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lundi 2 avril 2018

Prêts à quitter Facebook, vraiment ? (De notre dépendance numérique)

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#deletefacebook. En quinze jours, c'est devenu un des hashtags les plus populaires. Pour beaucoup d'internautes, ça y est, "il est temps de partir", en suivant le conseil d'une poignée de gourous de la Silicon Valley, tel Brian Acton, le co-fondateur de WhatsApp, qui publiait la semaine drnière sur Twitter "Il est temps. #deletefacebook."

Pourtant, l'automne dernier, la Silicon Valley bruissait de mille rumeurs quant à une possible candidature de Mark Zuckerberg à la présidence des Etats-Unis en 2020. Rien de moins. Aujourd'hui, le fondateur de Facebook bataille pour prouver qu'il est capable de diriger une des plus importantes sociétés cotées en Bourse - ou que ses 2,1 milliards d'utilisateurs dans le monde doivent continuer à faire confiance à son entreprise. Avec l'affaire Cambridge Analytica, selon laquelle une société britannique ayant activement participé à la campagne électorale de Donald Trump a tranquillement récupéré les données de 50 millions d'utilisateurs de Facebook (voire 87 millions, aux dernières nouvelles, à voir la fin de ce billet publié par Facebook)) par des moyens suspects, le réseau social est plongé dans une crise de confiance sans précédent. Y compris chez les investisseurs: en quelques jours, il a perdu près de 10% de sa valeur en bourse

Abandonnistes

Path

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Alors, ce n'est pas la première fois: il y a eu des précédents, comme en 2010, lorsque la création du service de géolocalisation par Facebook, Places, a fait polémique. Certes, il y avait eu un mouvement d'abandonnistes de Facebook qui avait émergé. et des sites alternatifs, tels Diaspora (ce site "anti-Facebook, "plus respectueux de la vie privée" lancé en 2010), Places (oui, il existe toujours), Ello, ou Mastodon, né l'an dernier), vite oubliés depuis.

Cette fois-ci, la flambée serait-elle assez importante pour en amener certains à quitter totalement Facebook ? Déjà ces derniers mois, il y a eu les débats sur la propagande et les fake news, face auxquels facebook semblait bien silencieux. Maintenant, les consommateurs prennent conscience des risques qu'il y a à livrer leurs données à un géant du numérique OU une controverse de plus qui montre que leur réseau social préféré laisse d'autres recueillir leurs données personnelles, et viole - peut-etre - leur vie privée.

Non non, bon nombre d'entre eux, d'entre nous se réconcilieront avec Facebook, et y retourneront, comme nous l'avons fait lors des flambées précédentes. Même si, c'est promis, il prendra toutes les précautions. En dix ans - une éternité - depuis la popularisation de Facebook dans l'Hexagone, à l'automne 2007 - nous avons développé une étrange relation avec ce réseau social, tiraillés entre une dépendance (affective) absolue et un rejet, qui nous rend accros. Tout en sachant que ce n'est pas bon pour nous, comme la clope, le chocolat ou d'autres sources d'addictions.

Comme d'autres médias, tels la télévision ou la radio, le média Facebook s'attache notre dépendance par les gratifications qu'il apporte - illusion d'une compagnie, multiplicité d'informations à picorer, relaxation.... Mais Facebook a été le premier média "social", à fournir des outils et méthodes clés en main d'une efficacité diabolique, pour développer notre "sociabilité" (ou popularité) numérique. Et donc nous rendre inéluctablement accros. En reproduisant des schémas psychologiques classiques.

Maintenir son réseau

De façon plus informelle que Linkedin, plus interactive que feu hi5, lorsqu'il est apparu en France en 2007, Facebook était une des premières plateformes qui permettait de se créer un réseau social informel, où des petits outils créaient des interactions, pour renforcer nos liens (virtuels) avec nos "amis" numériques. Le fait de cliquer sur le bouton "J'aime" (un pouce en l'air, comme dans les arènes de gladiateurs jadis), de commenter des photos d'amis (ah, l'époque où le moindre contact sur Facebook postait ses photos de famille ou d'enfants), de les identifier (les "tagger") dans des photos de soirées, ou envoyer des "pokes" (une de ces pratiques sociales propres à Facebook tombée en désuétude) permettait d'amplifier ce fragile "lien social" virtuel créé. Des contacts bien éphémères, de minuscules marques d'intérêt envers des "contacts" Facebook que l'on connaissait parfois à peine dans la vraie vie (IRL).

Et plus incroyable encore, il offrait enfin l'opportunité de tisser une multitude de liens, d'avoir des brassées de nouveaux "amis" virtuels jamais rencontrés dans la raie vie). Comment se résoudre à perdre cette multitude de contacts accumulés virtuellement ces années, en effaçant son profil Facebook ?

Et son "capital social"

Plus vous êtes actifs sur les réseaux sociaux, vous vous géolocalisez (dans les aéroports par exemple), ou postez des photos ou statuts flatteurs, plus votre valeur sociale (pour paraphraser Bourdieu) augmente. Vous êtes disponible, ouvert, pour un nouveau job sur Linkedin, renouer avec des amis d'enfance sur Copains d'avant. Mécaniquement, au fil des années, on a développé une dépendance à cette popularité numérique, la nécessité de façonner cette e-réputation (comme on disait il y a quelques années ;), qui dope l'estime de soi.

Certes, au fil des années et de leur apprentissage aux réseaux sociaux, chacun a appris à partager avec prudence des infos personnelles sur Facebook. La plupart ont banni les photos d'enfants ou réflexions trop personnelles. Mais il est devenu irrésistible de façonner son soi idéalisé: en affichant à quel concert ou quelle expo nous sommes allés, dans quelle destinations idyllique de vacances (avec une multitude de photos à l'appui), quelle cause nous soutenons, à quelle manifestation nous soutenons, ou quelle injustice nous révolte. De cette manière, nous "gérons" notre image numérique.

Laquelle est approuvée, notée par les autres, au fil des Likes, smileys, commentaires et partages.

Validations sociales

Car on ne peut plus passer de ces multiples signaux de notre existence - et popularité - numérique, la même popularité que l'on recherchait dans la cour de récré à l'école. C'était la grande nouveauté des réseaux sociaux et des blogs, dans la lignée des forums de discussions (rappelez-vous les Yahoo! Groups) au début des années 2000: chacun pouvait prendre la parole en direct dans d'immenses agoras virtuelles, au fil de tweets, de statuts ou d’un billet de blog détaillé, participe aux débats du moment. Au fil des années, nous sommes devenus dépendants de ces interactions virtuelles, ces petits signaux qui traduisent des validations externes - notre besoin fondamental de nous sentir aimés.

