dimanche 22 février 2009

Une médiathèque à la pointe des hautes technologies pour les aveugles et les malvoyants

Il faut saluer cette très bonne initiative de l'association Valentin Haüy, qui vient d'ouvrir à Paris une médiathèque pour aveugles et malvoyants unique au monde. Elle centralise 20 000 ouvrages en braille, des livres sonores, et un matériel numérique ultra-sophistiqué : en plus du prêt de document, elle propose une kyrielle de services : il est possible de s'installer dans les salles de lecture pour lire des ouvrages en braille ou en audio. Des magazines sont consultables sur place. Des ordinateurs, des scanners, des vidéoagrandisseurs et une machine à lire sont à la disposition. Cerise sur le gâteau, tout cela est gratuit ! Un coup d'oeil sur son site montre à quelel point cette association est active, avec par exemple la publication, depuis janvier, janvier 2009, de l'essentiel du magazine Science et Vie en braille abrégé. Elle propose sur son site une véritable médiathèque virtuelle de 27 000 titres, entre livres en braille, livres sonores, et livres en gros caractères.

A écouter, le reportage sonore du Monde

jeudi 19 février 2009

Le Point lâche ses photographes en régions

appareil.gif

Lu sur le très informé blog collectif Les invisibles des médias, tenu par des journalistes pigistes, le magazine Le Point se séparerait des photographes pigistes avec lesquels il travaillait pour ses numéros régionaux. Il aurait passé un accord avec différentes agences photo, soi-disant pour baisser les coûts de production. Mais aucun photographe n’a été prévenu officiellement ; aucune mesure de licenciement n’est donc prévue pour l’instant...

Un nouveau révélateur de la précarisation du journalisme, dans ses différents secteurs, y compris le photojournalisme. Mais c'est aussi un cercle vicieux, alors que les agences photo classiques (Getty, Corbis-Sygma...) sont dans une situation délicate face aux agences filaires, rattachées aux agences de presses idoines (AP, AFP, Reuters). D'après ce que j'ai lu sur un forum de discussion très bien informé, certaines agences photos qui passent des accords avec les news dont Le Point leur mettent une certaine pression commerciale. Et d'un autre côté, baissent leurs tarifs pour être sûres de conserver leurs clients....

lundi 16 février 2009

Quand Google rachète une papeterie à journaux pour y implanter un data center

Lu dans le "En marge" des Echos de vendredi dernier : Jean-Christpohe Féraud livre cette info troublante, de Google qui a annoncé hier le rachat... d'une usine de pâte à papier, au coeur des forêts de lSunna Mile, en Finlande. Google ne va même pas y produire quelque titre de presse papier que ce soit, mais raser cette usine pour y construire... un data center.

Une de ces farms de réseaux informatique que Google ouvre à tour de bras "pour indexer la Toile et faire tourner son fameux moteur de recherche à plein régime", rappelle mon confrère. qui nous apprend que l'usine a été rachetée au papetier local Stora Enso, numéro 3 mondial du papier journal. Tout un symbole, au cynisme outrancier, à l'heure où la presse print cherche à s'adapter à la nouvelle donne du Net.

"Les O. S de l'info" chez NextRadio TV vus par Télérama

RMC

Bien sûr, on connaît le penchant de Télérama à l'exagération sur certains sujets, cela fait partie de sa ligne éditoriale : engagé, parfois moralisateur, agaçant. Mais assurément, il continue d'apporter un regard aigu sur les évolutions des pratiques du journalisme.

Tout cela ressort dans cet article du dernier numéro : le titre coup de poing fait bien sûr référence aux "ouvriers spécialisés" du début du XXème siècle, ces ouvriers à la chaîne qui ont essuyé les plâtres du taylorisme, lors de la seconde révolution industrielle. Télérama ose donc l'analogie pour décrire à sa manière la méthode Alain Weill au sein du groupe NextRadio TV. En s'appuyant essentiellement sur l'exemple de RMC Info (et de son site web), il décrit les méthodes du groupe, qui a peu à peu grossi ces dernières années, à coups de rachats : RMC, BFM & BFM TV, le groupe Tests, La Tribune...

Certaines descriptions sont saisissantes. Et préfigurent peut-être les pratiques journalistiques du futur. Avec notamment la description de la news factory (fabrique de l'info), où "sur les écrans, la matière brute déboule, d'Internet ou d'ailleurs, les tarifs minima des jeunes journalistes fraîchement issus d'écoles, travaillant sur le desk... Et surtout, il esquisse le futur du journalisme (certes avec exagération, ce phénomène étant à peine naissant) : avec des reporters ou rédacteurs capables de travailler pour plusieurs médias. Portrait catastrophiste ? Peut-être, à vous de juger.

