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dimanche 11 juillet 2010

"Médiapart": une marque, la consécration du journalisme d'investigation numérique

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La consécration. Depuis quelques semaines, dans le cadre de l'affaire Bettancourt, dont il a fait une affaire Woerth-Bettancourt, en publiant le 16 juin des enregistrements de conversations très perso de Liliane Bettancourt, Mediapart marque un nouveau tournant pour la presse en ligne. Et, en égrenant les scoops au fil des jours, se distingue de ses petits camarades "pure players du web", Rue89, Bakchich...

Journaliste d'investigation en ligne

Car au fil des jours, il a vu ses abonnements en ligne augmenter, chaque jour, grappillant jusque 300 nouveaux abonnés par jour. Aux dernières nouvelles, il compterait près de 30 000 abonnés à la version payante de son site (5 000 nouveaux abonnés depuis le début de l'affaire), contre 2 500 début mai, comme me le précisait alors son rédac' en chef Bruno Bonnet.

Du coup, le site d'infos créé par Edwy Plenel s'est d'autant plus légitimé comme site de journalisme d'investigation à l'ère du numérique. Et s'est même imposé comme marque média (comme le soulignait Alain Joannes), étant relayé par les médias classiques (radios, télés, presse écrite). Avec des valeurs telles que l'indépendance vis-à-vis du pouvoir, l'enquête. Et du coup, est devenu connu du grand public.

Coup de projecteur sur les pure players du Web

Un phénomène inédit, un événement politique, mais aussi un virage positif pour la presse en ligne. Alors que c'est la première "affaire" qui explose à un moment où Internet s'est imposé comme support pour de nouveaux médias, qui n'avait pas la même force de frappe lors des autres grandes affaires. Par définition, c'est un média de l'immédiateté, très réactif, où l'on peut publier l'info en temps réel. Pas besoin d'attendre l'édition du lendemain ou de la semaine, comme ce fut longtemps le cas pour la presse écrite...

Car par extension, au-delà du cas de Mediapart, cela a apporté un coup de projecteur médiatique sur les Bakchich, Arrêt sur images.net, Slate, et autres Rue89, créés par des journalistes expérimentés venus de la presse papier, qui y ont importé leurs méthodes de travail - et d'investigation - et nourris par le travail de jeunes journalistes, qui prennent donc le relais pour ce travail d'investigation à l'heure du Net. Les relais précédents de telles actus? C'étaient Le Canard Enchaîné, L'Express, ou Le Monde qui les révélaient.

Un phénomène dont ont aussi profité les sites web de titres de presse comme LePoint.fr, qui a lui aussi dopé ses audiences grâce aux écoutes téléphoniques qu'il a mises en ligne le même jour que Mediapart.

Modèle économique, nouveaux types de récit journalistique

Médiapart a aussi osé miser sur un modèle économique hybride, avec des contenus en bonne partie payants, et une édition papier. Le modèle payant étant rarissime dans la presse en ligne: dans un échange donnant-donnant, ils sollicitent une certaine forme de soutien - et de confiance - de leurs abonnés.

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Comme d'autres, ils testent aussi des formats innovants, comme la "carte mentale" de l'affaire Woerth-Bettencourt, un format plutôt anglo-saxon, mais qui demeure rarissime en France. Un format proche du journalisme de données qui fait beaucoup débat en ce moment - Owni résume aussi, à sa manière, l'affaire en une image - mais qui permet ici de résumer, d'un coup d'oeil, un dossier complexe.

Certes, les journaux papier ou JT sont coutumier de cet exercice journalistique, mais ici ils ne l'ont pas fait. Surtout, Mediapart l'utilise avec des ingrédients propres au Web, pour en faire un document infiniment plus riche, plus interactif. Pour aboutir à une forme de carte interactive, un format qu'ont testé déjà il y a quelques années des start-ups visionnaires, comme le RTGI. En un clic, chaque point de la carte nous renvoie à un article, chaque images constitue la porte d'entrée à un article, un document complémentaire, ce qui permet à l'internaute d'avancer dans son enquête perso.

mardi 15 juin 2010

La couv' de la semaine: Rue 89 / Le mensuel: du web au papier...

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Parcours surprenant pour Rue89, le site d'infos généraliste en ligne qui a choisi un second support : un titre de presse papier, Rue 89 - Le mensuel donc, qui sera disponible en kiosques à partir de demain.

J'ai eu la chance de pouvoir le feuilleter en avant-première, donc ça mérite un nouvel exercice de feuilletage virtuel, que j'ai déjà eu l'occasion d'exercer ici.

La démarche d'abord: étrange, ces pure players du web qui choisissent d'investir les kiosques à journaux. J'ai eu l'occasion d'en parler sur 20minutes.fr il y a quelques semaines, et encore dans cet article.

En résumé, cela leur permet de partir à la conquête d'un nouveau lectorat qui ne connaissait pas forcément leur site, de gagner en visibilité, et de diversifier leurs revenus, notamment en attirant les annonceurs. De fait, ce premier numéro de Rue89 papier compte 9 pages de pub: pas mal pour un magazine d'une centaine de pages...

Format mini

Ce mensuel sera donc vendu 3,90 €, et si Rue89 a mis les moyens pour ce premier numéro (diffusé à 85 000 exemplaires en kiosques), il lui faudra assurer une vente moyenne de 20 000 exemplaires par numéro pour atteindre le seuil de rentabilité.

Première surprise lorsqu'on l'a entre les mains: le format. Certes, c'est un mensuel, mais ici, pas de grand format en papier glacé , plutôt un mag au format mini: le Glamour de l'info géné, pour résumer un peu vulgairement. En tous cas, je trouve assez osé qu'ils aient opté pour ce format mini, plutôt en presse féminine, mais pas dans les presse d'infos "sérieuse". Un format qu'a certes adopté aussi Le Monde pour son nouveau mensuel, me faisait remarquer une collègue. Reste à voir si le lecteur accrochera, d'autant que le prix au numéro est relativement élevé...

La maquette, ensuite. Étonnamment, le sommaire reste très fidèle à celui de Rue89 en V.O. sur le web. Ils ont conservé les codes-couleurs, et les intitulés de rubriques ou de rendez-vous récurrents. Le sommaire est basique: "la rencontre", "la politique", "la société", "le monde", ainsi que les déclinaisons de Rue89 déjà présentes sur le Web (qui se sont presque imposées comme des marques), "Eco89", "Planète89", et "Rue69", émanation d'un des blogs érotiques féminins les plus réussis à mon sens.

Transposition du web au papier

Rue89 a fait le pari de proposer environ "70% de contenus issus du web, que nous avons réadaptés, et 30% de contenus originaux "produits pour le papier", m'expliquait Pierre Haski, directeur de la rédaction et co-fondateur de Rue89. Gonflé: le lecteur acceptera-t-il de payer pour des articles qu'ils trouve déjà en grande partie (gratuitement) sur le site web de Rue89 ?

En fait, plus qu'une déclinaison de la "marque" Rue89 en magazine, il s'agit presque d'une transposition du web vers le papier. Ce qui est loin d'être illogique: il s'agit donc pour eux de conquérir de nouveaux lecteurs, qui ne connaissent pas forcément leur site.

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Le lecteur est loin d'y être perdant: cela permet à Rue89 de valoriser ses articles (qu'ils aient déjà été publiés sur le web ou pas), grâce à une maquette, des illustr, des photos... J'aime bien, par exemple, des effets de maquette assez osés comme celui ci-dessus. Surtout, il s'agit de rentabiliser leurs écrits, en les déclinant sur un second support: "les producteurs de contenus doivent rentabiliser leurs articles sur plusieurs canaux", m'expliquait l'expert des médias (mais pas que...) Jean-Clément Texier.

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Dans les pages, la maquette est assez classique, en même vivante, très mag, avec la part belle donnée aux photos. Surprenant, ce choix éditorial - très culture web en somme - de publier une sélection de commentaires d'internautes à la suite d'articles repris du web.

En le feuilletant, on a donc des news, des interviews au long court, enquêtes (bon sujet - fact checking sur les 3 premières années de mandat de Nicolas Sarkozy), un (timide) portfolio, des chroniques culture vers la fin, et enfin, les bonnes feuilles d'un essai d'un philosophe sur le foot.