Stalking et Fear of missing out

Facebook nous a aussi confortés dans un autre comportement universel, plus pervers: l'art d'épier les autres, dissimulés derrière des rideaux numériques, l'écran de nos ordinateurs. Bienvenue dans le stalking, la possibilité d'espionner les autres (son meilleur ennemi, son ex...) en regardant les bouts de vie numérique qu'ils livrent sur leurs walls Facebook.

Ce besoin trivial, primaire, de surveiller les autres, quitte à perdre du temps en cherchant leurs traces numériques sur Google; a été savamment entretenu par les réseaux sociaux.

Ce même besoin psychologiques nous soumet au FOMO (fear of missing out), la peur de manquer quelque chose, entretenue par la réseaux sociaux, dont je parlais déjà dans ce billet en 2014 (qui m'avait alors valu d'être plagiée par Le Nouvel Obs, la gloire ;) Une nouvelle peur qui est née avec les premiers smartphones (remember, le premier iPhone a été lancé en novembre 2017), où l'on a pris l'habitude de consulter plusieurs fois par jour Twitter et Facebook - comme de véritables fils d’informations, nourris en contenu par les commentaires, photos, et autres contenus, postés au fil du temps. Il y a quelques années, un ami, Stan, me disait avec angoisse qu'il avait "peur de louper quelques chose sur Twitter". Et que, "comme allumer la radio", il y jetait un oeil durant quelques minutes, de temps en temps.

Twitter et Facebook sont devenus des sortes de fils d'infos en continu, où nous pouvons surveiller le déroulé de la vie de nos contacts, et de la vie tout court.

Alors, serions-nous prêts à renoncer à tout cela ? Nombre d'articles ont listé ces derniers jours la masse de données que Facebook a amassées sur nous en quelques années, archivage géant de notre mémoire privée et publique. Et tous ces souvenirs virtuels de notre "nouvelle vie" numérique qui risquent de s'évaporer.

mercredi 10 décembre 2014

"Men, women & children", liaisons dangereuses par écrans interposés

Cela commence par ces plans de foules, dans le métro, dans la rue, dans un centre commercial, dans une cantine de lycée, où se superposent des images d'écrans - des extraits de tweets, de chats, puis plus tard, de pages Facebook. Ces enchevêtrements de mots parfois très intimes des personnages du film qui tweetent, textotent, hésitent en écrivant des des messages sur Facebook. C'est le cœur du film, une de ses originalités. Ces images frappent déjà dans la bande annonce, il faut y voir une manière nouvelle, qui casse les codes du cinéma classique, de mettre en scène notre société numérique. Au passage, on notera cette mode, sur les affiches de films - dont du nôtre, évidemment - de citer des tweets en lieu et place des extraits de critiques de films classiques.

Dans Men, women & children, sorti en salles mercredi 10 décembre, Jason Reifman esquisse un état de lieu désenchanté des effets de la culture Internet sur la société d'aujourd'hui. On y voit des extraits de la vie - trop - numérique sur des habitants d'une banlieue pavillonnaire américaine. Un brin moralisateur, Jason Reifman est tenté de laisser entendre que ses personnages sont en partie malheureux à cause de cette vie numérique. Un peu facile, certes. Le pitch donc: un ado accro au porno en ligne, ce que son père (lui aussi adepte des Youporn cheap ;), découvre en se connectant à son ordinateur dans sa chambre, un autre ado accro aux MMORPG, ces jeux vidéo multijoueurs en ligne, une jeune fille qui suit de trop près les conseils de sites "pro-ana", une mère parano adepte du cyber-espionnage de sa fille, une autre mère qui, elle, met en ligne des images aguichantes de sa fille adolescente...

Le réalisateur illustre ces faits de manière très concrète: la mère qui flique littéralement sa fille (avec son consentement) en la géolocalisant sur son smartphone, en parcourant régulièrement sa page Facebook et son profil MySpace, et même les tréfonds de son ordinateur, l'ado anorexique qui se fait conseiller sur un forum pro-ana lorsqu'elle est tentée de manger...

Ultra moderne solitude "sociale"

De manière assez classique au cinéma (un peu à la manière de l'excellent Short cuts de Robert Altmann), on y voit donc une multitude de vies, d'histoires, qui s'entrecroisent. Avec un point commun, le sujet du moment, le Zeitgeist dont Jason Reifman tente de s'emparer: les conséquences du tout-numérique, où comment les réseaux sociaux multiples (Twitter, Facebook, les réseaux de gamers adeptes des MMORPG, les sites de rencontres...) son devenus omniprésents dans nos vies. Au point de créer de nouvelles formes d'ultra moderne solitude que dénonçait Alain Souchon, et nos difficultés à communiquer avec ces réseaux sociaux qui nous isolent autant qu'ils nous connectent partout dans le monde.

On avait déjà vu Jason Reifman faire dans la satire féroce (super Thank you for smoking) ou l'analyse sociologique un peu gnangnan (l’ambigu Juno, ou le désir de maternité d'un adolescente), il fait de nouveau dans l'analyse sociétale. Un peu simpliste et cliché. Avec, pèle-mêle, l'ado en proie à se fantasmes à la sauce Youporn, un autre ado isolé par son jeu vidéo... Sans compter les parents quadras las qui trouvent de nouveaux moyens - sur ce maudit Web, toujours ;) - pour contourner leurs frustrations de couple, soit ces nouveaux sites de rencontres extraconjugales - on note au passage le placement de produit sur mesure qu'offre Jason Reifman au site Ashley Madison, qui a tenté son lancement en France avec un coup de pub provoc'.

Si l'ironie des débuts du film cède ensuite le pas à une romance plus sage, ce qui m'intéresse ici est la manière innovante dont Reifman tente de narrer les affres de notre nouvelle société numérique, rythmée par les Twitter, Instagram, Facebook, YouPorn, et autres Tinder. De rares fictions ont mis en scène jusqu'à présent ce tournant : cela a surtout été le cas de films d'anticipation, comme le remarquable Her de Spike Jonze (que je chroniquais ici), ou, dans une certaine mesure, la série Real Humans.

Texto sur grand écran

Alors, comment représenter en images ces nouvelles manières qu'ont les êtres humains de communiquer entre eux?__ Que faire du texto à l’écran ? Comment l'intégrer le texto dans une fiction ? Après tout, rien qu'en France, on envoie en moyenne 8 sms ou mms par jour, et même jusque 80 pour un adolescent. Le classique champ-contrechamp ne suffit plus. Pour représenter cette société où l'on a nos regards fixés sur les écrans de nos téléphones, tablettes et ordinateurs, Reifman ouvre donc Men, Women & Children avec cette superbe scène de foule avec en "nuage" ces mini-écrans de textos et messages sur Facebook que s'envoient les personnages. Un gadget visuel qu'il abandonne au bout d'une bonne demi-heure, mais qu'il a donc été un des premiers à tenter dans une fiction.

