dimanche 17 octobre 2010

Nielsen espionne sur les forums, The Social Network, reportages à la demande, Hadopi cherche attaché(e) de presse...

journaux

Week-end oblige, nouveau butinage de liens sur la Toile, sur Twitter et ailleurs, plusieurs choses qui ont fait l'actu médias / tech / pub / polémique, et qui ont retenu mon attention...

  • TF1 va toujours plus loin dans télé-réalité: on échappe à peine à "Secret story" (3 mois de diffusion infligés...), vous allez avoir droit à ça à partir du 29 octobre.
  • C'est le Wall Street Journal qui a levé le lièvre, Nielsen Co -institut connu pour sa recherche sur les médias), "grappille" les conversations médicales des internautes sur des forums de discussion tels que PatientsLikeMe.com... et revend les "données" aux labos big pharma. Flippant.
  • Ça ne vous aura pas échappé, The Social Network, la story de LA start-up de cette dernière décennie, Facebook revue par le brillant David Finsher, est sortie en salles cette semaine. Sur cette tragédie homerienne 2.0, portrait cruel du fondateur Mark Zuckerberg, allez dévorer ce passionnant papier de Wired, The inside story of the Facebook movie.

...Lequel Mark Zuckerberg a d'ailleurs précisé sa stratégie pour la Chine (où Facebook est censuré)... et commenté sa garde-robe, via Techcrunch http://tcrn.ch/bSUWXy by @jasonkincaid via @TechCrunch

  • Le papier d'Emmanuel Paquette, un brin cruel, n'a pas dû faire plaisir aux Rue89, Mediapart et autres Slate... Le papier a autant d'intérêt que les commentaires en-dessous.
  • La même semaine, le fondateur de Spot.US présentait pour la première fois à une poignée de journalistes français son concept de reportages à la demande, alors qu'il fait des petits en France (Glifpix ,et Jaimelinfo.fr): mon analyse chez Owni.
  • Mind the logo, Gap! Le #fail de Gap s'est confirmé cette semaine dans sa tentative de crowdsourcing marketé à donf, dont je parlais déjà il y a quelques jours dans ce papier.
  • Inaglobal, une sorte de média dédié à la culture numérique et aux médias, était lancé lors d'un joli raout lundi soir. Il sera alimenté par "400 contributeurs issus de 30 pays, et d'extraits des revues InaStats et Mediamorphoses", nous annonçait Matthieu Gallet, tout nouveau patron de l'Ina. Pour Frédéric Mitterrand, c'est sûr, ce sera "un Wired a la française". Wow, j'attends de voir...

mercredi 13 octobre 2010

"Les Vivants et les Morts", fresque sociale et révoltée - du retour du récit engagé

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Source image

Un téléfilm français on ne peut plus politique et social, consacré à une usine qui ferme dans le Nord, et aux ouvriers qui luttent pour sauver leur emploi. C'est fou, carrément inimaginable, mais France 2 a eu le cran de programmer cette série de 8 épisodes sur 4 soirées, en prime time. Les Vivants et les Morts, tirée du livre à succès éponyme de Gérard Mordillat, est adaptée ici avec une puissance incroyable. C'est sans doute la première fois que l'on voit débarquer ce genre d'ovni télévisuel sur le petit écran. Et pour la seconde soirée, j'ai encore une fois été scotchée.

Fresque sociale

C'est donc une fresque sociale étalée sur 8 épisodes de 55 minutes - un format télévisuel lui-même incroyablement osé et inédit - où l'on voit Rudi, Lorquin, Hachemi et Dallas, OS du XXIème siècle à la KOS, une usine de fibre plastique condamnée à mort par la volonté des actionnaires capitalisme financier oblige. Face à la fermeture inexorable de l'usine, par étapes successives, les ouvriers vont donc se battre avec l'énergie du désespoir, et se débattre avec des vies persos d'autant plus compliquées.

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

Alors oui, France 2 a pris un pari risqué en diffusant ce récit documentaire et exigeant en prime time. L'audience est d'ailleurs moyenne: 2,71 millions de téléspectateurs (soit 10,3% des parts d'audience) pour le second volet, diffusé hier soir, bien loin derrière "Le Mentalist" de TF1 (36,3% des PDA), et même "Des racines et des ailes" (13,7% des PDA) ; et 3,32 millions (12,8% des PDA) pour le premier volet, diffusé le 6 octobre (36,5% des PDA pour "Le Mentalist")

Pourtant, c'est follement émouvant et impliquant, parce que l'on y voit pas de caricatures d'ouvriers et de syndicalistes, mais on ressent une émotion brute, dans ce récit on ne peut plus concret, où l'on est immergé dans les vies de la cinquantaine de personnages - la lycéenne bourgeoise qui tombe amoureuse d'un jeune apprenti, les couples d'ouvriers...

Un récit social engagé et collectif qui n'est jamais dissocié des histoires d'amour, des drames persos, des espoirs brisés. Tout compte, rien n'est dérisoire, la force des sentiments des personnages est mise en avant. Dans ce récit incandescent, les personnages ne sont pas très éloignés des Gavroche et Lantier d'Hugo et de Zola.

La caméra plonge au coeur du combat, des manifs, des occupations, des groupes de femmes solidaires, des négociations ardues entre délégués syndicaux et patrons... Du récit "de terrain", qui passerait presque pour un documentaire. Et m'a vraiment rappelé le journalisme social, le reportage "industriel", où les héros sont ceux qui luttent pour sauver leur emploi.

Une fresque symptomatique d'une "crise (qui) crève l'écran"

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Car ce récit documentaire est diffusé à pic au moment où la situation de l'emploi stagne en France, et où notre tissu industriel se délite en continu. Après les précédents Métaleurop, Continental, Cellatex, sa diffusion s'entrechoque avec l'actualité - dont la fermeture de l'usine Lejaby, à l'occasion de laquelle des ouvrière sont mené une grève de 15 jours pour être licenciées dans des conditions décentes. Ou quand la fiction rejoint la réalité...

Ce récit renvoie bien sûr aux innombrables fermetures d'usines dans des bassins mono-industriels, comme le Nord, où se déroule ce récit - l'usine est implantée dans une ville imaginaire du Nord, Raussel - tellement bien cerné dans ce téléfilm (oui, j'en viens ;). La ville moyenne avec les maisons en brique rouge, où le vrai centre névralgique est l'usine, les demeures bourgeoises des responsables d'usines bien distinctes de celles des ouvriers...

dimanche 10 octobre 2010

David Bowie forever, bébés facebookés, niche fiscale, crowdsourcing...

journaux

Quels liens pour cette semaine ? Repérages high-tech, actu musicale, réseaux sociaux, pratiques journalistiques...

  • D'abord, côté musique, ce billet de Jean-Christophe Féraud, à cause duquel je suis toujours amoureuse de David Bowie (well, Mr David Robert Jones). Tiens, et toujours côté musique, même si ça n'a rien à voir, mais Pascal Nègre débarque sur Twitter, il compte déjà 718 followers...
  • Un profil Facebook pour votre nouveau-né ? Près de 5 % des bébés de moins de deux ans auraient leur propre profil social, d'après cet article. Flippant... Alors que Télérama consacrait (enfin) sa couv' au droit à l'oubli sur le Net.
  • Cela en fait rire certains, mais Archos s'apprête à lancer 5 tablettes, et rêve toujours de rivaliser avec Apple.
  • Sur le sujet pour le moins polémique de l'abattement fiscal des journalistes, dont je parlais , @cyceron s'en empare à son tour.
  • "Ami", "partager", "liker" "j'aime"... Toute une nouvelle terminologie autour des univers de Facebook et Twitter sur laquelle revient ce papier publié chez Owni.
  • Chez Owni toujours, d'ailleurs je suis revenue dans ce papier sur la notion de crowdsourcing dans le marketing. Je me souviens avoir écrit sur cela pour la première fois pour Les Echos en octobre 2007.

"Kiss the past hello", les ados éternels de Larry Clark

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C'est sans doute la photo qui illustre le mieux l'expo de Larry Clark, qui s'ouvrait hier au Musée d'Art Moderne à Paris. Ils sont jeunes, ils sont magnifiques, et il y a un discret érotisme qui émane de cette photo, pas loin d'un Botticelli, qui nous renvoie tous à nos premiers ébats.

J'ai vu l'expo Larry Clark, qui ouvrait ses portes vendredi au Musée d'art moderne de Paris. Et non, je ne vais pas vous parler ici de la polémique autour de son interdiction aux moins de 18 ans (que je trouve absurde çà titre perso... C'est une expo sur les ados et avant tout pour les ados, comme le dit très bien Larry Clark dans cette interview au Monde), mais retour ici à l'essentiel, l'art. Que valent ces photos ?