Soit dit en passant, le groupe Tests a annoncé vendredi dernier (13 février) avoir présenté au du comité d’entreprise un "projet de réorganisation" de la société. Celui prévoit la suppression de 38 postes sur un effectif total de 200 salariés. Editeur du site internet 01Net, Tests souffre de la baisse des recettes publicitaires de ses magazines (01Informatique, Micro Hebdo, l’Ordinateur Individuel) dans une conjoncture particulièrement difficile. Le groupe souhaite rapprocher ses rédactions papier et web. CQFD...

jeudi 12 février 2009

Getty ferme Scoopt, un désaveu pour le photojournalisme "amateur"

Scoopt

Une forme de désaveu pour ce pseudo-photojournalisme citoyen, qui fut très en vogue il y a quelques mois. L'agence photo US Getty Images a annoncé il y a quelques jours la fermeture de Scoopt, un site qui permettait aux amateurs de vendre leurs images d'actualité. Un site qu'elle avait acquis il y a deux ans, espérant diversifier son coeur de métier (le photojournalisme haut de gamme) vers ce fameux "journalisme citoyen", mais surtout, le divertissement...

En la matière, l'agence américaine cherche à diversifier ses contenus, à coups d'acquisitions : elle avait annoncé l'an dernier un accord avec le site de partage de photos Flickr, appartenant à Yahoo!, pour diffuser sur sa propre plate-forme dune sélection de photos issues de Flickr. Cela dit, je pense que Getty est dans une situation financière assez délicate la rumeur avait d'ailleurs couru, il y a un an, que l'agence était à vendre, comme j'en parlais dans ce billet.

Lancé en juillet 2005, Scoopt était l'un des premiers à se lancer sur le marché des photos et autres images prises par des amateurs. Déjà début janvier, JPG Magazine, magazine sur papier et sur internet publiant des photos de professionnels et d'amateurs, avait annoncé début janvier la cessation de ses activités, mais il pourrait être sauvé par un repreneur.

Créer son journal à la carte avec Personal News

Tandis que notre bonne vieille Poste nationale innove avec Montimbreenligne.fr, un nouveau service en ligne qui permet d'affranchir et d'imprimer soi-même ses timbres depuis Internet. Montimbrenligne.fr, la Poste zurichoise, elle, innove en proposant carrément au lecteur-internaute de composer son journal à la carte parmi une vingtaine de titres suisses et étrangers, avec le service Personal News. L'internaute peut ainsi choisir ses rubriques (régionales, culturelles, sport...) et obtenir son journal perso sur papier au format A3 en noir et blanc, ou par e-mail en fichiers pdf couleur. Un service en test jusqu'à fin février. Une nouvelle manière de proposer aux lecteurs de lire la presse à leur guise. Une idée pour la presse française ?

Nouveau job, (nouveau journalisme) nouveau blog

Mexico image C. C.

10 jours sans donner signe de vie sur ce blog ;), oui je sais, ça fait beaucoup...

Il se trouve que j'ai connu quelques évolutions professionnelles : j'ai quitté la pige pour intégrer en janvier une rédaction, pour une mission qui s'avère passionnante. Le mensuel L'Entreprise m'a fait confiance pour intégrer sa rédaction, pour développer les contenus sur leur site web, mais aussi réfléchir à de nouveaux services, des fonctions communautaires, développer la plateforme de blogs, y compris avec la contribution de blogueurs externes... J'en suis ravie et honorée :)

Bref, ce qui me passionne est que je vais tenter - en toute modestie - d'apporter ma pierre quant aux nouvelles manières d'exercer le journalisme, notamment par une complémentarité vertueuse entre le web et le print. Tout un programme ! Une nouvelle aventure, de nouveaux enjeux.