And next ? Reste à voir si Rue89 version papier trouvera sa place en kiosques, alors que pour Bakchich - qui a certes une ligne éditoriale très différente - l'essai semble difficile à transformer...

dimanche 6 juin 2010

Usbek & Rica/Snatch/Megalopolis/L'Imparfaite: ils sont jeunes, ils en veulent...

Ils sont jeunes, et sortent tout juste d'école de journalisme ou de Sciences Po, voire sont encore étudiants. Leur premier réflexe en se frottant au monde du travail ? Lancer leur propre canard. Coup sur coup, plusieurs nouveaux journaux ont été lancés ces derniers mois. Pas de simples feuilles de chou distribuées aux potes ou dans les travées des amphis, non, de vrais canards, avec parfois un budget de lancement conséquent, ou de nouveaux circuits de distribution. J'ai connu quelques précédents, comme celui de Terra Eco, initialement lancé uniquement sur le Net et sur abonnements avant de franchir le pas de la sortie en kiosques, pour lequel j'avais participé au lancement les premières années.

Alors voilà, comme on parle (trop) souvent de la crise de la presse, il fallait parler de ces titres de presse papier - et encore... je ne parle pas ici de ces nouveaux pure players du web, tel Owni, alternatives aux Rue89 et autres Bakchich, dont je parlais dans ce papier pour 20minutes.fr.

Usbek & Rica, la nouvelle revue/livre vendue en librairies

C'est la dernière-née: lancée cette semaine, calquée sur le modèle à succès de la revue XXI, la revue trimestrielle Usbek & Rica est vendue exclusivement en librairies (et bien sûr par abonnements). Jolie maquette (quoi qu'un peu plus austère que celle de XXI), papiers fouillés, un peu de BD, photojournalisme et nouvelles, on est ici entre XXI, donc, mais aussi Wired, Technology Review, et les ex-Transfert et Futur(e)s.

Papier mat et épais, ce magazine pas donné (15 € le numéro) repose sur un modèle entièrement sans pub, comme XXI. Malin, son fondateur a donc misé sur un réseau de distribution particulier, les librairies, comme j'en parlais cette semaine dans ce papier. Point de détail non négligeable, Jérôme Ruskin a 26 ans. Et une bonne partie de l'équipe de fondateurs est dans la même moyenne d'âge. Pour mener ce projet a bien, il a réussi à boucler une première levée de fonds de 500 000 € auprès de plusieurs investisseurs en surfant sur la loi TEPA, et via un prêt Oséo. Pas mal. Et auprès d'investisseurs divers, comme Stéphane Distinguin, de la FaberNovel.

Snatch, "le shot culturel"

Ils n'ont pas osé "le shoot culturel" ;), j'aime bien ce bimestriel culturel qui balaie large, avec une maquette simple et élégante. Au menu de ce second numéro: sujet sympa sur "la tektonik est-elle morte?", interview Robert Hue, analyse des stratégies marketing chez les littéraires médiatiques, retour sympathique sur le Paris skinhead des années 80 (jolie portfolio au passage), portrait de Jamie Lidell, et bien sûr des chroniques ciné, musique et jeux vidéos. Juste surprise de trouver quelques pages mode dont on ne sait pas trop ce qu'elles font là...

Reste à voir s'il se distinguera dans les nombreux magazines culturels indé déjà présents en kiosques...

L'imparfaite: revue érotique assumée

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Pré-visuels - crédits image : © Victoire Desprez ; Victoire Thierrée ; Kim Buisson ; Arnaud Lajeunie ; Agathe Philbé ; Orlando Soria.

J'avoue, celui-là, je ne l'ai pas (encore) eu entre les mains, je l'ai glissé dans cette sélection de magazines lancés par des jeunes journalistes parce que ma voisine de bureau m'en a parlé... Mais on en avait déjà pas mal parlé, de ce magazine un peu cul lancé sous le manteau par des étudiants de Sciences Po, dont le numéro 1 a été lancé le 12 mai, disponible notamment dans la boutique Passage du désir à Paris, et en ligne. Ici encore, ce sont essentiellement des jeunes journalistes qui sont à l'origine du projet.

Dans cette revue vendue 10 €, entre livre et magazine, on trouve une soixantaine de photos inédites, des textes analytiques et des reportages. Au sommaire de ce premier numéro: le triolisme aquatique, le coup d’un soir, ” Youporn Wonderland”…

Mégalopolis: le Grand Paris à travers un mag

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Non, il n'est pas question d'aménagement du territoire dans ce jeune magazine "du très grand Paris", lancé notamment par des anciens de Sciences Po (à peu près tous banlieusards ;), L'équipe de Mégalopolis, conseillés notamment par Renaud Leblond, directeur de la Fondation Lagardère, et Christian Fevret, fondateur et directeur des Inrockuptibles.

Son numéro 2, qui vient de sortir en kiosques, aborde entre autres, avec un ton volontiers sarcastique, la question de "l’ennui en banlieue" (certes, le reportage se limite à Versailles, Champigny et Deuil-la-Barre), les universités en Île-de-France, comporte un sujet prospectif bien vu sur l’immigration en Île-de-France en 2050... Y a des sujets pédagos, historiques (Passé/Présent: La cité-jardin de Suresnes), politiques, ou bassement matériels ("Où pisser à Paris ?).

Vendu 3 euros, ce "magazine de la génération Grand Paris" vise avant tout un public jeune. Le premier numéro, tiré à 7 000 exemplaires, était distribué dans plus de 1 500 points de vente (kiosques, librairies...) dans toute l'Île-de-France.

dimanche 18 avril 2010

Les couv' de la semaine : Causette et Fluide Glamour

Fluide Glamour

Deux, cette fois-ci. Car tous les deux le méritent, et ils ont plusieurs points communs. Dont de relever d'une sorte de presse féminine "féministe": ici, ce n'est pas de cette presse mag qu'on achète pour consommer - pas de rubriques shopping ou beauté, plutôt des postures, des reportages, des angles, du second degré... De la presse (presque) intello donc, mais qui ne se prend pas au sérieux.

Fluide Glamour d'abord : c'est le dernier-né des féminins, après les lancements, ces derniers mois, des hebdos féminins Grazia, Envy et Be (bien pouffe-mags pour certains d'entre eux à mon goût, comme je l'avais écrit).

Fluide Glamour, "magazine-BD" féminin et coquin

Il s'agit d'un magazine semestriel, émanation de Fluide Glacial. Comme son aîné, il s'agit avant tout d'un recueil de BD. A la différence que ce sont ici de jeunes auteures, pour l'essentiel, qui y signent, dont Aurélia Aureta (auteure de la BD Fraise et chocolat, coquine et marrante, qu'un ex bien avisé m'a fait découvrir). Sur 86 pages, le mag comptera 2 (!) pages de pub.

J'ai eu l'occasion de parcourir les épreuves de ce premier numéro (voir l'article que j'y ai consacré sur 20Minutes.fr) : outre les BD, il comporte des rubriques très second degré, signées par dse blogueurs. Dont un shopping sexy, un "éroscope horotique", un sondage "êtes-vous sexuellement désinhibé", un jeu (coquin forcément) "les dames en rut", une irrésistible enquête sur "l'homme-pétasse"... En fait, ce mag tourne en dérision la presse féminine old school. Son premier numéro sera lancé vendredi prochain (22 avril), mais vous pouvez déjà consulter son blog. A vos kiosques...

Causette, "Plus féminine du cerveau que du capiton"

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C'est à l'occasion son premier anniversaire qu'il m'a semblé plus que justifié d'en parler. Là, on est clairement dans la presse féminine-féministe (mais sans posture moralisatrice). Ca faisait longtemps que je voulais parler de ce mag idépendant, qui paraît tous les deux mois. J'adore leur ton mordant, très seconde degré, un peu trash, comme le laisse entrevoir la couv'.

Dans ce magazine charpenté de près de 100 pages, sans pub lui aussi, l'élégance de la maquette, la qualité des photos et des caricatures sont remarquables, sur un papier épais.