Kiss the past hello ("Dis bonjour au passé", détournement du dicton Kiss the past goodbye - "Fais table rase du passé", référence punk qui colle assez bien à Larry Clark...), avec 300 photos et 2 films inédits, montre plusieurs représentations de la jeunesse vue par Larry Clark, en 40 années de photo. La jeunesse plutôt rock, plutôt trash, qui cherche à tester les limites de la liberté, voire qui fraye avec les bas-fonds et la marginalité. Loin des polémiques un peu stériles sur une supposée complaisance (ou des photos qui revêtiraient un caractère "pornographique"), on y voit surtout des portraits d'ados que Larry Clark a suivis, succédanés des dernières décennies.

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Et cela nous touche follement, parce que cela nous renvoie à notre propre adolescence (censée être "le bel âge"), à nos excès, aux frontières que l'on a failli franchir. Un véritable uppercut, même si j'aurais sans doute été encore plus touchée si j'avais été un mec - Kiss the past hello est l'adolescence vue par un homme photographe, donc de manière avant tout masculine (nombreux portraits de jeunes mecs), avec une sensibilité bien plus personnelle des années 60 aux années 80. Lorsque Larry Clark était encore lui-même proche de l'adolescence...

Qu'est-ce que l'on y voit ? Des années 60 à Tulsa (Oklahoma) aux années 2000, on y voit son regard sur la jeunesse américaine. On y voit la drogue, le sexe, mais aussi des bandes de potes, au sein desquels Larry Clark a travaillé en immersion, en allant jusqu'à suivre certains ados durant des années, pour montrer leur évolution. Au-delà du cinéaste provoc' habitué aux scandales (cf la sortie de Kids en 1995), on découvre là un photographe qui a une p/ù^$* de sensibilité, dans les prises de vues, la lumière, ce qui ressort de ses très nombreux portraits d'ados.

Organisée de manière chronologique, l'expo donne à voir, en creux, les formes de contre-cultures portées par les ados au fil des décennies.

Premier uppercut, les quelques photos de sa mère, Frances Clark, reflets d'une Amérique idéalisée, qui tranchent avec la première partie de l'oeuvre de Larry Clark. Le portfolio Tulsa, qui couvre les années 60 (qui avait donné un livre éponyme) révèle la vie quotidienne du jeune artiste. Entre l'ennui et la violence dans les suburbs de Tulsa, il y photographie ses potes zonards.

Alors oui, là la pauvreté va de pair avec les premiers shoots, qu'il photographie dans son entourage, avec parfois des photos très crues: une femme enceinte qui se pique, un ado qui joue avec un revolver, le visage tordu de douleur de cet homme, le premier shoot de la girlfriend, des scènes qui mêlent piqouze et sexe... Il y a aussi les dates de décès de certains potes de Larry Clark partis bien trop tôt...

Mais aussi un film muet de 16 mm de 1964, où l'on voit un jeune mec qui se shoote - film touchant et d'une tristesse absolue, qui s'affiche progressivement sur le visage de sa copine, au fur et à mesure du shoot.

Lust for life

Les années 70 donnent à voir là encore des portraits en noir et blanc d'une jeunesse qui découvre le sexe, l'amitié, parfois la drogue... Mais déjà prédominent les portraits magnifiques de ces ados, des jeunes mecs dont on se dit juste qu'ils sont beaux et sereins. Et dont on devine qu'ils ont déjà beaucoup vécu. Il y a aussi ces photos de couples, s'adonnant à l'amour (voire au triolisme) ou à la drogue, ces scènes d'ados découvrant le sexe, entre fraîcheur et expériences déjà hard..

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Pour les années 80 (portfolio intitulé avec un certain sens de la provoc' Teenage Lust - "luxure d'ados") , Larry Clark a adopté ce qui constituera la sève de son travail: il réalise des portraits au sein de groupes de jeunes dont il parvient à se faire adopter, ou avec des prostitués de la 42e rue de New York. Là, ce sont les années punks: jeunes mecs au crâne rasé et aux jeans moulants.

A partir des années 90, il s'intéresse aux jeunes skaters. Ce seront les prémices de son film "Wassup Rockers". Là, ses photos changent, on voit une jeunesse presque plus sereine. Dans ces portraits grand format, aux couleurs saturées, on y voit des jeunes punks skaters latinos qui prennent la pose, avec fierté et provocation (superbe photo de cet ado qui porte un T-shirt avec pour slogan "Let's start a war" en 1992, en pleine guerre d'Irak...).

Mais aussi, en toile de le fond, là encore la pauvreté absolue: comme ce jeune mec de 12/13 ans qui pose à poil, la clope au bec, près de son père, qui a la bouteille et son dernier-né sur les genoux... Et là, on se demande : quel avenir pour ces ados ?

mardi 5 octobre 2010

Kim Kardashian, incarnation de ces "vraies-fausses" people nées sur le Net

Kim Kardashian

Vous n'avez jamais entendu parler de Kim Kardashian ? C'est normal. J'ai trouvé ça marrant d'en parler ici, d'autant que cette jolie poupée incarne à la perfection cette nouvelle espèce mutante, qui s'accélère avec le Net et la télé-réalité: les semi-people. Elles ne sont ni actrices, ni chanteuses, n'ont pas de talents particuliers, mais parviennent à obtenir un semblant de notoriété.

Il y a une dizaine d'années, on a vu apparaître les premiers d'entre eux en France dans "Loft Story" en 2000, avec les Jean-Edouard, Laure de Lattre, et autres Loana, pour certains intégrés dans les médias depuis (comme Steevy), pour d'autres bouffés par le système people (Loana), ou retombés dans l'anonymat. Mais ils étaient finalement assez mignons, spontanés.

Ils étaient bien loin des personnages des émissions de télé-réalités de maintenant, à l'image caricaturée , façonnée: prenez les personnages assez hallucinants de l'émission "Dilemme", comme en parlait très bien Guy Birenbaum dans son billet. Leur objectif: être connus, et rentabiliser au mieux leur (courte) vie médiatique.

Héritière bling-bling, télé-réalité, sex-tape...

Sa bio sur Wikipedia est encore maigre, et elle ne sera probablement qu'une (demi)-star filante. Il m'empêche, Kim Kardashian a appliqué à la lettre toutes les bonnes recettes de la semi-people, comme Paris Hilton, dont elle fut un temps la protégée, de manière très industrialisée, à l'américaine. Démonstration.

Premier point commun, la poupée gonflée bimbo (un peu ) retouchée est elle aussi héritière : bon, moins riche que sa copine Paris, mais son père fut tout de même l'avocat d'O.J. Simpson.

Elle aussi est née médiatiquement via une émission de TV réalité: mais elle a fait mieux que Paris, qui se contenter de sillonner l'Amérique profonde avec son ex-meilleure amie Nicole Richie dans "The Simple Life". Kim Kardashian a carrément joué en famille la comédie (un peu trash) dans une émission de télé-réalité, "L'incroyable famille Kardashian", diffusée sur MTV, avec ses deux soeurs, Kourtney et Khloé. Une mise en scène de la vie palpitante de leur vie quotidienne où elles baignent dans le luxe (à défaut de luxure, peu diffusable sur la chaîne pour ados), entre Miami et Los Angeles.

L'autre ingrédient ? Une sex-tape, bien sûr, tournée avec le chanteur R&B Ray-J (de son vrai nom William Ray Norwood Jr), qui a filtré "par erreur" en 2008. On le sait, c'est un passage obligée pour toute people aspirante: cette vidéo volée des ébats est en passe de devenir une véritable industrie, avec des vidéos parfois revendues à prix d'or. Là, l'image qui tremble, le flou donnent un aspect «paparazzé» à l'image. Le public a l'impression de faire intrusion dans la vie privée du people (à peu près) pris en flagrant délit: exactement comme dans la presse people.

Pour donner le change, elle présente ensuite ses excuses (c'est bien connu, les Américains adooorent les mea culpa publics), mais l'objectif est atteint: elle a fait scandale, le grand public a découvert sa sculpturale plastique dans une vidéo "amateur" - elle est connue.

Chic parisien

Kardashian Allure

Pour lui apporter un vernis plus glam' et haut de gamme, elle décroche ensuite des shootings photos pour Playboy et, plus chic, pour Allure en septembre.

Et enfin, cerise sur le gâteau, le 22 septembre, elle s'offre un voyage à Paris, avec voyage en jet privé, descente au Ritz, visite des musées avec un guide personnel... Là encore, tout pour lui assurer un vernis de star. Auparavant, son entourage a pris soin de transmettre son agenda au détail près aux médias. Là encore, la même technique que son modèle Paris Hilton...

Résultat: couverture médiatique garantie, dans la presse people tout comme dans la presse plus "sérieuse" - même Première.fr assure la couverture. Son passage à Paris donnera cette interview quelque peu surréaliste avec Mouloud, l'humoriste de Canal.

L'objectif, c'est bien de romancer sa vie, en lui donnant une touche plus chic par ces premières publications dans la "grande presse" et un passage à Paris - comme une vraie people.