Du coup, bien sûr, je bloguerai (un petit peu) moins ici. J'ai d'ailleurs ouvert ce nouveau blog à vocation collaborative, "La marque dans tous ses états", chez L'Entreprise, consacré au marketing, la pub et la conso. Il est encore en période de rodage, commentaires, critiques et compléments bienvenus ! Et d'autres projets à venir bientôt. A suivre...

dimanche 1 février 2009

Moodstream, le moteur de recherche photos émotionnel de Getty

Getty Images vient de lancer un nouveau mode de recherche d'image dans sa base d'images : Moodstream permet en effet de chercher des vidéos liées à des ambiances (joyeuse, humoristique, nostalgique, chaude, etc.). Il permet de rechercher images, vidéos et sons dans le catalogue Getty selon des paramètres liés à l’humeur ou à l’ambiance désirée : plusieurs curseurs vous aident à définir la tendance, puis à lancer votre requête. S’affichent alors en plein écran les extraits vidéo et photo correspondant à cette tendance, l. Vous pouvez alors ajouter d’un clic les clips proposés dans votre propre tableau afin de les conserver pour plus tard, par exemple pour un achat de droits. Dans l’éternelle tentative de valoriser sa pépite - son immense base d'archives d'images, et de réinventer la recherche d’éléments multimédia, Getty frappe ainsi très fort. Et dfait un pas de plus vers la conquête du grand public, avec ces services ultra-qualifiés.

Ruefrontenac.com, un journal en ligne ouvert par des journalistes et salariés québécois en lock-out

Jrnal de Frontenac

Avec un canon pour emblème, Par la bouche de nos crayons ! pour slogan guerrier, depuis samedi dernier (24 janvier), 253 journalistes et employés du Journal de Montreal, un tabloïd québecois à gros tirage, ont ouvert un Ruefrontenac.com, site d'informations un peu particulier. Présenté comme « le site des employés en lock-out des employés du Journal de Montreal", ce site d’informations a été en effet ouvert par des journalistes et employés au chômage forcé, le propriétaire du journal québecois ayant déclaré le 24 janvier un lock-out, cette procédure par laquelle un patron peut empêcher ses salariés de travailler en riposte à leurs revendications.

Il reproche au Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal de refuser les « mutations nécessaires » pour s’adapter à l’Internet. Et ce alors que les parties doivent renégocier la convention collective, arrivée à échéance. En l’absence des journalistes, le quotidien continue à paraître, mais réalisé par ses cadres.

En mesure de rétorsion, et pour continuer à travailler, les journalistes et employés du Journal de Montreal ont donc ouvert leur propre site d’actualités, avec les mêmes rubriques, les mêmes caricaturistes et les mêmes chroniqueurs, mis en avant sur le site, tout en faisant référence à Rue89.

Plusieurs grandes plumes et chroniqueurs y expliquent les motifs de ce départ précipité, et présentent parfois ce changement brutal avec émotion, tel Bertrand Raymond, "tatoue des pieds à la tête":

"En septembre dernier, je suis entré dans ma 40e année au Journal de Montréal. Avec sincérité je vous le dis, ce furent 40 années de pur bonheur. Le Journal de Montréal a été toute ma vie. Dans l'ordre affectif des choses,il y a eu ma femme, mes deux enfants et le Journal, même si les miens ont parfois eu l'impression que le journal occupait toute la place. Compte tenu de l'ardeur, de l'énergie et de l'amour du métier que j'y ai mis, c'était parfois assez près de la réalité."

"Ma tuque, mes mitaines, une pomme et les bottes thermo de mon fils. Je suis bien armé pour vivre ma première journée de piquetage. À 56 ans.", résumé Serge Touchette, un des journalistes "sur le trottoir".

La situation est tendue depuis un certain temps : comme l'explique le syndicat sur cette page, "Le Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal, affilié à la Fédération nationale des communications (CSN) vit son premier conflit de travail.

Depuis que Pierre K. Péladeau est à la direction de Quebecor Media, l’entreprise a décrété pas moins de 13 lock-out en 14 ans. La position de la direction du Journal, depuis la première journée de négociation avec le STIJM–CSN, le 22 octobre 2008, a toujours été la même, à peu de différences près. Le plan d’affaires de Quebecor comprend quelque 230 demandes qui visent entre autres : • à diminuer les conditions de travail; • à allonger la semaine de travail de 25 %, sans compensation; • à éliminer des départements en favorisant la sous-traitance; il est question d’éliminer 75 emplois occupés par une très grande majorité de femmes dont plusieurs comptent plus de 30 ans d’ancienneté; • à diminuer de 20 % les avantages sociaux; • à introduire des clauses de disparité de traitement (clauses orphelin); • à sabrer dans les libérations syndicales; • à réduire ou à transformer des postes à la rédaction; • à diminuer des clauses de la convention collective qui assurent le respect des règles de déontologie journalistiques et la qualité de l’information; • à assurer la convergence illimitée par le droit d’utiliser dans le Journal tout le contenu provenant des plateformes actuelles et futures de Quebecor et vice versa."

