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dimanche 30 août 2009

La couv' de la semaine (2) : Jasad, revue érotique libanaise

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Petit coup de chapeau à Jasad, revue érotique libanaise lancée en décembre 2008, découverte lors de la rediffusion d'un des reportages de Canal, dans l'émission L'été papillon. Une revue certes lancée dans le pays considéré comme le plus tolérant du Moyen-Orient, mais dont la fondatrice est régulièrement soumise à la censure.

Laquelle censure surveille de très près cette revue perçue comme incarnant (trop) la liberté sexuelle à l'occidentale, mais n'est jamais interdite - son interdiction lui assurerait une exposition sans précédent, et lui assurerait une explosion des ventes...

La couv' de la semaine : Grazia

Grazia

C'était attendu, pour cette rubrique, il fallait que je parle d'un des événements les plus attendus dans la presse française, en cette rentrée : le lancement de Grazia, déclinaison française du magazine féminin/people Grazia, qui s'est imposé comme marque internationale à part entière, avec une douzaine de déclinaisons à l'international (la première étant le Grazia italien). Son premier numéro en France, annoncé et maintes fois repoussé depuis deux ans, était lancé en kiosques hier.

Comme cela a déjà été dit à plusieurs reprises, et le précise Xavier Ternisien dans son papier pour Le Monde, le groupe Mondadori y a mis les moyens : une équipe d'une cinquantaine de personnes, un budget de 25 millions d'euros (dont 8 millions dédiés au lancement), une politique de diffusion osée avec un prix de lancement à 1 € (son principal concurrent, Elle, étant à 2 €), un objectif de diff payante de 160 000 exemplaires...

Et une stratégie multi-canaux assumée : en même temps que le mag, Mondadori a lancé le site Internet idoine, l'application iPhone, le fil Twitter... Le tout avec une campagne de com' tous azimuts : spot télé, campagne d'affichages et en presse écrite.

Et même un event, un défilé de mode "de rue", le Street Fashion Show, un "défilé de street-style" qui était organisé hier, en fin d'après-midi, dans les jardins des Tuileries. Nombre de blogueuses y étaient invitées (retour assuré de cet événement sur les blogs, du coup... et bon référencement sur la toile garanti), mais, fait non négligeable, l'événement était ouvert au grand public. Un défilé qui reprend un concept en vogue dans les blogs de mode, où les blogueuses, comme sur Café Mode, shootent des nanas dans la rue pour leur look - d'où la notion de street style.

shooting grazia

So what pour Grazia ? La première impression que j'en ai est quelque peu... mitigée. Magazine de grand format, à couv' en papier glacé, sur le virage rock'n roll de Kate Moss. Le contenu ? Un mélange d'actu (avec "10 news de la semaine", dont un sujet pas mal et agréablement inattendu sur les déboires financiers de la photographe Annie Leibovitz), un sujet sur la dépénalisation possible du cannabis aux Etats-Unis, des pages mode (très) pointues, du people, quelques pages culture, et (bonne surprise qui tranche avec les féminins classiques !) pas de rubrique sexo, une seule page cuisine, et une seule page horoscope.

grazia again

Par ailleurs, Grazia a débauché des signatures : Patrick Eudeline tient une chronique culture, et Alfred Escot le premier papier déco/design. Pourtant, l'ensemble me paraît un peu fouillis. Surtout, à première vue, la ligne éditoriale est moins haut de gamme qu'annoncée. La maquette, elle aussi plus cheap qu'annoncé, me laisse aussi assez partagée : quelques belles pages, dont pour la mode en noir et blanc, mais une maquette à liserés jaunes en actu pas franchement haut de gamme.

Le tout me rappelle parfois feu Jasmin, tentative avortée d'hebdo féminin d'Axel Ganz, dont je parlais ici. En tous cas, l'initiative est courageuse, face au mastodonte Elle, et dans une conjoncture délicate - DS a cessé de paraître cet été, un peu plus d'un an après ''Isa''. A suivre...

dimanche 9 août 2009

La couv de la semaine : le 'Spécial mystère' de Télérama

couv Telerama

Pour cette semaine, après avoir hésité sur le (fameux ;) hors-série d'été des Inrocks spécial sexe (mais j'y reviendrai, maybe...), j'ai choisi la couv' de ce numéro d'été de l'hebdo Télérama, qui, pour chaque numéro d'août où il prend ses quartiers d'été (avec un seul numéro daté du 8 au 21 août, vacances estivales obligent), choisit un sujet un peu décalé, qui nous évade. Là, j'ai donc bien aimé cette thématique "spécial mystère" (on remarquera d'ailleurs que les mag sont accros aux Unes très spéciales" en été ;), assez vaste pour nous entraîner, à priori, des univers baudelairiens aux films fantastiques...