Le texto en surimpression, on l'a déjà vu, notamment, dans le film politique L’exercice de l’Etat (Pierre Schoeller, 2011), ou encore la série politique Les hommes de l'ombre (France 2, 2013/2014). On le vit ensuite dans la série House of cards de Netflix, ainsi que la série britannique Sherlock (2010) de la BBC. Au passage, une fois de plus, la surimpression du texto permet de faire du placement de produit: non plus simplement la pomme d’Apple, mais une interface, celle de l'iPhone, désormais familier à tous, décidément entré dans notre quotidien.

lundi 20 octobre 2014

7 ans avec mon iPhone

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C'était le 27 novembre 2007: les premiers iPhone étaient mis en vente en France. J'ai eu la chance de pouvoir tester, ces premiers jours, un de ces étranges appareils "combinant un téléphone, un baladeur iPod et un terminal internet" (comme on disait à l'époque), sous Edge, et où on pouvait accéder à des contenus et services en effleurant du doigt des applications mobiles.

Quelques mois avant, Steve Jobs présentait l’iPhone à un parterre de journalistes médusés, laissant entendre qu’il allait présenter trois produits différents, un pour naviguer sur le web, un autre pour lire de la musique et un autre pour téléphoner, avant de préciser qu’il parlait bien d'un seul et même appareil : l’iPhone.

Bien sûr, en l'absence d'AppStore, cet iPhone "1" ne pouvait pas encore profiter des jeux ou des applications tierces, et arrivait juste avec les applications que Apple avait pré-installées dessus. Au fil des années, Apple a intégré à ses appareils la 3G, un GPS, une caméra, l'écran Rétina, un programme d'assistance à reconnaissance vocale (Siri), un lecteur d'empreintes digitales...

Mais ce qui est fascinant est que avec ce premier iPhone, il y a (seulement) 7 ans, j'ai découvert peu à peu des nouveaux usages, qui sont déjà entrés dans notre quotidien. Au point qu'on a du mal à se rappeler comment était notre vie "avant". Ca faisait quoi de pouvoir lire ses mails uniquement sur son PC ? C'est devenu tellement naturel. L'iPhone a façonné une multitude de nouveaux comportements. Lui, puis tous les smartphones suivants, ont rendu notre vie réellement numérique, à portée de main, dans notre poche, et plus seulement sur l'ordinateur posé sur le bureau.

Ecran tactile, apps, réseaux sociaux mobiles

L'iPhone était le premier appareil de geeks pour le quidam. Plus besoin de manuel, autant pour la phase de démarrage que pour son utilisation, tant il était intuitif, avec un design d'interface facile à utiliser et rassurant, et joli. L'Apple touch, comme sur les Mac.

Déjà, il y a eu l'écran tactile, grand, tout lisse, sans clavier, où on adresse des commandes non plus en appuyant sur des touches physiques, mais en l'effleurant. Plus de touches pour taper des SMS ou composer un numéro - touches que j'avais connues toute ma vie, du Minitel au PC - mais un "clavier virtuel" qui s'affichait en bas de mon écran. La révolution: en 2007, il n'y avait que quelques start-ups et Microsoft avec sa table tactile Surface qui testaient déjà ce nouveau mode d'interaction avec une machine. La commande tacite, prémisse à la commande gestuelle, puis vocale...

L'iPhone c'était aussi la naissance des applis mobiles, ces petites icônes qui permettaient d'accéder à un contenu ou un service en effleurant l'écran. C'est grâce à elles que l'iPhone est devenu un couteau suisse, avec une multitude de fonctions. Des applis bien plus ergonomiques et légères (y compris en consommation de datas) que les sites web pour mobiles: une aubaine pour tous les médias et marques qui se sont tous mis à créer furieusement leurs "apps" à partir de 2007. Et bien sûr, la pépite pour Apple, c'est son Appstore, et son diabolique système où il prélève une commission de 30% sur les apps payantes vendues.

Mais attention, on est peut-être cool mais (très) prudes chez Apple: pas question d'accepter des apps "pour adultes" dans son univers, comme l'a rappelé Steve Jobs en son temps...

Des applis, par ailleurs, à partir desquelles le mobinaute a pu, peu à peu, faire des m-paiements en ligne, donc directement depuis son smartphone, depuis ses billets de train sur Voyage-Sncf à des vêtements sur Vente-Privée.com.

Avec cet Appstore, la marque à la pomme a pu populariser son autre pépite: iTunes, et un mode d'achat dématérialisé de musique à l'unité, au morceau: des singles numériques en quelques sorte, facturés 99 centimes d'euro par morceau. Car si 'iPod l'avait lancé, c'est bien avec mon iPhone et son iPod intégré que j'ai encore plus pris l'habitude d'écouter - et d'acheter - de la musique directement depuis mon smartphone. Une facilité - là encore sans devoir allumer mon PC - qui m'encourageait à des achats compulsifs de titres et d'albums.

Bien avant les objets connectés, Apple a aussi inventé, avec ces apps, des trackers d'activité qui permettent de récolter une multitude de données sur nos comportements - et nous suivre à la trace. Les marques adorent. Au passage, "Ces apps sont une part de la gamme des trackers d'activité destinés à aider les gens à collecter des datas et informations sur leurs goûts et leurs vies, les analyser, et théoriquement, les changer", rappelle dans cet article le New York Times.

L'autre révolution de l'iPhone, c'est qu'il a rendu les réseaux sociaux mobiles. C'est lorsque Twitter est apparu en version mobile, et surtout avec des "clients" (des apps dédiées), tel Echofon, que l'utilisation de Twitter a explosé. Logique: on pouvait enfin tweeter, retweeter, lire son "fil" de tweets en temps réel - et en permanence. Facebook aussi a connu une seconde vie lorsqu'il a été transposé sur mobile.

Culture du zapping, déconcentration et phubbing

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Donc, l'iPhone a façonné une multitude de nouveaux usages, de nouveaux comportements dans notre quotidien. Il a créé le marché du smartphone, cet appareil sur lequel téléphoner est devenu secondaire: avant tout, on a pris l'habitude de surfer sur Internet, de meubler chaque temps d'attente. On s'occupe les mains et l'esprit, on se donne une attitude, comme avec la clope naguère. Regarder ses mails, surfer sur les sites d'actualités, jouer les stalkers à propos de ses connaissances sur Facebook, prendre le pouls de la vie sur Twitter, jouer bêtement au 2048... tout en écoutant de la musique. L'iPhone a généré une foule de micro-activités, qui permet à chacun de se créer sa bulle perso aussi bien dans la file d'attente de la Sécu que dans le métro.

