dimanche 11 avril 2010

La BD, autre forme de récit journalistique

Blog brièvement laissé à l'abandon ces derniers jours, pour cause, entre autres, de changement de rédaction, de mise à jour de manuscrit pour la réédition à venir de mon livre, Tout sur le Web 2.0, de (courtes) vacances...

Là, à la lecture de ce très bon billet chez Chacaille, j'ai eu envie d'aborder une forme de récit journalistique (voire de "format") pas tout à fait nouvelle certes, mais riche, en constante évolution : la BD journalistique. Un genre riche, longtemps méconnu, qui permet de mêler l'image sous forme de dessins (voire de photos) et l'écriture, le tout avec une structure narrative qui permet littéralement de raconter une histoire au lecteur.

Certes, à première vue, cette forme de récit journalistique est moins innovante que le web-documentaire, dont j'ai notamment parlé ici. A voir, soit dit en passant, l'excellent nouveau web-doc du Monde interactif sur le sujet très tabou du handicap.

Tintin, les croquis...

Tintin

La bande dessinée liée au journalisme, c'est de l'histoire ancienne. On pense bien sûr au reporter Tintin ;) dont les reportages sont prétextes aux récits bédéesques de Hergé. Dès le début du 20ème siècle, les croquis ou caricatures publiées dans les quotidiens, tel Le Petit Journal, permettaient d'y introduire une dose de BD. Rien de tel qu'un dessin bien affûté pour résumer une actu, un angle. Ce que fait d'ailleurs depuis de nombreuses années Plantu dans Le Monde, par exemple, et bien sûr, les journaux satiriques.

Photojournalisme + BD

Mais depuis quelques années, c'est littéralement le journalisme de bande dessinée qui a pris son envol, et là, c'est excitant et prometteur. Les dessinateurs et auteurs de BD "engagés" ont ouvert le feu ces dernières années, avec par exemple la série Le combat ordinaire de Manu Larcenet, où un photojournaliste, bourré d'incertitudes, monte une expo avec des portraits d'anciens ouvriers d'un chantier naval en train de fermer.

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Le photographe, Tome 1, Ed. Dupuis

Dans un autre genre, avec sa série intitulée Le photographe, feu Didier Lefèvre a voulu témoigner de la situation en Afghanistan. En fait, c'est lors d'une mission de Médecins sans frontières que Didier Lefèvre, alors jeune photographe, part pour sa épopée photographique, dont il reviendra avec des centaines d’images, des notes et des souvenirs. Il vendra quelques photos à Libération, et l’aventure restera dans ses archives pendant une quinzaine d’années. C'est en s'associant à un dessinateur qu'il lancera cette BD journalistique.

Or là, on est vraiment à la lisière photojournalisme / investigation / récit sous forme de BD. Dans ces trois tomes, les dessins de BD alternent avec les photos, pour mettre en scène cette histoire - et celle des Afghans. L'écriture BD offre de manière assez inédite l'occasion de faire ressortir des émotions (sur les traits des personnages notamment), et de faire oeuvre de pédagogie, avec par exemple des cartes pour résumer la situation géopolitique locale. Mais aussi, et avant tout, de raconter une histoire (ce qu'attendent avant tout les lecteurs...) de manière linéaire, en images et en textes.

DLefebvre.jpg En progression dans les montagnes d'Afghanistan Photo © Didier Lefèvre.

Un genre à la lisière du journalisme d'investigation et du récit photographique, "Une photo racontant l’histoire, transportée par l’émotion tout en respectant la dignité. Notre démarche d’écriture est moins classique: Une approche différente alliant le reportage et le récit avec quelques fois une touche personnelle car nous faisons aussi partie de ce monde que l’on documente", comme le relate le blog photo Alpha Reporter.

A l'heure où l'on parle de la crise de la presse, d'un journalisme d'investigation réduit à minima faute de budget dans les rédactions, cette forme de récit journalistique ouvre des horizons inédits, aussi bien pour la presse écrite que pour la presse en ligne. Finalement pas très éloigné du gonzo journalisme, qui a beaucoup animé les débats sur la Toile dernièrement, ou le "Nouveau journalisme", où le reporter est présent en permanence tout au long du déroulement du récit, au point de se mettre au centre du récit, en utilisant le "Je" dans la narration, et en s'auto-représentant dans les dessins de BD.

En décembre 2005, dans un article de la revue Médias, Jean-Michel Boissier et Hervé Lavergne définissent d'ailleurs ce nouveau genre de BD, Le BD reportage, comme le "comics journalism" ou "graphic journalism". Et ce pour désigner "une nouvelle tribu de reporters qui ont troqué le clavier, l’appareil photo, le micro ou la caméra contre les crayons, les stylos et les encres – surtout noires. Le BD reportage (appelons-le comme ça) a ses héros internationaux : Art Spiegelman, le génie graphique de « Maus », descente hallucinée dans l’enfer des souris déportées et des chats bourreaux d’Auschwitz, et Joe Sacco, Maltais vivant aux Etats-Unis, qui publie avec un grand succès ses reportages puissants et engagés, de la Palestine à la Bosnie".

De même que des journalistes de presse écrite ou de médias audiovisuels commencent à s'associer à des photographes ou des JRI pour monter des web-documentaires, des journalistes-rédacteurs commencent, de plus en plus, à s'associer à des dessinateurs de BD pour monter des BD reportages. Charlie-Hebdo était déjà familier du genre (avec notamment Cabu). Des nouveaux-venus dans les kiosques s'emploient à briser la frontière et BD, notamment l'excellente revue trimestrielle XXI, qui publie,dans chaque numéro, des BD-reportages, qu'elle qualifie aussi de "récits graphiques". Polka Magazine, le trimestriel dédié à la photo lancé par Alain Genestar a lui aussi adopté le BD reportage.

On le sait, XXI cartonne. Car le grand public (certaines CSP, certes), est encore prêt à mettre de l'argent dans un bel objet, un journal/magazine qu'il conservera. Le genre de la BD-reportage s'y rattache parfaitement, transformant d'ailleurs l'actu relatée par ce biais en récit journalistique, intemporel.

mardi 30 mars 2010

Télé 7 Jours teste le plus-produit en réalité augmentée

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C'est une première, et Télé 7 Jours a sans doute eu du flair en choisissant de tester, à l'occasion de ses 50 ans, une des technologies les plus prometteuses et les plus excitantes pour cette année : la réalité augmentée. Concrètement, celle-ci permet de passer d'une image imprimée (ou une photo prise avec son mobile, ou encore une image saisie avec sa webcam) à une image animée en trois dimensions (3D), grâce à un logiciel. Du coup, elle fournit des informations complémentaires en surimpression d’un écran, voire de lunettes. Sur les écrans d’ordinateur, la réalité augmentée donne l’illusion d’interagir avec des objets virtuels.

Et justement, le magazine de télé propose à ses lecteurs une expérience assez particulière, et du même coup teste ce nouveau "format". Cela m'a donné suffisamment envie pour que je l'achète, pour la première fois... Avec cette édition spéciale, en kiosques depuis hier et pour une durée de 15 jours, Télé 7 jours propose une couv' un peu particulière avec Johnny Hallyday.

Le lecteur-internaute peut en effet faire vivre sa Une du mag en la plaçant devant sa webcam. J'ai testé, c'est assez simple : après avoir téléchargé une application (relativement lourde tout de même), et m'être connectée sur le site dédié aux 50 ans de Télé 7 Jours, en ciblant Johnny devant ma webcam, je vois subitement celui-ci s'afficher et s'animer, en surimpression du magazine, sur mon écran d'ordinateur ! Et on le voit jouer un morceau de sa dernière tournée.

Avènement de la réalité augmentée ?

Le résultat est assez bluffant, et surtout, c'est un très joli coup de Télé 7 jours, réalisé avec Total Immersion, LA start-up française spécialisée dans la réalité augmentée. Pour la première fois, un média grand public (qui tire tout de même, en moyenne, à 1,7 million d'exemplaires), expérimente de manière assez avant-gardiste cette techno. Pas sûr que cela convertisse du jour au lendemain le commun des lecteurs de Télé 7 Jours à cette techno - il faut avoir la curiosité - et le courage d'installer le logiciel, sa webcam, et se planter devant son ordi avec sa couv' dans les mains pour avoir la petite surprise virtuelle s'afficher sur son écran. Mais au moins, le magazine aura fait parler de lui comme étant LE premier à tester cela. Effet retour sur image garanti, donc.

Voici la p'tite démo vidéo réalisée par Thierry Moreau (directeur de la rédac de Télé 7 jours) himself :

Bon, j'avais eu le plaisir de croiser des passionnés de chez Total Immersion il y a une quinzaine de jours, qui m'avaient parlé de cette expérience média (mais je n'avais pas le droit d'en parler - grrr). Ce qui me semble vraiment intéressant est de voir que des secteurs d'activités classiques s'approprient la réalité augmentée, laquelle leur permet de glisser une dose de technologie dans leur industrie - et donc de se moderniser, me disait en substance un des responsables marketing de Total Immersion.

La maison d'édition un brin old school Nathan l'a bien compris : en novembre dernier, elle dégainait le "premier livre augmenté", Dokéo - Comprendre comment ça marche ! (Joël et Clément Lebeaume, éd. Nathan, 24,90 €). Une encyclopédie pour enfants classique de cet éditeur, qu'il a doublé d'images "augmentées". Leur cible : les enfants. J'en parlais récemment dans cet article, la démo vidéo est d'ailleurs assez bluffante.