Par la même occasion, elle déclame à la presse vouloir devenir une "chef d'entreprise", en commercialisant son parfum, ses produits diététiques.. Ou comment Kim Kardashian espère devenir elle-même une marque.

dimanche 3 octobre 2010

Larry Clark, Samsung mécène, Atlantico, neutralité du Net, Hadopi-Data, Mères & filles version trash, Carla...

journaux

Comme tous les dimanches (enfin depuis peu;), quelques liens en vrac, des infos glanées lors de mes revues de presse (et du web), quelques éléments prospectifs, médias et autres.

  • Cela promet d'être la polémique de la semaine: l'ouverture le 8 octobre (jour pas comme les autres pour moi...) au Musée d'art moderne de Paris de l'expo photo de Larry Clark, cinéaste doué, qui a su cerner la jeunesse trash (sex & drugs) dans Kids - et avec beaucoup de sensibilité dans Paranoid Park. Révélateur d'un air du temps frileux et conservateur, l'expo sera... interdite aux mineurs: "une attaque contre les ados" pour Larry Clark.
  • Côté culture toujours, autre expo du moment, celle au Petit-Palais, avec un mécène high-tech: allez lire mon papier sur Rue89, "Samsung, le mécène high-tech (très) omniprésent du Petit-Palais".
  • Le projet Atlantico prend forme : aperçu ici de la version beta du nouveau site d'info de droite, financé notamment par Arnaud Dassier. (
  • Fail pour Le Point, dont Jean-Michel Décugis (grand reporter reconnu pour ses enquêtes) s'est fait berner en beauté avec un faux témoin.
  • Le groupe de presse Wolters Kluwer groupe de presse spécialisé dans l'actu social-RH (Liaisons Sociales...) est - ironie terrible - confronté à une crise sociale majeure: 120 salariés (!) déclarés en arrêt-maladie. Son PDG France Xavier Gandillot a été "remercié", il sera remplacé par Michaël Koch.
  • Numérama lance Hadopi-Data pour tenter de fédérer les victimes de la commission Hadopi, etleur apporter une aide juridique. On a aussi appris qu'Hadopi aurait un budget annuel de 10 millions d’euros versés par l'Etat - presque autant que la Cnil. CQFD.
  • Dans Les Echos: Le mariage d'Internet et de la télé fait revenir les jeunes vers le petit écran et amène de nouveaux formats d'émissions: à lire là (tant que c'est en accès libres)
  • Marre des pubs gnan gnan "mères et filles" Comptoir des cotonniers ? Alors allez voir ça, ça dépote http://tinyurl.com/39q7yor

jeudi 30 septembre 2010

Le mythe de la "niche fiscale" des journalistes - et leur baisse de pouvoir d'achat

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(Photo vintage inchangée depuis ma première carte de presse - il y a 10 ans ;)

L'abattement fiscal dont bénéficient les journalistes est-il un privilège d'un autre âge, contraire à toute démocratie, qui devrait prendre fin ? Plusieurs gouvernements ont rêvé, tour à tour, de faire sauter ce "privilège" journalistique. Comme le rappelle mon confrère Hugues Serraf dans ce billet.

Et cette fois encore, il semblerait bien que le gouvernement ait décidé de faire marche arrière. On n'y a pas échappé: en plein débat sur les niches fiscales, et le "coup de rabot" annoncé de 10%, le gouvernement a laissé entendre, à plusieurs reprises, que l'abattement d'impôt sur le revenu dont bénéficient les journalistes serait lui aussi concerné.

Et le ministre du Budget François Baroin de lâcher, perfide, que les journalistes devaient "contribuer à l'effort comme tout le monde". Une manière d'assimiler l'abattement fiscal du journaliste à une niche fiscale, au même titre que celles dont bénéficient quelques centaines de professions - producteurs de truffes, restaurateurs, chauffeurs de taxi, arbitres de football...

Le mythe du "rabot fiscal" des journalistes

Joli amalgame, mais totalement faux. Jusqu'à présent, l'abattement fiscal de 7 650 euros dont bénéficiaient les journalistes n'était pas considéré par Bercy comme une niche fiscale, comme l'a rappelé en réaction le SNJ. "Ce n'est pas une niche mais bien une aide directe à la presse", soulignait récemment auprès de L'Expansion.com François Boissarie, membre du comité national du SNJ, en charge des questions fiscales.

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Image Wikimedia

Historiquement, ce petit plus fiscal a été créé en 1934 pour compenser la faiblesse, voire l'absence de remboursement des frais professionnels par les éditeurs, et pour aider le secteur de la presse à se reconstruire dans l'après-guerre. Maintenant, l'"allocation pour frais d'emploi" (c'est son nom officiel) joue le même rôle: elle tient lieu "de remboursement de frais pour nombre d'entre eux", selon le SNJ . Ce qui est d'autant plus vrai pour les journalistes pigistes, qui représentent aujourd'hui 25% des journalistes.

Gagner correctement sa vie comme journaliste ?

Car c'est la vraie question en creux: est-on assuré, aujourd'hui, de gagner sa vie correctement comme journaliste ? Sans vouloir virer, par ce billet, au manifeste corporatiste, la profession de journaliste pâtit clairement d'une baisse de pouvoir d'achat, avec un niveau moyen de revenus qui n'a pas du tout suivi l'inflation, comme s'est fait fort de le rappeler le SNJ dernièrement.

Ce qui se vérifie par les chiffres. Si on prend les chiffres de 2008 (certes déjà un peu anciens - source) montrant combien gagnent en revenus mensuels bruts les 37 000 journalistes (j'arrondis) détenteurs de la carte de presse :

- Moins de 500 euros: 3

- De 500 à 1 000 euros: 187

- De 1 001 à 1 500 euros: 1 174 (3,9%)

- De 1 501 à 2 000 euros: 3 094 (10,4%)

- De 2 001 à 2 500 euros: 4 005 (13,4%)

- De 2 501 à 3 000 euros: 5 389 (18,1%)

- De 3 001 à 4 000 euros: 8 459 (28,4%)

- De 4 001 à 5 000 euros: 4 102 (13,8%)

- De 5 001 à 6 000 euros: 1 709 (5,7%)

- De 6 001 à 10 000 euros: 1 485 (5%)

- De 10 001 à 40 000 euros: 207 (0,7%)

- Plus de 40 000 euros: 10

Tout de même, plus du quart des journalistes "encartés" sont sous la barre des 2 500 euros bruts mensuels. Pas évident de vivre avec un tel revenu à Paris, où - centralisme post-jacobin oblige - la plupart des journalistes français exercent leur profession. Alors que cette semaine, Le Monde rappelait que les classes moyennes - les employés et cadres, et évidemment les jeunes actifs - n'ont plus les moyens d'acheter un logement à Paris, où les prix de l'immobilier ont augmenté de plus de 9% en un an... Puis ensuite, 18% gagnent entre 2 500 et 3 000 euros bruts.

Plus inquiétant encore, la profession semble se précariser, les journalistes-pigistes et en CDD représentent une part non négligeable des journalistes - 16,4% en 2008. Et encore, "selon certains chercheurs, ces chiffres ne révèlent qu’imparfaitement la montée de la précarité dans la profession. Certaines personnes réalisent des piges mais sans parvenir à en tirer la majorité de leurs ressources et ne sont donc pas comptabilisées. Ainsi, la CCIJP sous estimerait le nombre réel de pigistes", précise l'étude.

Soit dit en passant, en 2008, 37% des journalistes pigistes gagnaient moins de 1500 euros bruts par mois. En euros constants, le montant brut mensuel moyen des piges a diminué de 2000 à 2008, passant de 2 200,94 à 2 059,25 euros.

Journalistes-pigistes multicartes pour joindre les deux bouts

Face aux baisses des commandes et la la diminution du prix au feuillet (à titre d'exemple, plusieurs titres en ligne pratiquent un tarif moyen de 50 euros le feuillet... contre 80 à 90 euros il y a encore deux ans), les journalistes pigistes sont obligés de développer leurs activités hors-média. Certes, pour mémoire, le tarif moyen du feuillet en presse quotidienne nationale est de 60 euros le feuillet. Un confrère (qui se reconnaîtra ^^) d'un jeune média m'a même proposé récemment un article rémunéré... 40 euros. CQFD.

Certes, on a toujours vu des journalistes donnant des cours en écoles ou animant des conférences. Mais là, on observe une inflation assez inquiétante des journalistes pigistes proposant des prestations de formation, de "conseil", de cours en écoles,voire de prestations pour des entreprises, allant de la rédaction de livres blancs à celle de catalogues... Pas le choix, pour joindre les deux bouts. Des réalités multiples que l'on recouvre par des qualificatifs multiples, comme celui - très pudique et fourre-tout - de "journaliste - entrepreneur".

mercredi 29 septembre 2010

Bilan Hackthepress : un nouveau format journalistique, l'appli iPhone BD - photojournalisme

Le datajournalism fait polémique, il n'empêche, il est bel et bien en train de donner naissance à de nouveaux formats journalistiques ? C'était un des sujets au cœur de la journée HackThePress, organisée par l'équipe de la soucoupe Owni, qui se tenait hier à la Cantine, à Paris.