Leur "élection de la Quiche d'or" annonce la couleur : pour leur birthday justement, ils ont créé une sorte d'anti-prix féministe, pour dénoncer les projets ou personnes les plus rétrogrades. J'aime beaucoup, d'ailleurs, ce focus sur les sachets poubelle Vuitton (véridique).

détail causette

Ensuite, interview de Maïwenn Le Besco, sujets politiques intéressants, dont un sur les paramètres qui conditionnent le choix électoral (car il y en a des spécifiques pour les femmes, comme le démontre bien le papier)...

Puis un reportage hallucinant sur les "viols correctifs" qui ont été menés contre des lesbiennes en Afrique du sud. Toujours avec des photos de qualité. J'ai bien aimé aussi le dossier consacré au pied (!), la très bonne enquête intitulée "Je suis amoureuse d'un étranger que l'Etat n'aime pas" (à propos de ces "mariages gris" inventés par notre très inventif Eric Besson), un sujet sur le street art face à la justice, et une nouvelle en clôture. 4,90 €, dans tous les bons kiosques.

En fait, malgré la crise de la presse, j'ai l'impression que la presse féminine se porte bien : peut-être parce que l'on a toutes besoin de photos glacés de temps en temps... Mais des mags alternatifs débarquent aussi, comme ceux-ci, et c'est vraiment tant mieux.

mardi 30 mars 2010

Télé 7 Jours teste le plus-produit en réalité augmentée

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C'est une première, et Télé 7 Jours a sans doute eu du flair en choisissant de tester, à l'occasion de ses 50 ans, une des technologies les plus prometteuses et les plus excitantes pour cette année : la réalité augmentée. Concrètement, celle-ci permet de passer d'une image imprimée (ou une photo prise avec son mobile, ou encore une image saisie avec sa webcam) à une image animée en trois dimensions (3D), grâce à un logiciel. Du coup, elle fournit des informations complémentaires en surimpression d’un écran, voire de lunettes. Sur les écrans d’ordinateur, la réalité augmentée donne l’illusion d’interagir avec des objets virtuels.

Et justement, le magazine de télé propose à ses lecteurs une expérience assez particulière, et du même coup teste ce nouveau "format". Cela m'a donné suffisamment envie pour que je l'achète, pour la première fois... Avec cette édition spéciale, en kiosques depuis hier et pour une durée de 15 jours, Télé 7 jours propose une couv' un peu particulière avec Johnny Hallyday.

Le lecteur-internaute peut en effet faire vivre sa Une du mag en la plaçant devant sa webcam. J'ai testé, c'est assez simple : après avoir téléchargé une application (relativement lourde tout de même), et m'être connectée sur le site dédié aux 50 ans de Télé 7 Jours, en ciblant Johnny devant ma webcam, je vois subitement celui-ci s'afficher et s'animer, en surimpression du magazine, sur mon écran d'ordinateur ! Et on le voit jouer un morceau de sa dernière tournée.

Avènement de la réalité augmentée ?

Le résultat est assez bluffant, et surtout, c'est un très joli coup de Télé 7 jours, réalisé avec Total Immersion, LA start-up française spécialisée dans la réalité augmentée. Pour la première fois, un média grand public (qui tire tout de même, en moyenne, à 1,7 million d'exemplaires), expérimente de manière assez avant-gardiste cette techno. Pas sûr que cela convertisse du jour au lendemain le commun des lecteurs de Télé 7 Jours à cette techno - il faut avoir la curiosité - et le courage d'installer le logiciel, sa webcam, et se planter devant son ordi avec sa couv' dans les mains pour avoir la petite surprise virtuelle s'afficher sur son écran. Mais au moins, le magazine aura fait parler de lui comme étant LE premier à tester cela. Effet retour sur image garanti, donc.

Voici la p'tite démo vidéo réalisée par Thierry Moreau (directeur de la rédac de Télé 7 jours) himself :

Bon, j'avais eu le plaisir de croiser des passionnés de chez Total Immersion il y a une quinzaine de jours, qui m'avaient parlé de cette expérience média (mais je n'avais pas le droit d'en parler - grrr). Ce qui me semble vraiment intéressant est de voir que des secteurs d'activités classiques s'approprient la réalité augmentée, laquelle leur permet de glisser une dose de technologie dans leur industrie - et donc de se moderniser, me disait en substance un des responsables marketing de Total Immersion.

La maison d'édition un brin old school Nathan l'a bien compris : en novembre dernier, elle dégainait le "premier livre augmenté", Dokéo - Comprendre comment ça marche ! (Joël et Clément Lebeaume, éd. Nathan, 24,90 €). Une encyclopédie pour enfants classique de cet éditeur, qu'il a doublé d'images "augmentées". Leur cible : les enfants. J'en parlais récemment dans cet article, la démo vidéo est d'ailleurs assez bluffante.

L'opération est aussi tout bénéf' pour les annonceurs. Ici, notre Johnny national bénéficie d'une exposition inespérée, avec la reprise d'une vidéo de sa tournée, dont les références et l'adresse du site sont dûment indiquée sur la page d'accueil de Télé 7 jours 50 ans. Dans le même numéro, deux autres annonceurs, McDonald's et Disney, utilisent le même procédé de réalité augmentée.

Expériences innovantes pour le print

En fait, à l'heure où elle est échaudée' par le bouillonnement que connaît le média Internet, la presse écrite expérimente de nouveaux formats susceptibles d'attiser la curiosité des lecteurs - et des annonceurs ;). Quitte à faire bondir ses coûts de tirage.

Comme j'en parlais dans ce billet, en septembre 2009, le magazine people américain Entertainment Weekly a ainsi inséré une publicité vidéo dans son édition papier. Un petit écran TFT (6 cm de diagonale et 2,7 mm d'épaisseur) encarté dans le journal (voir la démo vidéo diffusée sur YouTube) permettait ainsi de diffuser 40 minutes d'extraits des programmes et de promo de CBS.

Plusieurs groupes de presse ont aussi testé, avec un succès mitigé, les tags 2D, qui permettent d'accéder à du contenu en ligne avec son téléphone, en photographiant un pictogramme. Le groupe Tests l'avait testé en juillet 2009 avec L'Ordinateur individuel, en partenariat avec la start-up Mobiletag, éditrice d'une application embarquée permettant aux mobiles de lire des codes barres 2D. Le groupe ne prenait pas trop de risques, ciblant un lectorat à priori sensible à ce genre d'innovations.

Des magazines people, tels comme Closer, Voici et Public, l'avaient testé dès 2007. Et cette année, en janvier dernier, 4 quotidiens du groupe Hersant (Paris-Normandie, Le Havre presse, Havre libre et Le Progrès de Fécamp), ont sauté le pas à leur tour.

Pas sûr que le tag 2D va décoller dans la presse (même si des applications mobiles et l'avènement des smartphones peut aider). Mais pour ma part, je mise beaucoup sur la réalité augmentée, qui promet de conquérir divers secteurs, de l'édition au tourisme. A suivre, donc...

MàJ du 1er avril : autre preuve que la presse papier teste par ce biais de nouveaux formats publicitaires, le mensuel Enjeux Les Echos en kiosques demain comportera à son tour une pub vidéo, comme Entertainment Weekly. Eux ont qualifié cela de "video in print". Entre deux feuilles de papier, on trouvera un écran LCD de 2,4 pouces de diagonale et 3 mm d'épaisseur contenant une puce qui peut diffuser jusqu'à 45 minutes de vidéo. Comme le procédé coûte cher, cependant, seuls 10 000 exemplaires du mensuel (sur les 160 000 ex en diffusion payante) en comporteront.

Un joli coup de pub, en tous cas, pour la régie LesEchosmédias, qui inaugure le procédé en France avec 5 spots pour la nouvelle Citroën DS3. Même si la récupération de Marilyn Monroe dans cette pub est très discutable - on en reparlera ici plus tard...

dimanche 21 mars 2010

La couv' de la semaine : Be, (encore) un hebdo shopping

Becouv Photo C. C.