Allez y jeter un oeil, c'est encore une nouvelle manière de pratiquer le journalisme, avec cette fois un contexte inédit - quand des journalistes se donnent les moyens de continuer de poursuivre leur métier...

dimanche 25 janvier 2009

Ladurée + Swarovski pour une série spéciale Saint Valentin

J'ai eu le plaisir de découvrir (et tester ;) en avant-première la semaine dernière ces coffrets de macarons que lance Ladurée, évidemment à l'occasion de la Saint Valentin, "fête des amoureux" dénaturée par les commerçants ;). Du 10 au 14 février, la maison connue pour ses petites douceurs proposera en effet des coffrets un peu particuliers, intitulés Déclaration, avec un écrin purple fourni avec des cristaux Swarovski. Les clients pourront choisir parmi les 3 messages d'amour ("Love me", "Marry me ?", ou "In love soon"), puis les coller à leur guise sur l'écrin. La boite est garnie des traditionnels macarons de Ladurée - que mes camarades de bureau (et mon chéri) ont appréciés ;).

Une jolie opération marketing donc, avec un co-branding qui est loin d'être le premier pour Swarovski bien sûr... Ce qui est surprenant est que Ladurée ne vend même pas ces boîtes à un prix supérieur à ceux qu'il pratique d'habitude : ils propose cette boîte avec 8 macarons pour 14,10 €. je n'ai pas pu en savoir beaucoup sur les termes de leur partenariat ; en tous cas, ils ont dû sacrément réduire leurs marges pour monter cette opération...

Ladurée

En discutant avec l'attachée de presse, j'ai aussi appris que la marque commençait à s'étendre à l'international : elle a inauguré 2 boutiques au Japon (forcément, les Japonais raffolent de cette marque qui incarne le chic français... et Marie-Antoinette depuis le film de Sofia Coppola, dans lequel on apercevait des macarons), et s'apprête à en ouvrir une dans le quartier de La City à Londres.

Autre point intéressant, depuis son rachat par le groupe Holder (groupe lillois propriétaire des boulangeries Paul, entre autres), la marque continue d'étendre son univers - de façon assez risquée, comme j'en parlais déjà dans ce billet.

Ladurée 2 photos C. C.

Elle vient ainsi de sortir trois parfums, dont un à la vanille, et en cosméto, une poudre de riz avec houppette à la senteur de violette. Une déclinaison de la marque qui me laisse assez perplexe... Cete marque demeure toujours aussi discrète quant à ses chiffres - chiffre d'affaires, production, etc.

Petit scoop également : il y a quelques temps, Ladurée a tenté de lancer une boutique en ligne. Elle y a vite renoncé, car cela ne marchait pas, m'a avoué l'attachée de presse. De fait, le e-commerce permettrait à Ladurée, qui pêche par un réseau de distribution très faible (quelques boutiques à Paris, et 2 corners dans des Printemps parisiens), alors que le potentiel en régions est énorme. "Ladurée préfère maintenir un réseau de distribution réduit, pour continuer à garder une image de marque parisienne et exclusive", tente de justifier l'attachée de presse. Avant d'avouer que la voie e-commerce est encore à l'étude. A suivre...

Les suppléments de luxe ont la cote dans les médias

Même en temps de crise, le luxe est un secteur porteur ;). Depuis quelques années déjà, plusieurs quotidiens ont leurs suppléments "luxe", souvent une sorte de hors-série en papier glacé, destiné à attirer un maximum d'annonceurs, qui passe en revue les tendances éco, mode, création et conso dans ce secteur très particulier... Les Echos a ainsi son supp' trimestriel Série Limitée ; tout comme les hebdos professionnels CB News et Stratégies, et depuis quelques temps, la Tribune a aussi son supplément luxe.

Egalement, d'après mes infos, Les Echos va bientôt sortir un nouveau supplément série Limitée dédié au design.

L'exercice du supplément luxe commence même à séduire les journaux gratuits : la semaine dernière, ce sont les éditions A Nous (groupe Roularta) qui annonçaient le lancement en mars de A Nous Limited, un hors série haut de gamme, gratuit, consacré à tous ces produits "chics et trendy" commercialisés en série limitée. Le magazine aura lui-aussi un tirage (très relativement) restreint, avec 40 000 exemplaires seront distribués à Paris et 25 000 dans chaque autre ville où est présent l'hebdomadaire (Lyon, Lille, Marseille et Bordeaux). A Nous Limited ne sera pas diffusé dans ses endroits traditionnels mais uniquement dans des hôtels et des restaurants.

mardi 20 janvier 2009

Patricia Kaas (exclusivement) sur Vente-Privée.com, le Net comme voie de distribution (et de marketing) musical...