Il a changé mon quotidien. Quand je me réveille - au son du réveil de mon iPhone, bien sûr - premier réflexe, avant de me lever, je regarde machinalement mes derniers mails, et je prends "un shoot de tweets", comme se moquait mon mec. De fait, comme le révélait une récente étude de l'institut Deloitte, 17% des mobinautes utilisent leur téléphone dès leur réveil, et même 27% dans les 15 minutes qui suivent.

Il a changé ma vie (pour le meilleur?) avec une multitude de petits services révolutionnaires, au gré des apps que j'ai téléchargées, depuis mes débuts avec lui: Google Maps pour me repérer dans la rue avant mes rendez-vous, Shazam pour "shazamer" (identifier) un titre de musique en cours de lecture... J'ai pris l'habitude d'être joignable en permanence par appels vocaux, SMS, mails, tweets et notifications diverses.

Mais depuis que j'ai vu, en début d'année, le brillant exercice d'anticipation de Spike Jonze, "Her", où un écrivain esseulé tombe amoureux de son assistant vocal intelligent, je me rends davantage compte de la manière dont j'utilise mon téléphone.

En petit-déjeunant, en regardant la télé, et même en discutant, ou en prenant un verre, j'en viens à le sortir machinalement, et caresser ce nouveau doudou, au risque de faire preuve d'une nouvelle impolitesse de notre ère numérique, le "phubbing", comme j'en parlais ici (je suis d'ailleurs ravie d'avoir inspiré ma consœur du Nouvel Obs ;). Je suis aussi souvent distraite par les multiples vibrations et pings venus de mon iPhone : la faute aux apps dont j'ai activé les systèmes d'alertes: alertes médias, "pings" de notifications de mon nom dans des posts Facebook ou tweets, sans compter les SMS.

Parfois, je sature. Je sens le besoin urgent de déconnecter, alors qu'être injoignable est devenu un luxe, dont pour la nouvelle caste des "déconnectés volontaires". Le smartphone a créé une nouvelle forme de zapping, où on lit des articles plutôt court (adaptés à l'écran du smartphone), et on passe d'appli en sites différents. Encore plus au gré des liens que l'on butine sur les réseaux sociaux. Depuis que je suis utilisatrice (très) régulière de mon smartphone, spontanément, je ferais moins l'"effort" de lire des articles longs ou des livres d'une traite. La concentration sur un temps long n'est plus habituelle, déjà à cause de Google, comme le soulignait déjà en 2008 Nicholas Carr dans son article Is Google Making Us Stupid?

Comme dans "Her", dans les transports en commun, je vois une multitude de gens seuls avec leur smartphone, dont ils fixent l'écran en le "scrollant" (le faisant défiler) à toute vitesse, ou semblent parler tous seuls d'un ton enjoué: souvent parce qu'ils téléphonent avec le mini-casque audio intégré, parfois parce qu'ils utilisent l'assistant vocal Siri. Comme le démontre le New York Times, le smartphone (et les réseaux sociaux), des outils de communication, ont accentué la solitude de leurs utilisateurs.

dimanche 18 septembre 2011

"Sexe entre amis", "comédie romantique" version 2011 avec néo-yuppies

Une "comédie romantique" en version 2011 avec des néo-yuppies qui baignent dans la technologie - et l'omniprésence des marques : ce pitch de Sexe entre amis, sur les écrans depuis 10 jours, justifiait en soi que je parle ici de ce film, un des succès attendus au box-office.

Au premier degré, il reflète la conception qu'a désormais Hollywood des comédies romantiques. Plus de prince charmant classique ici, ni même de mari rêvé ou d'amant, il est remplacé par le "sex friend" ou "fuck buddie", le bon pote - amant occasionnel dans une situation réaliste assumée et encadrée par les deux parties.

Le prince charmant remplacé par le "sex friend"

Plus tôt dans cette année, Sex Friends mettait en scène Natalie Portman et Ashton Kutcher dans une intrigue similaire, tout comme dans Love & autres drogues ou encore Mes meilleures amies. La question qui taraude le spectateur n'est plus "Vont-il coucher ensemble?", mais "Vont-ils se mettre en couple?". En clair, "Hollywood semble avoir troqué le mythe du prince charmant contre le cliché du “sex friend", comme le résume Diane Lisarelli dans Les Inrocks, qui m'a devancée avec ce papier.

En tous cas, ce film emprunte à outrance certains codes des blockbusters: esprit de compétition des protagonistes, mère de l'héroïne déjantée tendance cougar, patriotisme à peine voilé, sans compter des placements de produits à outrance (j'y reviendrai).

Comédies sentimentales ringardisées

Ce qui est amusant est que ce film bat joyeusement en brèche les "anciennes" comédies sentimentales, reléguées au rang d'antiquités. Au début, à quelques secondes avant sa scène de rupture, un des personnages cite Pretty Woman comme son film-culte: la référence en comédie romantique hollywoodienne des année 90, où une Cendrillon prostituée sera sauvée par un prince charmant milliardaire - ça tombe bien.

Dans Sexe entre amis, Mila Kunis l'affirme, “Je ne crois pas au cliché hollywoodien du grand amour”. Dans une séquence - assez cliché - des deux potes qui regardent une vieille comédie romantique en buvant une bière, Justin Timberlake se moque de la musique de fin de film, "vouée à nous satisfaire avec une happy end censée rattraper la médiocrité du film". Le genre de scène que l'on retrouve souvent dans les séries TV américaines, comme dans "Beverly Hills 90210", où Kelly et Brandon visionnent (en bons potes) Casablanca - la quintessence du drame romantique avec une femme fatale pour héroïne.

Néo-yuppies surconnectés

Autre aspect que j'ai trouvé passionnant, la photographie de notre génération (génération Y ?) qu'il offre, forcément en version plus glamour. Nos deux "sex friends" sont des néo-yuppies des années 2010: ils ont des jobs branchés (lui devient directeur artistique pour le magazine GQ - magnifique placement de produit dans le film au passage ;), des apparts immenses (la crise immobilière ne semble pas exister à New York)...

Surtout, ils sont surconnectés, et donnent l'impression de passer d'écran en écran, entre smartphones, téléviseur, écran de PC et tablette. Ce que reflète le montage du film, très rapide, où l'on a l'impression de zapper d'une séquence à une autre. Justin Timberlake visualise les pages du prochain numéro de GQ sur écran (Sony) ou sur iPad (Apple), réserve expressément des billets d'avions pour son amis (sur smartphone Sony Xperia), elle assure son job de chasseuse de tête en négociant avec ses clients par visioconférences... Sans compter les échanges de SMS sur mobiles. Sony a lui aussi droit à de maaagnifiques placements de produits (toute une galerie). Même le générique de fin se veut un clin d'œil à notre génération surconnectée: il défile de gauche à droite, par glissement des écrans, que des doigts font glisser ou agrandissent, comme sur un iPhone ou un iPad...

dimanche 28 février 2010

"Le chemin qui menait vers vous", premier roman-feuilleton pour iPhone

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(Les deux co-auteurs dudit roman... Eh oui, je leur ai fait prendre la pause ;) Crédit photo : C. C.