Pourtant, le contenu m'a désarçonnée : bon point pour le papier de François Gorin (journaliste musical initialement, bonne plume à l'écriture assez rock'n roll) sur les "rockers fantômes (les assassinats et autres suicides étranges qui émaillent l'histoire du rock). Bien aimé aussi le papier sur les "films maudits", perdus, détruits ou jamais achevés. Mais le papier sur le paranormal m'a laissée perplexe, et plus encore celui sur la 'sorcellerie' dans le Berry (sic), qui nous présente, certes de manière factuelle, une ex-géologue médium.

Depuis quelques années, l'hebdo culturel un peu bobo tente de se reconvertir en magazine "sociétal". Il a connu quelques tangages ces dernières années, que ce soit lors de son rachat par Le Monde, ou à propos des dernières rumeurs qui le donnaient susceptibles d'être à vendre, en particulier auprès de Lagardère.

dimanche 26 juillet 2009

La couv' de la semaine : le "spécial sexe" de Elle

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Bon, je me suis dit que cela pouvait être sympa de créer un rendez-vous sur ce blog, autour de couv' de magazines ou de quotidiens qui me semblent marquantes, pour leur design, leur approche de l'actu, ou d'autres raisons...

Légèreté estivale oblige, commençons avec le marronnier la couv' incontournable de l'été (encore que... vous me direz que c'est un genre qui marche aussi très bien au printemps). Donc, le spécial sexe de Elle, accrocheur, et dont le sujet est un rien survendu... Forcément; je l'ai acheté :) Elle ne tient pas tout à fait ses promesses. Habilement, en titrant "Spécial sexe - L'amour romantique c'est hot !" le mag louvoie en Une entre romantisme et cul (histoire d'attirer les deux types de lectrices ;), avec en prime un test "Etes-vous cul ou cucul ?".

And so... Intéressant mais sans plus. Le sujet principal, sur 3 pages, déroule diverses expériences hot de femmes qui ont su relancer et pimenter leur couple etc. Suivent 2 pages de "conseils romantiques" (sic) et des pages fashion enrobées dans ce "dossier sexe" (bon...).

Je me souviens d'un "spécial sexe" de Elle d'il y a deux ans, plus approfondi, qui passait davantage en revue les (nouvelles) pratiques sexuelles et amoureuses des urbains (trop souvent individualistes), de la bigamie assumée au fucking friend, sous un angle plus sociologique, plus approfondi finalement.

Comme je le disais, ce genre de dossier a le vent en poupe lors des beaux jours : L'Express titrait il y a quelques semaines sur l'infidélité et les rencontres à l'heure des réseaux sociaux, et Les Inrockuptibles sont réputés pour leur hors-série estival "spécial sexe" (pas paru cette année... crise oblige ?), une de leurs meilleures ventes annuelles.

Mise à jour du 28 juillet : bonne nouvelle pour les inconditionnels, Les Inrocks viennent de sortir leur hors-série. Au programme: rester vierge, enjeu politique aux US, les escort boys, le sexe avec Facebook, immense terrain de chasse... Via le blog de La fille du rock. .

vendredi 10 juillet 2009

Le groupe Tests se frotte à son tour aux code-barres 2D

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Par communiqué de presse, signé Julien Jacob, directeur général adjoint du Groupe Tests (filiale presse informatique de NextRadioTV) annonçait hier le lancement d'un nouveau service : des tags 2D seront apposés sur ses magazines. Il lance cela avec la start-up Mobiletag, éditrice d'une application embarquée permettant aux mobiles de lire des codes barres 2D. Concrètement, grâce à ces code-barres du futur (ou QR codes, dont je parlais notamment ), apposés sur certaines pages des magazines du groupe, le lecteur pourra, "après avoir téléchargé une petite application sur son mobile, consulter des contenus additionnels dernières actualités sur un sujet : suivre les derniers rebondissements d’une actualité, prix en temps réel : pouvoir se décider et même acheter sur les sites mobiles des marchands, vidéos complémentaires : ajouter une illustration vidéo qui complètera le texte et l’image”.