Au cours de cette journée, 6 équipes pluridisciplinaires (composées de développeurs, designers et journalistes) devaient concevoir une application (pour ordi, iPhone, iPad...) sur un des sujets d'actualité sélectionnés au préalable via Google News. Une battle très amicale donc, qui a bien montré en quoi ces applis pouvaient faire évoluer la manière de présenter l'info.

A la manoeuvre, Rue89, la Netscouade & Mediapart, Umaps, StreetPress, un duo d’indépendants, David Castello-Lopes et Pierre Bance, ainsi qu' OWNI.

"Expérience des profondeurs", graphe comparatif...

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Je suis passée hier soir à la présentation des applications concurrentes, qui se concluait par un vote (à main levée ;) pour désigner les gagnants. Résultat: un joli bouillonnement créatif autour du datajournalism.

Dans ces différents projets (voir la présentation en temps réel sur le fil dédié conçu par Owni, à parcourir de bas en haut), j'ai bien aimé celui de Rue89 (pour qui je signe de temps à autre des papiers): ils sont partis de l’histoire des mineurs chiliens, coincés à 700 mètres sous terre depuis le 5 août, et se sont basés sur des témoignages d'internautes, sollicités pour raconter leur "expérience des profondeurs" (du crowdsourcing donc), pour concevoir une infographie participative: il suffit de cliquer sur un des cercles pour voir un témoignage d'internaute, que l'on fait défiler en scrowlant.

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Bien aimé aussi l'appli du duo Mediapart (autre media pour lequel j'écris parfois) - La Nestcouade : ils sont partis des deux actus (buzz) politiques qui s'entrechoquaient en premières positions sur Google Actu, la quote de François Fillon expliquant que «Nicolas Sarkozy n’est pas son mentor» et le lapsus "économique" de Rachida Dati sur la fellation...

A partir de requêtes quêtes sur un corpus d’articles de 20 sites d’information et de tweets recueillis sur 10.000 comptes Twitter, ils ont conçu ce graphe de "propagation sociale de actualités".

Finalement, c'est un inconnu (mon projet préféré :) qui a remporté la mise (un Minitel ;): StreetPress.com, qui a conçu une BD-reportage multimédia pour supports mobiles. Il est vrai que la BD-reportage a le vent en poupe. Pour couvrir le sujet qu'ils avaient choisi - la fin du gel des constructions en Cisjordanie - ils ont alterné plusieurs formats : vignettes de BD, diaporama de photos, et interview vidéo. "Une manière de mettre en scène le reportage, l'info, pour le web", a résumé un des cofondateurs, Johan Weisz.

dimanche 26 septembre 2010

Meetic Affinity sur VentePrivée, robots-employés, kiosques numériques, Crowdsourcing du 23 septembre...

Entre liens notamment repérés et partagés sur Twitter, que je tiens à vous faire partager ici, il y a notamment la rentrée littéraire qui, pour la première fois, se numérise un peu.

Autre news, d'ici 15 ans, les robots pourraient accomplir le boulot de 3,5 millions de Japonais - de quoi déclencher un début de sédition contre les robots?

Pas si éloigné que cela de la sédition, les manifestations du 23 septembre contre la réforme des retraites ont généré chez Owni cette initiative originale de crowdsourcing d'affiches (très post-68) contre ladite réforme... Voir le Twitpic que j'ai pris dans leurs bureaux.

Le site Vente-Privée.com s'impose décidément comme réseau de distribution à part entière, pour tout... Quelques mois après l'album de Patricia Kaas, ou encore des Freebox, c'est au tour de Meetic Affinity d'annoncer qu'il vendra bientôt ses abonnements sur le site de ventes privées.

Du côté des médias, alors que LeMonde.fr devrait passer en tout payant d'ici la fin de l'année (rubriques Planète et Eco) d'après Challenges, Apple mettrait la dernière main à son kiosque numérique, qui pourrait voir le jour d'ici fin 2010. En tous cas, les tractations sont en cours aux US avec les principaux éditeurs. Justement - quel étrange hasard - la même semaine, Frédéric Mitterrand, parmi ses projets de numérisation, dévoile un projet de plateforme audiovisuelle co-conçu avec l'INA, et... un projet de kiosque numérique. Preuve que les choses bougent en la matière, cette semaine, ce sont aussi 34 quotidiens régionaux qui se sont lancés sur une plateforme iPad commune de PQR, où ils sont chacun accessibles moyennant 0,79 €/jour.

Enfin, bonne nouvelle pour les geek(ette)s, quelques semaines après le retour de ladite Fanny en France (que j'ai enfin eu le plaisir de croiser IRL...), la Fanny's Party serait bientôt de retour !

vendredi 24 septembre 2010

ePub, le mauvais format pour les livres en ligne ?

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Gros plantage chez le monde de l'édition ou simple polémique ? Dans cette tribune publiée sur le site de L'Atelier (cellule de veille de la BNP Paribas, initialement fondée par le génial Jean-Michel Billaut - toujours bon à rappeler...), Frédéric Kaplan, connu notamment pour ses travaux sur l'intelligence artificielle, l'affirme: le format ePub ne tiendrait pas la route, à moyen terme, pour soutenir les livres numériques.

La norme ePub

Le format ePub, c'est la norme qui s'est imposée comme prédominante sur les premiers Readers (liseuses électroniques) apparus sur le marché: les modèles de Sony, d'Amazon (Kindle), du Français Bookeen... acceptent tous ce format. Tout comme les tablettes tactiles telles que l'iPad dans leur fonctionnalité livres électronique. L'avantage étant que les eBooks téléchargés sous le format ePub peuvent être lus sur la plupart des supports nomades, la mise en page des fichiers s’adaptant en principe aux caractéristiques particulières du support, ainsi qu'aux préférences du lecteur.

Or, le livre numérique est en train de se développer timidement, d'autant plus en cette rentrée littéraire, où les éditeurs (les gros, du moins, qui ont les moyens) s'efforcent de sortir leurs nouveautés en romans en éditions papier ET numérique, en même temps, comme j'en parle dans cet article pour Rue89. D'après la Fnac, près de 25% des titres de la rentrée littéraire seraient disponibles en format numérique (chiffres contestés par certains professionnels de l'édition).

L'ePub a bien des atouts: c'est un standard ouvert, qui existe depuis longtemps, et a été adopté par la plupart des constructeurs de liseuses ET de tablettes (une bonne alternative face à Amazon), qui plus est simple à déployer pour les éditeurs.

Livres sous ePub et livres-applications, des expériences différentes

Mais l’ePub produit des mises en pages très inférieures à celles des livres imprimés, d'après Frédéric Kaplan. Le gros problème étant que l'ePub ne prend pas en charge les expériences de lecture que permettent les tablettes tactiles (dotées, elles, d'écrans couleur): normal, il n'avait été pensé que pour les liseuses.

Et il n'est pas compatible avec les livres-applications, ces livres animés que l'on commence à voir émerger sur les iPad, produits par des start-ups telles que Moving Tales. Sa première réalisation, The Pedlar Lady of Gushing Cross, montre d'ailleurs tout le potentiel du numérique pour des ouvrages graphiques. Et elle cartonne, étant devenue meilleure vente dans la catégorie Livres numériques de l’App Store US et canadien.

C'est bluffant, une expérience pas loin de premiers livres dotés de réalité augmentée (voir le reportage vidéo que j'avais dédié à celui de Dokéo), peut-être une forme de lecture - purement divertissante et expérimentale - du futur... Mais qui n'a pas grand-chose à voir avec l'expérience d'une lecture de livre classique, qu'offre le format ePub. Le livre-application reste une forme de lecture innovante, mais restreinte, par essence. Fausse polémique, donc.

mardi 21 septembre 2010

Le New York Times s'intéresse à l'info micro-locale et personnalisée

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Intéressante initiative du New York Times qui, décidément, n'en n'est pas à sa première tentative d'innover en matière de journalisme en ligne et de Web social.

Cette fois, il s'intéresse à l'info très locale, en lançant un site d'information micro-locale, The Local East Village, dédié à un quartier de Manhattan, d'après cette dépêche reprise par Les Echos, et Mashable.

Mais il ne s'arrête pas là: il va créer un service d'informations personnalisé et social intitulé News.me, en partenariat avec le fonds d'investissements Betaworks, spécialisé dans les entreprises internet. Betaworks, qui a aussi pour immense avantage d'être particulièrement bien installé dans l'univers du microblogging, notamment via ses sociétés TweetDeck (un des principaux clients Twitter) et Bit.ly (qui permet de raccourcir les adresses de sites postées sur Twitter).

News.me devrait être lancé d'ici à la fin de l'année, dans un premier temps sous forme d'une application pour la tablette iPad d'Apple.