Un roman diffusé exclusivement sur l'iPhone, sous forme de feuilleton, par épisodes téléchargeables, interactif (donc ouvert aux commentaires), qui plus est écrit à 4 mains : il fallait oser. Dans une période où l'on est en plein bouillonnement créatif, avec de nouveaux contenus, de nouveaux formats qui émergent à l'heure de l'iPhone, des Readers, tablettes (et bientôt l'iPad....) et autres supports nomades, cette initiative ne pouvait pas passer inaperçue.

Il y a certes quelques précédents : des applis iPhone, comme Reader ou Stanza, permettent déjà de télécharger et lire des eBooks sur iPhone. Des start-ups s'essaient aussi au jeu du récit-feuilleton pour iPhone, que ce soit en BD (comme je l'évoquais dans ce billet), ou en diffusant des romans initialement "papier" sur iPhone, comme le propose SmartNovel avec des auteurs tels que Marie Darrieusecq.

William Rejault vient de publier avec Laurent Lattore, "Le chemin qui menait vers vous", un roman-feuilleton, donc, diffusé exclusivement par iPhone, via cette application. La story : un récit d'anticipation, situé en 2017, où la France vis un semi-chaos, alors que Nicolas Sarkozy vient de décéder, et que la pénurie d'essence et d'électricité (et donc de transports, d'Internet...) a contraint les populations à s'adapter. En fait, les co-auteurs ont été démarchés par la start-up Blüpan, un éditeur d'application pour iPhone, qui voulait, du même coup, lancer son appli idoine(et s'offre un joli coup de pub à cette occasion ;). Si William Rejault, initialement blogueur (initialement infirmier, il est auteur du blog Ron l'infirmier), qui vient de rejoindre LeFigaro.fr, a surtout une expérience d'auteur "classique" ("La chambre d'Albert Camus", ed. Privé, "Quel beau métier vous faites", documentaire "Maman est-ce que la chambre te plaît", et un "roman de gare" à paraître en septembre), l'exercice n'était pas pour lui déplaire.

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A la différence des manuscrits classiques, rendus intégralement à l'éditeur avant publication, là, les auteurs écrivent au fur et à mesure. "Nous avons le début et la fin du roman, deux/trois épisodes, et la trame générale. Nous nous retrouvons chaque démanche pour préparer un des épisodes à paraître", m'expliquait cette semaine William Rejault.

Roman-feuilleton pour iPhone... et pour iPad (et plus si affinités...)

La lecture de ce roman-feuilleton particulier (avec au compteur 20 000 téléchargements, d'après les auteurs) est une expérience en soi : pour ma part, j'ai trouvé un peu déstabilisant de lire les chapitres sur le petit écran d'iPhone. Le récit (passionnant et accrocheur, on se laisse facilement prendre par l'histoire) perd un peu en fluidité avec cette lecture hachée induite par le petit format de l'écran. Il faut souvent faire défiler les pages (l'aime bien le bruit de la page "papier" tournée, à chaque page), chaque épisode représentant environ 10 minutes de lecture. Ce qui est passionnant est que cela induit de nouvelles formes de lecture : dans le métro, les transports en commun, durant des temps d'attente...

Une autre des grandes nouveautés : les auteurs revendiquent une écriture interactive ! Dans une véritable logique de crowdsourcing / co-création, ils se nourrissent des commentaires des lecteurs, tant sur le fond que sur la forme. Avec parfois un esprit critique impitoyable, que ce soit pour pointer les erreurs factuelles du roman ou le style (comme sur les "cliffangers", concept issu des séries télé, avec des chutes à suspense de fins d'épisodes censés servir d'accroche pour l'épisode suivant).

De fait, en testant l'appli iPhone, outre les chapitres, une fonctionnalité "Partage" permet de laisser son avis, que l'on envoie par mail vers le site, ou que l'on laisse sur la page Facebook dédiée, ou sur le fil Twitter.

Une autre innovation me semble intéressante : le concept de roman co-écrit à 4 mains, inhabituel dans les romans. Indéniablement, le format d'épisodes interactifs facilite l'exercice. Mais comment empêcher que le style d'un des auteurs n'empiète sur l'autre, et éviter toute guerre des égos (j'ai connu cela moi-même avec un co-auteur potentiel ;) ? "Parfois, le style de William ressort, à d'autres moments; il s'efface derrière nous. Car le principal, pour nous deux, reste de porter le livre, l'histoire. Souvent, l'un écrit un épisode, le deuxième rajoute, réécrit avec ses propres éléments par-dessus", estime Laurent Lattore.

Le business-model est simple : un nouvel épisode est publié en moyenne une fois par semaine sur l'AppStore d'Apple.Les 6 premiers sont gratuits,puis le lecteur paiera 0,79 centime d'euro par pack de 3 épisodes. Avec un total de 30 épisodes, "cela reviendra à 7,90 €au lecteur", précise William Rejault. Le prix d'un livre de poche, l'interactivité et la "portabilité" en plus, pour résumer...

Le vrai enjeu derrière tout cela, bien sûr - les co-auteurs l'avaient en tête dès le début du projet - sera la déclinaison de ce roman-feuilleton sur d'autres supports mobiles. Avec au premier chef, bien sûr, la tablette iPad d'Apple (sur laquelle les applications iPhone sont parfaitement compatibles). Parce que le format, plus grand, se prête davantage à la lecture numérique. Et du coup, la mise en page va gagner en esthétique : ils prévoient déjà d'insérer des illustrations, des photos, pour la version iPad de leur roman.

Autre aspect, qui est loin d'être accessoire : "c'est notamment la technologie qui nous a permis d'être publiés",estiment les deux auteurs. En clair, ces nouveaux supports, émancipés des circuits classiques des maisons d'édition, pourraient constituer un nouveau circuit pour des auteurs d'un nouveau genre.

Màj : merci à Owni, ElectronLibre, et Lsdi (Italie) pour les reprises :)

mercredi 24 février 2010

Les ados américains dopés à l'Internet non-stop

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Source image : Flickr/Louise Merzeau (sélection officielle du Mois de la Photo, Paris, 2008)

Les ados d'aujourd'hui seraient-ils des (futurs) drogués aux écrans ? Je ne parle pas des écrans télés, qui était la drogue des ados de ma génération - et qui serait en passe de devenir has-been aujourd'hui. Non, je parle des écrans d'ordinateurs, laptops, netbooks et autres smartphones.

Encore la semaine dernière, cette étude de Pew Internet and American Life Project a beaucoup fait jaser (et gazouiller ;) sur le sujet. D'après celle-ci, les ados américains délaisseraient les blogs au profit des réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter : seulement 14% déclarent avoir blogué en 2009, alors qu'ils étaient 28% en 2006.