Malin : le groupe propose cela précisément pour ses magazines informatiques (01Net, Micro Hebdo, L'Ordinateur Individuel...), pour une clientèle à priori sensible à ce genre d'innovations. Et l'on imagine aisément que le groupe espère jouer à plein sur la complémentarité entre ses contenus print et web (voire vidéo), comme son patron, Alain Weil, l'a déjà exprimé à plusieurs reprises, avec les limites que cela peut impliquer en terme de management interne (voir ce billet)...

Quelques magazines avaient déjà expérimenté le tag 2D, comme Closer, Voici et Public en 2007 ou le magazine Newzy.

mercredi 1 juillet 2009

Voir en avant-première sur Internet les Unes des media

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Ce service m'a fait penser à Gilles Klein, fan des couv' de quotidiens en ce moment sur son blog... Revue2presse.fr est un site qui affiche sur une même page les "unes" des journaux quotidiens du matin (dont les régionaux), en avant-première, avant leur sortie en kiosques. Ou quand le Web anticipe sur le papier, paradoxe de l'exercice... Avec par exemple ces Unes attendues demain matin. Le site propose également différentes catégories couvrant l'ensemble de la presse française (200 titres référencés), de l'hebdomadaire au mensuel.

vendredi 26 juin 2009

La mort de Michael Jackson dans la presse française... et sur Twitter

Comme pour beaucoup (post-ados, trentenaires, mélomanes...), l'annonce de la mort de Michaël Jackson (officiellement mort d'une crise cardiaque), m'a fait un effet de vide. Parce qu'il fait partie de notre culture musicale, parce qu'indféniablement, le moonwalking, ses clips (véritables courts-métrages) et bien sûr sa musique en soi ont révolutionné la pop. La dernière nuit du Roi de la pop, génie, star sulfureuse et controversée, fut assurément rock 'n roll. Pour cet évènement, qui est survenu en pleine en France, assurément, Twitter a été plus réactif que les médias traditionnels (et notamment que la télé et la radio), les fils ont crépité cette nuit.. Meilleur hommage que pouvaient lui rendre les internautes désarçonnés, avec 15% des twitts consacrés cette nuit à son décès ("Michael Jackson Tops the Charts on Twitter", titre le NY Times).

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Même si l'événement va, sans nul doute, déferler dans les quotidiens ce weekend, quelques quotidiens ont eu le temps de bouleverser leur Une, grâce aux retirages et leur bouclage tardif. Le Parisien a eu le temps de remanier sa couv', et d'y consacrer une double page : un long papier factuel de leur correspondant à L. A., une brève nécro, et une page de photos (Le Parisien aurait pu, par respect pour Michael Jackson, épargner les photos glaauques du chanteur à la fin de sa vie, défiguré). Le Figaro, de son côté, a eu le temps d'y consacrer une large place en Une, ainsi qu'une pleine page de nécro (probablement prête depuis un certain temps) avec photos d'archives en noir et blanc de son.début de carrière. Quelques quotidiens régionaux ont aussi décalé leur bouclage, tel La Provence.

A redécouvrir, le clip de Bad, un des meilleurs titres de Michael Jackson, réalisé par Martin Scorsese.

mardi 2 juin 2009

Geek le mag, geek is beautiful

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Grande trouvaille Gare du Nord vendredi dernier, ce magazine à la couverture explicite, qui n'hésite pas à faire dans l'auto-parodie : celle du geek, ou nerd, ou... Déjà la couverture m'avait accroché l'oeil : vintage, couleur jeune vif, maquette (faussement) hasardeuse, accroches vaseuses assumées... Pour un bimensuel plus sérieux qu'il n'y paraît. Il aborde tous les deux mois les aspects de la génération geek sur 100 pages vendues au prix de 4,90 €.

Le contenu est très sympa, à la hauteur de ce que pouvait laisser préfigurer la couv', en mélangeant références 80's vintage, parodies, mais sur le fond, de nombreux articles fouillés. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, il ne s'agit pas d'us simple magazine de nouveautés high tech pour mecs, mais d'un magazine qui assume et pose la culture geek :

"Le geek, ce n'est pas juste une nouvelle tendance, c'est tout simplement l'évolution. Pourquoi faire un magazine geek ? N'en avons-nous pas déjà assez parlé ? (...) Geek le Magazine veut tout simplement traduire cette effervescence du moment", annonce Christian Ung dans son édito.