Nous arrêterons de publier le New York Times à un moment dans le futur

Un nouveau d'expérimentation qui n'est pas vraiment fortuit, alors que comme beaucoup de quotidiens, le NY Times remet en question le concept même du quotidien papier. Lors de la 9th International Newsroom Summit organisé par la World Association of Newspaper (Wan-Ifra) à Londres, le 8 et 9 septembre 2010, le patron du NYT en personne, Arthur Sulzberger Jr, a prédit la fin éventuelle du journal papier.

À une question posée sur une prédiction selon laquelle le NYT devra arrêter de publier sa version papier en 2015, il a répondu: nous arrêterons de publier le New York Times à un moment dans le futur, mais la date reste à être déterminée.

L'éditeur plaisante, mais les chiffres de diffusion payante du quotidien ne plaident pas pour une survie de la version papier. Le NYT a vu ses ventes reculer de 8,5 % sur un an entre 2009 et 2010 (pour l'édition de la semaine), tout comme les 25 plus gros journaux américains. Les revenus publicitaires sont également en chute libre, les journaux américains ayant perdu 44 % de leurs revenus publicitaires entre 2005 et 2009. Le journal va d'ailleurs basculer vers le tout-payant en 2011, rendant ses articles payants.

dimanche 19 septembre 2010

TV connectée: c'est (bientôt) parti

C'est un sujet récurrent depuis le début des années 2000. Je me souviens avoir écrit mes premiers papiers sur la "télévision interactive" (comme on disait alors) en 2002 pour ''Les Echos'', puis de nouveau en septembre 2008, où étaient dévoilés les premiers projets de télévision connectée à l'IFA, le salon électronique grand public qui se tient chaque année à Berlin.

Mais cette année, la télé connectée était LE nouveau service qui fait rêver les constructeurs, à côté de la TV 3D. Car la télé hyper-connectée à Internet est une des formes les plus probables - et prometteuses - que revêtira la télévision de demain.

Tous les constructeurs ont leurs TV "connectées"

Le projet de TV connectée de France Télévisions, dévoilé à l'IFA - Photo C. C.

La plupart des constructeurs (LG, Samsung, Sony, Loewe, Philips, Panasonic...) ont dévoilé leurs télés connectées, qui seront commercialisées cet automne, d'ici les fêtes de fin d'année. Du côté des diffuseurs, comme j'en parlais dans mon papier, France Télévisions est lancée à fond sur cette télé du futur. Une équipe dédiée, avec à sa tête Arthur Mayrand, directeur des technologies des nouveaux services, planche dessus à plein temps. D'ailleurs, Arthur Mayrand présentait à l'IFA, sur le stand de LG, une version bêta des services de télévision connectée. Des services basés sur ce qui sera peut-être LA norme de la TV connectée, le standard HbbTV (Hybrid Broadcast Broadband TV), qui vient d’être approuvé par le CSA.

"Hyper-TV" de France 24 sur Google TV au premier trimestre 2011

Cette semaine, c'est France 24 qui dévoilait son projet. Il me l'avait annoncé via Twitter, Michel Levy-Provençal (@mikiane), responsable Internet à France 24, présentait cette semaine au Gartner PPC 2010 à Londres un projet web d’hyper-TV, qui sera d'abord disponible sur Google TV l’an prochain. Le prototype du service sera lancé début 2011, annonce Michel Levy-Provençal, avec une version alpha du service (hâte de pouvoir la tester ^^). Un projet qu'il détaille dans un billet publié ce matin, comme l'a signalé Benoît Raphaël.

Voilà 2 ans que Michel Levy-Provençal planchait avec son équipe chez France 24 sur ce projet, ainsi qu'avec plusieurs sociétés du consortium Quaero - avec notamment les sociétés françaises Exalead et Yakast. D'après ce qu'il décrit sur son blog, leur hyperTV - si le prototype se transforme bien en une version industrialisable - proposera des fonctionnalités telles que vidéo à la demande, indexation sémantique, chapitrage, géolocalisation, sous-titrage, hyperliens vidéos, contrôle du direct…

Ce qui colle parfaitement avec la TV connectée, et les services que l'on a pu voir dans les premières démos à l'IFA.

Dans sa démo telle que présentée à Londres (allez un jeter un oeil à la vidéo ci-dessous, c'est passionnant), Michel Levy-Provencal rappelle que France 24 a d'abord été diffusée sur le web dès 2006, et s'est dotée d'un portail collaboratif dès 2007, The Observers.

La démo est assez bluffante : le JT s'accompagne d'une transcription synchronisée, et d'une timeline horizontale, qui comporte mots-clés (tags), noms cités... par séquences. A la clé également, de la VoD, qui donnera accès à l'ensemble du catalogue de programmes de France 24 en 3 langues. Il sera aussi possible d'accéder à des contenus via une recherche pas mots-clés (les débuts du web sémantique...).

Source: Gartner PPC 2010 / Michel Levy-Provencal (FRANCE 24) / Exalead

La CNIL s'écarte d'Hadopi; Le Parisien; Le Magazine Littéraire, La Recherche; ces chiffres mystérieux de l'iPad; Atlantico again; 3G pas assez "illimitée" pour l'UFC Que Choisir...

journaux

C'est la rentrée, j'en profite pour inaugurer une nouvelle rubrique - sans doute hebdomadaire - qui prend la forme d'une récolte prolixe de liens butinés sur le Net, qui ont fait l'actu médias / tech / pub / polémique sur la Toile... Beaucoup me sont remontés via cette sorte de fil de news instantanées que constitue Twitter, y a pas de raison que je ne partage pas cela avec vous... Ce n'est qu'un début: en cette rentrée, d'autres changements devraient bientôt intervenir sur ce blog.

Bien sûr, si j'avais omis d'autres éléments marquants, n'hésitez pas à me le signaler en commentaires.

Déjà, sur Hadopi, qui espère se doter d'un community manager (si, si...), cet aveu d'Alex Türk, lors d'une audition devant la Commission des affaires sociales à l'Assemblée nationale : “La position de la CNIL est de s’écarter au maximum d’Hadopi”.

Tous les journalistes ont tenté un jour de connaître chez Apple les chiffres de ventes de l'iPhone, puis de l'iPad sur le marché français. En vain. Voici pourquoi pourquoi personne ne connait les chiffres de ventes de l’iPad en France. D'ailleurs, l'iPad va avoir un nouveau marché de taille, étant commercialisé en Chine depuis le 17 septembre.

Du côté des médias, la préparation des présidentielles de 2012 est déjà en cours... Alors que les sociologues Pinçon-Charlot font trembler l’Elysée avec leur enquête sur l'oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy, les cartes sont en cours de redistribution dans la presse quotidienne. Après le précédent du Monde, Le Parisien - u des principaux quotidiens, et des mieux-portants - pourrait être racheté par Serge Dassault, comme l'ont relevé tour à tour ElectronLibre, Marianne2 et Les Echos. sur le point de racheter Le Parisien... A propos des Echos, perfide, Philippe Cohen glisse au passage qu'il serait à vendre d'ici 2012... Médias + politique pré-2012 toujours, le projet de site d'informations Atlantico, un site internet en faveur du capitalisme, se précise.

Cela a fait moins de bruit, mais les mensuels Le Magazine Littéraire et la Recherche sont eux aussi à vendre. Côté médias toujours, les derniers chiffres sont tombés: pour la période juillet 2009-juin 2010, si l'audience de la presse quotidienne est stable (-0,2 %), la presse magazine cesse de se dégrader (-3% tout de même), d'après Tarif Media. Cette même semaine, tremblement de terre à venir, on apprend qu' Apple va proposer des abonnements presse.

Enfin, SFR et Orange se sont fait taper sur les doigts par l'UFC Que Choisir, qui les assigne pour publicité trompeuse sur l'Internet mobile (faussement) "illimité". Justement, j'en parlais dans cet article pour Rue89 il y a quelques jours.

mercredi 15 septembre 2010

La couv' de la semaine (2): Les Inrockuptibles nouvelle formule

La deuxième couv' de la semaine, c'est évidemment celle des Inrocks, qui sort sa nouvelle formule, en kiosques aujourd'hui. Un lancement en grande poupe, avec une teuf très parisienne hier soir, et une campagne d'affichage publicitaire volontiers provoc'.

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Thanks @ enikao pour la photo

Il y avait eu pas mal de teasing pour cette nouvelle formule, qui marque un virage éditorial pour l'hebdo, avec plus d'actu et de politique qu'avant... Quitte à le rapprocher des autres hebdos d'actu ? Côté historique, au départ trimestriel, le magazine rock a testé la formule mensuelle de 1992 à 1995, puis est repassé en hebdo avec une nouvelle formule en 1995, élargie à l'ensemble de la culture. L'élargissement à la politique et l'actu était déjà net depuis le début des années 2000.