"Si vos enfants sont réveillés, ils sont probablement en ligne", titrait le 20 février, avec un humour grinçant, le New York Times. Et de citer une étude de la Fondation Kaiser, d'après laquelle les ados sont de véritables nerds en puissance. D'après cette étude, réalisée auprès de 2 000 collégiens et lycéens (entre octobre 2008 et mai 2009), les 8-18 ans consacrent en moyenne 7 heures et demie à leur écran d'ordinateur, netbook ou smartphone - au-dehors des heures d'école. Soit une heure de plus qu'il y a 5 ans, année de l'étude précédente. Il faut dire qu'ils sont assez (sur)équipés : parmi les ados sondés, 7 sur 10 avaient une télé dans leur chambre, et à peu près un tiers un ordinateur doté d'une coeexion Internet dans leur chambre. Et encore, cette étude a été réalisée un peu avant que les smartphones ne se développent chez les ados.

En clair, ils passent plus de temps sur leurs écrans que leurs parents sur leur lieu de travail ! Qui plus est - mais cela a déjà été dit, dont par mon confrère Jean-Christophe Féraud - cette génération de digital natives a pris l'habitude à 'être multitâches en quelque sorte : envoyer des SMS tout en étant sur Facebook, et/ou le chat Facebook, MSN, son blog, consulter ses mails sur Gmail, tout en regardant un clip sur son iPod... Et encore : l'étude de Kaiser a été menée avait l'incursion de Twitter...

La fonction qu'utilisent le moins les jeunes sur leur téléphone portable ? La voix ! Tellement plus simple d'envoyer des SMS ou de chater, comme le montrait le film "LOL" - so bobo ;), mais assez réaliste sur l'usage des technos par les ados. Et le seul moyen de communication dont l'usage n'a pas augmenté est... le papier imprimé.

En fait, ils se serviraient davantage de leur portable multifonctions comme réveil, comme radio, comme sorte de méga-clé USB pour stocker notamment des fichiers MP3 (et donc pour écouter de la musique)... Il faut dire que les nouvelles générations de smartphones sont d'une facilité d'utilisation assez diabolique, grâce à des interfaces de plus en plus intuitives. Les dernières générations des Blackberry sont des modèles plus simples à utiliser qu'avant - du coup, ils commencent à envahir les cours de récré des collèges et lycées huppés - car souvent, papa et maman refilent leurs Bberry à leurs rejetons lorsque leur entreprise en reçoit un nouveau parc, comme l'expliquait ce papier des Echos.

Mais les autres modèles de smartphones de chez LG et autres Samsung, relativement bon marché et à l'interface - de plus en plus souvent tactile - bien agréable, ont aussi les faveurs des ados. Je mettrais le cas de la tornade iPhone un peu à part, encore trop cher pour nombre de djeuns. Mais clairement, mettez un iPhone entre les mains d'une petite tête blonde : c'est édifiant. Ma nièce de 4 ans 1/2 sait déjà ouvrir les applis comme une grande, et joue sur l'iPhone de son papa avec les jeux (pour enfants) qu'il y a installés. Ma soeur me racontait que sa fille avait déjà le réflexe de toucher l'écran d'ordinateur, le croyant lui aussi tactile.

Contrôle de la durée d'utilisation (à défaut du contenu ?) par les parents

Le contrôle du contenu par les parents ? Certes, il y a eu plusieurs initiatives des pouvoirs publics. J'aime bien celle-ci, qui vient d'être annoncée, avec 2025 ex machina , un serious game destiné à sensibiliser les adolescents. Dans son premier épisode, ""Fred et le Chat démoniaque", qui se déroule en 2025, on voit un certain Fred, un jeune trentenaire sur le point de décrocher un contrat publicitaire important, qui voit son contrat compromis par l'apparition d'une vieille photo de lycée compromettante sur le réseau social Amidami.net. A l'internaute de l'aider à effacer cette erreur de jeunesse. Dévoilé la semaine dernière, ce serious game pédago a été produit par l'éditeur Tralalere, avec le soutien de la Commission européenne et la participation du CNC, dans le cadre du programme Internet sans crainte. Les épisodes suivants, qui paraîtront progressivement d'ici à l'automne 2010, auront chacun pour thème un usage particulier du Net.

A côté de cela, clairement, c'est aux parents d'apprendre à leurs enfants à "bien" surfer sur Internet. Un ami me racontait récemment qu'il a accepté que sa fille pré-ado s'inscrive sur Facebook... A condition qu'il figure parmi ses "friends" et puisse contrôler ce qu'elle y fait.

Mais encore dernièrement, une étude du Pew Internet Project en avait alarmé bon nombre. D'après celle-ci, un ado sur sept muni d'un téléphoné portable déclarait avoir déjà reçu des photos plus que suggestives par SMS. Les mêmes chercheurs admettent que le "sexting" - que l'on voit aussi subrepticement dans le film "LOL" - fait désormais partie de leur culture. Car chez les ados, la photo dénudée peut être envoyée comme invitation, comme gage, ou... lors d'une rupture.

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Dans les faits, les parents peuvent difficilement contrôler ce que font leurs enfants sur leur ordi, qui plus est s'ils en ont un dans leur chambre. Les plus courageux, certes, installent un système de contrôle parental... Mais les spécialistes commencent à penser que le véritable contrôle que les parents peuvent exercer est celui de la durée d'utilisation. "Les parents peuvent continuer de fixer les règles du jeu, c'est cela qui fait la différence", explique un des chercheurs dans le papier du NY Times. Certes, c'est plus difficile de le faire sur l'ordinateur "perso" de leur enfant que sur l'ordinateur familial, mais ils continuent ainsi à jouer leur rôle de parents.

dimanche 7 février 2010

Foursquare : vers les (vrais) débuts du Web social mobile à la sauce 2.0 ?

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Vous en avez sans doute entendu parler, de Foursquare, cette sorte de réseau social mobile, par lequel chaque membre s'auto-géolocalise à partir de son application iPhone (ou Blackberry, ou Android), pour dire où il est à l'instant T : pour signaler un lieu qu'il aime bien, pour suggérer à ses contacts membres du réseau à proximité de le rejoindre, ou... par simple narcissisme ;)

En avertissant de leur présence dans tel ou tel lieu, les internautes gagnent des points, des badges, et ils peuvent même devenir le Maire virtuel de la ville. Il s’agit en fait d’un réseau social qui permet de signaler à ses amis où on se trouve, de se créer une nouvelle communauté (plus axée sur la mobilité), tout en jouant. A noter que ce service a déjà été lancé dans plusieurs capitales.