L'opération est aussi tout bénéf' pour les annonceurs. Ici, notre Johnny national bénéficie d'une exposition inespérée, avec la reprise d'une vidéo de sa tournée, dont les références et l'adresse du site sont dûment indiquée sur la page d'accueil de Télé 7 jours 50 ans. Dans le même numéro, deux autres annonceurs, McDonald's et Disney, utilisent le même procédé de réalité augmentée.

Expériences innovantes pour le print

En fait, à l'heure où elle est échaudée' par le bouillonnement que connaît le média Internet, la presse écrite expérimente de nouveaux formats susceptibles d'attiser la curiosité des lecteurs - et des annonceurs ;). Quitte à faire bondir ses coûts de tirage.

Comme j'en parlais dans ce billet, en septembre 2009, le magazine people américain Entertainment Weekly a ainsi inséré une publicité vidéo dans son édition papier. Un petit écran TFT (6 cm de diagonale et 2,7 mm d'épaisseur) encarté dans le journal (voir la démo vidéo diffusée sur YouTube) permettait ainsi de diffuser 40 minutes d'extraits des programmes et de promo de CBS.

Plusieurs groupes de presse ont aussi testé, avec un succès mitigé, les tags 2D, qui permettent d'accéder à du contenu en ligne avec son téléphone, en photographiant un pictogramme. Le groupe Tests l'avait testé en juillet 2009 avec L'Ordinateur individuel, en partenariat avec la start-up Mobiletag, éditrice d'une application embarquée permettant aux mobiles de lire des codes barres 2D. Le groupe ne prenait pas trop de risques, ciblant un lectorat à priori sensible à ce genre d'innovations.

Des magazines people, tels comme Closer, Voici et Public, l'avaient testé dès 2007. Et cette année, en janvier dernier, 4 quotidiens du groupe Hersant (Paris-Normandie, Le Havre presse, Havre libre et Le Progrès de Fécamp), ont sauté le pas à leur tour.

Pas sûr que le tag 2D va décoller dans la presse (même si des applications mobiles et l'avènement des smartphones peut aider). Mais pour ma part, je mise beaucoup sur la réalité augmentée, qui promet de conquérir divers secteurs, de l'édition au tourisme. A suivre, donc...

MàJ du 1er avril : autre preuve que la presse papier teste par ce biais de nouveaux formats publicitaires, le mensuel Enjeux Les Echos en kiosques demain comportera à son tour une pub vidéo, comme Entertainment Weekly. Eux ont qualifié cela de "video in print". Entre deux feuilles de papier, on trouvera un écran LCD de 2,4 pouces de diagonale et 3 mm d'épaisseur contenant une puce qui peut diffuser jusqu'à 45 minutes de vidéo. Comme le procédé coûte cher, cependant, seuls 10 000 exemplaires du mensuel (sur les 160 000 ex en diffusion payante) en comporteront.

Un joli coup de pub, en tous cas, pour la régie LesEchosmédias, qui inaugure le procédé en France avec 5 spots pour la nouvelle Citroën DS3. Même si la récupération de Marilyn Monroe dans cette pub est très discutable - on en reparlera ici plus tard...

dimanche 21 mars 2010

La couv' de la semaine : Be, (encore) un hebdo shopping

Becouv Photo C. C.

J'ai beaucoup hésité avec son pendant bien plus féministe et intello, l'excellent bimestriel Causette, qui fête sa première année... Finalement, le lancement du nouvel hebdo féminin Be par le groupe Lagardère m'a semblé s'imposer pour cette rubrique, dont au vu de critiques acerbes de confrères ;)

C'est donc un nouveau féminin qui a débarqué dans les kiosques le 19 mars : le troisième hebdo féminin, lancé juste quelques semaines après Envy (du groupe Marie-Claire), et quelques mois après Grazia (Mondadori). Donc, plusieurs groupes de presse lancent des féminins sur le créneau hebdo, malgré l'échec de feu ''Jasmin'', et du projet avorté d'une adaptation française de Bild. Le rythme hebdo a en effet pour avantage, à priori, d'attirer davantage les annonceurs... Dit autrement, comme l'a résumé à sa façon Libération, "le créneau de la pouffe presse est rentable" ;)

Le projet est ambitieux : pour 1 € en prix d'appel (qui sera ensuite à 1,50 € le numéro), ce premier numéro du mag, épais, a bien attiré les annonceurs (environ 40 pages de pub sur 164 pages). Pour lui assurer un vernis 2.0 supplémentaire, le magazine s'accompagne d'une appli iPhone, et bien sûr d'un site (ouvert dès janvier), avec six blogueuses, une radio, une plateforme de e-commerce, et une série TV maison (sur les coulisses de la rédaction, d'après ce qu'annonce le magazine), qui sera aussi diffusée sur la chaîne June.

Le jour de la conf de presse de présentation, Didier Quillot, patron du groupe Lagardère, a présenté son nouveau bébé comme un "féminin haut de gamme générationnel visant les jeunes femmes de 20 à 35 ans". Rien que ça. Ça tombe bien, à priori, je suis pile dans la cible ;) Il m'a donc semblé courageux intéressant de me livrer à nouveau à un petit exercice de feuilletage ;)

"Be" (prononcez "bi", anglicisme oblige - tellement plus branché... - que l'on traduit par l'injonction "Sois". Et non pas "Be", encore moins "bééé", ce qui ferait quelque peu moutonnier ;) affiche une couv' à entrées multiples, avec pour égérie Vanessa Paradis, icône trentenaire. Les multiples titres en rose vif (so girly) me laissent quelque peu perplexe : des "produits stars pour être canon au réveil" (?), "53 souliers hot hot hot" (passons...), "Sexo 2010 - les nouvelles tendances... au lit" (ok, donc il y a des tendances Q tout comme il y a des tendances fashion chaque année), et, le summum, "Chic ! La banlieue révèle son côté glam" (là, je commence à avoir peur...).

So, que donne Be ? Premier constat : plus fourni et bien moins people que son concurrent Envy, moins de pages shopping, plus de papiers. Et donc, effectivement, un mag plus haut de gamme. A première vue. Sur le fond, les papiers sont parfois écrits de manière aléatoire, avec des tournures parfois bizarres, voire franchement vulgaires (eh non, cela ne suffit pas pour faire branché...).

Le constat se confirme en le feuilletant. Ouverture sur une double photo "l'instant Be" à propos du tournage d'Angelina Jolie à Venise. Puis présentation sur une double page d'une douzaine de journalistes et chefs de rubriques, "Les Bees font le buzz" (mmm, comme le laissait pressentir la couv', je sens que l'on va s'amuser avec la titraille de ce mag). Où l'on apprend que Les Bees sont "des filles curieuses, des abeilles butineuses qui se mêlent de tout et partagent tout. Quoi aimer, que porter, de qui s'inspirer, où aller et avec qui ?". Donc voilà quelle semble être la ligne éditoriale de ce mag. Bon.

Be C. C.

On attaque avec l'actu (rubrique "Big Bang"), indirectement people, sur Anne Hathaway (2 pages, trois photos, et article d'un feuillet maxi). Et cette incise un peu bizarre, qui revient tout le long du magazine, où la journaliste (ici "Florence") commente dans un carré jaune son propre article ! Curieux... Ensuite, actu shopping (déjà ?), portait intéressant d'une mannequin handicapée, quelques portraits, encore de l'"actu shopping", un papier publi-reportage à peine déguisé sur le tournage de la pub pour un jus de Lancôme, un papier sur le Viagra féminin, un passage en revue des tendances vestimentaires des people (et cet étrange commentaire sur le "beige pervers version bondage de Kate Bosworth" - vulgaire et incompréhensible)... Bref, une vingtaine de pages "actus" qui n'en sont pas (contrairement à Grazia qui, pour sa part, a le mérite de tenter de traiter la vraie actu) mêlent hypocritement de la mode et du people.

S'ensuivent 6 pages de "Happy culture" (qui comptent tout de même beaucoup de papiers sur la télé.. Puis, après quelques pages d'annonces pour la e-boutique maison (l'occasion de mettre en avant des marques partenaires), puis les sujets de cover : interview de Vanessa Paradis... Puis cet étrange papier : "La banlieue, c'est glam ! Sex and the cité" (sic). Enorme, affolant : la journaliste a trouvé huit femmes auteures, réalisatrices ou journalistes "issues des banlieues" et qui "s'en sont sorties".

Et là, on enfile les perles : le papier s'ouvre sur... Puteaux (une banlieue craignos, comme tout le monde le sait) avant que les huit héroïnes nous décrivent leur boulot.. Mais j'ai beaucoup de mal à comprendre en quoi elles "nourrissent leur travail artistique de leurs années passées dans des cités" (re-sic). Heureusement, la journaliste "Myriam" se justifie courageusement dans le fameux petit carré jaune, en expliquant que ces "destins exceptionnels" ne doivent pas "faire oublier les difficultés auxquelles font face les jeunes des cités,scolarisés dans des Zep, puis confrontés à un taux de chômage de 40%". Ouf, nous voilà rassurés.