J'ai beaucoup hésité avec son pendant bien plus féministe et intello, l'excellent bimestriel Causette, qui fête sa première année... Finalement, le lancement du nouvel hebdo féminin Be par le groupe Lagardère m'a semblé s'imposer pour cette rubrique, dont au vu de critiques acerbes de confrères ;)

C'est donc un nouveau féminin qui a débarqué dans les kiosques le 19 mars : le troisième hebdo féminin, lancé juste quelques semaines après Envy (du groupe Marie-Claire), et quelques mois après Grazia (Mondadori). Donc, plusieurs groupes de presse lancent des féminins sur le créneau hebdo, malgré l'échec de feu ''Jasmin'', et du projet avorté d'une adaptation française de Bild. Le rythme hebdo a en effet pour avantage, à priori, d'attirer davantage les annonceurs... Dit autrement, comme l'a résumé à sa façon Libération, "le créneau de la pouffe presse est rentable" ;)

Le projet est ambitieux : pour 1 € en prix d'appel (qui sera ensuite à 1,50 € le numéro), ce premier numéro du mag, épais, a bien attiré les annonceurs (environ 40 pages de pub sur 164 pages). Pour lui assurer un vernis 2.0 supplémentaire, le magazine s'accompagne d'une appli iPhone, et bien sûr d'un site (ouvert dès janvier), avec six blogueuses, une radio, une plateforme de e-commerce, et une série TV maison (sur les coulisses de la rédaction, d'après ce qu'annonce le magazine), qui sera aussi diffusée sur la chaîne June.

Le jour de la conf de presse de présentation, Didier Quillot, patron du groupe Lagardère, a présenté son nouveau bébé comme un "féminin haut de gamme générationnel visant les jeunes femmes de 20 à 35 ans". Rien que ça. Ça tombe bien, à priori, je suis pile dans la cible ;) Il m'a donc semblé courageux intéressant de me livrer à nouveau à un petit exercice de feuilletage ;)

"Be" (prononcez "bi", anglicisme oblige - tellement plus branché... - que l'on traduit par l'injonction "Sois". Et non pas "Be", encore moins "bééé", ce qui ferait quelque peu moutonnier ;) affiche une couv' à entrées multiples, avec pour égérie Vanessa Paradis, icône trentenaire. Les multiples titres en rose vif (so girly) me laissent quelque peu perplexe : des "produits stars pour être canon au réveil" (?), "53 souliers hot hot hot" (passons...), "Sexo 2010 - les nouvelles tendances... au lit" (ok, donc il y a des tendances Q tout comme il y a des tendances fashion chaque année), et, le summum, "Chic ! La banlieue révèle son côté glam" (là, je commence à avoir peur...).

So, que donne Be ? Premier constat : plus fourni et bien moins people que son concurrent Envy, moins de pages shopping, plus de papiers. Et donc, effectivement, un mag plus haut de gamme. A première vue. Sur le fond, les papiers sont parfois écrits de manière aléatoire, avec des tournures parfois bizarres, voire franchement vulgaires (eh non, cela ne suffit pas pour faire branché...).

Le constat se confirme en le feuilletant. Ouverture sur une double photo "l'instant Be" à propos du tournage d'Angelina Jolie à Venise. Puis présentation sur une double page d'une douzaine de journalistes et chefs de rubriques, "Les Bees font le buzz" (mmm, comme le laissait pressentir la couv', je sens que l'on va s'amuser avec la titraille de ce mag). Où l'on apprend que Les Bees sont "des filles curieuses, des abeilles butineuses qui se mêlent de tout et partagent tout. Quoi aimer, que porter, de qui s'inspirer, où aller et avec qui ?". Donc voilà quelle semble être la ligne éditoriale de ce mag. Bon.

Be C. C.

On attaque avec l'actu (rubrique "Big Bang"), indirectement people, sur Anne Hathaway (2 pages, trois photos, et article d'un feuillet maxi). Et cette incise un peu bizarre, qui revient tout le long du magazine, où la journaliste (ici "Florence") commente dans un carré jaune son propre article ! Curieux... Ensuite, actu shopping (déjà ?), portait intéressant d'une mannequin handicapée, quelques portraits, encore de l'"actu shopping", un papier publi-reportage à peine déguisé sur le tournage de la pub pour un jus de Lancôme, un papier sur le Viagra féminin, un passage en revue des tendances vestimentaires des people (et cet étrange commentaire sur le "beige pervers version bondage de Kate Bosworth" - vulgaire et incompréhensible)... Bref, une vingtaine de pages "actus" qui n'en sont pas (contrairement à Grazia qui, pour sa part, a le mérite de tenter de traiter la vraie actu) mêlent hypocritement de la mode et du people.

S'ensuivent 6 pages de "Happy culture" (qui comptent tout de même beaucoup de papiers sur la télé.. Puis, après quelques pages d'annonces pour la e-boutique maison (l'occasion de mettre en avant des marques partenaires), puis les sujets de cover : interview de Vanessa Paradis... Puis cet étrange papier : "La banlieue, c'est glam ! Sex and the cité" (sic). Enorme, affolant : la journaliste a trouvé huit femmes auteures, réalisatrices ou journalistes "issues des banlieues" et qui "s'en sont sorties".

Et là, on enfile les perles : le papier s'ouvre sur... Puteaux (une banlieue craignos, comme tout le monde le sait) avant que les huit héroïnes nous décrivent leur boulot.. Mais j'ai beaucoup de mal à comprendre en quoi elles "nourrissent leur travail artistique de leurs années passées dans des cités" (re-sic). Heureusement, la journaliste "Myriam" se justifie courageusement dans le fameux petit carré jaune, en expliquant que ces "destins exceptionnels" ne doivent pas "faire oublier les difficultés auxquelles font face les jeunes des cités,scolarisés dans des Zep, puis confrontés à un taux de chômage de 40%". Ouf, nous voilà rassurés.

Puis, un "grand angle" sur Paris Hilton de passage dans la capitale (le titre ? "Bon baisers de Paris", no comment), un sujet intéressant sur des adeptes du family business, et, enfin, pour revenir aux choses sérieuses, 30 (!) pages de shopping avec, toujours, ces jeux de mots moyens qui semblent être la marque de fabrique de Be ("Glam-à-vous !"). Et enfin les pages beauté (dont une rubrique "wellbeing", amusant ces anglicismes censés faire branché...).

Ah, et enfin la rubrique sexo: "Etre branchée au lit, mode d'emploi", "devenir une parfaite sexonista", avec cet intertitre définitivement vulgaire (et difficile à comprendre) : "Définitivement has been le 'hand job'! La it branlette, c'est le 'foot job'". Puis un papier au titre inspiré, "Est-ce plus dur de se faire jeter par un moche ?".

En clair, premières impressions inquiètes au vu de ce magazine censé être "haut de gamme" (hum...). Les "jeunes femmes de 20 à 35 ans" urbaines et CSP + plus seraient donc juste des petites bourges individualistes accros au shopping, aux starlettes et au buzz ? Reste à voir quel groupe va dégainer à son tour un féminin "glam" pour jeunes actives...

vendredi 12 mars 2010

La chronologie des médias audiovisuels rompue avec "Alice au pays des merveilles" ?

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Je parlais dernièrement d'Alice au pays des merveilles, blockbuster attendu de Tim Burton, en partie parce qu'il sera diffusé en 3D. On en parle - et il commence à faire polémique - pour une autre raison : Bob Iger, patron des studios Disney, a annoncé son intention de sortir le film en version DVD... seulement 3 mois après son arrivée sur grand écran. De cette manière, il sait très bien qu'il rompt une pratique, et du même coup entame une brèche : actuellement, le délai minimum entre la sortie cinéma et la sortie DVD est de 4 mois (17 semaines exactement).

Il a sans doute fait cette annonce pour tester les réactions suscitées - en clair, voir si le marché professionnel était prêt à sauter le pas. Un ballon d'essai, en somme.

Les effets ne se sont pas fait attendre. Des exploitants hollandais, rejoints par plusieurs de leurs homologues britanniques et italiens, voire certains américains, ont menacé de ne pas projeter le film dans leurs salles (en clair le boycotter) si Disney maintenait en l'état son projet. Il n'empêche, cela se confirme : le film sera bien commercialisé en DVD et en vidéo à la demande (VoD)12 semaines après son lancement en salles, dans bon nombre de pays (USA, Royaume-Uni...), d'après Libération du 3 mars.