Ce matin, sur France Info, son nouveau patron, Mathieu Pigasse (le banquier de gauche de la banque Lazard, dandy qui s'habille en Dior... d'après son trèèès léger portrait dans le dernier Paris-Match promettait "30 pages de plus (50 pages de plus cette semaine, une nouvelle maquette plus moderne et plus aérée, plus de photos, plus d'actu politique, d'international, et de faits de sociétés avec un ton que nous espérons différent des autres, décalé, insoumis"". Des pages qui s'ajoutent à la culture, ce qui constitue l'ADN des Inrocks à l'en croire.

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Qu'est-ce que cela donne dans les faits ? Déjà, on remarque le changement net de la couv', en papier mat plus épais (et plus classe) qu'avant, le changement de logo. Peu de titres en Une (qui ne mentionne d'ailleurs pas la nouvelle formule). Pour un prix qui a été baissé 2,50 €au lieu de 3,30 € jusqu'à présent, ce qui fait des Inrocks "le moins cher des news", affirmait Matthieu Pigasse sur France info. Je me demande comment il vont tenir - et être rentables - sur ce prix tout en ayant augmenté la pagination... Et de fait, Les Inrocks ancienne formule comptait une centaine de pages en moyenne.

Visiblement, les ventes de pub ont suivi pour cette nouvelle formule, avec 30 pages de pub sur 146 pages en tout.

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Bon,donc le mag s'ouvre sur une double d'actu "7 jours chrono", avec des actus culture/politique repérées par la rédaction. Ensuite, preuve que la culture reste prédominante dans cette nouvelle formule, 4 pages d'hommage à feu Claude Chabrol. La fameuse "courbe de la hype" (ça va/ça vient") est reprise avec "la courbe", au design plus moderne, où l'on retrouve toujours les mots-clés, personnages et phénomènes du moment.

Politique / actu / culture

Propre à cette nouvelle formule, une grosse place (10 pages !) consacrée au président brésilien Lula. Et donc une incursion assez remarquée de la politique, dans 8 pages couleur crème, sous le nom de rubrique "tout nu". Qui s'ouvrent avec une nouvelle signature, Thomas Legrand, déjà chroniqueur politique sur France inter.

Le reportage au long cours sur "Grenoble entre deux feux", l'intéressante enquête sur les subventions pas forcément très licites du PS dans la région Paca tendent aussi à rapprocher Les Inrocks d'un hebdo d'actus généraliste.

Ce qui est contrebalancé par un papier sur le personal branding des journalistes via Twitter (déjà lu en bonne partie dans ''Libé'' récemment mais c'est pas grave), un focus sur le bioptic à venir en salles du groupe les Runaways, une enquête qui s'interroge sur l'avenir de TF1 (tiens, ce papier je l'aurais bien vu dans Télérama)... Nous voilà rassurés : l'ADN culturel-branché un peu provoc' des Inrocks est bien conservé.

D'ailleurs, les chroniques de sorties cinéma, musique, livres, théâtre, expos sont bien conservées, totu comme les rubriques médias et Net.

Bilan ? La maquette est plus pêchue, plus aérée, ce qui est manifeste sur les pages d'ouverture. J'aime bien les discrets codes couleurs et les onglets verticaux par rubriques. n magazine plus riche, c'est sûr, mais j'ai l'impression que l'hebdo culturel est dilué dans un hebdo d'actualités.

La couv' de la semaine (1): Gala met ses people (presque) en 3D

couv Gala

Rentrée chargée du côté des médias, où les nouveautés, nouvelles formules et innovations affluent dans les kiosques. Un petit focus d'abord sur cette opération marketing du magazine Gala (groupe Prisma) , qui a sorti son édition du 15 septembre (presque) entièrement en 3D.

Philippe Labi, éditeur du pôle actualité-people-télévision du groupe Prisma, annonçait ainsi le 6 septembre que des lunettes 3D Gala seraient offertes avec le magazine, et toutes les rubriques publiées en 3D.

Première dans l'histoire de la presse, vraiment ?

Cela ne pouvait que m'encourager à acheter Gala en kiosque pour la première fois (oui, j'assume on snobisme ;). Effectivement, avec le magazine à son prix habituel (2,20 €), on a droit à une paire de lunettes "3D" de plus basiques (en carton avec des verres en plastique rouge et bleu). L'opération ne concerne que le mag grand format, le format mini étant vendu, lui, en version classique.

Une première dans l'histoire de la presse, annonce en toute modestie ;) Philippe Labi dans son édito, qui prête à la 3D la capacité de rendre les images vivantes. Pour cette opé, Prisma a fait appel à Philippe Belvezet (société Disc).

L'opé est sans doute une première dans l'histoire de la presse people... Rappelons tout de même au passage que Prisma est loin d'être le premier à mener une opé "magazine 3D": en son temps, Pif Gadget a déjà été vendu avec des lunettes similaires, ou, plus récemment, le magazine L'Ecran fantastique de Juillet/Août 2009 (numéro 300). D'autres exemples sont légion dans la presse féminine: le dernier numéro de ''Vogue'' Italie, le magazine néo-zélandais Remix en juin dernier

Une opé (aussi) pour les annonceurs

La promesse marketing: le lecteur profitera de son numéro sans aucune de perte de qualité de l'image. Bon, j'ai un petit doute : sans les lunettes, il y a un flou, une irrégularité dans la plupart des photos couleurs "adaptées" à la 3D. Avec les lunettes, de nombreux détails et bonus visuels vous sauteront aux yeux, une fois mis en relief, promet-il encore. Là encore, suis dubitative: l'effet 3D est loin d'être toujours parfait.

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Qu'est-ce que cela donne au feuilletage ? Alors effectivement, toutes les pages de pub sont en 3D, un pictogramme le signale d'ailleurs. On imagine l'effort d'adaptation que cela a nécessité pour les annonceurs... Je me demande si cela a représenté un surcoût important pour eux, ou si c'est Prisma qui a pris en charge l'ensemble des frais. Mais cette opération au vernis innovant, alors que l'on ne parle que d'écrans 3D, a sûrement eu les faveurs des annonceurs, et permis à Gala de vendre facilement ses espaces publicitaires (voire plus cher)... De fait, ce numéro est quelque peu blindé de pub: une cinquantaine de pages de pub (en 3D donc) sur 190 pages au total...

Pub, Michel Polnareff, mode, beauté... en 3D

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Au fil des pages, les rubriques news, shopping, mode, beauté, people sont elles aussi toutes imprimées en 3D. L'effet est d'ailleurs plus bluffant sur les pubs que les pages magazine, les publicités étant en pleine page, voire en page double.

Mais cela a quelque chose d'un peu surprenant de voir Michel Polnareff (qui a lui-même chaussé ses éternelles lunettes noires) annoncer qu'il va être papa sur 6 pages, qui s'ouvrent par une double 3D. Je ne suis pas une habituée de Gala, mais je me demande s'ils n'ont pas privilégié les photos de people en pleine page pour miser à plein, là aussi, sur l'effet 3D.

Logique, l'effet 3D est invisible sur les photos en noir et blanc, comme celles qui illustrent le sujet sur Simone Signoret et Marilyn Monroe. Enfin, l'effet est spectaculaire sur les sujets qui s'y prêtent, qui permettent une certaine profondeur de champ (les photos de tournage du prochain film de Jacques Malaterre sur l'Homme de Néandertal, des photos de mode dans Londres), mais moins à mon sens sur les shootings de mode.

Simple ficelle marketing, ou nouvelle forme d'édition qui offre une lecteur une expérience différente sur les images? A suivre...

lundi 13 septembre 2010

Un live de David Bowie en DVD avec Télérama

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Bien vue, cette initiative plus-produit de Télérama, qui se déroule en ce moment - depuis début septembre jusqu'au 6 octobre. Chaque numéro de l'hebdo est vendu en kiosques avec le DVD d'un concert (après les Rolling Stones et U2, le numéro de ce mercredi sera vendu avec un DVD live de David Bowie - avis aux fans...).

Ce n'est pas la première fois que l'hebdo culturel mène ce genre de politique - leurs abonnés ont eu l'occasion d'acheter des coffrets de DVD musicaux de grande facture (j'ai eu entre les mains un de leurs coffrets DVD vendus l'an dernier, un doc d'époque sur les Sex Pistols, un petit bijou). Mais là, c'est une politique de fidélisation assez agressive, le DVD étant vendu à bas prix (7,60 €). Une manière de chasser directement sur les terres des Inrocks, qui lancent précisément une nouvelle formule ce mercredi... Nouvelle étape dans la guerre des hebdos.

jeudi 9 septembre 2010

Y a-t-il (déjà) overdose de 3D ?

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Les films en 3D seraient-ils déjà condamnés ? Ou plutôt, n'y aurait-il pas overdose de productions de films exploitant ce nouveau format ? On en parle plus que jamais, à tel point qu'il commence à envahir les écrans télé, potentiellement les joujoux high-tech qui pourraient cartonner en ces fêtes de fin d'année. En tous cas c'est ce qu'espèrent les constructeurs, qui se démènent pour imposer leurs tous jeunes écrans télés 3D, les stars de la dernière édition de l'IFA, le salon de l'électronique de Berlin, qui fermait ses portes mercredi. Comme j'en parle longuement dans cette enquête parue dans ''Mediapart'' (en accès réservé aux abonnés, sorry).