Une nouvelle technique marketing ? Un nouveau mode de distribution - ou un terrible aveu de semi-échec - pour les chanteurs en perte de notoriété ? L'initiative est plutôt surprenante, l'image m'a même fait bondir la dernière fois que je me suis connectée à Vente-Privée.com, en cherchant vaguement une bonne affaire sur le site ou une manière de faire les soldes (puisque je n'ai pas le temps de les faire dans les boutiques physiques en ce moment :l).

Bref, à 8 heures hier matin, je me connecte rapidement avant de partir au boulot, et sur quoi je tombe ? Sur ça :

P Kaas

Patricia Kaas propose, depuis ce soir 19h30, l'exclusivité de son dernier album sur Vente-Privée.com, qui plus est, son album est bradé soldé pour seulement 6 € . Sur un site de destockage en ligne, initialement réservé à des membres cooptés (un privilège tombé depuis longtemps en désuétude, puisque le site compte maintenant 7 millions de "privilégiés" ;).

Youpi, diront les fans de Patricia qui n'avaient pas apprécié (ou probablement même pas entendu parler de) la sortie uniquement numérique de Kabaret. Certes, cette stratégie de vente plutôt douteuse a probablement permis à la chanteuse de remplir ses caisses puisqu'à l'origine, il semblait que Sony ne jugeait pas le potentiel commercial de Kabaret suffisant pour justifier le coût d'une sortie physique. Je ne pense pas que la musique sorte grandie avec cet étrange partenariat avec Vente Privée (combien a-t-il allongé pour tenter de créer un coup se payer cette exclusivité ?). Même s'il s'agit là d'une tentative de coup marketing d'une chanteuse qui a fait preuve de talent dans les années 90, avec sa voix rauque (si si, j'aimais beaucoup le titre "Mon mec à moi"). Enfin, soyez rassurés : en Russie, l'album est déjà sorti sous forme physique il y a quelque mois, et Patricia Kaas y est une star, égérie d'une marque de cosmétique.

Une chose est sûre, les chanteurs intègrent de plus en plus Internet comme un mode de distribution et comme un support marketing pour leurs sorties d'albums. Quel album a été le plus téléchargé et/ou vendu en ligne l'année dernière ? Ghosts I-IV , de de Nine Inch Nails. Point de détail :c'est l'album qui s'est le mieux vendu sur d'Amazon en 2008, alors-même que Trent Reznor l'avait placé sous une licence Creative Commons pour autoriser son téléchargement et son partage sur les réseaux P2P.

"Au moment de sa sortie, les internautes pouvaient télécharger gratuitement les neuf premiers morceaux de l'album au format MP3 320 Kbps, avec livret PDF gratuit de 40 pages et autres goodies. L'ensemble des 36 morceaux étaient ensuite vendus ensemble sur Amazon pour 5 $ seulement. Partisan du partage de fichiers, l'artiste qui avait quitté Universal pour protester contre la politique de lutte contre le piratage menée contre ses fans avait mis lui-même les neuf premiers morceaux de l'album sur les sites de liens BitTorrent. Dès la première semaine, il a pourtant enregistré 1,6 millions d'euros de chiffre d'affaires", comme le précise le très informé Numerama.

dimanche 18 janvier 2009

Marketing de luxe '09

luxe duringer

A signaler en ce début d'année, où plus que jamais, dans un contexte économique morose, l'incertitude règne sur les tendances de consommation des ménages français...

Aborder ce thème en ce moment peut sembler un peu gonflé, mais il est intéressant sociologiquement (et évidemment, aussi pour les annonceurs - les hors-séries luxe des journaux quotidiens se portent très bien, d'après mes infos ;). René Duringer, veilleur - prospectiviste aussi talentueux que prolixe, a coordonné pour l'Ordre des experts-comptables une étude, "Tendances luxe 2009", dont il parle sur son blog.

Il l'introduit d'ailleurs ainsi:

" Si le luxe que nous connaissons en 2009, a été largement façonné par les goûts fantasques des cours royales de l'ancienne Europe, il est vraisemblable que les goûts des nouveaux donneurs d'ordre auront une forte influence sur l'ADN du luxe, sans compter la nouvelle vision du luxe de la prochaine génération qui va inclure des DNRV (Digital Native Very Rich)".