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Chronologie des médias - Source - Romain BAL – Consultant Département Internet et Nouveaux Médias

Exception faite (encore une fois... ;) de la France, où la chronologie des médias est encadrée juridiquement,avec une loi - celle du 29 juillet 1982 sur la communication audiovisuelle - qui fixe ces fameux délais. En France, Alice sortira donc le 24 mars, et sortira en DVD vers fin juillet.

Attention : le tableau (de 2008) que je publie ci-dessus est pour partie obsolète, puisque depuis juillet 2009, le délai pour la VoD et le DVD est ramené à 4 mois (et non plus 6 mois)

Mais clairement, Disney a eu gain de cause, et a ouvert une brèche, en toute conscience. Plusieurs rebelles ont replié leur drapeau, notamment face aux bonnes critiques du film, tel le réseau américain AMC, qui menaçait de boycotter le film. Sans doute aussi, Disney a dû consentir des compensations (financières ou autres).

Le précédent est d'autant plus énorme - voire problématique au niveau économique - que Disney a choisi de rompre cette fameuse chronologie des médias pour un film en 3D. Un des premiers films en 3D, donc, pour lesquels les exploitants de salles doivent encore rentabiliser leurs lourds - et récents - investissements récents pour numériser leurs salles. Ce qui risquent d'être chaud puisque, suite aux desiderata de Disney, ils vont perdre 5 semaines d'exploitation.

La brèche est ouverte, reste à voir quand les autres exploitants de films vont s'y engager.. Les sorties cinéma et DVD rapprochées dans le temps répondent à une logique d'appât du gain, basée sur le court terme : il est tentant de cumuler les sorties pour faire de l'argent le plus vite possible autour d'un film ou un dessin animé (d'autant plus lorsqu'il s'agit d'un blockbuster - et en 3D, qui a mobilisé un budget important). Et pour surfer sur la notoriété du film, sans devoir faire une campagne importante lors de la sortie DVD. Esquisse peut-être, d'un nouveau modèle économique autour du film...

jeudi 11 février 2010

Le journal de la semaine : Envy, l'hebdo people féminin)

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Cela faisait longtemps que j'avais délaissé cette rubrique, là, l'occasion était trop belle pour la reprendre... Le buzz était monté ces dernières semaines, le groupe Marie-Claire s'attelait à un défi de taille : lancer avec Envy un nouvel hebdo féminin avec pour cible (officielle ;) les jeunes adultes, et surtout destiné à défier Grazia !

Du coup, c'était attendu : dans une conjoncture publicitaire morose, alors que le marché de la presse féminine est assez encombré, lancer un nouveau mag féminin est sacrément gonflé. D'autant qu'il est explicitement destiné à tailler des croupières à Grazia, sur lequel j'avais émis des réserves lors de son lancement, et qui s'en sort plutôt bien, avec une diffusion moyenne de 180 000 exemplaires... Même s'il est vrai que le groupe Mondadori triche un peu, en faisant osciller le prix à 1 € (le prix de lancement) et 1,50 €. Ce qui pourrait laisser penser que ce succès est un peu artificiel, puisque soutenu par ce prix bradé qui n'est plus temporaire (je suais, je suis mauvaise langue ;).

So, que penser d'Envy ? Il était donc présenté comme challenger de Grazia, visant officiellement les jeunes adultes actives urbaines, mais aussi, officieusement, les ados (d'autant que Jeune et Jolie, qui était sur ce créneau, vient de cesser de paraître). Je l'ai feuilleté fiévreusement ce midi pendant ma pause-déjeuner - après avoir courageusement affronté la neige pour rejoindre un kiosque à journaux - et croisé, en compensation, un beau gosse qui m'a affirmé l'acheter "pour le boulot".

Résultat... Pour 0,90 € (prix de lancement, avec de revenir à 1,70 €), j'ai surtout eu l'impression de parcourir un magazine people. Destiné à un lectorat féminin, certes. Mais déjà, la couv' me semble un poil agressive, avec cette multitude d'appels de Une : "mode" (deux fois), Angelina Jolie et de Sarah Jessica Parker potentiellement plaquées, Emmanuelle Seigner qui se déclare devenue "plus intéressante" (sic)... Une couv' qui me rappelle bien plus Closer (voire Voici) que Grazia.

Le contenu est à l'avenant de ce que laisse présager la Une. Dans ce premier numéro, qui a - c'est déjà ça - semblé attirer les annonceurs (45 pages de pub sur une pagination totale de 154 p), on ouvre sur ce qui devient une rubrique téléphonée chez les féminins : la "shopping liste", bien sûr basée sur ce que portent les people (censés être précurseurs de tendances, donc), étalée sur 5 pages. Et même déclinée ensuite sur 2 autres pages, avec une revue de trenchs de people.

Ensuite,(faux) scoop sur Angelina Jolie, qui pourrait adopter ("avec ou sans Brad"). Un des rares articles du mag qui, à vue de nez, dépasse les 4 000 signes. S'ensuivent des articles sur des stars plus ou moins supposément déchues, comme Kisten Dunst.

Puis, du people décomplexé mais sage - pas de trash ici : "100% potins" (ça c'est de la titraille), de la "mode people", avec "25 sacs pour flirter avec l'été" (ils anticipent)... La partie actu sauve un peu le mag, avec quelques sujets originaux, comme ce portrait de femme pasteur et sexologue. Mais attention, on ne dépasse pas les 2 feuillets par "portrait" ;). Puis retour de (nombreuses) pages mode, beauté, avant, à la fin du tunnel, un semblant de rubrique culture sur 5 pages.

Bref, premières impressions dubitatives, même si c'est à suivre... Les marketeux commencent à parler de magazine "glossy", pour designer ce mélange de people et de mode (qu'avait initié feu le magazine Jasmin). Et ce n'est pas fini : Lagardère Active va dégainer à son tour son féminin d'jeuns, Be, dans ces prochains mois...

dimanche 22 novembre 2009

iTélé + Goom = iTélé Radio, radio numérique d'info continue (mais pas seulement...)

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Pas eu le temps de revenir sur cela plus tôt dans la semaine, mais donc, la chaîne d'info continue iTélé (filiale de Canal +) donnait ce mardi 17 novembre le coup d'envoi de iTélé Radio, initialement annoncée par septembre. Un chantier de grande ampleur, qui représente un investissement de 2 millions d'euros.

L'initiative est originale : plutôt que de se contenter de lancer leur propre webradio, ils ont fait appel à la start-up Goom Radio, qui réalise actuellement 30 émissions quotidiennes sur ses 25 radios thématiques différentes, dédiées aux divers genres musicaux (pop, hits...), relatait Les Echos de mercredi. De fait, depuis son lancement en 2008 par Emmanuel Jayr et Roberto Ciurleo (deux ex-NRJ), la start-up, qui a levé 12,2 millions d'euros, s'est spécialisée dans la conception de radios sur mesure pour des marques. Des médias et sites d’information (LePost, i-Télé, Têtu) ou des entreprises commerciales (Nike, SNCF, SFR) figurent ainsi parmi ses clients.

L'idée étant de pouvoir proposer les contenus de la marque iTélé déclinés sur plusieurs supports. Les programmes de la chaîne d'info sont donc accessibles sur le Web, les postes de radio connectés à Internet, ainsi que les téléphones mobiles.

En toute logique, la radio numérique reprend des contenus de la grille des programmes de la chaîne, adaptés par une quinzaine de journalistes de Goom, d'après Les Echos. Les programmes sont accessibles en streaming ou à la demande. Mais la valeur ajoutée est que l'auditeur peut accéder, par ce nouveau canal, à des programmes inédits. L'auditeur peut même composer son programme personnalisé, avec des infos qui l'intéressent, mais aussi des musiques de son choix. Une option assez osée de iTélé (puisqu'elle sort, de facto, du schéma tout-info par ce biais), qui espère ainsi attirer des jeunes auditeurs, dont des ados, familiers de la musique à la demande.