Et de fait, même moi, je m'y suis largement retrouvée, dans ce canard qui balaie l'actualité culturelle et sociologique et touche, de près ou de loin, la culture geek. Peut-être parce que j'appartiens à cette génération qui a grandi avec le Web et ses contours culturels. Geek le mag passe ainsi du blockbuster du moment, Star Trek, à la BD avec J.D Morvan, en passant par un article très fouillé sur l'intelligence artificielle, un autre sur l'histoire des loups-garous (!) à travers la llittérature... Et seulement 2 pages de shopping high-tech (ouf). J'ai aussi beaucoup aimé la liste "Rop of the geek", qui répertorie une trentaine de gimmicks / références culturelles geeks... Qui là encore, concerne la génération des trentenaires, avec parmi les références-cultes "Blade runner", le Tetris, le club Dorothée (!), Dune, X-Files, Isaac Asimov, Matrix, Indiana Jones...

Dans ses grandes lignes, ce magazine m'a rappelé feu Transfert et Future(s), qui ont tenté à leur manière, au début des années 2000, par une approche plus sociétale, de traité les nouvelles questions qui émergeaient avec Internet. Donc à lire absolument. Pour en savoir plus, guettez le site Geeklemag.com.

jeudi 12 mars 2009

El Pais teste le plus produit érotique

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A première vue, les Espagnols ont une longueur d'avance sur la presse française. Alors que les canards français s'essaient encore à des plus-produits tels que des livres, brochures, T-shirts, DVD et autres agendas comme produits dérivés pour tenter de doper leurs ventes en kiosques, le quotidien El Pais tente carrément... le DVD de film érotique à 1 € (supplémentaires au prix normal du journal), comme le révèle l'ami Gilles Klein dans ce billet. Le prestigieux quotidien, catalogué centre-gauche, a ouvert un site dédié pour l'occasion, avec un quizz , et diverses suggestions - coquines forcément. L'initiative me laisse perplexe : comme beaucoup de grands quotidien un peu partout dans le monde, El Pais se porte mal. Le recours aux charmes du produit dérivé érotique est sans doute une des dernières parades trouvée par le groupe de presse Prisa, dont l’action a perdu 82% en 6 mois.

Clairement, cela crée à un précédent. A quand des journaux français vendus avec des godes (encore que... Je me demande si des féminins pointus comme Jalouse ne s'y sont pas déjà essayés) ou d'autres accessoires de jeux érotiques ?

jeudi 5 mars 2009

Les Echos abandonne l'aventure de l'ePaper

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Dommage, c'est la fin d'une belle tentative. Lu sur un forum de journalistes très bien informé, l'hebdo Challenges a révélé aujourd'hui dans ses confidentiels média que les Échos (longtemps un de mes ex-employeurs) ont finalement arrêté leur journal électronique sur eBook, lancé à titre expérimental il y a exactement un an par Nicolas Beytout.

Pari risqué

Mais le pari était risqué. Comme j'en parlais dans VSD il y a quelques semaines, après des coûts de développement probablement non négligeables, l'appareil en lui-même était déjà cher : le quotidien proposait le Stareread (600 € HT avec l'abonnement), conçu par Ganaxa, ou l'Iliad d'i-Rex (700 € HT, abonnement compris). Le tout avec un abonnement ePaper (donc des contenus au bon format) à 365 € par an (le prix de l'abonnement Web)... Sans même de tarif préférentiel pour par exemple coupler abonnements ePaper et papier. C'est déjà embêtant.

Pourtant, le tout était prometteur. Le lecteur lambda avait un lecteur portable, doté d’un écran plat, de la taille d’un livre, permet de charger et lire des livres et journaux numérisés. Il bénéficie d’une innovation, l’encre électronique, bien moins fatigante pour les yeux qu’un écran à cristaux liquides. Avec l'iLiad, plus besoin d’aller au kiosque à journaux le matin. En quelques secondes, il télécharge la dernière édition des Echos par wifi, disponible dès 4 heures du matin. Et consulte au fil de la journée ses rubriques préférées, en médias, high tech et politique française, ainsi qu’une sélection de dépêches AFP, remises à jour toutes les deux heures. Le tout étant d’une simplicité enfantine, la navigation sur l’écran tactile étant quasi intuitive.