J'ai eu le plaisir de travailler avec René l'année dernière pour participer à cette étude sur l'entreprise en 2018.

L'étude sur le luxe est consultable , en format Scribd - pas forcément très pratique à lire sur PC, mais intéressant sur un laptop ou un ePaper.

Barack Obama a choisi son photographe officiel

Obama

Pour tout Président de la République, comme pour toute Première Dame, le choix du photographe officiel, est un choix éminemment politique. Il réalisera les photos dans diverses circonstances officielles, ou encore pour la presse magazine, et plus encore pour la fameuse photo officielle placardée dans les lieux publiques et politiques.

Comme j'en parlais déjà dans ce billet notamment, le choix du photographe people Philippe Warrin par Nicolas Sarkozy avait fait du bruit, tout comme Claude Gassian, celui de Carla Bruni...

Aux US, ça y est, le nouveau président Barack Obama a choisi le sien : il s'agit de Pete de Souza (54 ans), qui sera donc photographe officiel de la Maison Blanche sous sa présidence. Photographe indépendant il a travaillé pour le quotidien Chicago Tribune, pour lequel il a suivi les premiers pas d’Obama au Sénat. Mais il fut aussi photographe officiel sous… Ronald Reagan de 1983 à 1989. Preuve d'un certain conservatisme de Barack Obama ?

Cobranding The Kooples - The Great Frog

Un peu de légèreté en ce dimanche soir, je vais vous parler d'une marque que je ne connais pas en tant que "consommatrice" (modérée) de fringues, mais dont la stratégie marketing me semble assez maligne.

The Kooples, cette marque parisienne bohème-branchée- rock, a su faire jouer le buzz autour d'elle autour d'un concept assez original : vendre des vêtements portables aussi bien par un homme que par sa moitié féminine (et réciproquement ;) - une marque pour couples donc, comme le laisse entendre la sonorité de son nom... Stéphane racontait sur Blog de luxe les débuts de cette marque, qui compte déjà une vingtaine de boutiques en France.

Quelques mois après, elle franchit un nouveau cap en lançant une ligne de bijoux, à influence rock/ métal qui plaira sans doute aux lycées et jeunes adultes... Jolie opération ,avec une petite pointure dans le monde du bijou-rock, puisque la marque s'est associée à The Great Frog, atelier londonien célèbre pour ses collections pour Metallica ou Aerosmith... Forcément, il faudra y mettre le prix, avec par exemple les 2 joncs Tête de mort, l'un en argent, l'autre en plaqué or, pour 280 €...

lundi 12 janvier 2009

Divorces en ligne, mariages avec un avatar, et autres déboires de la vie virtuelle

Lu la semaine dernière, cet amusant papier dans Le Figaro, qui relate très sérieusement quelques cas récents de divorces (bien réels) à cause de "traces" qu'ont laissées en ligne des conjoint(e)s trop peu précautionneux...

Ce papier relate donc quelques exemples récents du divorce, dûs à une photo déplacée qui est malencontreusement restée sur le PC familial, des textos enflammés, des e-mails... D'ailleurs, des jurisprudences récentes ont émergé, pour encadrer ces "preuves informatiques" d'adultères éventuels. Bref, quelques dérapages pourraient désormais avoir des répercussions dans la vie réelle ;)

Cela m'a fait penser à des propos très intéressants que m'a tenus le psychanalyste et sociologue Serge Tisseron lorsque je l'ai interviewé sur les nouveaux sites de rencontres pour mon papier de VSD. Pour lui, les univers virtuels tels que Second Life deviennent un pays réel à part entière, où l'on cherche de nouvelles manières d'interagir avec l'autre.

avatars SL Les avatars SL des deux "époux virtuels"

Des univers virtuels étrangement très concrets, où le droit réel s'applique d'ailleurs. Vous avez peut-être entendu de cet exemple de cette jurisprudence américaine, où une épouse délaissée a obtenu le divorce de son mari... Car il avait épousé sur Second Life une autre "épouse" virtuelle, en fait une avatar ! La justice a estimé qu'il y avait "polygamie", en quelque sorte. Autre exemple étrange, celui de ce japonais, Taichi Takashita ,qui a intenté un procès à l'Etat, car il veut se marier avec une créature de manga. Il a même initié une pétition sur cela, pour que pour que les passionnés de manga puissent épouser officiellement leurs avatars.