Qu'est-ce que cela donne ? Elle est encore en phase bêta, comme précisé en page d'accueil (on notera d'ailleurs qu'elle est hébergée sur le site de Goom Radio). Beaucoup de fonctions communautaires ("Deviens fan", "Partage cette radio"), et donc, la possibilité de personnaliser sa radio ("Clone cette radio", "Enregistre tes shows"). Et beaucoup de contenus "dont dans "La radio news"). Le risque étant qu'iTélé dilue un peu son identité de chaîne d'info ?

En tous cas, elle a adopté une voie très différente de ses concurrentes, comme LCI, qui a lancé une radio numérique sur un schéma tout info plus classique. LCI Radio a d'ailleurs décroché une fréquence numérique, après s'être bien préparée, avec une véritable grille de programmes radios dédiés, conçus par les journalistes maison : avec 'La French connection' en tech (à laquelle j'ai le plaisir de participer de temps à autre), "LCI Game Club", "Police justice"...

lundi 19 octobre 2009

La French Connection #31 LCI Radio : l'e-book arrive

En audio, la dernière édition de la French Connection de LCI Radio, vendredi dernier, avec Cédric Ingrand, Jean-Bernard Magescas, et David Legrand (PCInpact.com). On y a surtout discuté de l'arrivée en trombe sur le marché européen du Kindle d'Amazon (voir mon billet sur le sujet), alors que le marché de l'édition fait des cauchemars électroniques. David Legrand nous a présenté Windows 7, qui arrive sur nos PC (et constitue un nouvel argument marketing pour les constructeurs autour de leurs nouveautés...), mais AndroId aussi (avec un netbook Acer sous Android)... Enjoy !

dimanche 18 octobre 2009

La couv' de la semaine : Le Télégramme

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Le quotidien régional breton Le Télégramme méritait, pour le moins, de figurer ici, alors qu'il publiait cette semaine son 20 000ème numéro, avec cette couv' étonnante, comme le signale ici l'ami Gilles Klein.

Le titre, qui a 65 ans, a donc tiré à 18 éditions et plus de 200 000 exemplaires par numéro en 2008, est né le 18 septembre 1944. Comme il le rappelle dans son historique ici, comme beaucoup de quotidiens (tel La Voix du Nord), Le Télégramme a été fondé par des résistants, puis est né officiellement après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, la SARL d'origine, créée le 10 novembre 1944 avec un capital initial de 65 000 francs, a été fondée par Victor Le Gorgeu, ancien sénateur-maire de Brest, "un des 80 parlementaires qui avaient refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain", rappelle le quotidien dans un très intéressant diaporama.

Comme de plus en plus de titres de presse régionale, il a visiblement une stratégie ambitieuse de développement sur Internet, dont la presse régionale a été la première à comprendre qu'il pouvait lui permettre, avec des fonctionnalités 2.0 et simples, de se rapprocher de ses lecteurs. Comme le montre cette rubrique, Mes communes, qui permet d'accéder aux éditions locales en ligne, et surtout de créer son menu personnel à partir des communes que l'on souhaite suivre.

En la matière, à titre d'exemple, Paris-Normandie teste aussi des nouveaux formats, de nouvelles formes d'interactivité avec le lecteur très intéressants, depuis l'arrivée aux manettes de Sébastien Bailly, en tant que responsable des activités Internet pour le pôle normand PQR (Déville-lès-Rouen) du Groupe Hersant Medias. Outre le blog de la rédaction, il a initié des blogs thématiques, un flux RSS, un espace communautaire où les membres peuvent échanger leurs photos, participer aux forums...

dimanche 11 octobre 2009

La couv' de la semaine : fin de route pour le quotidien canadien National Post

NationalPost

Une du National Post, dimanche 10 octobre 2009

La couv' de la semaine n'est pas très réjouissante (j'essaie d'en trouver une plus optimiste la semaine prochaine... promis ;) n'hésitez pas si vous avez des suggestions d'ailleurs !) : il s'agit du quotidien canadien (anglophone) National Post. Lourdement endetté (4 milliards de $ canadiens de dettes !), le groupe de presse canadien CanWest a en effet annoncé cette semaine, par voie de communiqué, s'être placé sous le régime de la loi sur les faillites.

C'est (était..) un des rares groupes de presse à encore être détenu par une famille - en l'occurrence la famille Asper, qui est parvenu à se décliner sur plusieurs médias, avec des chaines de télévision et une douzaine de quotidiens tels que le National Post, le Vancouver Sun, l’Ottawa Citizen, le Calgary Herald, et plus de 25 journaux locaux, et compte pas moins de 7 000 salariés.

Le groupe sacrifie donc le National Post, tandis que les autres médias poursuivront normalement leurs activités pendant la restructuration, qui devrait durer de 4 à 6 mois, grâce à un prêt-relais de 100 millions de dollars consenti par des créanciers. Fin septembre, Canwest avait annoncé qu'il allait vendre prochainement en Bourse sa participation de 50,1% dans TEN, une chaîne de télévision australienne prospère, pour environ 634 millions de dollars canadiens (591 millions de dollars américains)...

Je ne connais pas le marché canadien de la presse, mais comme un peu partout dans le monde, il souffre, cherche de nouvelles voies... Je me souviens de cette initiative d'ex-journalistes "rebelles" du Journal de Montréal, qui avaient lancé en réaction le site d'infos "Rue de Frontenac", ce que je relatais ici.

mercredi 7 octobre 2009

HBO Imagine, une série disponible uniquement sur la Toile

HBO

On avait découvert en France la chaîne câblée US HBO (Home Box Office), avec ses séries TV souvent avant-gardistes, comme Sex in the City, The Sopranos au début des années 2000, ou plus récemment The Wire.

Elle innove aussi sur la Toile, avec une série conçue exclusivement pour le Net : HBOimagine, qui n'est donc accessible qu'aux internautes, invente une nouvelle forme de narration interactive dans l'histoire. L'interface du site se présente comme une toile de cinéma. Différentes scènes y sont regroupées un peu en vrac : un quinqua bourgeois infidèle, un enfant fuyant des malfrats, un banquier enlevé... Certaines scènes sont affichées dans un cube à quatre faces, chacune d'elles offrant simultanément un point de vue sur l'action qui se déroule.Interactivité oblige, l'internaute peut regarder ces différentes perspectives pour assembler lui-même les pièces du puzzle.

Une très belle réussite, et donc un nouveau format : la web-série disponible uniquement sur le Net, que l'internaute compose en quelque sorte à sa guise. Peut-être que l'on verra, un jour, cela en France...

dimanche 4 octobre 2009

La couv' de la semaine : Bakchich

Bakchich C. C.

J'aurais déjà dû chroniquer cette sortie dimanche dernier, alors que le premier numéro venait de sortir en kiosques. Séance de rattrapage ce soir donc, avec un feuilletage en direct du numéro 2... Le journal d'infos en ligne Bakchich.info vient donc de sortir sa déclinaison... papier, à la grande surprise de beaucoup (le phénomène d'un site web d'infos qui lance *ensuite* une déclinaison papier est assez rare pour mériter d'être souligné). De fait, Bakchich a ainsi adopté une démarche inverse à celle de la plupart des médias : sa version papier est destinée à lui donner plus de visibilité, et finalement, à donner envie aux lecteurs de découvrir... le site.

L'hebdomadaire papier Bakchich, donc, est vendu tous les mercredis, et vise clairement à se positionner face au ''Canard Enchaîné'' (qui sort en kiosques le même jour), se présentant comme "Votre nouveau journal satirique", et promettant "Informations, enquêtes et mauvais esprit". Mmm, appétissant.. La campagne d'affichage publicitaire est du même acabit, avec des caricatures de personnages politiques.

Nuit_Blanche_09_015.jpg C. C.

Le canard, en format tabloïd de 20 pages, se lit agréablement, entre longs papiers, enquêtes, confidentiels... Les papiers sont illustrés par des caricatures. On trouve aussi un reportage BD (format encore peu répandu dans la presse écrite - un des exemples les plus réussis de reportages BD se trouve à mon sens dans l'excellente revue XXI, dont je parlais là).