Cocréation, trop précurseurs ?

Les Echos (l'équipe des éditions électroniques étaient alors dirigées par Philippe Jannet, président du GESTE) misaient d'ailleurs sur une stratégie très innovante de développement collaboratif, voire de co-création, en consultant leur beta-testeurs au printemps 2008. Tout le monde s'accorde à dire que les équipes techniques ont fait un très beau boulot. J'avais notamment interviewé Hervé Bienvault, passionné, qui a longtemps raconté son expérience sur son blog dédié, toujours en ligne. Seulement, fin 2008, il n'y avait que 1 000 abonnés à cette nouvelle déclinaison. En fait, les abonnés comme Hervé Bienvault s'attendaient à ce que d'autres médias (comme Le Monde) lancent à leur tour une version ePaper... pour avoir plus de choix de contenus.

Peut-être Les Echos se sont-ils lancés trop tôt ? Il a été le premier journal français à sauter le pas de la version dématérialisée. Alors que SFR et Orange ont testé eux aussi, en 2008, des offres d’abonnement à plusieurs titres de presse sur e-books, attendues en 2009. D’autres s’y prêteraient, comme le eReader RS-505 de Sony, ou le Kindle d’Amazon, qui cartonne outre-Atlantique. A l’étranger, les tests se multiplient : le journal flamand De Tijd a pérennisé son expérience sur l’iLiad de 2006, que j'évoquais dans ce billet. Le Yantai Daily, quotidien chinois, s’y est essayé en avril 2006, suivi par en avril 2008 par NRC Handelsblad, 4ème quotidien néerlandais.

Le point de vue d'Emmanuel Parody

Emmanuel Parody, qui y a participé en tant que Responsable Business Developpement à LesEchos.fr, et est maintenant (son blog), maintenant publisher du pôle Tech et News du groupe CBS Interactive, a eu la gentillesse de m'autoriser à reproduire son point de vue. Extraits :

"Au moment où il a été lancé, les quelques appareils disponibles sur le marché étaient grosso modo en phase expérimentale avec une production confidentielle (ce qui veut dire produit à la demande avec paiement d'avance et livraison 3 semaines après...) Le Sony reader n'était pas dispo en France et le "futur" Kindle n'était qu'un produit de laboratoire que nous avons eu entre les mains tout de même. Bref pas beaucoup de choix et tout à faire (on a quand même du se taper la traduction de l'interface et de l'OS pour accélérer la prod)

Sur le fond la question était surtout que rien n'avancerait tant qu'un éditeur ne se lançait pas dans l'aventure. L'avantage c'est que le premier à bouger gagne surtout en retombées médiatiques, notoriété etc... Ce qui valorise finalement l'ensemble de l'activité, et on peut finalement même parvenir à couvrir son investissement de départ (songez qu'à 700 euros l'unité ça va vite... ).

Je dois dire que l'intelligence des Echos à ce moment est d'avoir immédiatement pensé l'édition epaper comme un mix de contenu web/papier pouvant être mise à jour en temps réel. (...) Pour le reste il fallait gérer aussi l'abonnement et la synchronisation des données alors que la première génération d'appareil n'était pas aussi autonome que le Kindle ou la V2 de l'Iliad d'Orange pourvue d'une clé 3G.

Bref comme toutes les premières séries on s'en lasse vite et on subit les défauts. On préfère donc un appareil plus léger, plus autonome, et un écran en couleur ce qui est justement totalement contradictoire avec le principe du epaper. Quand on obtient l'appareil de nos rêves plus compact, en couleur et ergonomique on réalise alors que ce n'est plus du epaper et que plus grand chose nous sépare de l'Iphone".

Dont acte... Et ce alors que plusieurs médias lancent leurs déclinaisons pour téléphones mobiles (à l'ergonomie plus légère donc), voire pour iPhone ou pour Blackberry.

dimanche 22 février 2009

De nouveaux formats publicitaires en presse écrite sous la contrainte des annonceurs ?