jeudi 8 janvier 2009

Le (très intrusif) pass Navigo de la RATP dans le collimateur de la CNIL

Alors que la RATP se fait fort de bien faire savoir à ses usagers que la classique carte Orange avec ses coupons en carton n'a plus droit de cité, son passe Navigo à puce intégrée, qui la remplacera définitivement au 1er février, est déjà très contesté. Il était temps. Car ce pass doté d'une puce intégrée (au passage lisible "sans contact" - les informations contenues sur la puce peuvent donc être lues à distance par un agent de la RATP muni d'un lecteur ad hoc), avait déjà pour immense inconvénient de pouvoir stocker, outre les données de l'utilisateur (nom, prénom, adresse...) durant 48 heures, les date, heure et lieu de passage dans un fichier. Une ficelle assez énorme, dénoncée - en vain - par les associations et la CNIL depuis ses débuts.

Du coup, la Commission nationale informatique et libertés avait exigé que la RATP propose à ses clients un passe Navigo découverte, qui combine carte nominative de transport et carte à puce anonyme, lancé en 2007. Or, comme l'a révélé Le Parisien d'hier, la RATP n'a "jamais vraiment lancé" ce fameux Graal, le pass Navigo version anonyme. En fait, non seulement il coûte 5 € (je trouve le fait de devoir payer pour circuler de façon anonyme énorme et révoltant, mais passons...). Mais surtout, la CNIL a mené une opération inédite de testing, qui a démontré l'extrême mauvaise volonté de la RATP de proposer ce pass, entre "ruptures de stocks"et agents RATP ignorant les demandes... comme elle en fait part dans ce communiqué=416&tx_ttnewsbackPid=1&cHash=cdc6eba400].

Pire : la CNIL a reçu des plaintes récentes de bénéficiaires du RMI ou de l'ASS qui doivent obligatoirement souscrire au pass Navigo non-anonyme pour obtenir un titre de transport gratuit ou à tarif réduit auquel ils ont droit. Affolant. Bref, la possibilité de l'anonymat est déniée aux plus modestes. Voilà qui fait de la RATP une très bonne candidate à la prochaine session des Big brother awards...

Les nouveaux codes du flirt en ligne avec Come in my world (VSD)

J'en parlais déjà et , je me suis cette fois mise dans la peau d'une célibataire pour tester Come in my world, site de rencontres en 3D concocté par un service R&D d'Orange, pour le compte de VSD de cette semaine. Et oui, c'est bien moi sur la photo :)

VSD CimW

dimanche 4 janvier 2009

L'autoréduction, nouvelle forme de militantisme anti-conso ?

On en parlait au début des années 2000 de la décroissance, ou encore du No logo à la sauce Naomi Klein, les "bobo" faisaient leur apparition dans les nouvelles segmentations sociologiques...

En ce début de 2009, le contexte a bien évolué : début de récession, chômage qui grimpe, perspectives économiques préoccupantes... Parallèlement, de nouvelles formes de contestation sociales apparaissent : après les "décroissants" et les anti-pub, on a vu émerger de nouveaux collectifs : de chômeurs, de mal-logés, de jeunes ménages ne pouvant plus accéder à la propriété immobilière (avec le Collectif du "Jeudi noir", qui réquisitionnait des logements laissés vacants par des entreprises et institutions), de jeunes diplômés lassés des stages sans perspectives (Génération Précaire)...

Surtout, la baisse du pouvoir d'achat est devenu un sujet de contestations en soi. Au point qu'une nouvelle notion est apparue : celle d'autoréduction, "qui consiste pour un groupe d’usagers à imposer par la force une baisse du prix d’un produit ou d’un service. Elle peut aller jusqu’à la gratuité et prendre la forme de véritables pillages de supermarchés. Les autonomes, comme les anarchistes, parlent alors de 'communisme immédiat', c'est à dire sans phase de transition" , comme la définit Wikipedia.

Justement, j'ai assisté à scène surréaliste qui relevait de ce phénomène. J'avais hésité à bloguer dessus auparavant, faute d'informations sur le sujet. Mercredi 31 décembre, 17 heures, je me rends au Monoprix de mon quartier, au carrefour Ledru-Rolin. Là, scène surréaliste : une vingtaine de militants déploie dans l'escalier une pancarte dénonçant la perte de pouvoir d'achat pour les chômeurs. Bon. quelques clients s'excitent, je vois le directeur du Monop' passer, furieux (et je remarque sa cravate à fleurs de lys ;).