Puis, un "grand angle" sur Paris Hilton de passage dans la capitale (le titre ? "Bon baisers de Paris", no comment), un sujet intéressant sur des adeptes du family business, et, enfin, pour revenir aux choses sérieuses, 30 (!) pages de shopping avec, toujours, ces jeux de mots moyens qui semblent être la marque de fabrique de Be ("Glam-à-vous !"). Et enfin les pages beauté (dont une rubrique "wellbeing", amusant ces anglicismes censés faire branché...).

Ah, et enfin la rubrique sexo: "Etre branchée au lit, mode d'emploi", "devenir une parfaite sexonista", avec cet intertitre définitivement vulgaire (et difficile à comprendre) : "Définitivement has been le 'hand job'! La it branlette, c'est le 'foot job'". Puis un papier au titre inspiré, "Est-ce plus dur de se faire jeter par un moche ?".

En clair, premières impressions inquiètes au vu de ce magazine censé être "haut de gamme" (hum...). Les "jeunes femmes de 20 à 35 ans" urbaines et CSP + plus seraient donc juste des petites bourges individualistes accros au shopping, aux starlettes et au buzz ? Reste à voir quel groupe va dégainer à son tour un féminin "glam" pour jeunes actives...

jeudi 18 mars 2010

"Le Web prend le large", première expérience de "crowdsponsoring"

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Le concept est inédit, et assez bluffant, parce qu'il est représentatif de nouveaux types d'opérations dans lesquelles s'impliquent les médias, mais aussi de nouvelles manières d'impliquer des communautés d'internautes - et des lecteurs. J'en parle ici non seulement par sympathie pour Pierre-Yves Lautrou, journaliste de L'Express à l'origine de ce projet (spécial copinage, donc...), mais aussi parce que le projet en lui-même est fondamentalement innovant, parce qu'il explore de nouvelles ressources (collaboratives) du web.

Mercredi 17 mars, au siège du Groupe Express Roularta (le groupe au sein duquel je bosse - pour l'instant encore ;), Pierre-Yves Lautrou présentait son projet "Le Web prend le large". Journaliste, mais aussi coureur au large depuis plus de 10 ans, à l'origine d'un blog, Au large, qui jouit d'un joli succès, il a décidé de sauter le pas cette année, et de poser une année sabbatique pour courir la Route du Rhum 2010, et prendre le départ à St Malo le 31 octobre. Rien que cela. Pas vraiment une première, certes, puisqu'il avait déjà couru quelques régates, dont avec, déjà, Altaide pour partenaire depuis 4 ans.

Projet entrepreneurial

Mais, loin d'être un simple projet sportif perso, il s'agit d'un véritable projet entrepreneurial (ça tombe bien, à l'heure où le "journaliste - entrepreneur" est dans l'air du temps), et embarque dans l'aventure le média pour lequel il bosse, comme le relate Eric Mettout. Lequel assurera la couverture médiatique du projet, naturellement (un suivi dans le magazine est assuré, ce à quoi s'ajoutera un blog dédié à l'opération, Le Web prend le large).

Mais aussi d'autres partenaires de choix, comme Altaide (l'agence de recrutement en ligne de Jacques Froissant), et Laneo (plateforme de "mobilisation citoyenne"), ainsi que la start-up Eeple, qui gère les aspects techniques du projet. Et surtout, potentiellement, il entraînera dans son sillage... quelques milliers d'internautes.

De fait, pour parvenir à boucler le budget global de l'opération, qui s'élève à quelques 280 000 euros (qui couvrira notamment la location du bateau, l'achat de voiles, l'assurance, l'inscription, le retour en cargo, les billets d'avion, l'hôtel, les frais de télécommunication), les initiateurs du projet ont eu pour idée de proposer aux internautes, particuliers et entreprises, de sponsoriser le bateau. Chacun peut acheter via Internet, sur le site dédié, des espaces publicitaires sur le bateau. Une souscription un peu particulière donc : à partir de 100 euros, elle permet à tout un chacun d'acheter en ligne un espace sur les voiles et sur la coque du bateau. PYL portera ainsi vos couleurs ou votre message pendant la Route du Rhum. Pour les entreprises, le ticket d'entrée s'élève à 1 500 euros.

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Les "micro-armateurs" et entreprises du voilier Le Web Prend Le Large peuvent donc apposer un message, un logo ou une image assortis d'un lien sur l'espace qu'ils ont acquis sur le bateau. Forcément, j'ai testé sur le site ;) Et donc c'est fait, j'ai réservé mon petit carré au nom de mon blog. Visiblement, le système de micro-paiement en ligne n'est pas encore opérationnel, mais cela ne saurait tarder. Ce qui est astucieux, bien sûr, et que l'on peut choisir le positionnement de son/ses carrés sur le site. Les principaux partenaires auront des emplacements spécifiques réservés.

La promesse pour les internautes : suivre les coulisses de la course

A la clé pour les internautes, la promesse de "suivre le projet et la course de l'intérieur. Vous aurez accès aux informations . textes, images, sons - en avant-première. Tout au long du projet, des rendez-vous exclusifs avec le skipper, à terre et en mer, vous seront également proposés. Enfin, un concours vous permettra peut-être de faire partie des heureux gagnants invités à naviguer une journée à bord... ", annonce le site. On imagine aussi le potentiel autour d'Internet pour que la communauté d'internautes-supporters suivent au plus près : via le fil Twitter de @PYL, ses deux blogs, voire des séquences vidéos... Quant aux entreprises, pour elles, forcément, le retour sur image est garanti. Dans la présentation PDF, les initiateurs du projet annoncent même une régate virtuelle sur Internet qui sera sponsorisée. Les internautes deviendront eux-mêmes de relais autour de cet événement.

Loin d'être une opé de sponsoring classique (à laquelle seules les entreprises qui en ont les moyens pourraient participer), il s'agit donc d'une sorte de sponsoring participatif, et même de "première expérience de crowdsponsoring", dixit Jacques Froissant, soit de sponsoring par la foule.

Crowdfunding

Ce qui me passionne est qu'il y a un bouillonnement, en ce moment (peut-être passager certes) autour du crowdfunding (littéralement "financement par la foule"), cette forme de mécénat populaire à la sauce 2.0 qui est en train d'émerger comme modèle économique entière pour financer des start-ups d'un nouveau genre sur Internet, et s'inscrit un peu dans la lignée du crowdsourcing. Il permet de financer des projets en faisant appel à un grand nombre d’internautes, qui apportent de petits investissements. Ses pionniers furent les MyMajorCompany et autres Akamusic.com et Sellaband.com, qui permettaient aux internautes de financer la production de l'album d'un artiste aspirant. Un modèle que l'on a vu s'étendre au cinéma (PeopleForcinema, TousCoProd, MotionSponsor), à l'art vivant, et même au journalisme, pour pré-financer des reportages, comme j'en parlais là.

Et ce soit en complément, soit à la place de modes de financements traditionnels (banques, investisseurs...). Et pour cause : puisque l’internaute-consommateur (de culture, d'infos...) a pris l'habitude de piocher gratuitement des chansons , des articles, en suivant les recommandations de son réseau, et de donner son avis, pourquoi ne financerait-il pas les œuvres qu’il apprécie, et qu’il veut soutenir ?

C'est donc d'autant plus intéressant de voir ce jeune modèle économique s'étendre au sponsoring sportif - le premier cas connu fut celui de MyFootballClub, qui permet aux internautes de financer une équipe de foot. Une nouvelle aventure qui même donc, ici, journalisme, défi sportif, et crowdsponsoring. A suivre.

vendredi 12 mars 2010

La chronologie des médias audiovisuels rompue avec "Alice au pays des merveilles" ?

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Je parlais dernièrement d'Alice au pays des merveilles, blockbuster attendu de Tim Burton, en partie parce qu'il sera diffusé en 3D. On en parle - et il commence à faire polémique - pour une autre raison : Bob Iger, patron des studios Disney, a annoncé son intention de sortir le film en version DVD... seulement 3 mois après son arrivée sur grand écran. De cette manière, il sait très bien qu'il rompt une pratique, et du même coup entame une brèche : actuellement, le délai minimum entre la sortie cinéma et la sortie DVD est de 4 mois (17 semaines exactement).

Il a sans doute fait cette annonce pour tester les réactions suscitées - en clair, voir si le marché professionnel était prêt à sauter le pas. Un ballon d'essai, en somme.

Les effets ne se sont pas fait attendre. Des exploitants hollandais, rejoints par plusieurs de leurs homologues britanniques et italiens, voire certains américains, ont menacé de ne pas projeter le film dans leurs salles (en clair le boycotter) si Disney maintenait en l'état son projet. Il n'empêche, cela se confirme : le film sera bien commercialisé en DVD et en vidéo à la demande (VoD)12 semaines après son lancement en salles, dans bon nombre de pays (USA, Royaume-Uni...), d'après Libération du 3 mars.

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Chronologie des médias - Source - Romain BAL – Consultant Département Internet et Nouveaux Médias

Exception faite (encore une fois... ;) de la France, où la chronologie des médias est encadrée juridiquement,avec une loi - celle du 29 juillet 1982 sur la communication audiovisuelle - qui fixe ces fameux délais. En France, Alice sortira donc le 24 mars, et sortira en DVD vers fin juillet.