On sent la patte de Nicolas Beau, ancien du Canard enchaîné qui a rejoint l'équipe des fondateurs, dans la titraille résolument impertinente : "apéro" pour les indiscrets, "filouteries" pour les enquêtes de fond et scoop (avec par exemple un excellent papier, "Cosa notra, le vrai parrain de Berlusconi" - pour le moins, c'est clair), des pages plutôt attendues sur la conso (bonne enquête sur le bizness de l'eau), les médias et les people, la culture...

Le journal a choisi de présenter "les meilleures infos du Net" dans une rubrique "Bab el Web", via... un partenariat avec Vendredi.info, qui lui fournit 4 pages d'articles qu'il a sélectionnés. C'est là que le bât blesse, à mon sens, ou du moins que la logique du truc est difficile à suivre : pourquoi Bakchich, qui est lui-même initialement un média en ligne, ne propose pas sa propre sélection maison de contenus web (blogs, sites) ? Un échange de contenus qui apporte, certes, une nouvelle visibilité à Vendredi (dont la parution a été suspendue en juin, mais pourrait être relancée en novembre - voire l'entretien avec Jacques Rosselin chez Piratages). Et où Vendredi.info fournit des infos sous des formats et des angles variés (papier de fond, "gazouillis de la semaine" récoltés sur Twitter...). Étonnamment, un blogueur y trouve le statut de chroniqueur, avec une rubrique intitulée "Dans l'oeil de Guy Birenbaum".

Premier bilan : pas mal du tout, donc. Je ne sais pas si ce nouveau canard attirera le grand public ou s'il attirera seulement les technophiles, journalistes, blogueurs... qui connaissaient déjà le site Bakchich.info (et évitera ainsi l'écueil qu'a connu Vendredi). Et s'il peut vraiment se positionner comme concurrent au Canard enchaîné, qui est déjà une "marque" très installé. Mais ce dernier ne dispose certes d'aucun relais sur Internet. A suivre...

dimanche 20 septembre 2009

La couv' de la semaine : Le Monde magazine (ex- Le Monde 2)

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Cela avait été annoncé il y a quelques mois, à l'occasion de la rentrée, Le Monde a revu son supplément du journal de samedi, magazine auparavant intitulé Le Monde 2, qui devient donc Le Monde magazine, pris en main par Didier Pourquery (passé par Metro, et par la direction de la rédaction de Libé, qu'il a quittée en début d'année), qui rejoint donc Le Monde par la même occasion.

Pour mémoire, le quotidien avait lancé son supplément vers 2003, avec une première formule sous forme d'un supplément mensuel, vendu 3 € (j'y reviens fin de billet), auquel a succédé il y a environ 2 ans le Monde 2 tel que l'on le connaît, supplément hebdo moins chic, et moins cher, vendu avec Le Monde de samedi pour 2,50 €.

Là donc, il s'agit clairement d'un magazine, comme le souligne Didier Pourquery dans son édito, qui fait "la part belle aux photos, aux longs articles, aux reportages, à l'histoire". Avec une première partie axée sur l'actu, une partie culturelle vers la fin, ainsi qu'une partie "histoire", constituée d'une compilation d'articles d'archives autour d'un thème.

Dans les détails donc, dans cette nouvelle nouvelle formule du Monde 2, plus d'actu au début, avec une rubrique de photos d'actus, "Au fil du monde", dont on remarquera qu'elles sont essentiellement créditées en agences filaires (AFP Photos et Reuters). Des "signaux" : d'actus étrangères, de chiffres-clés, quelques chroniques (j'aime bien celle d'Yves Eudes sur le Net et cette histoire de Damien, ex- journaliste devenu "fabricant de buzz", payé à la pige)...

Ensuite, sujet de couv' (le Danemark, "pays du bonheur") sur une dizaine de pages, suivis de reportages qui constituaient déjà l'ADN du Monde 2, souvent des sujets étrangers. Puis, plus de place qu'auparavant est accordée à la culture, à la mode et au design.

Bilan : une nouvelle formule qui me rappelle quand même un peu le Monde 2, avec des rendez-vous maintenus (le reportage photo sous forme de portfolio, la séquence "histoire" reprise de la partie "Archives", que l'on trouvait à la fin du Monde 2). Un supplément complémentaire au quotidien, qui par définition, traite plutôt de l'écume de l'actu...

Visiblement, beaucoup moins de sujets parfois étranges, (trop) pointus que l'on trouvait souvent dans le Monde 2. Les pages conso-shopping disparaissent (ce qui n'est pas une mauvaise chose, elles étaient trop snobs à mon goût).

Mais pour ma part, je reste plutôt inconditionnelle de la première version du Monde 2 en supplément mensuel. Pour le coup un vrai beau magazine, à tranche , qui sur 130 pages en moyenne, accordait la part belle aux sujets photo, aux sagas (magnifique numéro de septembre 2002 sur la saga et la chute de Jean-Marie Messier par Martine Orange), et aux reportages société.

dimanche 13 septembre 2009

L'info éco et financière en ligne pour mobiles, un nouveau créneau pour les sites d'information ?

Cela ne vous aura pas échappé, depuis quelques semaines, les médias en ligne et presse papier bruissent de mille rumeurs, quant au grand virage qu'ils pourraient amorcer : le passage au payant. Ou, plus précisément, faire payer certains contenus "à haute valeur ajoutée" accessibles sur leur site Internet. Même Rupert Murdoch annonçait, en pleine torpeur estivale, son intention de faire payer l’accès aux contenus en ligne des sites d’information de son groupe News Corporation, comme le révélait ''Business Week''.

La crise économique aidant, avec la baisse des revenus publicitaires des journaux (et des sites web), la difficulté à rentabiliser leurs sites web, le débat, récurrent au début des années 2000, refait surface. Faut-il passer à un modèle économique payant ? Et si oui, pour quels contenus ?

Libération a amorcé son virage lundi 7 septembre, Le Figaro s'y prépare pour ces prochains jours, cela ne saurait tarder pour le site web de L'Express... Le groupe Marie-Claire, propriétaire de 13 magazines (qui disposent tous d'un site web), vient de mettre en ligne sa très sélecte "Revue des vins de France" , basée sur un business model mi-gratuit mi-payant. Les actus, les reportages sur les vignobles... En revanche, la notation et les prix des 50 000 ou 60 000 vins de la base de données sont, elle, disponibles sur abonnement. Ce sont donc les infos considérées comme à haute valeur ajoutée qui sont payante.

Contenus "à haute valeur ajoutée

Problème : quels contenus sont considérés comme étant 'à haute valeur ajoutée' ? Des indiscrets ? Des coulisses ? Des reportages haut de gamme ? Des sommaires et articles en preview avant publication print ? Tous les groupes phosphorent sur cela. Difficile, à une époque où le grand public a, précisément, pris l'habitude d'accéder à de l'info gratuite, avec les quotidiens gratuits et les sites d'informations.

Un des secteurs considérés comme les plus prometteurs est celui de l'information économique et financière, un des rares où le lectorat (CSP ++, en l'occurrence décideurs etc) est encore prêt à payer pour accéder à une info quasi-exclusive. A titre d'exemple, dans le journal où je travaille actuellement, L'Entreprise (où je planche notamment sur le développement de nouveaux formats pour le site L'Entreprise.com), on peut tout çà fait imaginer de proposer en accès payant des coulisses d'entreprises en diaporamas ou en vidéos. Ou encore l'accès à des scoops, comme cette interview de Jean-Louis Gassée, qui y annonce le lancement d'un fonds d'investissement pour les start-ups françaises dans la Silicon Valley.

Wansquare

Et de fait, en prélude à la nouvelle version mixte de son site, le 1er septembre, Le Figaro a lancé son nouveau site d'information économique adapté aux téléphones mobiles. Wansquare, lancé en association avec trois journalistes, est un site bilingue (français et anglais) d'infos économiques et financières. Sa particularité : il est donc payant (abonneemnt à 100 € par mois), et... conçu pour être essentiellement reçu sur les smartphones, Blackberry et autres iPhones en tête. Son format est très largement inspiré de Breakingnews, l'un des pionniers dans ce domaine, qui donne sans doute quelques idées à ses confrères avec ses … 15 000 abonnés. Lequel Breakingnews fournit des contenus au Monde (papier), et sur lequel l'agence Reuters a des vues.