En fait, il y a déjà eu quelques tentatives (plus ou moins réussies) de réseaux sociaux mobiles, parfois avec une dose de géolocalisation : avec par exemple Mobiluck, Brightkite, ou encore le réseau social de rencontres Yuback. Mais là, ce qu'il y a de nouveau, est que l'on y ajoute une "couche" de recommandation (donc de l'info à valeur ajoutée) apportée par le mobinaute.

Alors, qu'est-ce que ça vaut ? Les premiers retours parmi les twitterers que j'ai sondés (encore merci à eux :) sont... variés : "faut laisser un peu de temps" pour voir, estime @ZaraA. "Gadget", tranche @ivalerio. A l'inverse, "marrant, potentiel marketing énorme" pour @Delorme ; "dire où l'on est une forme de signal social correspondant à une usage déjà répandu" sur d'autres réseaux sociaux (comme Facebook et Twitter) pour @palpitt...

Nouvel Eldorado pour les marques

Dans quoi réside le vrai potentiel ? Sans doute, déjà, le système de "badges" mais surtout les "tips", ces bons plans signalés par Foursquare, qui vont des autres bonnes adresses du service similaires (resto japonais, bar...) à celle où s'est localisé l'internaute, aux réductions et autres happy hours offertes, comme par exemple ceci -(merci @xmoisant pour le screenshot) :

Forcément, cela fait déjà saliver les agences de pub et les marques : "l'engagement des lieux via de la publicité ou des tips est puissant (vu beaucoup d'informations) à Chicago", explique, toujours sur Twitter, @xmoisant. De fait, en proposant une réduc sur mesure aux connectés à Foursquare, rien de tel pour cibler une nouvelle clientèle...

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Source image : @xmoisant

D'ailleurs, comme le signale Kriisiis sur son blog, Foursquare permet aux entreprises (siège social, bar, resto...) de se géolocaliser d'elles-mêmes, pour permettre aux clients (potentiels) de les retrouver. Du me^me coup, elles se positionnent comme early adopters. Et, last but not least, elles peuvent y faire du marketing (très) ciblé, via l'API de Foursquare : "ce qui peut vous permettre de récupérer un grand nombre d’informations au sujet des « foursquare-users » qui visitent votre organisme. Quel trajet ont-ils fait avant et après leur passage chez vous ? Que visitent-ils, et donc, quels sont leurs centres d’intérêt ?...", précise Kriisiis.

Premières applis Foursquare customisées par des médias

Les médias commencent aussi à s'intéresser à cet outil de socialisation. Ca tombe bien, alors que tous cherchent à mettre une dose de Web communautaire, en ce moment, sur leurs sites. Le journal Metro du Canada a ainsi déjà noué, fin janvier, un partenariat avec la start-up new-yorkaise, me signale @eni_kao, pour ouvrir cette page co-brandée.

D'après le communiqué, Metro va ainsi ajouter son propre contenu éditorial au service de Foursquare, et ses services propres, comme un système d'alertes pour signaler aux membres d'autres membres à proximité. Une bonne manière pour Metro d'attirer la communauté de Foursquare :)

Mais comment rattacher cela à son activité première - le journalisme et l'actu ? L'argument est tout trouvé : "Metro has always offered readers the right information at the right time and place, and Foursquare lets us take that to the next level" ("Metro a toujours offert la bonne info au bon endroit, et Foursquare nous permet d'atteindre le niveau supérieur"), argumente Jodi Brown, directeur marketing et service Interactif de Metro Canada. mieux, Metro se lance du même coup dans les articles géolocalisés. Un exemple d'initiative à suivre...

Màj du 11/02 : merci à Owni et à Aaaliens pour les reprises / repérages :)

dimanche 17 janvier 2010

Premières applications mobiles frauduleuses : obligation de régulation par les AppStores ?

Et voilà, il fallait s'y attendre. Tout nouveau service qui suscite l'engouement est confronté, un jour ou l'autre, à des premiers obstacles, au premier chef la contrefaçon, les détournements, ou encore des versions vérolées.

Dans le domaine des applications mobiles, vendues sur les AppStores avec le succès que l'on sait (voir par exemple ici), on pourrait bien voir surgir, un jour, des applis érotiques (voire plus) 'pour adultes'...

Appli Android de fishing

En attendant, cette semaine, le premier cas d'appli mobile délibérément destinée à un usage frauduleux est apparu... Il rappelle fortement les cas de mails de fishing diffusés par e-mails (sous forme de spams), qui visaient à récupérer les données bancaires d'internautes distraits. L'application mobile publiée par Droid09, proposait aux utilisateurs de se connecter à leurs comptes de la banque américaine Credit Union pour les gérer à distance, depuis leur téléphone portable.

Cette application était frauduleuse, et récupérait les données des utilisateurs pour le compte d'un tiers. Les identifiants et mots de passe de connexion étaient donc volés, et ce dans le but de se connecter aux comptes, comme dans les affaires de fishing. L'affaire a été révélée par l'entreprise de sécurité informatique Sophos.

Mais du coup, une autre question sous-jacente surgit : quid de la responsabilité des éditeurs d'applis mobiles dans ce genre d'affaires ? Les propriétaires d'AppStores (Apple, Google dans le cas de l'Android Market...) , ne sont-ils pas censés trier sur le volet leurs futures applis, et les valider avant leur lancement . Or ici, cette application, qui était proposée sur l'Android Market, a été approuvée par ses administrateurs... Avant d'être retirée, une fois la fraude constatée.

En clair, les propriétaires de "magasins" applications mobiles en ligne seront-ils être garants de leur fiabilité ? Il y avait déjà eu un précédent, avec le ver Rick Ikee qui circulait sur des iPhones déverrouillés, utilisant donc des applis non-vérifiées par Apple (un point pour Apple, donc).

Propriétaire d'AppStore = régulateur ? Le cas des 'fausses' applis iPhone NY Times

Et c'est sur cela que risquent de pêcher les téléphones sous Android : autant Apple est très regardant sur les nombreuses applications proposées par des développeurs sur l'AppleStore (le processus de validation peut prendre jusqu'à 1 mois), autant le processus de validation des applis est connu pour être extrêmement léger du côté de l'Android Market. A moins que Google ne prêche l'auto-régulation, et laisse la responsabilité à ses utilisateurs de choisir à bon escient (autant que possible ;) dans une jungle d'applis peu triées... Ce qui risque de le discréditer.