Attention : le tableau (de 2008) que je publie ci-dessus est pour partie obsolète, puisque depuis juillet 2009, le délai pour la VoD et le DVD est ramené à 4 mois (et non plus 6 mois)

Mais clairement, Disney a eu gain de cause, et a ouvert une brèche, en toute conscience. Plusieurs rebelles ont replié leur drapeau, notamment face aux bonnes critiques du film, tel le réseau américain AMC, qui menaçait de boycotter le film. Sans doute aussi, Disney a dû consentir des compensations (financières ou autres).

Le précédent est d'autant plus énorme - voire problématique au niveau économique - que Disney a choisi de rompre cette fameuse chronologie des médias pour un film en 3D. Un des premiers films en 3D, donc, pour lesquels les exploitants de salles doivent encore rentabiliser leurs lourds - et récents - investissements récents pour numériser leurs salles. Ce qui risquent d'être chaud puisque, suite aux desiderata de Disney, ils vont perdre 5 semaines d'exploitation.

La brèche est ouverte, reste à voir quand les autres exploitants de films vont s'y engager.. Les sorties cinéma et DVD rapprochées dans le temps répondent à une logique d'appât du gain, basée sur le court terme : il est tentant de cumuler les sorties pour faire de l'argent le plus vite possible autour d'un film ou un dessin animé (d'autant plus lorsqu'il s'agit d'un blockbuster - et en 3D, qui a mobilisé un budget important). Et pour surfer sur la notoriété du film, sans devoir faire une campagne importante lors de la sortie DVD. Esquisse peut-être, d'un nouveau modèle économique autour du film...

La French Connection #50 : faut-il acheter l'iPad ?

Pour ce 501ème billet (eh oui ! Et ce blog fête ces 3 ans... on ne voit pas le temps passer), mise en ligne avec un petit peu de retard de la 50ème de la French Connection (c'est la journée des chiffres ronds... pur hasard ;), enregistrée vendredi dernier.

Au programme : avant tout l'iPad d'Apple, dont la commercialisation est annoncée aux US début avril. Faut-il l'acheter ? D'ailleurs, pour quels usages ?...

dimanche 7 mars 2010

La pub passe aussi à la 3D

On le sait, Avatar connaît un succès bien au-delà des espoirs de ses initiateurs, et par-là même, consacre - et légitime - la trois dimensions (3D) comme nouveau format au cinéma. Du coup, les annonceurs s'en lèchent les babine, alors qu'il y a encore un an, beaucoup diminuaient leurs investissements publicitaires - support trop cher, en période de crise, estimaient-ils alors...

Blockbusters en 3D

Là, dans la lignée d'Avatar, bon nombre d'entre eux sont bien décidés à investir la publicité en 3D, un nouveau format publicitaire à part entière. Et pour cause : plusieurs blockbusters en 3D sont attendus pour cette année, que ce soient Alice au pays des merveilles revu à la sauce trash de Tim Burton, Shrek 3, Resident Evil, Harry Potter 7... Les petits frenchies ne sont pas en reste : le premier long métrage en relief made in France, dont la sortie est prévue pour 2011, est un film d’animation adapté du thriller de Bernard Lenteric, La nuit des enfants rois, produit par Fidélité et Onyx Films. Le film a été remarqué par les Américains de la Warner, qui devrait offrir au film une carrière internationale.

D'ailleurs, plusieurs start-ups françaises se positionnent sur ce nouveau créneau, telle 3DLized, maison de production de films en 3D : elle s'était fait remarquer avec Fitou, un petit bonhomme bleu qui tire la langue tout en guidant les spectateurs pour qu'ils s'approprient leurs lunettes en 3D - et est déjà connu des millions de Français qui ont vu le film de James Cameron (14 millions d'entrées à ce jour). Le même personnage - guide en 3D accompagnera les spectateurs pour les autres films (ou dessins animés) que je cite plus haut. Joli coup de pub pour la jeune pousse française...

Les marques dans l'urgence

Les marques avaient loupé le coche Avatar (où les publicités en 3D était très rares - je n'en n'avais pas vu pour ma part, contrairement à Greg qui soupçonnait déjà l'avenir prometteur de ce format publicitaire. Une des rares qui avait anticipé était Haribo, qui avait proposé, avec KR Media, le premier spot publicitaire en 3D sur les écrans français, dès l'été 2009. On y voit des nounours et autres fraises Tagada flotter et tourner autour des spectateurs. Publicité troublante, tellement réaliste : on est presque tenté d'essayer de saisir les bonbons avec les mains. D'ailleurs, la marque de confiserie a limité la pub à quelques secondes... pour ne pas provoquer de nausées. En tous cas, la marque a réussi à fédérer une nouvelle communauté de fans : le groupe Facebook (apparemment né de l'initiative de spectateurs) dédié à cette pub compte 29 400 fans.

La pub Haribo en 3D - A voir avec les lunettes appropriées...

Les autres marques, que ce soient dans les jeux vidéos, les jouets, la confiserie, ou le luxe, se préparent en quatrième vitesse. Dans l'urgence. Et nul doute que les annonceurs habitués aux écrans de cinémas vont devoir eux aussi s'adapter à cette nouvelle donne 3D, pour "en être" eux aussi, alors qu'à Hollywood, quelques dizaines de productions en 3D sont programmées pour cette année. Et que quelques régies publicitaires cinéma commencent à monter des offres tarifaires sur mesure, incluant des pubs en 3D.

Quand même bien même, certes, la 3D reste loin derrière la diffusion 2D dans les salles de cinéma. Parce que cela reste adapté à un nombre restreint de films (dessins animés, films de science-fiction, à grand spectacle...), et parce que cela coûte cher aux distributeurs. Il n'empêche, le réseau de cinémas UGC, un des derniers refuzniks à la 3D (aucune de ses salles n'a diffusé Avatar en 3D) a plié à son tour, et a annoncé il y a quelques jours que les 600 salles du réseau passeront au tout numérique, d'ici 3 ans, grâce au partenariat signé avec Ymagis. Coût : de 30 à 40 millions d'euros. Déjà une quinzaine de salles sont censées être équipées d'ici le 24 mars.

Vers la pub 3D... à la télé

Un enjeu se profile, à moyen terme, derrière ce nouvel engouement : la pub 3D... à la télé. Même si, là, on est sur une logique de moyen terme : les marques de constructeurs sont dans une logique de "pré-lancement", mais il n'est pas sûr que les écrans télé en 3D vont devenir un produit grand public, encore moins à court terme - autrement dit, qu'une majorité de consommateurs vont choisir la technologie 3D pour leur prochain écran - sachant que le renouvellement de matériel tech "lourd" est en moyenne tous les 5 ans.

La semaine dernière, Panasonic a annoncé la commercialisation en mai de son premier téléviseur écran plat 3D, le TX-P50VT20, doté d'une diagonale de 50 pouces. Le prix : autour de 2 500 €, avec chaque paire de lunettes pour une centaine d'euros. "Les chaînes de télévision travaillent d'arrache-pied sur différents projets 3D. (...) En France, Orange, France TV et Canal + sont très avancées sur la question", confiait récemment Laurent Roussel (Panasonic France) dans 20 Minutes... Samsung lui a emboîté le pas, avec le LCD LED 9000. Et il y a fort à parier que les régies pub s'y préparent aussi.

dimanche 28 février 2010

"Le chemin qui menait vers vous", premier roman-feuilleton pour iPhone

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(Les deux co-auteurs dudit roman... Eh oui, je leur ai fait prendre la pause ;) Crédit photo : C. C.

Un roman diffusé exclusivement sur l'iPhone, sous forme de feuilleton, par épisodes téléchargeables, interactif (donc ouvert aux commentaires), qui plus est écrit à 4 mains : il fallait oser. Dans une période où l'on est en plein bouillonnement créatif, avec de nouveaux contenus, de nouveaux formats qui émergent à l'heure de l'iPhone, des Readers, tablettes (et bientôt l'iPad....) et autres supports nomades, cette initiative ne pouvait pas passer inaperçue.

Il y a certes quelques précédents : des applis iPhone, comme Reader ou Stanza, permettent déjà de télécharger et lire des eBooks sur iPhone. Des start-ups s'essaient aussi au jeu du récit-feuilleton pour iPhone, que ce soit en BD (comme je l'évoquais dans ce billet), ou en diffusant des romans initialement "papier" sur iPhone, comme le propose SmartNovel avec des auteurs tels que Marie Darrieusecq.

William Rejault vient de publier avec Laurent Lattore, "Le chemin qui menait vers vous", un roman-feuilleton, donc, diffusé exclusivement par iPhone, via cette application. La story : un récit d'anticipation, situé en 2017, où la France vis un semi-chaos, alors que Nicolas Sarkozy vient de décéder, et que la pénurie d'essence et d'électricité (et donc de transports, d'Internet...) a contraint les populations à s'adapter. En fait, les co-auteurs ont été démarchés par la start-up Blüpan, un éditeur d'application pour iPhone, qui voulait, du même coup, lancer son appli idoine(et s'offre un joli coup de pub à cette occasion ;). Si William Rejault, initialement blogueur (initialement infirmier, il est auteur du blog Ron l'infirmier), qui vient de rejoindre LeFigaro.fr, a surtout une expérience d'auteur "classique" ("La chambre d'Albert Camus", ed. Privé, "Quel beau métier vous faites", documentaire "Maman est-ce que la chambre te plaît", et un "roman de gare" à paraître en septembre), l'exercice n'était pas pour lui déplaire.