Quinze minutes après, je redescends, le ton monte : les caisses sont bloquées, les caissières ne sont plus en place. Des militants déploient des affiches avec des phrases-chocs, comme "C'est une autoréquisition qui est juste en ces temps de crise et qui permet aux précaires de fêter aussi le Nouvel An dignement." Je comprends au bout d'un moment qu'ils ont rempli leurs caddies, de saumon, foie gras, pâtes.. et veulent partir sans payer. Les militants ? Des jeunes précaires, des chômeurs notamment. Ils refusent de se rattacher à tout mouvement ou tout collectif, leur tract évoque juste "Les empêcheurs d'encaisser en rond". Résultat : une bousculade incroyable, une trentaine de flics débarquent, les clients patientent, plusieurs sortent en disant "ils ont raison, ces jeunes".

Ils ont ciblé sciemment l'hyper assez haut de gamme Monop', situé dans le très branché quartier de Ledru-Rolin, près de la place de la Bastille. Ce qui est intéressant est que ce mouvement est en train d'essaimer en rétgion, comme l'évoque cet article d'Eco89.

Et de fait, depuis, ils ont publié ce communiqué sur le Net, où ils précisent :

Treize chariots pleins sont sortis du magasin après des négociations tendues avec une direction qui a logiquement choisi de ne pas prolonger le blocage des caisses (perte de chiffre d’affaires) ou prendre le risque d’une intervention policière dans les rayons."

C'est une nouvelle forme de manifestation contre la perte du pouvoir d'achat, la précarisation grandissante chez les jeunes, leurs perspectives mornes... que l'on ne peut ignorer. En tous cas, plus prosaïquement, cela soulève de nouvelles questions juridiques : est-ce que cela relève du "vol", de l' "extorsion", alors que le directeur du Monoprix a laissé partir les militants avec leurs caddies pleins, comme le relate cet autre article ? A suivre...

foto militt Monop Photo C. C.

Colombani prépare le lancement de Slate en France

Slate

Et voilà. Une nouvelle équipe de journalistes s'apprête à lancer son projet de journal 100% web. Bakchich, Rue89, Mediapart, Arrêt sur images et e24.fr furent les gros projets de lancements de journaux web qui se sont concrétisés en 2008. Avec pour particularité que tous ces projets ont été lancés par des journalistes aguerris, issus de la presse papier. En ces premiers jours de 2009, c'est Jean-Marie Colombani, quelques mois après avoir quitté le Monde, qui se lance à son tour dans l'aventure.

Dans cet article des Echos daté du vendredi 2 janvier (en accès limité pour les non-abonnés... dommage que Les Echos ne choisisse pas d'ouvrir certains scoops comme celui-ci), mon confrère Emmanuel Paquette révèle que "JMC" s'apprête à lancer une déclinaison française du site d'information américain gratuit Slate, filiale du quotidien The Washington Post (qui l'a racheté en 2005), doit son succès à des analyses et des commentaires publiés par de grands spécialistes en politique, en économie et en culture.

Pour sa déclinaison française, le site mêlera la traduction de certains articles américains avec des analyses de spécialistes français. Entièrement financé par la publicité, le site vise quelques centaines de milliers d'euros de chiffre d'affaires pour sa première année d'activité.

Par ailleurs, Eric Leser, ancien correspondant du Monde à New York, Eric Le Boucher, par ailleurs directeur de la rédaction du mensuel Enjeux Les Echos et ancien du Monde, l'économiste Jacques Attali et Johan Hufnagel, ancien rédacteur en chef du site 20 minutes, seraient aussi partie prenante du projet, d'après l'article d'Emmanuel. Slate.fr, initialement prévu pour le 17 janvier, doit être lancé courant 2009, ses fondateurs français ayant quelques difficultés à boucler leur tour de table, précise aussi l'article.

A lire aussi cet intéressant article à ce sujet sur Eco89 (la déclinaison éco de Rue89, lancée il y a quelques semaines, comme j'en parlais dans cette note), où l'on apprend que Slate était initialement leur partenaire. On peut ne pas partager entirèement le point de vue de Pascal Riché, en tous cas cette phrase me semble très juste :

les nouveaux médias n'ont réinventé ni la poudre, ni l'information: ils se contentent, en tâtonnant souvent, de l'adapter aux nouveaux outils et aux nouveaux usages.

Juste, parce qu'elle s'applique tant aux initateurs de ces nouveaux projets de journaux web, qu'aux journalistes et dirigeants de titres de presse écrite qui tâtonnent, pour trouver de nouveaux services à proposer sur les déclinaisons web de leurs titres...

101 sources Vendredi

"101 sources Internet pour s'informer autrement". Source : Vendredi

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