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Mais Apple n'est pas forcément prêt à enrôler systématiquement ce rôle de super-régulateur, notamment face à des "fausses" applis mobiles qui surgissent. Comme signalé sur le blog Mediamemo, cette autre affaire pourrait faire du bruit : face à deux applications iPhone du New York Times qui pourraient s'avérer être des fakes (ou en tous cas des versions non-officielles), Apple "ne veut pas savoir". Concrètement, on trouve actuellement sur l'iTunes Store l'application iPhone officielle du NY Times (gratuite et bien pratique), ainsi que... deux différentes applis iPhone pour le NY Times, “New York Times Mobile Reader", proposées pour 0,99 cents chacune. Actuellementl e service juridique du quotidien planche sur le problème, signalant qu'AUCUNE des deux applis n'est autorisée.

dimanche 5 juillet 2009

Des BD sur un mobile

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J'aime bien cette initiative innovante d'Ave!Comics, qui propose aux fans de BD de les adapter pour qu'ils les lisent... sur leur téléphone mobile ou leur ordinateur. Le service est proposé pour les principales marques de mobiles (iPhone, iPod Touch, HTC, Blackberry, Nokia, Sony Ericsson). On peut y lire les BD, et zoomer si on le souhaite sur les images. La solution a été développée avec la start-up Aquafadas, initialement un éditeur de logiciels sur Mac. A la clé : la lecture digitale de la BD, et surtout,une plateforme de vente et de téléchargement de BD : la BD devient un nouveau contenu, qui s'ajoute aux textes, musiques, vidéos... Le business moddel est imparable : Aquafadas pourra faire payer aux éditeurs de BDs la prestation technique (l’”encodage” !) de conversion au format numérique.

Pour éviter une lecture de BD case par case, et donc trop fragmentée,Ave!Comics propose un lecteur qui permet de voir plusieurs cases de BD d'un coup d'oeil, et de zoomer sur certaines. Mais cette déclinaison est visiblement disponible seulement pour l'ordinateur.

Du coup, je me demande ce que donne la lecture sur son mobile, où il faut lire la BD case par case pour que l'affichage soit assez grand. Il faudra que l'oeil s'habitue à ce mode de lecture particulier : sur le papier, on passe rapidement de case en case sur une page. Je ne sais pas si, avec ce mode de lecture sur mobile, le lecteur si laissera aussi facilement porter par le fil de l'histoire ? A vrai dire, est-ce que tout les formats sont déclinables sur mobiles ? Aquafadas a trouvé la parade: une technologie pour transformer une BD papier en film d’animation que l’on regarde sur son mobile. J'ai testé, en téléchargeant le dernier 'Lucky Luke,' et il vrai que le passage au mobile n’enlève rien (ou presque...) par rapport au papier, grâce à la scénarisation de l’album.

En tous cas, pour assurer son lancement, Ave!Comics a noué un partenariat avec l'éditeur Les Humanoïdes associés pour distribuer vingt de ces séries phares depuis l'application d'Aquafadas sur téléphones portables, notamment la saga SF de Moebius, L'Incal. Par ailleurs, avec les éditions Dargaud, ils ont sorti une version numérique du dernier Lucky Luke, en vente à 4,99 € sur iTunes.

dimanche 23 décembre 2007

Le nouveau modèle économique qu'incarne l'iPhone

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A la veille de Noël, il m'a semblé utile de consacrer un billet à l'iPhone, qui sera sans doute un des produits high-tech les plus offerts en cette fin d'année - déjà 30 000 avaient été vendus en France une semaine après son lancement mi-novembre, je serais curieuse de connaître les derniers chiffres...

Je n'aborderai pas la queston d es innovations technologiques et de design q'incarnent l'iPhone, ne fut-ce que par sa surface tactile et le mode de navigation assez uniques, que j'ai eu l'occaasion d'apprécier - j'ai la chance de posséder un iPhone :) puisque je ne suis pas journaliste spécialisée produits :) d'autres le font beaucoup mieux que moi. Voir notamment cet excellent billet sur le blog de Luc Saint-Elie.

Ce qui m'intéresse ici est le nouveau modèle économique qu'impose Apple en lançant l'iPhone.

  • D'abord, parce que tout acquéreur d'un iPhone est obligé, pour le pré-installer, de télécharger iTunes - logiciel propriétaire, bien que téléchargeable gratuitement en ligne. Soit dit en passant, l'heureux propriétaire d'un iPhone se voit obligé d'entrer une multitude de données personnelles pour activer son compte iTunes - iPhone. Du genre entrer son adresse decourriel, son adresse postale, son âge... et même son numéro de carte bancaire. Autrement dit, Apple considère que dès que vous possédez un iPhone, vous êtes potentiellement futur acheteur de produits payants sur iTunes (du genre sonneries de portable ou morceaux de musique pour 'instant).
  • Ensuite, parce que, pour pré-sintaller votre iPhone, vous devez - aussi - disposer d'une plateforme récente : Windows XP SP 2 ou Windows Vista ou PC, et la dernière version de Mac Eos si vous êtes sous Mac. Bref, j'imagine que beaucoup, comme moi, qui étaient restés au bon vieux Windoiws XP ont dû trouver une solution au plus vite pour installer leur iPhone. Une bonne manière de faire tourner le business des logiciels :) Puisque le Français lambda renouvelle son ordinateur au mieux tous les 5 ans...
  • Autre fait inédit, la manière dont apple entend rendre ses nouveaux abonnés "rentables". L'opérateur Orange a arraché l'exclusivité de distribution de l'iPhone en France... en consentant à reverser une part importante du revenu généré par chacun de ses abonnés. Au point que "avec des abonnements facturés par Orange de 49 à 119 euros par mois, Apple encaissera au minimum 100 à 240 euros en moyenne par client sur 24 mois, estime le cabinet Sia Conseil, sur la base d'un reversement de 10 %, et sans compter les dépassements de forfaits et les autres services utilisés", décrypte ce très intéressant article de ZDNet.

J'ajouterai que Apple entend appliquer le même schéma esquissé avec l'iPod : tirer un maximum de revenus de chaque client, en proposant progressivement une gamme de produits dérivés autour de son nouveau produit-phare. Comme pour l'iPod, on verra peu à peu apparaître une kyrielle d'accessoires - pochettes de protection (pourquoi pas signées par des designers), éventuellement compléments tels qu'un stylet, un clavier... Viendront aussi des logiciels complémentaires (propriétaires évidemment) à télécharger via iTunes, pour combler les manques actuels de l'iPhone.

Ce ne sont que des suppositions, bien sûr :). RDV dans quelques mois...

jeudi 7 juin 2007

Fausse pub iPhone, ou les vertus du buzz

L'iPhone d'Apple n'est pas encore sorti — attendu le 29 juin aux Etats-Unis et en décembre pour l’Europe — mais il fait énormément parler de lui. Avec notamment cette fausse pub qui circule sur la Toile. Les véritables démos sont .

A propos de l'iPhone, à lire dans le mensuel "Management" de juin, un benchmark très instructif entre l'iPhone et les autres mobiles "multimedias", qui relativise beaucoup les aspects innovants de l'iPhone, sous la plume d'Amaury Mestre de Laroque.