Par ce morose vendredi 13 février, la une des Echos avait de quoi provoquer un choc : une couv' tout en noir, qui titrait, en blanc, en gros caractères, "La France s'installe a son tour dans une récession sévère". Il ne s'agissait nullement, pour le quotidien auquel j'ai longtemps collaboré, de refléter la morosité économique, aveu ne mise en page faisant penser à un faire-part de deuil. Non, le quotidien économique répondait ainsi à la demande de l'un de ses annonceurs, pour une opération spéciale de com': en tournant la page, on trouvait 3 pages consacrées à la Citroën C5. Le tout doublé d'une campagne de bannières imposantes sur le site web du quotidien. Citroën voulait ainsi vanter le "système antipatinage intelligent de la C5", avec une photo de route noire s'enfonçant dans un ciel bas et sombre...

C'est à ma connaissance la première fois que Les Echos affiche une telle campagne de pub. Certes, ce format publicitaire n'est pas tout à fait inédit : Libé a déjà mis sa une aux couleurs d'un annonceur. Sans compter les journaux (notamment en presse gratuite) qui précèdent parfois leur couv' d'une page de pub...

Mais cela est symptomatique du contexte particulier pour les médias. Le recul de 5,3% du chiffre d'affaires de TF1, la chute de 19% de ses recettes brutes de publicité en janvier - et à la clé la chute de son action en Bourse - révélées ce jeudi 19 février, ont montré que les médias commencent à souffrir sérieusement des mauvaises rentrées publicitaires, conséquence de la crise .

Comme le souligne Le Monde dans ce papier, crise oblige, "les entreprises sont soucieuses de réduire leur budget publicitaire et d'ajuster leurs investissements sur leurs résultats commerciaux". Et la presse écrite n'y échappe pas. Du coup, les services pub des journaux sont à la recherche de toute campagne de pub.. Et il y a fort à parier qu'ils vont accepter des formats publicitaires parfois "exotiques". Ou des publi-reportages parfois à la limite de la caricature - comme celui pour Land Rover dans la page green business de La Tribune, qu'a relevé mon jeune confrère dans ce billet sur mon second blog, "La marque dans tous ses états"...

lundi 16 février 2009

Quand Google rachète une papeterie à journaux pour y implanter un data center

Lu dans le "En marge" des Echos de vendredi dernier : Jean-Christpohe Féraud livre cette info troublante, de Google qui a annoncé hier le rachat... d'une usine de pâte à papier, au coeur des forêts de lSunna Mile, en Finlande. Google ne va même pas y produire quelque titre de presse papier que ce soit, mais raser cette usine pour y construire... un data center.

Une de ces farms de réseaux informatique que Google ouvre à tour de bras "pour indexer la Toile et faire tourner son fameux moteur de recherche à plein régime", rappelle mon confrère. qui nous apprend que l'usine a été rachetée au papetier local Stora Enso, numéro 3 mondial du papier journal. Tout un symbole, au cynisme outrancier, à l'heure où la presse print cherche à s'adapter à la nouvelle donne du Net.

jeudi 12 février 2009

Créer son journal à la carte avec Personal News

Tandis que notre bonne vieille Poste nationale innove avec Montimbreenligne.fr, un nouveau service en ligne qui permet d'affranchir et d'imprimer soi-même ses timbres depuis Internet. Montimbrenligne.fr, la Poste zurichoise, elle, innove en proposant carrément au lecteur-internaute de composer son journal à la carte parmi une vingtaine de titres suisses et étrangers, avec le service Personal News. L'internaute peut ainsi choisir ses rubriques (régionales, culturelles, sport...) et obtenir son journal perso sur papier au format A3 en noir et blanc, ou par e-mail en fichiers pdf couleur. Un service en test jusqu'à fin février. Une nouvelle manière de proposer aux lecteurs de lire la presse à leur guise. Une idée pour la presse française ?

dimanche 25 janvier 2009

Les suppléments de luxe ont la cote dans les médias

Même en temps de crise, le luxe est un secteur porteur ;). Depuis quelques années déjà, plusieurs quotidiens ont leurs suppléments "luxe", souvent une sorte de hors-série en papier glacé, destiné à attirer un maximum d'annonceurs, qui passe en revue les tendances éco, mode, création et conso dans ce secteur très particulier... Les Echos a ainsi son supp' trimestriel Série Limitée ; tout comme les hebdos professionnels CB News et Stratégies, et depuis quelques temps, la Tribune a aussi son supplément luxe.