"If you can't make it good, make it 3D"...

La 3D était aussi une des stars du dernier Comic-Con de San Diego (une convention spéciale pour fans de BD), outre-Atlantique. Mais pas tout à fait de la manière attendue: elle semble bien avoir provoqué un début de polémique à Hollywood, relayée lors de ce dernier Comic-Con.

Il y a cette image, qui circule en ce moment sur le Net, un photomontage où l'on voit des lunettes bicolores pour voir en relief, et, au-dessus en flou, ce slogan qui s'affiche: "Votre film n'est vraiment pas bon ? Faites-le en 3D". Une image parodique qui ressemble furieusement à une contre-campagne...

La 3D, pépite pour les studios

Dommage, il y a encore quelques mois, dopé par l'effet ''Avatar'', Hollywood était persuadé que le spectacle des films en 3D relancerait les entrées en salles, freinées par le home cinema et le téléchargement. Entre parenthèses, avec un bon sens du business curieusement, en cette rentrée, James Cameron a ressorti en salles Avatar 3D en une sortie de version reloaded, avec "quelques minutes inédites".

Mieux, pour les studios et les exploitants, cette pépite permettait de majorer les prix des tickets d'entrée. Seulement voilà, au Comic Con, plusieurs cinéastes se sont exprimés contre la 3D, demandant le retour du "plat", approuvés par la foule, comme le relatait le ''New York Times''| (traduction ici) , relayé par Télérama la semaine dernière.

Ce sont pourtant des représentants de la fine fleur Hollywood qui ont mené cette fronde anti-3D, raconte le NY Times: J.J. Abrams, auquel on doit 24 Heures chrono et Star Trek, Jon Favreau (Iron Man), Edgar Wright (qui vient de terminer Scott Pilgrim vs. the world, tiré d'une BD).

Prouesse technique

James Cameron a tourné son film dans les règles de l'art avec une véritable caméra à double objectif, après avoir développé avec l'ingénieur Vince Pace une gamme de caméras 3D dernier cri en haute définition, comme le raconte ce passionnant papier paru dans ''Le Figaro''. Une prouesse technique qui rend les images d'Avatar d'autant plus bluffantes (même si on peut ne pas être fan du scenar, ce qui fut mon cas ;), et préfigure le cinéma à grand spectacle de demain. Du même coup, il a consacré - et industrialisé - la 3D au cinéma.

Au vu de son succès, plusieurs studios hollywoodiens ont choisi d'adapter, dans la précipitation, en phase de post-production, leurs films déjà tournés en 2D pour une diffusion en 3D. Erreur fatale : le rendu était loin d'être le même. Exemples: Alice au pays des merveilles de Tim Burton, Le Dernier Maître de l'air de M. Night Shyamalan, et Le Choc des Titans de Louis Leterrier. A la grande fureur de James Cameron, qui a brocardé ce dernier, un film en "2,5D, voire en 1,8D ".

Certains réalisateurs ont d'ailleurs dû lutter contre leurs producteurs pour ne pas se voir imposer la 3D: ce fut le cas de Christopher Nolan, avec son exigeant film fantastique Inception. Il a d'ailleurs exprimé à plusieurs reprises ses réserves pour tourner en 3D relief. Son film en 2D a (pourtant) cartonné en salles.

Passage trop rapide à la TV 3D ?

Du coup, les spectateurs vont-ils accepter d'adopter ce format encore balbutiant sur leur télé ? Le rendu 3D sur les télés est loin d'être parfait, avait un certain nombre d'imperfections. En vrac, comme me le citait @replikart dans un commentaire très détaillé à mon papier publié dans Mediapart, on a "une purge de la colorimétrie, une purge du contraste, une réduction drastique du piqué, un aplatissement des nuances/teintes, des problèmes de profondeur souvent liés à un mauvais ajustement en post-prod', des angles de vision dérisoires que les dalles TN ne font qu'empirer"... Voilà pour les imperfections techniques.

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Image Philips

Et sur la question des usages (là, c'est davantage mon rayon ;), alors que le consommateur lambda s'habitue à peine à la haute définition (HD) et au Blue-Ray, n'est-ce pas un peu tôt ? Il y a ce chiffre issu du Japon que l'on m'a cité plusieurs fois à l'IFA ("10% des utilisateurs auraient des problèmes oculaires avec la 3D")... Sans compter les nombreux astigmates, ou personnes ayant des problèmes oculaires plus complexes (une bonne part de la population mine de rien), qui ne peuvent regarder plus de 2 heures d'un programme en 3D sans avoir mal à la tête - ou, carrément, ne peuvent voir l'effet de relief inhérent à la 3D.

Un sacré saut technologique, où en plus le cerveau doit s'habituer à ce mode de vision. Il faudra voir si la 3D est entrée dans les foyers d'ici quelques années. Rendez-vous dans dix ans ;)

dimanche 29 août 2010

"USA Today", sa réorganisation en "cercles de contenus", ses 130 emplois supprimés...

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L'appli iPad de USA Today - source image

La nouvelle est tombée hier soir: le groupe Gannett a décidé de restructurer un des principaux quotidiens nationaux américains, USA Today, en réorganisant ses services... et en sacrifiant du même coup 130 emplois, soit 9% de ses effectifs (1 500 salariés en tout). Rien que cela. Principal motif évoqué par le groupe de presse ? La nécessité d'amorcer le virage du numérique.

Anticipation sur les nouveaux revenus issus des abonnements via les applis

Le groupe Gannett justifie cette décision radicale par la nécessité de s'adapter à l'ère du numérique. Les lecteurs lisent de plus en plus les journaux sur le Web, mais aussi sur les smartphones, de plus en plus via des applications mobiles dédiées, dans la lignée des applis iPhone, ou encore sur des tablettes - l'iPad, et bientôt sur la myriade de tablettes concurrentes qui devraient être lancées à l'occasion des fêtes de fin d'année. Autant de sources potentielles de recettes par abonnement pour le groupe.

Certes, le journal papier constitue encore l'essentiel des revenus de USA Today. Mais plus pour longtemps, estiment ses dirigeants. "Nous nous concentrerons moins sur le papier et plus sur la production de contenus pour toutes les plateformes (Web, mobile, iPad et autres formats numériques)", précise-t-il dans le document interne que s'est procuré l'agence de presse AP, cité par la journaliste Marie-Catherine Beuth dans ce billet. D'ici fin septembre, le groupe doit d'ailleurs décider s'il rend ou pas son appli iPad payante.

En creux, USA Today souffre aussi d'un effondrement des ventes de son journal papier - d'où la nécessité de trouver de nouvelles formes d'abonnement. Mais aussi de rentrées publicitaires en berne - "il a ainsi vendu 520 pages de publicité au deuxième trimestre contre 602 l'année passée à la même période", d'après AP. D'où cet argument techno/numérique assez rassurant pour faire passer la pilule de 9% (!) de suppressions de postes.

Et en France?

Une problématique qui concerne aussi de très près les groupes de presse français, notamment les quotidiens. Alors que d'après mes informations, un des principaux quotidiens français a vu sa vente en kiosques chuter de 10% depuis le début de l'année...

En tous cas, tous les groupes de presse s'y préparent déjà. Les journalistes sont déjà amenés à écrire ponctuellement pour le site web de leur titre, en plus du journal papier. Cela entre déjà dans la pratique: pour diffuser des scoops, des news inédites, quitte à ce que cela constitue un avant-papier annonçant ce qui sera publié dans leur quotidien (ou leur hebdo, ou mensuel) - une chronologie des médias assez idéale. Ils se doivent d'adapter une "écriture web" adaptée, plus ramassée, et en pratiquant le journalisme de lien avec des liens hypertextes. Est-ce que l'on verra apparaître un jour des articles ou news écrites spécialement pour être diffusées sur les smartphones ou tablettes? Ce n'est pas impossible...

Comment va se concrétiser se passage à l'ère du journalisme bi-média en France ? En presse nationale comme en PQR, certaines rédactions ont commencé à amorcer le mouvement en lançant d'ambitieux plus de formations, pour que les journalistes papiers se familiarisent avec les nouveaux formats propres au web (écriture web, mais aussi vidéos, partage de l'info via des réseaux sociaux...). Comme par exemple le groupe Express-Roularta, qui a lancé il y a quelques mois un plan de formation destiné à l'ensemble de son personnel, avec l'organisme WAN-IFRA (et les journalistes-formateurs Cyrille Frank et Cédric Motte, qui dresse ce bilan de la formation qu'il vient de boucler au sein du Groupe Express).

Cela risque aussi de générer d'importantes réorganisations des rédactions. Pour l'instant, en France, il y a encore une séparation nette entre les rédactions web et papier. Au sien des rédactions web, l'organisation est claquée sur celle du print: les journalistes sont, chacun, chargés de suivre un secteur précis (économie, politique, culture, high-tech...).