…Et ce n'est pas fini. Le 1er octobre, ce sont Les Echos qui nourriront les mobiles, avec le lancement du site "Le Crible.fr" (du nom de sa fameuse chronique publiée chaque jour en quatrième de couv', sur l'état des marchés boursiers), "nouveau service éditorial premium" à destination des dirigeants, lui aussi sur smartphones.

Du mobile, du payant, de l'exclu, de la haute valeur ajoutée... Fuite en avant ou exploitation d'un créneau prometteur (après tout, des millions de Français ont un Blackberry, un iPhone ou un Nokia N97), cela reste à voir...

La couv' de la semaine : Entertainment weekly et sa pub vidéo insérée

EntWeekly

Une publicité vidéo dans un magazine : c'est le mag Entertainment Weekly qui expérimente ce format publicitaire innovant. Il méritait donc largement de figurer ici en couv' de la semaine. Dans son dernier numéro, il inaugure une nouvelle technologie révolutionnaire : elle introduit un écran dans son papier, comme le relate ''Wired''.

C'est un petit écran TFT (6 cm de diagonale et 2,7 mm d'épaisseur) encarté dans le journal (voir la démo vidéo diffusée sur YouTube, aussi ci-dessous), qui permet de diffuser 40 minutes d'extraits des programmes et de promo de CBS. Il aura fallu un an de R&D pour mettre au point ce dispositif, en particulier pour réaliser un écran suffisamment souple pour ne pas se briser.

Quand on regarde cela, ce qui est intéressant est que c'est sans doute un des formats publicitaires du futur, qui, exceptionnel ici, pourrait se banaliser (après-)demain, il est susceptible d'entrer dans les usages. Juste, je me demande combien cela a coûté à EW ce format publicitaire. Ici, c'est l'écran TFT qui est utilisé (déhà utilisé pour les écrans télés LCD), je me serais attendue à y voir un écran OLED.

Cela est peut-être même la première étape vers des e-papers qui se remettent à jour en streaming, comme on le voit dans ''Minority report'' (un de mes films de science-fiction préférés - Steven Spielberg aurait travaillé avec des start-ups et des chercheurs, pour y mettre en scène des technologies susceptibles de se concrétiser à l'avenir).


CBS Embeds Video Player in Entertainment Weekly Magazine

lundi 7 septembre 2009

M6 ouvre à son tour le feu du JT avec son 19:45

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Bon, ben voilà. Un des fameux événements attendus dans le PAF en cette rentrée a été inauguré ce soir : la première édition du 19:45 (ça fait moderne, comme intitulé) avait lieu ce soir sur M6. Le slogan: "L'info comme vous la vivez". Tous les quotidiens ont glosé ce matin sur l'arrivée d'une jeune journaliste au 20 Heures à la M6, Claire Barzacq, 28 ans, qui, grande révolution, animerait ce JT debout, ET en jeans (un jean slim bleu brut, plus chic que celui de la pub, tout de même - voilà pour le détail girly). Ce qui apparaissait dès l'affiche, placardée dans les métros parisiens. Soit dit en passant, Eni-Kao me faisait remarquer, à juste titre, via Twitter, sur celle-ci, "selon la figure 3, le JT de Cro-Magnon se faisait déjà debout, mais sans jean. Et assuré par des hommes..."

Blague à part, qu'est-ce que cela donne sur le contenu ? Bon, je viens de le regarder, merci M6 Replay (eh oui, suis rarement devant mon téléviseur à 19h45, moi...). Les titres principaux ont le mérite d'être peu nombreux : la grippe A dans les lycées - le procès d'un couple accusé d'un infanticide (oh, fait divers) - une campagne de prévention polémique contre le sida qui met en scène un clone de Hitler (pas mal, à première vue) - le dernier album de M (c'est vrai que l'on est sur une chaîne musicale, à la base).

And so, comme attendu, un ton à la Capital, pédago, familier, magazine, (très) rapide. On notera un plateau télé avec une explication en règle sur le vaccin de la grippe A (le mec - expert est debout, forcément), où, fait original, notre expert répond à quelques questions envoyées préalablement par des internautes, apprend-on. Interactivité oblige, M6 a ouvert son site dédié, M6 Actus.fr, aux questions des internautes. Vien aussi une "interview exclusive" de Jean-Marie Le Pen, qui improvise une visite guidée du Paquebot (c'est original), puis des brèves (très brèves) sur l'actu étrangère.

Clôture avec une météo sur plateau (j'aime beaucoup l'accroche du jeune mec, Alex Goude: "les cartes sont un petit peu comme vous Claire, rayonnantes" - mmm, ça mérite de figurer au zapping Canal de demain, ça ;). Et en clôture, une explication-éclair de Raymond Domenech sur le match nul des Bleus la veille.

Bilan ? Dans ce premier numéro, qui dure exactement 18 minutes 32 secds, c'est sur les sujets société/magazine que le 19/45 s'en tire le mieux : bon sujet sur le pourquoi de la polémique de la campagne de prévention allemande sur le sida, bon plateau pédago sur la Grippe A... Claire Barzacq est un peu crispée mais sympathique. Et le format 15 minutes colle finalement assez bien à ce que l'on attend de M6. Même s'il est vrai que ce JT est loin d'avoir la densité et l'exigence du JT d'Arte (de 15 minutes aussi, il me semble).

dimanche 6 septembre 2009

(La couv' de la semaine - 2) Le nouveau Libé, la Une de demain

Libe nvlle formule

Une couv' un peu déstabilisante, avec, en quelque sorte, de multiples Unes par ce système de trois bandeaux horizontaux, très graphiques.

Demain, donc,viendra la nouvelle formule de Libé, où la partie magazine sera renforcée (notamment la page "Vous" et la rubrique "Rebonds"), une partie magazine supplémentaire, sous forme d'un supplément agrafé, qui s'ajoutera au tout chaque samedi...

Et surtout une nouvelle stratégie sur Internet, avec le grand retour du "premium" (on se souvient des débats sur le sujet au début des années 2000), avec des formules payantes (6 € ou 12 € par mois) sur le site, pour pouvoir consulter le journal en ligne dès le matin et accéder aux 36 ans d'archives du journal. Interactivité oblige, il sera possible d'assister en direct à la réalisation en direct du quotidien dès 20 heures. Autre innovation, la consultation en avant-première, à 22h30, de contenus du journal du lendemain prépubliés.

Libération ouvre le feu pour une nouvelle bataille à laquelle se préparent tous les éditeurs web : ces fameux contenus premium. Le Figaro inaugure une nouvelle formule de son journal courant septembre, et lui aussi, des contenus payants sur son site début 2010. De même, mon employeur, le groupe Express-Roularta annonce des contenus payants pour le site L'Express.fr début 2010. A suivre !

La couv' de la semaine : WAD, ou le streetwear haute-couture

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Pour la couv' de la semaine, petit focus cette fois sur ce magazine underground, (et par conséquent ;) on ne peut plus branché. WAD (au sous-titre explicite, ''We'ar different'') fête actuellement ces dix ans de parution : ce magazine dédié à la monde urbaine, créé par Bruno Collin et Brice Compagnon, s'est lancé en 1998 sur un créneau alors inédite, seuls la haute-couture ayant les grâces des éditeurs dans l'univers de de la mode. Un magazine de niche ? Pas si sûr. Il aurait une diffusion payante de 250 000 exemplaires.

Bruno Collin, issu de la presse féminine, et Fred Compagnon, directeur de casting, misent dès le début sur le streetwear, qui mêle jeans trop larges, baskets, sweats à capuche, hip-hop et musique électro. Leur premier numéro,d'une centaine de pages, lancé en 1999, sera en rupture de stocks "dès la première semaine de parution", racontent Les Inrocks de cette semaine dans un long papier laudatif.

Le magazine, à vocation internationale (il est publié aussi en anglais), aura toujours une longueur d'avance sur les tendances, la mode, la musique et le design. Il comporte ses propres codes visuels, comme ses Unes qui ne comportent jamais de mannequins, de vêtements ou de visages, mais uniquement des parties du corps. Histoire de se démarquer des magazines de mode (trop) classiques.

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