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A la différence des manuscrits classiques, rendus intégralement à l'éditeur avant publication, là, les auteurs écrivent au fur et à mesure. "Nous avons le début et la fin du roman, deux/trois épisodes, et la trame générale. Nous nous retrouvons chaque démanche pour préparer un des épisodes à paraître", m'expliquait cette semaine William Rejault.

Roman-feuilleton pour iPhone... et pour iPad (et plus si affinités...)

La lecture de ce roman-feuilleton particulier (avec au compteur 20 000 téléchargements, d'après les auteurs) est une expérience en soi : pour ma part, j'ai trouvé un peu déstabilisant de lire les chapitres sur le petit écran d'iPhone. Le récit (passionnant et accrocheur, on se laisse facilement prendre par l'histoire) perd un peu en fluidité avec cette lecture hachée induite par le petit format de l'écran. Il faut souvent faire défiler les pages (l'aime bien le bruit de la page "papier" tournée, à chaque page), chaque épisode représentant environ 10 minutes de lecture. Ce qui est passionnant est que cela induit de nouvelles formes de lecture : dans le métro, les transports en commun, durant des temps d'attente...

Une autre des grandes nouveautés : les auteurs revendiquent une écriture interactive ! Dans une véritable logique de crowdsourcing / co-création, ils se nourrissent des commentaires des lecteurs, tant sur le fond que sur la forme. Avec parfois un esprit critique impitoyable, que ce soit pour pointer les erreurs factuelles du roman ou le style (comme sur les "cliffangers", concept issu des séries télé, avec des chutes à suspense de fins d'épisodes censés servir d'accroche pour l'épisode suivant).

De fait, en testant l'appli iPhone, outre les chapitres, une fonctionnalité "Partage" permet de laisser son avis, que l'on envoie par mail vers le site, ou que l'on laisse sur la page Facebook dédiée, ou sur le fil Twitter.

Une autre innovation me semble intéressante : le concept de roman co-écrit à 4 mains, inhabituel dans les romans. Indéniablement, le format d'épisodes interactifs facilite l'exercice. Mais comment empêcher que le style d'un des auteurs n'empiète sur l'autre, et éviter toute guerre des égos (j'ai connu cela moi-même avec un co-auteur potentiel ;) ? "Parfois, le style de William ressort, à d'autres moments; il s'efface derrière nous. Car le principal, pour nous deux, reste de porter le livre, l'histoire. Souvent, l'un écrit un épisode, le deuxième rajoute, réécrit avec ses propres éléments par-dessus", estime Laurent Lattore.

Le business-model est simple : un nouvel épisode est publié en moyenne une fois par semaine sur l'AppStore d'Apple.Les 6 premiers sont gratuits,puis le lecteur paiera 0,79 centime d'euro par pack de 3 épisodes. Avec un total de 30 épisodes, "cela reviendra à 7,90 €au lecteur", précise William Rejault. Le prix d'un livre de poche, l'interactivité et la "portabilité" en plus, pour résumer...

Le vrai enjeu derrière tout cela, bien sûr - les co-auteurs l'avaient en tête dès le début du projet - sera la déclinaison de ce roman-feuilleton sur d'autres supports mobiles. Avec au premier chef, bien sûr, la tablette iPad d'Apple (sur laquelle les applications iPhone sont parfaitement compatibles). Parce que le format, plus grand, se prête davantage à la lecture numérique. Et du coup, la mise en page va gagner en esthétique : ils prévoient déjà d'insérer des illustrations, des photos, pour la version iPad de leur roman.

Autre aspect, qui est loin d'être accessoire : "c'est notamment la technologie qui nous a permis d'être publiés",estiment les deux auteurs. En clair, ces nouveaux supports, émancipés des circuits classiques des maisons d'édition, pourraient constituer un nouveau circuit pour des auteurs d'un nouveau genre.

Màj : merci à Owni, ElectronLibre, et Lsdi (Italie) pour les reprises :)

mercredi 24 février 2010

Les ados américains dopés à l'Internet non-stop

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Source image : Flickr/Louise Merzeau (sélection officielle du Mois de la Photo, Paris, 2008)

Les ados d'aujourd'hui seraient-ils des (futurs) drogués aux écrans ? Je ne parle pas des écrans télés, qui était la drogue des ados de ma génération - et qui serait en passe de devenir has-been aujourd'hui. Non, je parle des écrans d'ordinateurs, laptops, netbooks et autres smartphones.

Encore la semaine dernière, cette étude de Pew Internet and American Life Project a beaucoup fait jaser (et gazouiller ;) sur le sujet. D'après celle-ci, les ados américains délaisseraient les blogs au profit des réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter : seulement 14% déclarent avoir blogué en 2009, alors qu'ils étaient 28% en 2006.

"Si vos enfants sont réveillés, ils sont probablement en ligne", titrait le 20 février, avec un humour grinçant, le New York Times. Et de citer une étude de la Fondation Kaiser, d'après laquelle les ados sont de véritables nerds en puissance. D'après cette étude, réalisée auprès de 2 000 collégiens et lycéens (entre octobre 2008 et mai 2009), les 8-18 ans consacrent en moyenne 7 heures et demie à leur écran d'ordinateur, netbook ou smartphone - au-dehors des heures d'école. Soit une heure de plus qu'il y a 5 ans, année de l'étude précédente. Il faut dire qu'ils sont assez (sur)équipés : parmi les ados sondés, 7 sur 10 avaient une télé dans leur chambre, et à peu près un tiers un ordinateur doté d'une coeexion Internet dans leur chambre. Et encore, cette étude a été réalisée un peu avant que les smartphones ne se développent chez les ados.

En clair, ils passent plus de temps sur leurs écrans que leurs parents sur leur lieu de travail ! Qui plus est - mais cela a déjà été dit, dont par mon confrère Jean-Christophe Féraud - cette génération de digital natives a pris l'habitude à 'être multitâches en quelque sorte : envoyer des SMS tout en étant sur Facebook, et/ou le chat Facebook, MSN, son blog, consulter ses mails sur Gmail, tout en regardant un clip sur son iPod... Et encore : l'étude de Kaiser a été menée avait l'incursion de Twitter...

La fonction qu'utilisent le moins les jeunes sur leur téléphone portable ? La voix ! Tellement plus simple d'envoyer des SMS ou de chater, comme le montrait le film "LOL" - so bobo ;), mais assez réaliste sur l'usage des technos par les ados. Et le seul moyen de communication dont l'usage n'a pas augmenté est... le papier imprimé.

En fait, ils se serviraient davantage de leur portable multifonctions comme réveil, comme radio, comme sorte de méga-clé USB pour stocker notamment des fichiers MP3 (et donc pour écouter de la musique)... Il faut dire que les nouvelles générations de smartphones sont d'une facilité d'utilisation assez diabolique, grâce à des interfaces de plus en plus intuitives. Les dernières générations des Blackberry sont des modèles plus simples à utiliser qu'avant - du coup, ils commencent à envahir les cours de récré des collèges et lycées huppés - car souvent, papa et maman refilent leurs Bberry à leurs rejetons lorsque leur entreprise en reçoit un nouveau parc, comme l'expliquait ce papier des Echos.

Mais les autres modèles de smartphones de chez LG et autres Samsung, relativement bon marché et à l'interface - de plus en plus souvent tactile - bien agréable, ont aussi les faveurs des ados. Je mettrais le cas de la tornade iPhone un peu à part, encore trop cher pour nombre de djeuns. Mais clairement, mettez un iPhone entre les mains d'une petite tête blonde : c'est édifiant. Ma nièce de 4 ans 1/2 sait déjà ouvrir les applis comme une grande, et joue sur l'iPhone de son papa avec les jeux (pour enfants) qu'il y a installés. Ma soeur me racontait que sa fille avait déjà le réflexe de toucher l'écran d'ordinateur, le croyant lui aussi tactile.

Contrôle de la durée d'utilisation (à défaut du contenu ?) par les parents

Le contrôle du contenu par les parents ? Certes, il y a eu plusieurs initiatives des pouvoirs publics. J'aime bien celle-ci, qui vient d'être annoncée, avec 2025 ex machina , un serious game destiné à sensibiliser les adolescents. Dans son premier épisode, ""Fred et le Chat démoniaque", qui se déroule en 2025, on voit un certain Fred, un jeune trentenaire sur le point de décrocher un contrat publicitaire important, qui voit son contrat compromis par l'apparition d'une vieille photo de lycée compromettante sur le réseau social Amidami.net. A l'internaute de l'aider à effacer cette erreur de jeunesse. Dévoilé la semaine dernière, ce serious game pédago a été produit par l'éditeur Tralalere, avec le soutien de la Commission européenne et la participation du CNC, dans le cadre du programme Internet sans crainte. Les épisodes suivants, qui paraîtront progressivement d'ici à l'automne 2010, auront chacun pour thème un usage particulier du Net.

A côté de cela, clairement, c'est aux parents d'apprendre à leurs enfants à "bien" surfer sur Internet. Un ami me racontait récemment qu'il a accepté que sa fille pré-ado s'inscrive sur Facebook... A condition qu'il figure parmi ses "friends" et puisse contrôler ce qu'elle y fait.