Réorganisation autour de "pôles de contenus"

Mais la réorganisation annoncée par USA Today annonce peut-être un mode d'organisation futur: là, les journalistes (bi-média, s'entend) ne seront plus répartis entre 4 départements d'information (actualité, argent, vie pratique et sport). Mais seront dispatchés entre 13 "cercles de contenus" (sic), Votre vie, voyage, actualité brûlante, investigation, national, Washington/économie, international, technologies, environnement/sciences, divertissement, aviation, finances personnelles ou encore automobile). Ces "cercles" produiront des contenus aussi bien pour les supports numériques que le support papier, détaille Marie-Catherine Beuth. Chaque newsroom ainsi créée sera dirigée par un éditeur prochainement recruté, d'après AP.

On notera déjà la novlangue l'évolution sémantique, très en vogue - et incroyablement agaçante : les journalistes deviennent des "producteurs de contenus" destinés à différents "supports" (on ne parle plus de médias).

Le découpage des rubriques à couvrir est lui aussi surprenant, peut-être symptomatique des rubriques qui réalisent le plus d'audience sur les sites web (cela se vérifie en France sur certains sites d'infos généralistes ;): l'entertainment et le côté vie pratique sont privilégiés (cf "Votre vie", "voyage", "divertissement", automobile"...) au détriment de l'actu (on compte 5 rubriques "sérieuses"). On notera au passage l'apparition à USA Today d'éditeurs (sortes de chefs de rubriques 2.0), un nouveau métier qui commence aussi à apparaître dans certaines rédactions web françaises.

mercredi 25 août 2010

Les Sex Pistols, du groupe punk à la marque (de parfum)

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Photo: Etat Libre d'Orange

C'est au mieux amusant, vintage, au pire, pathétique. Plusieurs blogueurs ont relayé l'info ces derniers jours, comme ici, , ou encore la campagne d'affichage : les Sex Pistols viennent de lancer leur parfum, disponible en France à partir de septembre.

Eh oui, vous avez bien lu. Un des meilleurs groupes punk des années 70 lance un de ses premiers produits dérivés, du parfum... Dans un packaging qui rappelle celui d'une bouteille de lait et une bouteille d'alcool, orné du tissus écossais et de photos de la Reine d'Angleterre issus de leur cultissime album de 1977, God save the Queen, le groupe vend donc "son" jus, "The Spirit of Punk", aux fragrances de citron, de poivre noir et de cuir paraît-il. Pour cela, il a collaboré avec la marque française Libre d'Orange, d'après le blog Popcrunch. Le slogan est limite téléphoné: "Réveille le rebelle qui est en toi".

Contre-nature

Alors bien sûr on peut trouver l'initiative amusante, second degré... Et après tout, ce n'est pas la première fois qu'un groupe de musique accepte d'être décliné sur des produits dérivés pour fans, et de monter des opérations de co-branding avec des marques.

Ce type de récupération est d'ailleurs devenu monnaie courante dans l'univers de la mode, qui s'approprie ainsi les valeurs qu'incarne le rock (la liberté, le refus du conformisme). Certaines s'y sont prêtées avec plus ou moins d'habileté, telles Sandro, The Kooples, Zadig & Voltaire, ou, un cran largement au-dessus, Ben Sherman, qui lançait en début d'année une ligne (jusqu'aux boutons de manchettes !) en hommage aux Beatles. Mais l'ex-marque phare des punks avait l'historique qui la légitimait pour cela...

Là, cette initiative avalisée par Johnny Rotten, leader des Sex Pistols l'initiative a un petit arrière-goût amer, voire est contre-nature par rapport aux valeurs qu'incarnait le groupe dans les années 70 - la contre-culture, l'anarchie, la remise en cause de la royauté. Et réduit la rebel attitude du groupe keupon à une attitude très mercantile... Pire, les Sex Pistols deviennent une marque. Et se plient aux mêmes pratiques bassement marketing que des Céline Dion, Beyonce et autres Jennifer Lopez, qui ont toutes lancé leur ligne de parfum. Sid Vicious doit s'en retourner dans sa tombe...

lundi 23 août 2010

Bientôt la fin des journaux papier à bord des avions ?

journaux

Flickr/Creative Commons - Certains droits réservés, Groume

Devra-t-on bientôt se passer des journaux à bord des avions ? Perso, j'adore pouvoir accès à une multitude de titres de presse anglo-saxonne à bord d'un avion long-courrier, un des meilleurs moyens de se reconnecter à la vraie vie en rentrant...

C'est Singapore Airlines qui s'apprête à donner un coup de pied dans la fourmilière. Bientôt, le passager voyageant à bord de ses avions ne trouvera bientôt plus les classiques revues de bord.

Magazines en version numérique sur écrans individuels

Imaginez, c'est assez vertigineux. A terme, les magazines ne seront plus disponibles en version papier, et se liront sur les écrans individuels qui équipent tous les avions de la flotte. Pour l'instant, certes, cela concerne uniquement les revues dédiées de près ou de loin à la compagnies aérienne, guides de voyage et autres catalogues de produits proposés en duty free. Mais Singapour Airlines réserve bel et bien le même sort aux différents titres de presse écrite. Elle prévoit ainsi de proposer uniquement en version numérique une centaine de magazines, livres et quotidiens aujourd'hui distribués à bord.

Depuis le 31 juillet, la compagnie asiatique teste ce type de prestation pendant un trimestre à bord de deux Boeing 777-300ER. Elle sera ensuite étendue à deux Airbus A380, puis à l'ensemble de la flotte.

Migration

Concrètement, pour cette migration très numérique des journaux, Singapore Airlines se base sur le système de divertissement Panasonic eX2, qui équipe toute sa flotte aérienne. Grâce à celui-ci, un serveur informatique distribue au réseau Intranet les films, CD, programmes TV de divertissement, jeux... Classique: les autres compagnies aériennes utilisent des systèmes similaires. Mais là, Singapore Airlines permet donc aussi d'accéder à une version numérique des publications.

Le passager, lui, aura toujours accès à la dernière édition. La presse mise à bord sera, en effet, la même que celle diffusée en France car elle pourra être téléchargée sur le serveur informatique de l'avion lors de l'escale à Tokyo ou à Los Angeles, et ce sans attendre, comme c'est le cas actuellement, le retour de l'avion à Paris.

Économie de carburant et de papier

Argument évoqué par Singapore Airlines: cette numérisation des supports imprimés à bord des avions permettra de réaliser des économies substantielles sur le carburant dépensé à transporter des magazines pesant au total des tonnes.

En clair, la compagnie aérienne allègerait ainsi (un peu) son CO2 émis... Pas faux: imaginez, le magazine de bord d'Air France, par exemple, pèse près de 500 grammes. "Ce sont donc plus de 250 kg, soit l'équivalent de trois passagers, embarqués à bord d'un Airbus A380. Ils pourraient être remplacés par quelques grammes si l'on utilise les mémoires informatiques modernes. Chaque jour, chaque avion économisera alors environ 200 kg de carburant lors de ses allers et retours. Au niveau de l'ensemble de la flotte de la compagnie, le gain s'élève à une dizaine de tonnes de kérosène par an et trois fois moins de CO2 dispersé dans l'atmosphère", précisait récemment l'AFP.

Et des hectares de forêts seront préservés. Du même coup, évidemment, la compagnie aérienne économisera les frais de mise en page et d'impression des magazines.

Un argument écolo - et économique - qui se tient, donc. C'est au moins aussi significatif que de remplacer des verres par des gobelets en plastique. Et qui pourrait très probablement séduire d'autres compagnies aériennes.

Un réseau de distribution pour les éditeurs de presse

Mais son tournant numérique pourrait gêner aux entournure les éditeurs de presse écrite. Alors que mine de rien, la distribution (gratuite il va sans dire) des journaux, surtout quotidiens, à bord des avions, est pour eux une manne non négligeable. Qui leur permet dans la foulée de gonfler leurs chiffres de diffusion payante, et de devenir gratuits en catimini.

iPads pour clients VIP

Mise à jour lundi 23/08 à 14h30: il me fallait mentionner cette initiative très révélatrice, que m'a signalée avec beaucoup d'à-propos @jnchaintreuil : certaines compagnies prévoient carrément de mettre à disposition de leurs clients des iPad, avec à la clé l'accès à la dernière édition numérique de journaux et magazines... C'est la compagnie française iXair qui a monté cette offre Bluebox Avionics, d'après le blog VIPad.fr.

Déjà les clients ultra VIP des jets de la compagnie aérienne d'affaires Ixair ont à leur disposition des iPad avec des titres comme Time Magazine, USA Today, Le Monde, Paris Match en version numérisée. Peut-être, un jour, Air France...

Màj le 29/08: merci à ElectronLibre, Owni, Rue89, et Slate pour les reprises

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