem pour Sony, qui dévoilait dans la foulée la Playstation 3, compatible avec ces nouvelles télés, qui offrira en 2010 plusieurs jeux en relief. Il dévoilait aussi des images de matches de football en 3D, dont une rencontre de Manchester United la saison passée.

Est-ce que les constructeurs coréens, des 'tigres' tels que Samsung, concurrents sérieux pour l'industrie japonaise, miseront aussi sur la 3D ?

'Windows Mobile', ou comment Microsoft veut à son tour tirer profit des widgets et applis mobiles

Windows65

C'était l'événement tech/mainstream de la semaine, accompagné du grand show médiatique idoine : ce mardi 6 octobre, Steve Ballmer, le patron de Microsoft, venait en personne au siège flambant neuf de Microsoft à Issy-les-Moulineaux, pour le lancement mondial de la nouvelle version de Windows Mobile, la "6.5".

L'OS de Microsoft, derrière Apple et sa pépite

L'enjeu est de taille : car Microsoft, (pour le moins) ultra-dominant sur le marché des logiciels pour ordinateurs (9 sur 10 dans le monde "tournent" sous Windows), pâtit d'un retard certain sur les téléphones mobiles.

Au premier degré, l'éditeur de logiciels entend donc reprendre le leadership sur le marché des plateformes (on ne parle pas encore de logiciels) mobiles, certes encore étroit, naissant, mais stratégique pour (après-)demain, ce qu'Apple a bien compris, avec son diamant iPhone et toutes les pépites qui en découlent (j'y reviens). Car l'OS de Microsoft n'est présent que sur 11,5% des mobiles les plus utilisés dans le monde, contre 51% pour Symbian, et...13% pour l'iPhone (ce qui permet de relativiser le succès de l'iPhone), d'après IDC.

De fait, avec 'Windows 6.5' (surnommé Windows Mobile, manière d'universaliser le sujet), Microsoft propose un logiciel permettant, comme les autres logiciels d'exploitation de ses concurrents camarades de jeux (cf les OS Android de Google, iPhone OS, Blackberry OS, Symbian de Nokia...), d'utiliser des applications sur un terminal mobile. Avec à la clé une pléiade de services d'ailleurs, dont nous parlions , mais trop souvent ignorées par les utilisateurs...

Archivage, synchronisation...

Là, donc, Microsoft promet de nombreuses fonctions : avec, globalement, une grande intégration de tous les outils Windows et une synchronisation aisée entre son PC et son téléphone, un OS plus intuitif et adapté aux écrans tactiles... Dans les détails, l'éditeur promet via 'Microsoft My phone' une sauvegarde (et archivage) gratuite des données du téléphone sur un serveur Internet (contacts, SMS, photos... service facturé 79€ par an chez Apple - sic), pratique en cas de vol. Et important, à l'ère où les consommateurs commencent à vouloir archiver et trier ce parcelles de mémoire trop fragmentées, à l'ère du numérique (objet d'un prochain billet).

Au programme aussi, une version mobile du moteur de recherche Bing (développé à partir de travaux communs avec l'Inria), un système de blocage à distance du téléphone en cas de vol, une fonction simplifiée du partage de photos, la messagerie Messenger gratuite, une ergonomie multitâches (qui permet d'ouvrir plusieurs applications en même temps)...

La guerre des applis, source de revenus (potentielle), vitrine pour marques...

Et surtout, de nombreuses applications. Au second degré, c'est l'autre enjeu-clé, ce sur quoi Microsoft veut prendre la main. Car c'est là le nerf de la guerre, comme j'en parlais dans cette enquête (volets 1 et 2) : les applis sont une source de revenus pour l'éditeur, une vitrine (voire une support de communication) pour les marques. Sur le modèle de l'AppStore de l'iPhone, véritable pépite qui compte près de 80 000 applications (et génèrerait 1,5 milliard de téléchargements pour un chiffre d'affaires de 1 millard de $), Microsoft annonce en effet sa boutique virtuelle d'applis en ligne. Histoire de s'attirer leurs bonnes grâces, l'éditeur annonce d'ailleurs un système de partage des revenus engendrés avec les opérateurs.

Il arrive un peu en dernier sur ce terrain, avec Windows marketplace. Et la concurrence est rude : après l’AppStore d’Apple, Google a dégainé Android Market dès fin 2008, Windows MarketPlace de Microsoft a ouvert fin juillet, Samsung Application Store était annoncé pour le 14 septembre (pour les utilisateurs de Player Addict et Player HD), sans oublier Nokia Ovi Store , inauguré en France le 17 septembre,ou encore BlackBerry App World (ouvert cet été). Même Archos, qui se lance dans l’arène de la téléphonie mobile avec son premier smartphone, dévoilé le 15 septembre à la presse, lance son propre ‘AppStore’, dénommé AppLib.

Autre preuve que Microsoft veut s'imposer comme éditeur d'OS pour mobile (même s'il l'était déjà... mais de manière discrète), contrairement à Apple, Nokia ou RIM, il ne sera pas constructeur de ses mobiles (déjà surnommés Windows Phones), et commercialisera pas de mobiles sous sa propre marque. Il laisse le soin à des fabricants d'équiper certains de leurs mobiles de Windows Phone (comme Google avec Android) , moyennant l'acquisition d'une licence (environ 8 $ par mobile). LG, Samsung, Sony-Ericsson, HTC, mais aussi deux nouveaux-venus Acer et Toshiba, ont dévoilé leurs "Windows phones" ce 6 octobre. Et ce alors que Microsoft a récemment perdu Motorola et Palm.

Tout (ou une bonne partie) se jouera donc sur la guerre des applis, et la capacité des différents constructeurs/éditeurs à séduire les développeurs (voire les fédérer en communautés). Et les constructeurs, pour qu'ils adoptent leurs OS. Nul ne sait combien de mobiles sous Windows sortiront d'ici la fin de l'année. Alors qu'un développeur me confiait qu'une vingtaine de mobiles sous Android sortiraient d'ici la fin de l'année. Viendra ensuite la 'seconde génération', avec les netbooks, les tablets... A suivre en tous cas, en attendant le next step, Windows 7...

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