Mais encore dernièrement, une étude du Pew Internet Project en avait alarmé bon nombre. D'après celle-ci, un ado sur sept muni d'un téléphoné portable déclarait avoir déjà reçu des photos plus que suggestives par SMS. Les mêmes chercheurs admettent que le "sexting" - que l'on voit aussi subrepticement dans le film "LOL" - fait désormais partie de leur culture. Car chez les ados, la photo dénudée peut être envoyée comme invitation, comme gage, ou... lors d'une rupture.

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Dans les faits, les parents peuvent difficilement contrôler ce que font leurs enfants sur leur ordi, qui plus est s'ils en ont un dans leur chambre. Les plus courageux, certes, installent un système de contrôle parental... Mais les spécialistes commencent à penser que le véritable contrôle que les parents peuvent exercer est celui de la durée d'utilisation. "Les parents peuvent continuer de fixer les règles du jeu, c'est cela qui fait la différence", explique un des chercheurs dans le papier du NY Times. Certes, c'est plus difficile de le faire sur l'ordinateur "perso" de leur enfant que sur l'ordinateur familial, mais ils continuent ainsi à jouer leur rôle de parents.

jeudi 18 février 2010

Web-documentaires : c'est parti !

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J'en parlais il y a quelques temps dans ce billet : ces web-documentaires, qui mêlent photo, texte, sons, voire géolocalisation et blog, sont promis à un certain avenir. Ils constituent une nouvelle forme d'écriture journalistique, un pendant web du docu télé avec une dose d'interactivité.

C'est encore un format naissant, mais 2010 sera l'année de la véritable naissance du web-docu. La 5 a inauguré cette semaine, le 15 février, un portail Internet, et une nouvelle série web-documentaire intitulée "Portraits d'un Nouveau Monde". Une série financée par le groupe France Télévisions (auquel appartient France 5) à hauteur de 360 000 €.

Elle proposera tous les deux mois, durant l'année, quatre web-docus sur le site de la "chaîne verte", afin de proposer des histoires singulières sur des personnes ou des lieux, et de mieux cerner les enjeux du XXIe siècle. A chaque parution de ce volet de 24 reportages, un thème global est proposé : avec d'abord pour thème la Chine, puis s'ensuivront l'émigration, l'urbanisation, l'économie, l'écologie et le vivre ensemble.

Le reportage "Chine : superpuissance... à tout prix" propose notamment un reportage sur les concubines, ces "secondes épouses" cachées, dont l'histoire de Xiang Mengfei, devenue très populaire sur le Net chinois. Un autre web-docu' alerte sur les différents aspects du bouleversement écologique frappant le nord du pays.

Dans ces premiers web-reportages, on retrouve des signatures connues de la télé, la presse écrite ou la photo, comme la journaliste Elsa Feyner, Benoît Aquin... Les premières impressions : finalement, on n'est pas très loin du reportage télé, si ce n'est que l'on peut interagir en parcourant le docu par chapitres (bien pratique les balises...).

Sur son site, France 5 met en avant l'aspect communautaire de ses web-reportages, en incitant les internautes à laisser des commentaires et contributions. Quant aux auteurs des web-docs, ils peuvent créer leur espace professionnel en ligne pour enrichir leur programme avec des bonus, des notes d’intention, des bandes-annonces, des pépites non montées, l’interview du réalisateur ou du producteur…

Et à mon avis, ce n'est pas fini : LeMonde.fr et Arte, notamment, avaient ouvert le feu l'an dernier. Déjà, Arte Reportage signe cette année un web-documentaire sur l’Afrique indépendante, signale Afrik.com. Les écoles de journalisme commencent à monter des projets avec leurs étudiants, et les médias s'y penchent de très près. Car si l'audience sera, dans un premier temps, confidentielle, le retour sur image sera garanti ;).

dimanche 14 février 2010

"Ma région vu d'ici", des forums locaux lancés par Radio France

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Cette initiative de Radio France, dont m'a parlé le responsable, lors d'un brunch ce midi, m'a semblé tellement intéressante, et même innovante (qui plus est émanant d'un mastodonte tel que Radio France) qu'il m'a semblé intéressant d'en dire un mot ici.

Alors que les élections régionales approchent, Radio France Bleu a eu la bonne idée d'ouvrir, lundi dernier, le site MaRégionVudici. Un site qui fait l'objet d'une campagne de pub sur les radios du groupe, mais aussi, ces prochains jours, sur France Télévisions, en PQR, ainsi que dans Le Point, qui est partenaire. Il s'agit "d'une opération commune à l'ensemble des chaines du groupe , mais qui a pour vitrine logique, s'agissant des régions , France Bleu. L'opération durera 3 semaines, en amont des régionales", m'expliquait mon interlocuteur. L'idée étant donc, via la vitrine France Bleu (la radio du groupe perçue comme la plus proche des gens, moins CSP ++ que France Info et Inter), de susciter le débat auprès des internautes-auditeurs à propos de leur région : sur le patrimoine, la qualité de vie, leur rapport à leur région, son dynamisme...

En creux, cela permettra de faire remonter aux élus (ou aspirants) un succédané des sujets de préoccupations de certains internautes-citoyens attentifs. Une initiative sans précédent, par laquelle Radio France teste une nouvelle manière d'utiliser le web, avec un aspect communautaire. J'aime bien cette idée de cart e de France interactive : un clic sur une des régions permet d'accéder directement aux forums et questions soulevées par les habitants. Cette initiative n'est pas sans rappeler ce qu'expérimentent déjà plusieurs groupes de presse quotidienne régionale sur leurs sites web, comme Le Télégramme.

vendredi 12 février 2010

French Connection #45 : Apple fait table rase

Et hop, avec un peu de retard, une des dernières éditions de la French Connection sur LCI Radio, à laquelle j'avais participé (il y a 15 jours il me semble...). On y a parlé iPad (déjà...), Hadopi, et d'autres choses...

jeudi 11 février 2010

Le journal de la semaine : Envy, l'hebdo people féminin)

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Cela faisait longtemps que j'avais délaissé cette rubrique, là, l'occasion était trop belle pour la reprendre... Le buzz était monté ces dernières semaines, le groupe Marie-Claire s'attelait à un défi de taille : lancer avec Envy un nouvel hebdo féminin avec pour cible (officielle ;) les jeunes adultes, et surtout destiné à défier Grazia !

Du coup, c'était attendu : dans une conjoncture publicitaire morose, alors que le marché de la presse féminine est assez encombré, lancer un nouveau mag féminin est sacrément gonflé. D'autant qu'il est explicitement destiné à tailler des croupières à Grazia, sur lequel j'avais émis des réserves lors de son lancement, et qui s'en sort plutôt bien, avec une diffusion moyenne de 180 000 exemplaires... Même s'il est vrai que le groupe Mondadori triche un peu, en faisant osciller le prix à 1 € (le prix de lancement) et 1,50 €. Ce qui pourrait laisser penser que ce succès est un peu artificiel, puisque soutenu par ce prix bradé qui n'est plus temporaire (je suais, je suis mauvaise langue ;).

So, que penser d'Envy ? Il était donc présenté comme challenger de Grazia, visant officiellement les jeunes adultes actives urbaines, mais aussi, officieusement, les ados (d'autant que Jeune et Jolie, qui était sur ce créneau, vient de cesser de paraître). Je l'ai feuilleté fiévreusement ce midi pendant ma pause-déjeuner - après avoir courageusement affronté la neige pour rejoindre un kiosque à journaux - et croisé, en compensation, un beau gosse qui m'a affirmé l'acheter "pour le boulot".

Résultat... Pour 0,90 € (prix de lancement, avec de revenir à 1,70 €), j'ai surtout eu l'impression de parcourir un magazine people. Destiné à un lectorat féminin, certes. Mais déjà, la couv' me semble un poil agressive, avec cette multitude d'appels de Une : "mode" (deux fois), Angelina Jolie et de Sarah Jessica Parker potentiellement plaquées, Emmanuelle Seigner qui se déclare devenue "plus intéressante" (sic)... Une couv' qui me rappelle bien plus Closer (voire Voici) que Grazia.

Le contenu est à l'avenant de ce que laisse présager la Une. Dans ce premier numéro, qui a - c'est déjà ça - semblé attirer les annonceurs (45 pages de pub sur une pagination totale de 154 p), on ouvre sur ce qui devient une rubrique téléphonée chez les féminins : la "shopping liste", bien sûr basée sur ce que portent les people (censés être précurseurs de tendances, donc), étalée sur 5 pages. Et même déclinée ensuite sur 2 autres pages, avec une revue de trenchs de people.

Ensuite,(faux) scoop sur Angelina Jolie, qui pourrait adopter ("avec ou sans Brad"). Un des rares articles du mag qui, à vue de nez, dépasse les 4 000 signes. S'ensuivent des articles sur des stars plus ou moins supposément déchues, comme Kisten Dunst.

Puis, du people décomplexé mais sage - pas de trash ici : "100% potins" (ça c'est de la titraille), de la "mode people", avec "25 sacs pour flirter avec l'été" (ils anticipent)... La partie actu sauve un peu le mag, avec quelques sujets originaux, comme ce portrait de femme pasteur et sexologue. Mais attention, on ne dépasse pas les 2 feuillets par "portrait" ;). Puis retour de (nombreuses) pages mode, beauté, avant, à la fin du tunnel, un semblant de rubrique culture sur 5 pages.