Egalement, d'après mes infos, Les Echos va bientôt sortir un nouveau supplément série Limitée dédié au design.

L'exercice du supplément luxe commence même à séduire les journaux gratuits : la semaine dernière, ce sont les éditions A Nous (groupe Roularta) qui annonçaient le lancement en mars de A Nous Limited, un hors série haut de gamme, gratuit, consacré à tous ces produits "chics et trendy" commercialisés en série limitée. Le magazine aura lui-aussi un tirage (très relativement) restreint, avec 40 000 exemplaires seront distribués à Paris et 25 000 dans chaque autre ville où est présent l'hebdomadaire (Lyon, Lille, Marseille et Bordeaux). A Nous Limited ne sera pas diffusé dans ses endroits traditionnels mais uniquement dans des hôtels et des restaurants.

dimanche 4 janvier 2009

Colombani prépare le lancement de Slate en France

Slate

Et voilà. Une nouvelle équipe de journalistes s'apprête à lancer son projet de journal 100% web. Bakchich, Rue89, Mediapart, Arrêt sur images et e24.fr furent les gros projets de lancements de journaux web qui se sont concrétisés en 2008. Avec pour particularité que tous ces projets ont été lancés par des journalistes aguerris, issus de la presse papier. En ces premiers jours de 2009, c'est Jean-Marie Colombani, quelques mois après avoir quitté le Monde, qui se lance à son tour dans l'aventure.

Dans cet article des Echos daté du vendredi 2 janvier (en accès limité pour les non-abonnés... dommage que Les Echos ne choisisse pas d'ouvrir certains scoops comme celui-ci), mon confrère Emmanuel Paquette révèle que "JMC" s'apprête à lancer une déclinaison française du site d'information américain gratuit Slate, filiale du quotidien The Washington Post (qui l'a racheté en 2005), doit son succès à des analyses et des commentaires publiés par de grands spécialistes en politique, en économie et en culture.

Pour sa déclinaison française, le site mêlera la traduction de certains articles américains avec des analyses de spécialistes français. Entièrement financé par la publicité, le site vise quelques centaines de milliers d'euros de chiffre d'affaires pour sa première année d'activité.

Par ailleurs, Eric Leser, ancien correspondant du Monde à New York, Eric Le Boucher, par ailleurs directeur de la rédaction du mensuel Enjeux Les Echos et ancien du Monde, l'économiste Jacques Attali et Johan Hufnagel, ancien rédacteur en chef du site 20 minutes, seraient aussi partie prenante du projet, d'après l'article d'Emmanuel. Slate.fr, initialement prévu pour le 17 janvier, doit être lancé courant 2009, ses fondateurs français ayant quelques difficultés à boucler leur tour de table, précise aussi l'article.

A lire aussi cet intéressant article à ce sujet sur Eco89 (la déclinaison éco de Rue89, lancée il y a quelques semaines, comme j'en parlais dans cette note), où l'on apprend que Slate était initialement leur partenaire. On peut ne pas partager entirèement le point de vue de Pascal Riché, en tous cas cette phrase me semble très juste :

les nouveaux médias n'ont réinventé ni la poudre, ni l'information: ils se contentent, en tâtonnant souvent, de l'adapter aux nouveaux outils et aux nouveaux usages.

Juste, parce qu'elle s'applique tant aux initateurs de ces nouveaux projets de journaux web, qu'aux journalistes et dirigeants de titres de presse écrite qui tâtonnent, pour trouver de nouveaux services à proposer sur les déclinaisons web de leurs titres...

101 sources Vendredi

"101 sources Internet pour s'informer autrement". Source : Vendredi

jeudi 1 janvier 2009

Le Figaro se lance dans la VOD en acquérant Vodeo.tv

Autre nouvelle pierre dans la stratégie de diversification 2.0 du Figaro, esquissée avec le lancement de son espace communautaire, et de la diversification de ses activités (avec le rachat de plusieurs sites tels que Ticketac.com), dont je parlais , le quotidien a annoncé fin décembre le rachat de Vodeo.tv, via The SkreenHouse Factory, sa filiale dédiée aux développements numériques liés à l'audiovisuel. Plus précisément, il a racheté la Banque Audiovisuelle, entreprise qui édite le service de vidéo à la demande Vodeo.tv.