Bref, premières impressions dubitatives, même si c'est à suivre... Les marketeux commencent à parler de magazine "glossy", pour designer ce mélange de people et de mode (qu'avait initié feu le magazine Jasmin). Et ce n'est pas fini : Lagardère Active va dégainer à son tour son féminin d'jeuns, Be, dans ces prochains mois...

dimanche 7 février 2010

Foursquare : vers les (vrais) débuts du Web social mobile à la sauce 2.0 ?

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Vous en avez sans doute entendu parler, de Foursquare, cette sorte de réseau social mobile, par lequel chaque membre s'auto-géolocalise à partir de son application iPhone (ou Blackberry, ou Android), pour dire où il est à l'instant T : pour signaler un lieu qu'il aime bien, pour suggérer à ses contacts membres du réseau à proximité de le rejoindre, ou... par simple narcissisme ;)

En avertissant de leur présence dans tel ou tel lieu, les internautes gagnent des points, des badges, et ils peuvent même devenir le Maire virtuel de la ville. Il s’agit en fait d’un réseau social qui permet de signaler à ses amis où on se trouve, de se créer une nouvelle communauté (plus axée sur la mobilité), tout en jouant. A noter que ce service a déjà été lancé dans plusieurs capitales.

En fait, il y a déjà eu quelques tentatives (plus ou moins réussies) de réseaux sociaux mobiles, parfois avec une dose de géolocalisation : avec par exemple Mobiluck, Brightkite, ou encore le réseau social de rencontres Yuback. Mais là, ce qu'il y a de nouveau, est que l'on y ajoute une "couche" de recommandation (donc de l'info à valeur ajoutée) apportée par le mobinaute.

Alors, qu'est-ce que ça vaut ? Les premiers retours parmi les twitterers que j'ai sondés (encore merci à eux :) sont... variés : "faut laisser un peu de temps" pour voir, estime @ZaraA. "Gadget", tranche @ivalerio. A l'inverse, "marrant, potentiel marketing énorme" pour @Delorme ; "dire où l'on est une forme de signal social correspondant à une usage déjà répandu" sur d'autres réseaux sociaux (comme Facebook et Twitter) pour @palpitt...

Nouvel Eldorado pour les marques

Dans quoi réside le vrai potentiel ? Sans doute, déjà, le système de "badges" mais surtout les "tips", ces bons plans signalés par Foursquare, qui vont des autres bonnes adresses du service similaires (resto japonais, bar...) à celle où s'est localisé l'internaute, aux réductions et autres happy hours offertes, comme par exemple ceci -(merci @xmoisant pour le screenshot) :

Forcément, cela fait déjà saliver les agences de pub et les marques : "l'engagement des lieux via de la publicité ou des tips est puissant (vu beaucoup d'informations) à Chicago", explique, toujours sur Twitter, @xmoisant. De fait, en proposant une réduc sur mesure aux connectés à Foursquare, rien de tel pour cibler une nouvelle clientèle...

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Source image : @xmoisant

D'ailleurs, comme le signale Kriisiis sur son blog, Foursquare permet aux entreprises (siège social, bar, resto...) de se géolocaliser d'elles-mêmes, pour permettre aux clients (potentiels) de les retrouver. Du me^me coup, elles se positionnent comme early adopters. Et, last but not least, elles peuvent y faire du marketing (très) ciblé, via l'API de Foursquare : "ce qui peut vous permettre de récupérer un grand nombre d’informations au sujet des « foursquare-users » qui visitent votre organisme. Quel trajet ont-ils fait avant et après leur passage chez vous ? Que visitent-ils, et donc, quels sont leurs centres d’intérêt ?...", précise Kriisiis.

Premières applis Foursquare customisées par des médias

Les médias commencent aussi à s'intéresser à cet outil de socialisation. Ca tombe bien, alors que tous cherchent à mettre une dose de Web communautaire, en ce moment, sur leurs sites. Le journal Metro du Canada a ainsi déjà noué, fin janvier, un partenariat avec la start-up new-yorkaise, me signale @eni_kao, pour ouvrir cette page co-brandée.

D'après le communiqué, Metro va ainsi ajouter son propre contenu éditorial au service de Foursquare, et ses services propres, comme un système d'alertes pour signaler aux membres d'autres membres à proximité. Une bonne manière pour Metro d'attirer la communauté de Foursquare :)

Mais comment rattacher cela à son activité première - le journalisme et l'actu ? L'argument est tout trouvé : "Metro has always offered readers the right information at the right time and place, and Foursquare lets us take that to the next level" ("Metro a toujours offert la bonne info au bon endroit, et Foursquare nous permet d'atteindre le niveau supérieur"), argumente Jodi Brown, directeur marketing et service Interactif de Metro Canada. mieux, Metro se lance du même coup dans les articles géolocalisés. Un exemple d'initiative à suivre...

Màj du 11/02 : merci à Owni et à Aaaliens pour les reprises / repérages :)

mercredi 3 février 2010

Les Sarkozy font retirer de la Toile les Simpson à leur effigie ?

Incroyable mais vrai. J'ai failli en renverser mon café ce matin, en écoutant la chronique de Stéphane Guillon sur France Inter. Comme il l'annonçait, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni semblent bien avoir fait retirer d'Internet le fameux épisode des Simpson où ils figuraient en guest stars, bien malgré eux, comme j'en parlais dans ce billet. Un épisode créé pour les 20 ans des Simpson, qui a été diffusé le 18 novembre dernier sur la Fox.

On y voyait Carla incarnant la vamp française, en robe de soirée violette, et Sarkozy dans son bureau à l'Elysée, un camembert devant lui. Un rien cliché, pas forcément très flatteur pour le couple présidentiel (mais qui a accepté de se peopoliser dès le début, faut-il le rappeler...).Néanmoins, ce n'est qu'un dessin animé !

En parcourant la Toile, on s'aperçoit bien que ce fameux épisode en bel et bien, semble-g-il, été retiré des YouTube et autres Dailymotion. A la place de la vidéo que j'avais insérée, j'ai ainsi droit à cet avertissement : "Nous sommes désolés, ce contenu a été retiré pour cause de non-respect des conditions d'utilisation". Susceptibilité excessive ? En tous cas, mine de rien, il y a là une certaine atteinte à la liberté d'expression...

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Le dessin animé que vous ne trouverez plus sur le Net ?...

Màj: comme on me le signale ici (parfois par des commentaires bien peu amènes, mais passons...), le dessin animé semble pouvoir être retrouvé assez facilement sur la Toile. Bref, suis allée trop vite en besogne, mea culpa ;) Du coup, je me demande si Stéphane Guillon lui-même n'est pas allé un peu vite ?

dimanche 31 janvier 2010

Phonographe, 78 tours, 45 tours, cassette, CD, MP3... 100 ans de musique enregistrée

Cette semaine se clôturait à Cannes la 44ème édition du Midem, rencontre annuelle des professionnels de la musique et du disque. Rencontre professionnelle qui permet toujours de prendre le pouls d'un secteur économique - et de l'état de la création artistique qui en émane.Si, sur le second plan, la créativité des artistes n'a jamais donné lieu à autant de nouveaux-nés sur la scène musicale, sur le premier plan, clairement, l'industrie musicale ne se porte pas très bien. A voir, par exemple, les constats mitigés chez ElectronLibre et Slate.fr.

Le contexte est d'autant plus particulier que, on en a peu parlé, mais la musique enregistrée est centenaire ! Un siècle que se sont succédés différents supports : le phonographe de Thomas Edison en 1877, le gramophone à 78 tours par minute de l'Allemand Emile Berliner en 1887, le disque vinyle à microsillon à 331/3 tours par minute de Columbia en 1948, le vinyle à... 45 tours/minutes de RCA-Victor la me^me année (première guerre des formats !), la cassette audio dans les années 70, le premier CD (compact-disc) en 1982...

Des standards, des formats qui se succèdent, avec toujours les mêmes problématiques : comment trouver un support physique qui restitue le plus fidèlement possible le son initial, et soit le moins possible altéré par le temps ? Se succèdent aussi constamment la guerre des formats, les crises, la concentration des firmes musicales...

Mais dans les années 2000, une mutation de taille est apparue : Internet. Et l'émergence du format MP3. Pour la première fois, la musique a un support dématérialisé, abstrait. Lequel support - autre bouleversement - n'est pas un format initié et contrôlé par l'industrie phonographique. Les formats de fichiers numériques musicaux reproductibles permettent à tout un chacun de faire circuler sa musique, voire de s'autoproduire (avec les ordinateurs "multimédia" qui apparaissent alors), sans passer par le maillon traditionnel des maisons de disques.

Une problématique très bien résumée dans le livre d'Emmanuel Torregano (''Vive la crise du disque !'', ed. Les carnets de l'info, 21 € - que j'ai chroniqué pour L'Expansion.com) : les acteurs de la musique ont eu beaucoup de mal à prendre le virage du numérique. Après des années 90 florissantes, où les revenus avaient été multipliés par quatre !

Avec des indices significatifs : en 2001, l'Allemagne, les Etats-Unis et l'Angleterre étaient déjà en pleine crise du disque, les ventes plongeaient. Côté français, les ventes étaient soutenues par... les premières éditions de la Star Ac' et Pop Star, révèle Pascal Nègre, patron d'Universal France.