A la clé pour le Figaro, la plateforme Vodeo.tv dispose d'un catalogue d'environ 4500 contenus. Et lui permettra d'accélérer sa mutation vers la vidéo en ligne, et d'enrichir ses différents sites de contenus vidéo accessibles à la demande. Clairement, il s’agira ainsi de proposer ces contenus de qualité aux 10 millions de visiteurs uniques que comptent les sites du Figaro chaque mois. "C'est un nouveau modèle économique qui vient compléter les revenus tirés de la publicité et du commerce en ligne", indiquait aussi le quotidien. Une manière, aussi, de tenter d'anticiper les craintes d’une année 2009 délicate pour les revenus publicitaires sur le web...

Libération lance Libé+, son espace communautaire

Libé+

Ça y est : peu de temps après Le Figaro, Libération ouvre à son tour son espace communautaire dédié à ses lecteurs, Libé+, où l'on peut là aussi créer son espace personnel et communautaire pour dialoguer entre internautes, laisser des commentaires immédiatement et archivés dans son espace personnel, et participer aux forums.

A suivre, donc.

lundi 15 décembre 2008

Le Figaro ouvre son réseau social, "Mon Figaro"

Comme je l'annonçais dans ce billet le mois dernier, ça y est, Le Figaro est le premier quotidien français à lancer son réseau social en ligne, dans la lignée du Wall Street Journal, qui a lancé le sien en septembre. "Lefigaro.fr se transforme en site communautaire", proclame fièrement le quotidien dans cet article. Sur Mon Figaro, l'internaute peut créer en quelques secondes son profil, sur lequel il peut partager ses articles préférés et ses commentaires aux articles du site, et entrer en contact avec d'autres, en devenant "favoris" ou "fans" d'autres membres.

mardi 25 novembre 2008

Les clips des salariés de France 3 contre le choc annoncé de la fin de la pub

Plutôt que d'ouvrir un blog collectif pour dénoncer la fragilité que risque de connaître France Télévisions lorsqu'elle ne pourra plus diffuser de publicité, à partir de début 2009, des journalistes de France 3 ont préféré monter des petits clips vidéos, mis en avant par Rue89 dans ce billet

D'où ce clip vidéo, "7 familles maçon télé publique", diffusé sur Dailymotion. Ou encore ces vidéos, où l'humour et l'ironie sont leurs armes pour dénoncer un "service public en danger". Avec toujours ce slogan, à la fin, "Et vous, vous étiez où quand le service public était en danger?" "Sauvez France 2, 3, 4, 5, Ô et la démocratie".

Comme celle-ci...

Ou celle-là, avec Carla...

LeFigaro.fr lancerait son réseau social cette semaine

L'info reste à confirmer, mais d'après Gabyu, lefigaro.fr lancerait cette semaine son réseau social, soit un outil permettant aux lecteurs du site de communiquer entre eux, comme l'aurait annoncé son directeur délégué des nouveaux médias Bertrand Gié à la conférence Digiworld de l’IDATE la semaine dernière. Il faut dire que le Figaro mise beaucoup sur son site : outre les 60% de chiffres d'affaires assurés par la publicités, il en tire 10% de son CA web par la vente de contenus, et 20% par des partenariats commerciaux avec des voyagistes, fleuristes... Ce à quoi s'ajoutent les rachats de deux pépites, des sites commerciaux culturels, Evene.fr et Ticketac.fr.

Initiative à suivre, encore naissante, empruntée par quelques rares médias : ainsi, le New York Times s'est aussi doté il y a quelques mois de son propre réseau social, TimesPeople, où les lecteurs peuvent partager et commenter articles, vidéos, diaporamas, billets de blogs, ratings... Ce serait même une des voies pour les media à suivre dans leur stratégie Internet, souligne l'Idate dans son rapport sur le sujet publié en avril dernier. "Acteur communautaire par excellence dans l'univers du papier,la presse dispose grâce aux réseaux (professionnels, sociaux) d'un moyen de prolonger cette fonction sur Internet", précise l'Institut. Qui évoque la voie des réseaux sociaux locaux, déjà empruntée par la presse régionale - à ce titre, l'initiative de Paris Normandie de créer des espace communautaires, sous la houlette de mon confrère Sébastien Bailly, est remarquable. Autre voie suggérée, celle de création de réseaux sociaux professionnels, à l'instar du Financial Times avec son club professionnel autour des telecoms, des médias et des nouvelles technologies.

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