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D'où leurs tentatives de démultiplier les sources de revenus : plateformes de téléchargement, quitte à prendre des parts dans des sociétés de l'Internet, artistes parfois outrageusement porte-marques publicitaires, tournées aussi rentables que possible, voire concerts privés, plus-produits pour fans... Quitte à tenter de ressortir des supports vintage, comme le classique disque vinyle, que l'on vendra plus cher à un public averti (voir mon billet sur le sujet).

So, et maintenant ? La mission Zelnik a suggéré des pistes, diversement accueillies. Quelles pistes pour demain ? L'abonnement à une offre illimitée est souvent évoquée dans les discours qu’Emmanuel Torregano a retranscrits. Alors que la piste d'une "carte jeune" à 50 €, évoquée dans la mission Zelnik, fait son chemin.

Une chose set sûre : les artistes ne pourront plus penser la chronologie de leur production au rythme albums / tournées / compilations (so 80's...), mais autour de nouveaux modèles : coupler la vente sous deux formats différents (la vente de fichiers MP3 + CD; ou disques vinyles 'à haute valeur ajoutée' +MP3), la diffusion gratuite sur une plateforme payée par la publicité, des systèmes d'abonnements, les concerts (plus encore qu'avant)...

BD numériques lisibles sur iPhone (et bientôt sur iPad) à Angoulême

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Le Festival de Bande dessinée d'Angoulême se déroule cette année dans un contexte particulier : comme j'en parlais déjà l'an dernier dans ce billet et celui-ci, quelques start-ups commencent à s'associer des maisons d'édition pour lancer des "BD numériques", dont les planches sont lisibles sur ordinateur, voire sur iPhone via une application dédiée.

L'innovation étant que, bientôt, ces "BD numériques" seront lisibles sur de nouveaux supports nomades : les Readers, mais aussi... l'iPad, la tablette numérique d'Apple tant attendue, annoncée cette semaine. Elle sera compatible avec le format ePub (le standard pour les livres numériques), et acceptera les applis iPhone.

Or, les éditeurs BD, comme Aquafadas, Manolosanctis, Tekneo (avec Nomadbook)... rivalisent d'idées innovantes pour valoriser leurs récits sur ces nouveaux supports. Et prendre le virage du numérique, en mêlant différents formats. Je les ai passés en revue dans ce diapo en images, que j'ai publié cette semaine. Plusieurs misent sur l'audio, qui leur permet d'accompagner de commentaires des auteurs certaines planches de leurs BD. Les internautes peuvent parfois laisser des commentaires écrits à certaines BD.

Certains, comme Manolosanctis ou Sandawe, proposent carrément aux internautes de sélectionner leurs BD favorites, celles qui sont plébiscitées étant publiées, voire co-financées par des internautes, selon le principe du crowdraising, déjà appliqué chez Mymajorcompany ou Peopleforcinema.

Clairement, les plateformes numériques ont essaimé sur la Toile : BD Touch, Digibidi.com, Relay.com, Lekiosque.fr, Mediatoon, MobiLire... Il leur restera à trouver leur business model, et les services ++ qui leur permettront de se distinguer.

dimanche 24 janvier 2010

Une nouvelle forme d'auto-promo entre deux pubs chez M6 et Paris Première ?

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C'est peut-être une sorte de nouveau format publicitaire que testent en ce moment M6 et Paris Première (cette dernière appartenant, pour mémoire, au groupe M6). De manière générale, je regarde assez peu la télé. J'ai remarqué un truc assez surprenant, ces derniers jours, au gré de mes zappings. Sur M6 et Paris Première, à chaque tunnel publicitaire (qui dure quelques minutes maximum), une page M6 ou Paris Première est glissée, de temps en temps, entre deux spots.

Concrètement, en télé, une séquence de pubs s'ouvre et se clôture avec une page de quelques secondes aux couleurs de la chaîne, laquelle page précise justement que l'on entre (ou sort) d'une séquence pubs. Normal. Entretemps, les spots de plusieurs annonceurs sont diffusés, et bien sûr, la chaîne qui les diffuse n'assure pas son auto-promo sur ce laps de temps.

Depuis quelques jours, cela fait plusieurs fois, en regardant des pubs sur M6 ou Paris Première, je vois régulièrement, glissée entre deux pubs, un écran très fugace (diffusé sur 1/2 seconde, une seconde maximum), avec juste le logo de la chaîne-diffuseur. Vous avez remarqué cela aussi ? Ou est-ce que vous l'avez vu sur d'autres chaînes ?

Clairement, pour moi, c'est une forme de publicité très fugace, et néanmoins subtilement intrusive : car inconsciemment, on mémorise cette image diffusée très rapidement... Et par l'effet de répétition, notre cerveau l'enregistre d'autant mieux ! Diablement efficace. Un fait quasi-scientifique, très bien connu des spécialistes du neuromarketing.

dimanche 17 janvier 2010

Premières applications mobiles frauduleuses : obligation de régulation par les AppStores ?

Et voilà, il fallait s'y attendre. Tout nouveau service qui suscite l'engouement est confronté, un jour ou l'autre, à des premiers obstacles, au premier chef la contrefaçon, les détournements, ou encore des versions vérolées.

Dans le domaine des applications mobiles, vendues sur les AppStores avec le succès que l'on sait (voir par exemple ici), on pourrait bien voir surgir, un jour, des applis érotiques (voire plus) 'pour adultes'...

Appli Android de fishing

En attendant, cette semaine, le premier cas d'appli mobile délibérément destinée à un usage frauduleux est apparu... Il rappelle fortement les cas de mails de fishing diffusés par e-mails (sous forme de spams), qui visaient à récupérer les données bancaires d'internautes distraits. L'application mobile publiée par Droid09, proposait aux utilisateurs de se connecter à leurs comptes de la banque américaine Credit Union pour les gérer à distance, depuis leur téléphone portable.

Cette application était frauduleuse, et récupérait les données des utilisateurs pour le compte d'un tiers. Les identifiants et mots de passe de connexion étaient donc volés, et ce dans le but de se connecter aux comptes, comme dans les affaires de fishing. L'affaire a été révélée par l'entreprise de sécurité informatique Sophos.

Mais du coup, une autre question sous-jacente surgit : quid de la responsabilité des éditeurs d'applis mobiles dans ce genre d'affaires ? Les propriétaires d'AppStores (Apple, Google dans le cas de l'Android Market...) , ne sont-ils pas censés trier sur le volet leurs futures applis, et les valider avant leur lancement . Or ici, cette application, qui était proposée sur l'Android Market, a été approuvée par ses administrateurs... Avant d'être retirée, une fois la fraude constatée.

En clair, les propriétaires de "magasins" applications mobiles en ligne seront-ils être garants de leur fiabilité ? Il y avait déjà eu un précédent, avec le ver Rick Ikee qui circulait sur des iPhones déverrouillés, utilisant donc des applis non-vérifiées par Apple (un point pour Apple, donc).

Propriétaire d'AppStore = régulateur ? Le cas des 'fausses' applis iPhone NY Times

Et c'est sur cela que risquent de pêcher les téléphones sous Android : autant Apple est très regardant sur les nombreuses applications proposées par des développeurs sur l'AppleStore (le processus de validation peut prendre jusqu'à 1 mois), autant le processus de validation des applis est connu pour être extrêmement léger du côté de l'Android Market. A moins que Google ne prêche l'auto-régulation, et laisse la responsabilité à ses utilisateurs de choisir à bon escient (autant que possible ;) dans une jungle d'applis peu triées... Ce qui risque de le discréditer.

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Mais Apple n'est pas forcément prêt à enrôler systématiquement ce rôle de super-régulateur, notamment face à des "fausses" applis mobiles qui surgissent. Comme signalé sur le blog Mediamemo, cette autre affaire pourrait faire du bruit : face à deux applications iPhone du New York Times qui pourraient s'avérer être des fakes (ou en tous cas des versions non-officielles), Apple "ne veut pas savoir". Concrètement, on trouve actuellement sur l'iTunes Store l'application iPhone officielle du NY Times (gratuite et bien pratique), ainsi que... deux différentes applis iPhone pour le NY Times, “New York Times Mobile Reader", proposées pour 0,99 cents chacune. Actuellementl e service juridique du quotidien planche sur le problème, signalant qu'AUCUNE des deux applis n'est autorisée.

Pub made in England pour un site de comparaison

Juste for fun, allez jeter un oeil sur cette pub amusante pour un site comparatif anglais, Comparethemarket.com, aux dialogues à l'humour so british et aux personnages... très réalistes :) Une pub devenue culte en Grande-Bretagne, d'ailleurs.

Cette vidéo publicitaire vante les mérites d'un broker anglais, mais la clé de son succès est là : ses concepteurs y ont glissé un un jeu de mot autour du mot Meerkat - qui est le mot anglais pour Suricate, une espèce de petite mangouste. Le personnage de la publicité est précisément un joli petit meerkat, emmitouflé dans une sortie de lit en soie, un verre de Brandy a la main. Ce à l'accent prononcé et est devenu une référence de langage avec son "simples !".. Au point qu'il est devenu la mascotte du vrai site comparatif Comparethemeerkat.com.

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